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Playlist 2020

Classements d'albums

3 mars 2012 6 03 /03 /mars /2012 17:48

En guise d’illustration d’un article qui va suivre sur l’évolution du jazz et du classique, deux playlists destinées à permettre à chacun, en un minimum de temps, de suivre et « d’entendre » les grandes lignes de ces évolutions. Pour chacune des esthétiques majeures du genre, un seul morceau, de moins de 5 minutes à chaque fois. Je suis même parvenu à réduire cette première playlist classique à moins de 20 minutes (la playlist jazz suivra dans la foulée).

 

Moins de 20 minutes d’écoute pour saisir l’évolution du classique et ses périodes esthétiques majeures, le tout avec des morceaux emblématiques choisis pour vous faire entendre au mieux les caractéristiques principales de ces styles, voilà l’objectif qui était ici le mien. Avec ça, vous ne pourrez plus dire, si tel était le cas, que vous ne comprenez rien au classique… évidemment, ce n’est pas suffisant non plus pour maîtriser le genre, mais, au moins, vous avez ici la possibilité, avec un minimum d’effort, de bien sentir son évolution .

 

Le classique en 7 morceaux et moins de 20 minutes :

  

 

 

 

Baroque (1600 - 1750) ex : Bach – Concerto pour violon en la mineur (Allegro Moderato)

 

Classique (1750 – début XIX°) ex : Mozart – Symphonie n°33 (Menuet)

 

Romantisme (XIX° siècle) ex : Chopin – Etude op. 10 n°12 « révolutionnaire »

 

Impressionnisme (fin XIX° - début XX°) ex : Debussy – Feuilles Mortes (Livre II des Préludes)

 

Néoclassicisme (début XX°) ex : Stravinsky – Tarantella (extrait de Pulcinella)

Atonalité (puis dodécaphonisme et sérialisme) (XX° siècle) ex : Schönberg – Variation V (Variations pour orchestre)

 

Postmodernisme (fin XX°, à partir des années 60-70) ex : Arvo Pärt – Lamentate : Risolutamente  

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24 février 2012 5 24 /02 /février /2012 17:27

Les conférences de Benjamin Bayart, ça devrait être obligatoire. Car si tout le monde utilise le net, beaucoup ne comprennent pas sa nature et ses enjeux. Dans l’opposition à HADOPI, ACTA, LOPPSI et autres lois liberticides que nous pondent régulièrement les gouvernements, ou à la fermeture brutale de Megaupload, ce n’est pas la question du téléchargement d’œuvres sous copyrights qui est centrale, ce n’est pas le téléchargement que défendent principalement des gens comme Bayart, mais l’indispensable neutralité du réseau. Sans laquelle internet ne serait plus internet. Obligatoires aussi, car :

 

-          Président de FDN (French Data Network, le premier FAI français dans les années 90), il est particulièrement légitime pour parler de ces sujets.

-          Ses conférences sont très accessibles (quelques termes techniques vous échapperont peut-être), et il a pas mal d’humour…

-          La question de la liberté et de la neutralité du réseau est d’autant plus d’actualité en ce jour où l’on apprend que Vivendi veut casser la neutralité du net au profit des plus gros, et où cette saloperie d'ACTA nous menace toujours.  

    

Lorsque j’ai commencé, il y a 6 ans maintenant, à écrire par ici quelques articles sur ces questions, ce qui me préoccupait avant tout était l’accès à la culture, le net comme « gigantesque bibliothèque » plutôt que comme « gigantesque supermarché », et le droit à la copie. Mais plus je creuse ces questions, plus il me semble que la question du téléchargement est secondaire, et celle de la neutralité du réseau prioritaire. Ce sont les gouvernements et industriels qui tentent de nous faire croire que la question du droit d’auteur est centrale et mérite bien - pour défendre les pauvres petits artistes qu’ils aiment tant et qui vivaient si bien avant l’arrivée du net – que l’on rogne chaque fois un peu plus sur nos libertés et que l’on porte atteinte à l’esprit fondamentalement démocratique du net pour le transformer en « super-minitel ».

 

C’est le week-end, j’espère que vous trouverez une petite heure pour regarder au moins la première de ces deux conférences, promis, vous ne le regretterez pas.

 

Benjamin Bayart - Internet libre ou minitel 2.0 ? (2007) 

 

 

 

 

Benjamin Bayart – Qui cherche à contrôler internet ?

 

 

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16 février 2012 4 16 /02 /février /2012 11:22

Dans mon bilan 2011, je vous parlais de cette chanson de la révolution égyptienne, Erhal, et précisais un peu rapidement qu'elle était basée sur une suite que j'aime particulièrement : "fondamentale - seconde mineure - tierce mineure - seconde mineure", sur laquelle je vais m'attarder dans cet article (si vous ne connaissez rien à la théorie musicale, ne fuyez pas, je vais limiter autant que possible les détails techniques et tenter de rendre tout ça audible à travers plusieurs exemples).

