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22 février 2013 5 22 /02 /février /2013 22:39

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Deux films sur deux moments importants de l’histoire de l’Amérique, par deux réalisateurs connus pour leurs œuvres divertissantes et efficaces, mais qui, ici, n’hésitent pas à perdre en accessibilité et en intensité (Bigelow) ou en grandiloquence (Spielberg) pour traiter leur sujet de la manière la plus sérieuse possible. On connaît le patriotisme de l’Amérique et son goût pour le grand spectacle… mais cela ne l’a jamais empêchée de s’emparer de moments clés de son histoire pour en faire des films intelligents et beaucoup moins manichéens qu’on pourrait le penser, loin des clichés du film de propagande héroïque et pompeux.

Lincoln, un biopic ? Sûrement pas. Aucune scène touchante sur la jeunesse de Lincoln, et si l’on y retrouve quelques scènes fortes sur les relations entre Lincoln et sa femme ou ses fils, elles ne sont que secondaires, ce n’est véritablement pas ce qui semble intéresser ici Spielberg. Lincoln délaisse parfois sa famille, met de côté ses émotions et tait sa douleur pour se concentrer essentiellement sur son grand projet qu’est l’abolition de l’esclavage, et Spielberg, d’une certaine manière, fait de même, s’attardant beaucoup moins sur les scènes familiales que sur le processus qui a conduit à la fin de l’esclavage.

Lincoln, un film grandiloquent qui exalte ce grand moment de l’histoire de l’Amérique où l’on a (enfin) voté l’abolition de l’esclavage ? Un film traversé par un grand souffle patriotique, célébrant avec lyrisme le « héros » Lincoln ?  Non plus. Si l’on ressent (parfois un peu trop) l’admiration de Spielberg pour l’homme qu’était Lincoln, il n’hésite pas pour autant à s’attarder (parfois un peu trop aussi) sur ses petites magouilles pour arriver à ses fins. Là où l’on aurait attendu de grands discours enflammés et humanistes, de belles paroles sur la liberté, l’égalité, la fraternité… Spielberg nous montre surtout un véritable « homme politique ». Pas un visionnaire porté par de grandes idées et qui en oublie les petits jeux de pouvoir, bien au contraire. Lincoln cherche moins à convaincre par de nobles paroles que par de nombreuses tractations en « achetant » des votes. Un film beaucoup plus politique qu’idéaliste, ce qui pourrait en rebuter certains, et ce qui m’a plutôt agréablement surpris de la part de Spielberg.

Autre agréable surprise, bien plus encore que Lincoln : Zero Dark Thirty de Kathryn Bigelow.

Depuis que l’Amérique a découvert les mensonges de son administration qui ont mené à la guerre en Irak, difficile de faire des films de guerre manichéens avec de bons américains d’un côté, et des méchants de l’autre. Pourtant, sur la traque de Ben Laden, ils auraient légitimement pu tomber dans ce penchant « héroïque », car à moins d’anti-américanisme primaire ou de sympathies terroristes, je ne vois pas trop comment, face à Ben Laden et Al-Qaïda, on pourrait reprocher aux américains de se présenter comme les bons en guerre contre les mauvais. Là, ils avaient vraiment – comme avec les Nazis lors de la seconde guerre mondiale – un ennemi indéfendable et l’occasion de faire un grand film patriotique. On aurait pu imaginer une équipe d’agents charismatiques et attachants, mettant tout en œuvre pour retrouver Ben Laden, puis un groupe de soldats tout aussi charismatiques, prenant d’assaut la villa, avec le traditionnel héros qui portera la coup fatal à l’ennemi public N°1… Mais non, rien de tout ça. Bigelow s’intéresse peu aux « hommes et femmes » que sont les agents de la CIA, elle reste principalement focalisée sur son héroïne, aussi fascinante par sa détermination que froide et peu sociable. Là encore, le film est à l’image de son héroïne : pas de sentimentalisme, de sensiblerie ou de lyrisme, mais une certaine froideur, et une telle obsession des faits et de la mécanique qu’elle(s) – Bigelow comme son héroïne - délaisse(nt) un peu l’humain (ce qui rejoint là aussi Lincoln). Quant à la dernière partie sur l’intervention militaire, pas d’héroïsme et de gloriole non plus, mais un combat déséquilibré entre une vingtaine de soldats surentraînés et suréquipés face à des femmes et enfants en pleurs, et à 3 barbus à peine réveillés.

