Aftermath 2010
Cher Marshall Bruce Mathers III,
Je t'ai toujours soutenu, je t'ai toujours défendu.
Quand certains ne voyaient en toi qu'un "produit" pour les kids, sans ne rien connaître de ton histoire, de tes textes et de ton talent, je te défendais.
Quand d'autres mettaient en doute ta crédibilité en partie à cause de ta couleur de peau, je te défendais.
A ceux qui te prenaient pour un simple bouffon, je parlais de ta subversion.
Quand tu as sorti le grandiloquent The Eminem Show, je t'ai soutenu. Malgré cet emprunt au pénible We Will Rock You de Queen, et ce très mauvais morceau basé sur le Dream On d'Aerosmith.
Quand tu as été attaqué pour "homophobie", je t'ai défendu.
Quand tu as dû chanter en duo avec Elton John pour montrer que tu n'étais pas homophobe, je t'ai soutenu. Alors que j'ai trouvé ça parfaitement ridicule. Si un rappeur ne peut même plus tenir des propos homophobes, misogynes ou tendancieux sans devoir se farcir un duo avec le grotesque Elton, où va le monde ?
Quand tu es revenu avec cet Encore qui a pas mal déçu, je t'ai soutenu.
Quand tu es re-revenu l'an dernier avec Relapse, je t'ai encore soutenu, malgré les critiques de ceux qui t'accusaient de sombrer dans un registre trop pop.
Mais là... tu m'en demandes trop. Beaucoup trop. Passons sur le premier morceau, pas si mal, même si, d’emblée, on sent que tu ne t’es pas trop foulé, reprenant une ligne de basse similaire à celle du premier single de ton album précédent, Crack a Bottle (avec un sample de Joe Dassin, tu n’as peur de rien…) Des refrains un peu pourris, tu nous en as déjà pondus quelques-uns. Mais ton flow parvenait chaque fois à sauver l’ensemble. Sauf que là, tu es vraiment passé de refrains « un peu pourris » à des refrains « totalement pourris ». Des rengaines inécoutables, tel ce dégoulinant Love The Way You Lie (avec Rihanna, en plus…), l’insupportable refrain de Changes (Black Sabbath), qui ne demandait qu’à rester enterré bien profond dans les oubliettes du rock, et tous ceux, niais au possible, de Not Afraid, No Love, Seduction, Space Bound, Cinderella Man, You’re never Over… une torture, à chaque fois, de devoir se taper ces rengaines minables (mention spéciale à You're Never Over et Space Bound, deux des pires horreurs que j'ai entendu ces derniers temps). Toi qui aimes tant te foutre de Britney, voilà que tu nous sors des refrains qu’elle-même trouverait trop crétins et racoleurs. Il faudrait penser à un système qui permette de zapper systématiquement les refrains sur les disques. Ce n’est qu’à cette condition que je pourrais me repasser en entier ton dernier album.
A moins… à moins que le concept m'ait échappé. Recovery parle de ta désintox, peut-être, alors, as-tu fait exprès de balancer tous ces refrains moisis pour signifier, avec l’ironie et la provoc qui te caractérisent « la musique, sans la drogue, c’est de la merde, et la sobriété rend con et niais ».
Pourtant, il y a tout de même au moins un vrai bon titre sur cet album. Un titre où l’on te retrouve : Almost Famous. A écouter en suivant les lyrics, pour constater que ton flow et ta manière unique de jouer sur les sonorités ne t’ont, heureusement, pas quitté pendant cette cure de désintox :
Tiens, rien que pour ça, ton album mérite un 5/10.
Mais pas plus.
Bises,
GT
L'album en écoute sur deezer