 

Ce que je veux vous expliquer est, au fond, très simple. Mais en termes techniques, ça devient toujours plus compliqué, voire incompréhensible pour ceux qui ne connaissent rien à la théorie. Mais avec deux petits logiciels libres (Piano Virtuel et Camstudio), tout cela devient subitement bien plus facile à expliquer et saisir.

 

Fondamentale - seconde mineure - tierce mineure - seconde mineure, ou une montée d'1/2 ton puis d'un ton, par exemple mi - fa -sol -fa. Il suffit de suivre la petite vidéo que je vous ai faite pour entendre tout de suite à quoi ça correspond (et le retrouver dans les morceaux que je vais vous faire écouter ensuite). 

 

  

 

Je joue les notes mi fa sol fa, puis je les transpose une quarte plus haut, ce qui donne la sib do sib. C'est le même motif, la même mélodie, mais plus haut.

 

Maintenant que vous avez dans l'oreille cette suite de notes, vous allez essayer de l'entendre dans les morceaux suivants...

 

Concentrez-vous sur la suite d'accords d'Erhal : 

 

 

 

Il part d'un accord barré de La et le glisse sur Si b, Do, Si b.

Une suite d'accords A - Bb - C - Bb. La même suite que celle que je vous ai fait entendre précédemment. 

Vous entendez ce mouvement qui monte et redescend, et vous sentez qu'il y a dans cette suite d'accords quelque chose de plutôt sombre, d'un peu mystérieux.

 

Une suite très simple à jouer, presque évidente... même si elle ne l'est pas d'un point de vue théorique.

Dans la musique tonale occidentale, le plus évident, c'est la tierce majeure (ex : la - do#), ce qui peut aussi se justifier par les lois de la physique et de l'acoustique (cf. La tristesse du mineur). Si vous voulez jouer un riff ou une suite qui soit un peu plus sombre, triste ou mélancolique, vous allez vers la tierce mineure (ex : la - do). Entre votre note fondamentale et la tierce mineure, vous jouez une seconde majeure (ex : la - si - do), par exemple la mélodie d'Another Brick in the Wall ou le riff d'(I can't get no) Satisfaction

  

Dans la suite d'Erhal, non seulement on a une tierce mineure, mais aussi une seconde mineure ! Deux intervalles mineurs, dont un (la seconde mineure) qui n'appartient pas à la gamme que l'on attend (dans les tonalités mineur et majeur, la seconde est toujours majeure). Deux intervalles mineurs dont un "dissonant", on comprend mieux pourquoi cette suite a quelque chose de plutôt sombre et mystérieux.

 

Dans l'exemple qui suit, je vous donne à entendre les 3 possibilités :

 

1. Do - Ré - Mi - Ré.  Fondamentale (do), seconde majeure (ré), tierce majeure (mi)

2. Do - Ré - Mib - Ré. Fondamentale (do), seconde majeure (ré), tierce mineure (mi b)

3. Do - Réb - Mib - Réb. Fondamentale (do), seconde mineure (réb), tierce mineure (mib)

 

Du 1 au 3, on ajoute du mineur, des intervalles plus resserrés, considérés comme plus tristes ou plus sombres dans notre tradition musicale occidentale.

 

Je pars ensuite d'un des thèmes les plus célèbres avec seconde majeure et tierce majeure : Au Clair de la Lune. Je le joue une fois normalement. Puis je le joue dans la version "2", c'est à dire avec une tierce mineure. Vous entendez qu'il devient tout de suite plus "triste" (ce qu'a fait par exemple Mahler dans sa Symphonie n°1 avec Frères Jacques, j'en parlais dans cet article). Puis je le joue une 3° fois avec la suite dont il est question, seconde mineure et tierce mineure, et à l'oreille, ça doit vous paraître encore plus étrange.

 

Je fais ensuite la même chose avec Satisfaction des Stones. Je le joue dans sa version normale, la version "2", avec seconde majeure et tierce mineure. Puis je le passe en majeur, le thème en devient plus "gentillet"... ce n'est plus (I can't get no) Satisfaction, mais (I can get) Satisfaction. Et je le joue dans la version qui nous intéresse aujourd'hui, avec seconde et tierce mineures (les 2 touches noires en do). Il devient alors plus étrange et sombre que l'original.

 

(C'est joué de manière très scolaire, pour bien faire entendre les notes, et parce que jouer des notes sur un clavier de pc, j'ai pas l'habitude...)    