Là où l’on devrait féliciter Kathryn Bigelow d’avoir réussi, sur ce sujet, à faire un très bon film (comme l’était son précédent, l’excellent Démineurs), sans ne jamais tomber dans la grandiloquence et le manichéisme ( Zero Dark Thirty pourra même sembler un peu trop long et austère à ceux qui ne se passionnent pas pour cette histoire – autre point commun avec Lincoln), ça n’a pas loupé, il a fallu que le film fasse polémique et qu’on l’accuse de faire « l’apologie de la torture ». Tout comme j’ai défendu la série 24 sur cette question, ici, je ne vais pas manquer de le faire pour le film de Bigelow…

« Apologie de la torture »… Bigelow a même été comparée à Leni Riefenstahl (ce qui mérite déjà l’oscar du point godwin de l’année). Maintenant, il suffit que vous ne preniez pas un parti très clair contre tel ou tel phénomène pouvant choquer l’opinion dominante pour que l’on vous accuse d’en faire « l’apologie »… plutôt que de tourner 7 fois la langue dans leur bouche avant de s’exprimer, il faudrait que certains commencent déjà par saisir le sens des mots qu’ils emploient. Il n’y a aucune apologie de la torture dans Zero Dark Thirty. Tout juste une légère ambiguïté, laissant au spectateur la possibilité de se faire sa propre opinion. Il me semble pourtant que, dans une œuvre, laisser la porte ouverte aux interprétations diverses, ne pas surligner que tel acte est bon ou mauvais, moral ou pas, et ne pas faire de sermons, est plutôt une qualité. C’est la « jurisprudence Madame Bovary » (idem pour American Psycho de Bret Easton Ellis), on devrait avoir intégré, depuis le temps, qu’une œuvre n’est pas un cours de morale, et qu’elle a bien le droit de ne pas porter de jugement définitif sur les pratiques condamnables, choquantes ou immorales qu’elle présente. Si les indignations et condamnations morales des œuvres étaient plutôt traditionnellement réservées à la droite (enfin, dans les pays occidentaux, je ne parle pas des dictatures communistes), il me semble depuis un certain temps qu’elles sont de plus en plus fréquentes à gauche. Et, au fond, je les trouve plus acceptables à droite… parce qu’après tout, la droite est ici dans son rôle, c’est même devenu une forme de « jeu » entre les artistes et les ligues de vertus (aux EU, en particulier) ou moralistes de droite. Plus ces derniers sont choqués, plus les artistes en rajoutent… choquer le bourgeois, de droite. On pense évidemment aux stickers « explicit lyrics », imposées par les ligues réactionnaires aux EU sur les albums dont les textes peuvent être orduriers, violents, choquants… et que les musiciens, notamment de metal ou de rap, espèrent chaque fois obtenir, car ils savent que ça sera plus vendeur auprès de la jeunesse. Mais la gauche n’a pas d’excuse, elle qui, d’ordinaire, défend la liberté d’expression des artistes, et leur liberté à être transgressifs, choquants, amoraux… on aurait le droit d’être transgressif quand on choque le bourgeois de droite, pas quand on choque le bourgeois de gauche ? On ne devrait pas juger une œuvre sur des critères moraux ou idéologiques… sauf si elle est de droite ? (ce qui n’est d’ailleurs pas le cas de Zero Dark Thirty, qui n’est pas vraiment marquée idéologiquement… peut-être est-ce cela, d’ailleurs que lui reprochent les moralistes de gauche, ne pas être assez à gauche…)

