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18 octobre 2013 5 18 /10 /octobre /2013 16:27

kanye-west-yeezus.jpgCurieux individu, ce Kanye West. Il y a quelques années, en 2008 avec 808s and Heartbreak, il livrait ce que je considère comme un des pires albums de rap esthétiquement parlant. Exit le flow, le groove, l’urgence  (ce qui est tout de même l’essence du genre), ils laissaient place à une soupe hip-pop mielleuse. Mais voilà qu’en 2013, la grosse star mondiale qu’il est sort un album étonnamment sombre, violent et radical. C’est bien simple, j’ai beau chercher, je ne vois pas d’équivalent dans l’histoire de la musique pop, pas d’équivalent à un tel durcissement de ton et à une telle noirceur de la part d’un poids lourd de l’industrie du disque. Il y a certes eu Mezzanine de Massive Attack… mais c’était moins surprenant de leur part, et ils n’avaient pas la popularité d’un Kanye West. Idem chez Portishead, qui a de toute façon toujours officié dans un registre assez sombre. On pourrait aussi parler du cas Mark Hollis, qui passe d’albums très pop avec Talk Talk à des musiques bien plus aventureuses et mélancoliques sur Spirit of Eden. Ou encore, à l’extrême, au génial Scott Walker depuis son virage dans les années 90 (avec Tilt). Quelques artistes ont su rendre leurs musiques plus sombres et moins accessibles, mais à ma connaissance, on tient là un cas unique, jamais une superstar qui vend autant de disques n’a sorti sous son nom un album aussi sombre et radical, qui tranche avec ce qu'il a fait jusqu'alors.

(J’avoue ne pas connaître à fond la discographie de toutes les plus grosses stars, peut-être Céline Dion a-t-elle sorti fin des 90’s un album en collaboration avec Trent Reznor, ou peut-être existe-t-il un album de Rihanna qui oscille entre Terrorcore et Cybergrind, vous m’excuserez de ne pas me plonger dans leurs discographies pour m’en assurer…)

Je n’irais pas jusqu’à dire qu’il se « met en danger », expression ridicule que l’on entend beaucoup trop de la part de musiciens et comédiens célèbres… est-ce qu’ils ont sauté d’un immeuble en flammes, tiré à balles réelles ? Non, « se mettre en danger », dans la bouche d’artistes riches et renommés, ça signifie juste faire quelque chose d’un peu différent de ce qu’ils ont réalisé jusqu’alors. Une conception très bourgeoise du danger, sans doute, aucun risque physique, aucun risque de se retrouver à la rue, juste le petit risque de vendre un peu moins cette fois-ci, ou de décontenancer quelques fans. Et une insulte à ceux qui mettent réellement leur vie en danger pour leur profession, ou même aux artistes inconnus et radicaux n’ayant jamais rien fait, eux, pour plaire au grand public.

Kanye West ne se met pas en danger, il a suffisamment de fric pour arrêter de bosser et vivre peinard plusieurs centaines d’années, mais on peut au moins saluer son audace. Ce n’est certes pas Clipping (même si on peut y penser sur un ou deux passages), mais aucune autre des plus grandes stars de la musique n’a osé jusqu’alors proposer un album si sombre et si peu séduisant pour le grand public…

Passer de 808s and Heartbreak à Yeezus (avec My Beatiful Dark Twisted Fantasy entre les deux), c’est pas banal, Kanye West a le goût des montagnes russes… dans sa discographie, comme sur ce dernier album. Car la première partie de l’album est aussi saisissante, puissante, noire, aboutie et captivante que la seconde est loupée et mollassonne. Retour de l’insupportable vocoder (dont il abusait sur 808s and Heartbreak), massacre d’une des plus belles chansons de l’histoire (Strange Fruit de Billie Holiday), gimmicks agaçants… un album schizo, mais qui a une certaine cohérence narrative finalement : après avoir tutoyé les sommets, il s’écrase en beauté. Mais on lui pardonnera, mieux vaut toujours un album génial au début et raté à la fin qu’un album moyen de bout en bout…

Deux grands morceaux sur cet album (présentés rapidement par un type que vous devriez reconnaître) :

New Slaves :

 

Black Skinhead :

 

L’album en écoute sur grooveshark

Si vous aimez le rap sombre, je ne saurais aussi que trop vous conseiller l’excellent dernier album de Prodigy & Alchemist – Albert Einstein. Plus atmosphérique et moins violent que le Kanye West…

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14 octobre 2013 1 14 /10 /octobre /2013 15:30

elysian-fields.jpgOrigine : Etats-Unis (New York)

Création : 1995

Genres : Indie-rock, folk-rock

Membres : Jennifer Charles, Oren Bloedow

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Les "fiches artistes" sont surtout pour moi l'occasion de faire - encore - des playlists, et donc de me replonger dans toute la discographie d'un groupe qui me tient à coeur... et se replonger dans la musique d'Elysian Fields et la voix particulièrement envoûtante de Jennifer Charles, je ne m'en lasse pas... 

 

Discographie

 

Le 2° album du groupe (1998) n'a pas été édité. La maison de disques (Universal), qui en détient les droits voulait un album plus "lisse et vendeur", mais le groupe a refusé et a préféré quitter la major pour une plus petite structure, et a conseillé aux fans de se procurer l'album en P2P. Rien que pour ça, Elysian Fields mérite le respect...