  

  

 

Je vous disais en préambule que j'aime particulièrement cette suite de notes... preuve en est qu'elle se retrouve dans plusieurs de mes morceaux favoris. Notamment deux morceaux de Radiohead : Everything in its Right Place et Pyarmid Song

 

Ecoutez les accords aux claviers, ils suivent cette suite (dans Everything in its Right Place, il y a 4 notes qui descendent rapidement avant que l'on tombe sur la suite).

 

Everything in its Right Place

 

  

Pyramid Song 

 

 

 

Si ce n'est pas clair pour vous, je vous joue ces deux suites... à la suite, dans la même tonalité, vous entendrez qu'il s'agit bien des mêmes accords, et en suivant la note de basse, vous verrez qu'on a ce mouvement "fondamentale - seconde mineure - tierce mineure", soit "do - ré bémol - mi bémol."

 

(Je joue 4 fois la suite de Everything in its Right Place, 2 fois celle de Pyramid Song)

   

 

 

 

Je sais, joué comme ça, c'est assez moche... mais plaquer des accords sur un clavier de pc, sans toucher dynamique (sans possibilité de faire de nuances), ça ne peut pas bien sonner. Je n'ai pas non plus retranscrit les accords exactement comme Radiohead, je me contente de les jouer dans leur forme de base (ce sont les mêmes notes que dans les morceaux, mais pas forcément aux mêmes hauteurs).

 

Néanmoins, vous devez entendre que Pyramid Song et Everything in its Right Place, c'est à peu près la même chose. Ca la fout mal, me direz-vous, pour un groupe censé être un des plus inventifs de ces 20 dernières années... non, car à partir de ce même matériau de base, ils parviennent à créer deux morceaux très différents (avec aussi ce rythme à 5 temps sur Pyramid Song). Lorsque vous avez découvert Pyramid Song, il y a peu de chances que vous vous soyez dit "bah, ils nous refont le coup d'Everything in its Right Place..."

Ce n'est pas Radiohead non plus qui a inventé cette suite... on la retrouve quelques années auparavant dans un autre morceau que j'adore, un de ceux qui a nourri ma passion pour l'électro : P.E.T.R.O.L. d'Orbital (1996).

 

Ecoutez le morceau à partir de 2'33, vous entendrez cette même suite (en boucle, de 2'33 à 3'38, et ensuite de 4'41 à 5'46) plaquée au synthé, à contre-temps, comme le fera ensuite Radiohead sur Everything in its Right Place et Pyramid Song.      

  

 

 

J'adorais ce morceau... et cette suite ne m'était pas totalement étrangère. Je me souvenais l'avoir entendu quelque part, et avoir déjà été marqué par elle, mais impossible de me souvenir où, et ça m'obsédait. Je la rejouais à la guitare en espérant que ça me rappelle quelque chose... mais non. Elle m'évoquait une musique de science-fiction. J'ai réécouté à l'époque la B.O. de Blade Runner, sans la retrouver... et le déclic s'est fait, bon sang mais c'est bien sûr, c'est la musique d'un des (rares - c'est pour cela qu'il m'a particulièrement marqué) dessins animés que je regardais dans mon enfance... Capitaine Flam ! Non, pas l'horrible chanson française du générique, mais une musique instrumentale, qui intervenait à chaque fois que la situation devenait tendue, angoissante, "dramatique"... 4 accords qui annonçaient ce type de situation et lançaient la musique la plus sombre du dessin animé (avec cette basse obstinée et hypnotique), 4 accords que vous retrouvez ci-dessous de 3'27 à 3'33 :

    

 

 

 

Après la grosse déception The King of Limbs, vous apprenez maintenant que non seulement Radiohead, dans ses meilleurs morceaux, réutilise de mêmes formules, mais, surtout, qu'ils les pompent à Orbital et... Capitaine Flam ! C'est tout un monde qui s'écroule... et une aubaine pour les plus grands snobs du rock qui pourront maintenant balancer "Radiohead ? Bah... ils ont fait quoi, à part pomper la musique de Capitaine Flam ?"

 

Rassurez-vous, la musique de Capitaine Flam n'est pas non plus la première à utiliser cette suite. On la retrouve en particulier dans la musique espagnole, car ce que font les musiques de Capitaine Flam & co (si, avec ça, je ne gagne pas la grand prix du jeu de mot 2012...), c'est d'utiliser le mode flamenco. Le mode du III° degré, mode "phrygien", ou mode de mi (quand on est en do). 

 

Prenez une gamme de do : do - ré - mi - fa - sol -la - si - do.

Si vous commencez par mi et considérez mi comme votre note fondamentale (la note de base, celle autour de laquelle on tourne), vous avez : mi - fa - sol - la - si - do - ré.