Des ligues féministes avaient hurlé au scandale lorsqu’est paru American Psycho… parce que des femmes se faisaient violer et torturer sans que cela soit explicitement condamné dans le livre. L’exemple-même de polémique débile, le narrateur étant le psychopathe qui commet ces crimes, il n’allait tout de même pas chaque fois nous dire à quel point c’était mal. Aurait-il fallu que Bret Easton Ellis, lors de chaque meurtre, précise en note de bas de page : « Cher lecteur, je tiens à préciser que je ne cautionne absolument pas cet acte immonde. Torturer, violer et tuer, c’est mal. Très mal. » Ou que le seul psychopathe « acceptable », comme personnage principal d’une œuvre de fiction, ne tue pas de femmes innocentes, mais seulement d’horribles crapules ? Ca existe déjà, ça s’appelle Dexter… et ça suscite tout de même l’indignation et certaines « condamnations morales », de droite (pour la violence, le côté malsain, le héros psychopathe) comme de gauche (parce que la série légitimerait la peine de mort et le fait de se faire justice soi-même).

Pour revenir à Zero Dark Thirty, Kathryn Bigelow a beau avoir bien insisté lors de nombreux plans (peut-être même trop à mon goût) sur le visage de dégoût de l’héroïne face aux actes de torture, elle a beau ne pas nous montrer un « monstre » que le spectateur aurait pu accepter de voir torturé, ni un tortionnaire dont on justifierait les actes (par exemple l’héroïne qui lui dirait, sur une montée de violons «c’est dur, mais n’oublie pas tous les enfants que tu pourras sauver une fois que ce salopard aura fini par nous dire ce qu’il sait »)… ce n’est pas assez, elle aurait dû en faire encore plus pour nous montrer à quel point la torture, c’est mal. Ou alors, ne pas la montrer ? Mais si Bigelow ne l’avait pas fait, c’est là où elle aurait été critiquable, c’est là où l'on aurait pu l’accuser de faire de la propagande, en cachant que l’on a utilisé la torture pour débusquer les terroristes. Une œuvre a bien le droit, évidemment, d’être marquée à droite ou à gauche, de défendre les idées qu’elle veut… en revanche, les vraies œuvres de propagande sont critiquables, moins pour les idées qu’elles défendent que pour leur naïveté, leur grandiloquence, et leurs mensonges. Mais Zero Dark Thirty est tout sauf une œuvre de propagande. Ce qui est plutôt bon signe, c’est qu’elle ne racole ni à droite - puisqu’il ne s’agit absolument pas d’un grand film patriotique et lyrique avec des « héros américains charismatiques » - ni à gauche, parce que même si l’héroïne n’aime pas la torture… elle ne fait rien pour l’arrêter, et en attend des résultats pour avancer. Les scènes de torture de Zero Dark Thirty ne sont pas condamnables, elles sont, au contraire, parfaitement mises en scène. Comme dans 24, il n’y est pas question d’apologie, d'éloge de la torture, loin de là, mais plutôt de nous questionner sur les limites que l’on peut être prêt à franchir pour sauver des innocents menacés par le terrorisme…

Il faut toujours parier sur l’intelligence du public… car même s’il ne l’est pas, le simple fait d’éviter de lui imposer une morale toute faite et une idéologie bien sous tous rapports, c’est le pousser à la réflexion, ce qui, jusqu’à preuve du contraire, est toujours plutôt une bonne chose…

Enfin, pour terminer sur une note très personnelle et plus anecdotique… Zero Dark Thirty était le titre d’un de mes morceaux favoris de l’an dernier (par Aesop Rock), il sera assurément celui d’un de mes films préférés de 2013.

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18 février 2013 1 18 /02 /février /2013 23:37

Documentaire de Malik Bendjelloul

 

 

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Si Searching for Sugar Man se joue encore dans un cinéma près de chez vous, n'hésitez pas une seconde, précipitez-vous !