 

Elysian-Fields-Bleed-your-Cedar.jpg

 

1996 : Bleed your Cedar (8,5) (en écoute sur grooveshark)

 

Elysian-Fields-Queen-Of-The-Meadow.jpg

 

2000 : Queen of the Meadow (9) (incomplet sur grooveshark)

 

Elysian-Fields-Dreams-That-Breathe-Your-Name.jpg

 

2003 : Dreams that Breathe your Name (8) (grooveshark)

 

Elysian-Fields-Bum-Raps-Love-taps.jpg

 

2005 : Bum, Raps and Love Taps (8,5) (grooveshark)

 

afterlife-elysian-fields.jpg

 

2009 : The Afterlife (9) (Article) (grooveshark)

 

Elysian-Fields-Last-Night-on-earth.jpg

 

2011 : Last Night on Earth (7,5) (grooveshark)

 

Elysian-fields-for-house-cats-sea-fans.jpg

 

2014 : For House Cats and Sea Fans (8) (grooveshark)

 

Elysian Fields sur Deezer et Spotify (il n'y a pas tous leurs albums) 

 

 

Playlist Elysian Fields

   

 

 

Un de mes morceaux de chevet : Fright Night

   

 

 

 

Elysian Fields sur Wikipedia

 

Site web

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7 octobre 2013 1 07 /10 /octobre /2013 19:22

Front.jpgBlues-rock rugueux, guitares furieuses, électricité, adrénaline, surf music, bloody boogie, road trip, pendaison, mariachi lycanthrope, clavier sous amphèts, voix soignée au bourbon et une sorcière nue : le Reverend Tom Frost est de retour !

 

 

 

 

Bloody Works, son 3° album, est son meilleur. Franchir le cap du 3° album n’est pas à la portée de tout le monde, en témoigne l’article précédent sur les Arctic Monkeys… eux n’y sont pas parvenus, le Reverend, si. Bon, il est vrai aussi qu’il a eu légèrement moins de succès qu’eux avec ses deux précédents (et légèrement moins de buzz, de promo et de moyens)… mais ce dernier a vraiment de solides arguments pour convaincre les brebis égarées, et il le fait, le Reverend a même des commandes au Mexique !

(Si ça, c’est pas la grande classe)

(Note à moi-même : y a peut-être un filon à creuser, penser à me lancer dans l’électro mariachi….)

Un album qui alterne instrumentaux et chansons, les instrumentaux sont des compositions du Reverend, et les chansons des reprises (à part Burn Down Your House). Je lui reprocherais bien d’avoir fait plus de reprises que sur son précédent, mais peu importe, l’essentiel est qu’elles fonctionnent à merveille, il sait toujours aussi bien dénicher de vieilles pépites et les réinterpréter à sa sauce. Et l’on n’écoute pas le Reverend Frost comme on écouterait du Radiohead, dans l’attente de compos originales, sophistiquées et stimulantes intellectuellement, mais en cherchant à retrouver l’esprit du rock, du blues, de ces musiques directes, accrocheuses et mal élevées. De la musique de sauvage, mais pas un album simpliste ou bourrin qui proposerait 10 fois le même morceau. Parmi les curiosités, mention spéciale à Frère Jack… un Frère Jacques revisité par un Danny Elfman speedé à la surf music. Une version d’autant plus judicieuse de la comptine que Jack est le nom du héros du Nightmare Before Christmas de Tim Burton… Et ma 2° version favorite de Frère Jacques, après, évidemment, celle de la Symphonie n°1 de Mahler.

(Désolé, vieux, mais je ne pouvais tout de même pas te mettre devant Mahler…)   

Mais pourquoi autant composer autant d’instrumentaux quand on a une telle voix ? Réponse n°1 : parce que le Reverend est une grosse feignasse qui n’aime pas s’emmerder à écrire des paroles. Et ce n’est pas moi qui vais l’en blâmer. Réponse n°2 : c’est justement parce qu’il a une telle voix que d’alterner instrumentaux et chansons n’est pas une mauvaise idée. Cela permet à sa voix de surgir (et rugir) avec d’autant plus de force. Mais il sait aussi la rendre plus… bon, « douce » n’est  peut-être pas le mot idéal, disons plus calme et mélodieuse, comme sur sa très belle version de Lonely Traveler, ou sa voix a même quelques accents de Martin Gore (légers,et un Martin Gore qui aurait plutôt la tessiture de Dave Gahan, mais c’est aussi le genre de mélodies – et de vieux morceaux – que Gore aurait pu interpréter dans un de ses albums solo).

En bref, un album rageur et accrocheur qui fonce à toute berzingue, avec quelques petits passages plus contrastés mais sans temps mort… du rock, du vrai, à l’état brut, celui auquel le genre a toujours besoin de revenir régulièrement pour ne pas perdre son âme.

En extrait : Gotta Travel On

 

L’album n’est pas encore disponible en streaming, vous pourrez glaner quelques morceaux ça et là (youtube, son site web)… ou tout simplement l’acheter, si cet extrait vous a plu. Si l’on n’aide pas les artistes qui s’autoproduisent et nous plaisent, qui les aidera ?

Site Web

Précédents articles sur le Rev. Tom Frost :

 

South of Hell, France

Every Goddam Thing to Hell

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