De mi à fa : 1/2 ton, seconde mineure. 

De mi à sol : 1,5 ton, tierce mineure.

 

Mi - fa - sol, comme je vous le jouais au début, est bien la suite dont il est question, et le début du mode flamenco. C'est aussi pour cela que le flamenco a ce côté "mystérieux" et plutôt sombre...

 

Et pour continuer dans la théorie, cette seconde mineure après la fondamentale se trouve aussi dans la musique classique, ce qu'on appelle la "sixte napolitaine" (encore une histoire de sixte). Pourquoi "sixte" alors qu'il est question de seconde mineure ? Là, ça devient plus compliqué...

Mettons qu'on soit en Do. Votre accord du II° degré est le ré mineur (ses notes sont ré - fa - la). Le premier renversement de cet accord est fa - la - ré. C'est toujours un accord de ré mineur, mais à l'état de sixte (puisqu'entre fa et ré vous avez une sixte, majeure). Le ré est passé à l'aigu, vous le baissez d'un demi-ton, il devient ré bémol, note étrangère à votre gamme, qui va amener une sonorité plus "triste", plaintive ou mystérieuse... de fa à ré bémol, vous avez maintenant une sixte mineure. Les sixtes napolitaines peuvent être utilisées dans les tonalités majeur et mineur, mais on les retrouve plus souvent en mineur. En Do mineur, vous aurez donc Do - réb - mib. Soit les 3 notes dont il est question ici...

 

Je vous fait entendre cette sixte napolitaine de manière sommaire :

 

- Tout d'abord, en majeur, le passage "normal" d'un premier degré (Do) au II° degré (ré mineur, avec premier renversement, donc ré en haut), et retour sur Do. 

 

- Ensuite, je rejoue Do et ré m, mais avec cette fois la "sixte napolitaine", vous voyez en haut la touche noire du ré bémol. Je le rejoue une 2° fois en insistant sur cette sixte napolitaine, le ré bémol.

 

- Enfin, je le joue en mineur : Do mineur suivi par ré mineur avec sixte napolitaine (et toujours le retour sur Do)

 

 

 

J'aimerais pouvoir dire que mon attirance pour cette suite vient de la sixte napolitaine, mais je crains que ce ne soit plutôt à cause de Capitaine Flam. Est-ce le fait que j'aimais particulièrement ce dessin animé (et cette musique sombre) dans mon enfance, qui m'a prédisposé à adorer P.E.T.R.O.L. d'Orbital, Everything in its right Place et Pyramid Song de Radiohead ou Erhal ? Est-ce ma "madeleine de Proust", une association que je fais entre cette suite et ce plaisir d'enfance ? Ou est-ce que j'aimais d'autant plus ce dessin animé qu'il utilisait une suite à laquelle je ne pouvais qu'être sensible ? Il doit y avoir un peu des deux. Aimer un dessin animé dans votre enfance ne suffit pas à vous faire aimer une musique, une suite d'accords, sinon j'aimerais son horrible chanson du générique français... mais il est possible que les moments de tensions de Capitaine Flam annoncés par cette suite m'apportaient ces sensations fortes décuplées dans l'enfance, et que j'en retrouve une partie lorsque je retombe sur cette suite. Ce qui nous permet de toucher à un des éléments clés de la nature de la musique : elle n'exprime et ne véhicule rien de concret. Lorsque j'ai "redécouvert" cette suite chez Orbital, elle me touchait, mais je n'avais aucune idée d'où ça pouvait venir avant de creuser la question. Aucune image de Capitaine Flam ne me venait à l'esprit (pas plus qu'il y en a maintenant lorsque je me plonge dans Pyramid Song ou que j'écoute Erhal...) Ce que véhicule la musique est de l'abstrait, des sensations qui vont différer d'un individu à l'autre (même s'il existe quelques bases communes, on s'entendra tous pour trouver Pyramid Song mélancolique, et si une même chanson, découverte par exemple dans un film, vous évoquera des images de ce film). Nos goûts musicaux sont un dialogue permanent avec tout notre "vécu musical", tout ce que l'on a pu aimer depuis notre plus tendre enfance, les associations qui se créent plus ou moins inconsciemment... si vous êtes musicien, allez faire un tour du côté des musiques - notamment de dessins animés - qui vous fascinaient pendant l'enfance, vous pourriez y détecter des suites, motifs, harmonies qui ne sont peut-être pas sans rapport avec vos goûts musicaux actuels...

 

Enfin, pour entendre une dernière fois cette suite, je vous ai composé un petit morceau électro dont le motif de base (vous l'entendez joué seul au tout début) utilise cette même suite de notes : fondamentale, seconde mineure, tierce mineure, seconde mineure : Vortex.  

 

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