 

Oui, je sais, c'est un peu léger comme critique... mais je ne vois pas comment on pourrait être un amateur de folk, de rock, de musique en général, et ne pas être touché par cette incroyable histoire (vraie). Inutile, donc, de passer du temps à vous en pondre une critique argumentée et détaillée... d'autant plus que ce documentaire est encore plus marquant et poignant quand on ne connaît rien de cette histoire. Pas la peine non plus d'aller chercher des avis à droite et à gauche pour savoir si ça va vraiment vous plaire (prix spécial du jury et prix du public au festival de Sundance, et nommé aux Oscars 2013 dans la catégorie meilleur documentaire, histoire de vous rassurer un minimum sur sa qualité), Searching for Sugar Man ne peut vous laisser indifférent (ou alors c'est que la musique ne vous intéresse pas le moins du monde, et que vous êtes ainsi tombé sur ce blog par hasard).

 

Bref, courrez-y, vous me remercierez après (et vous remercierez Brimstone par la même occasion, qui me l'a fait découvrir dans le CDB).

 

  

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25 janvier 2013 5 25 /01 /janvier /2013 17:12

Bullhead Rundskoptake shelterkiller joeCosmopolisMartha Marcy May Marlene-copie-1the descendants 

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     Après la quête du père en 2009, la séparation en 2011, le thème qui m’aura semblé le plus marquant dans les films de 2012 est celui du « cocon »… Les pertes et séparations, douloureuses, de 2011, mènent d’une manière somme toute logique, à un retour au cocon. Il est loin, le cinéma hollywoodien conquérant des années 50 ou 60… conquêtes de l’ouest, du monde, de l’espace… en 2012, on préfère se recroqueviller dans son cocon.

C’est le premier grand film américain de l’année qui a donné le ton, Take Shelter… un homme qui, pour protéger sa famille d’une menace dont on ne sait si elle est réelle ou le fruit de sa folie, se lance dans la construction d’un bunker. Difficile de trouver mieux comme métaphore du cocon… C’est aussi l’héroïne du très beau Martha Marcy May Marlene qui passe de cocons en cocons, celui d’une communauté / secte à la maison de sa sœur. Des cocons, aussi, pour les héros… James Bond, archétype s’il en est du héros viril sans attaches et conquérant, voyageant de pays en pays et de femmes en femmes ; pour la première fois depuis 50 ans, retourne vers son passé et ses origines, dans son cocon qu’est le manoir familial. Autre manoir-cocon, celui de Batman, reclus depuis des années lorsque débute The Dark Knight Rises, ayant laissé tomber toute vie sociale, professionnelle, aventurière et héroïque. Et s’il reprend du service, c’est moins par volonté de puissance que par désir d’en finir, et, d’une certaine manière, de fuir le monde… Reclus eux aussi, les américains d’Argo en Iran… ils ne sont pas « en cavale », mais planqués dans une maison dont ils ne sortent jamais, en espérant un retour dans le grand cocon qu’est la mère patrie… Un cocon n’est pas forcément une maison, ce peut être une voiture, telle la limousine du Cosmopolis de Cronenberg, au sein de laquelle se déroule les ¾ du film, cocon en mouvement qui protège le personnage principal d’un monde extérieur qui plonge dans le chaos. Ou, dans un registre très différent - mais une idée de mise en scène assez proche - le bus de The We and the I dont on ne sort qu’à la toute fin du film… (voire la barque de L’Odyssée de Pi, film que je n’ai pas vu).

Le cocon, c’est aussi la relation fusionnelle du ménage à trois de Savages d’Oliver Stone, celle des trois frères de Lawless (Des Hommes sans Loi, scénario de Nick Cave), qui cherchent seulement à faire leur petit business tranquillement, dans leur coin, en famille, ou encore celle du héros de Ted incapable, à 35 ans, de se séparer de son ours en peluche (qui vit et parle, certes, mais ours en peluche tout de même). C’est l’islamisme radical dans la Désintégration, la fuite d’un monde extérieur hostile, et l’impression de n’être compris et intégré que lors de ces petites séances intimistes et coupées du monde où le personnage principal se laisse manipuler par un rabatteur. The Secret propose aussi en quelque sorte un « retour au cocon » (je ne peux en dire plus sans dévoiler la fin), quant au « Dictator », il n’est au fond qu’un grand enfant dont le pays est un immense cocon (pour lui, et seulement pour lui), satisfaisant le moindre de ses désirs et caprices, et il n’aspire qu’à une chose, bien entendu, y retourner (contrairement aux deux personnages précédents de Sasha Baron-Cohen, Borat et Bruno, qui, eux, avaient pour souhait de « conquérir » l’Amérique). C’est aussi dans un cocon que vivent les personnages de Margin Call, trader et financiers dans leur bulle… et c’est aussi ce que recherche le héros de Looper, heureux et comblé seulement dans le petit cocon qu’il est parvenu à créer dans une des réalités.

Le cocon, c’est le refuge et le fantasme du paranoïaque, celui de Take Shelter évidemment, mais aussi J. Edgar (d’Eastwood), enfermé dans son bureau où il écoute et répertorie les secrets des puissants, ces secrets qui le protègent de tous ceux voulant l’expulser de sa création et son cocon : le FBI. C’est la réalité fantasmée du remake de Total Recall, ou encore le hacker de Aux Yeux de Tous, qui, sans mettre un pied hors de sa chambre, parvient à explorer et manipuler le réel. C’est aussi, mais à l’opposé, Jack Reacher, refusant la « vie moderne », sa technologie et ses facilités afin d’être impossible à repérer. Pour vivre heureux, vivons caché, dans son cocon…

Autre thème important, lié au cocon : en 2012, les héros sont fatigués, et de moins en moins « solaires ». Le héros de Bullhead a beau se shooter aux hormones de bœufs, il reste face à la femme qu’il aime un petit garçon timide et fragile… et malgré ses excès de violence ou sa musculature qui en impose, il n’a rien du héros fort, dynamique et charismatique, il est hanté par son passé et traîne sa misère tout au long du film. L’aîné des frères de Lawless est le chef de famille, le « mâle dominant »… mais comme le héros de Bullhead, c’est un grand taiseux, un homme toujours sur la défensive. Idem pour le héros du Territoire des Loups, traumatisé par son passé tragique, au bord du suicide au début du film… voire le héros de Looper, pas beaucoup plus solaire que les autres…

On n’avait jamais vu James Bond aussi affaibli, incapable, après son accident et après s’être un moment « coupé du monde », de faire quelques exercices physiques sans s’essouffler, ou de toucher une cible à quelques mètres. Il est même déclaré inapte à reprendre su service, et ne doit sa réintégration qu’à une falsification de son dossier. On n’avait jamais vu non plus Batman aussi déprimé, usé, ne se déplaçant plus depuis des années que dans son manoir, et à l’aide d’une canne… à peine parvient-il à en sortir qu’il se retrouve – pendant une bonne partie du film – au fond d’un puits… bref, il passera la majeure partie du film à simplement tenter de « sortir de son trou ».

Les nouveaux super-héros de cinéma ne partent pas, capes et cheveux au vent, sauver le monde, leurs ambitions ont été revues à la baisse… ils utilisent leurs pouvoirs pour se faire des blagues de potache, jouer à la baballe au milieu des nuages, et se laissent dominer par leurs émotions négatives (tout ça dans Chronicle).

Nous vivons dans un monde hostile et déprimant, qui pousse à se recroqueviller dans son cocon. Que nous reste-t-il, faire la révolution ? Même ça, les anars rigolards de Groland n’y croient plus, Le Grand Soir est un constat d’échec ; les lendemains qui chantent, c’est de l’histoire ancienne, plus qu’une chimère dans l’esprit de sympathiques losers…

Tous les héros n’auront pas été fragiles, déprimés, taiseux, tourmentés ou affaiblis… il y en a eu au moins deux particulièrement sûrs d’eux, virils, efficaces et imposants, bref, deux héros à l’ancienne… sauf qu’il s’agit de deux crapules cyniques, deux tueurs implacables, Killer Joe & Cogan. Auxquels on pourrait ajouter le « héros » de Cosmopolis, tout autant cynique et sûr de lui que les deux autres… En 2012, il faut être un salaud sans états d’âme pour oser être sûr de soi, dominant et bien dans sa peau…

Pourquoi au juste, ce cocon et cette déprime ? La réponse la plus simple serait bien entendu « la crise ». Sauf que c’est un peu court… comme je l’ai déjà dit dans mon bilan de l’an dernier, ce n’est pas tant la crise économique qu’une crise plus profonde qui sourd dans les œuvres. Car on n’attend pas du cinéma et de l’art en général qu’ils nous expliquent qu’il y a une crise économique et que les gens sont inquiets… Pas besoin d’œuvres et d’artistes pour cela ; une télé, un journal et de simples journalistes font l’affaire… Non, ce que nous disent plutôt tous ces films, c’est qu’à notre époque, l’aspiration majeure est de se créer son petit cocon et s’y fondre (même les homos veulent reproduire la cellule familiale traditionnelle, couple + enfants)…  signe de peur et de déclin pour les uns, de prudence et de sagesse pour les autres, ou un peu des deux, à chacun de l’interpréter comme il l’entend.

 

Seuls quelques films ne m’auront pas vraiment plu en 2012, les 6 derniers du classement, les autres se tiennent à pas grand-chose, quasiment tous les films que j’ai vu cette année (et tous vus au cinéma, à part Wrong et Ted) ont des notes entre 7 et 8… de bons films, même si j’ai des réserves pour chacun (ce qui n’est pas le cas pour les premiers du classement)…

1.      Bullhead – Michael R. Roskam  9

2.      Take Shelter – Jeff Nichols  8,5

3.      Killer Joe – William Friedkin

4.      Cosmopolis – David Cronenberg

5.      Martha Marcy May Marlene – Sean Durkin

6.      The Descendants – Alexander Payne

7.      The Dark Knight Rises – Christopher Nolan 8

8.      Killing Them Softly (Cogan)- Andrew Dominik 

9.      La Taupe – Tomas Alfredson 

10.  Millenium – David Fincher

11.  Argo – Ben Affleck 

12.  Margin Call – J.C. Chandor 

13.  Savages – Oliver Stone 

14.  La Cabane dans les Bois – Drew Goddard 

15.  Chronicle – Josh Trank 

16.  Des Hommes sans Loi – John Hillcoat

17.  The We and the I – Michel Gondry

18.  La Désintégration – Philippe Faucon

19.  J. Edgar – Clint Eastwood

20.  Skyfall – Sam Mendes 7,5

21.  Moonrise Kingdom – Wes Anderson

22.  The Dictator – Larry Charles

23.  Wrong – Quentin Dupieux 

24.  Total Recall – Len Wiseman 

25.  Prometheus – Ridley Scott

26.  Jack Reacher – Christopher McQuarrie

27.  Aux Yeux de Tous – Cédric Jimenez

28.  Sherlock Holmes 2 : Jeu d’Ombres – Guy Ritchie

29.  Le Grand Soir – Kervern / Delépine

30.  Looper – Rian Johnson 

31.  The Secret – Pascal Laugier

32.  End of Watch – David Ayer

33.  La Dame en Noir – James Watkins

34.  The Amazing Spider-man – Marc Webb

35.  Faust – Alexandr Sokurov  7

36.  The Bourne Legacy – Tony Gilroy 

37.  La Part des Anges - Ken Loach

38.  Securité Rapprochée – Daniel Espinosa

39.  Ted – Seth McFarlane

40.  The Avengers – Joss Whedon

41.  Le Hobbit, un voyage inattendu – Peter Jackson

42.  Blanche neige et le Chasseur – Rupert Sanders

43.  Le Territoire des Loups – Joe Carnahan  6,5

44.  John Carter – Andrew Stanton 5

45.  Les Infidèles – Collectif

46.  Félins – Keith Scholey, Alastair Fothergill

47.  The Expendables 2 – Sylvester Stallone

48.  La Colère des Titans – Jonathan Liebesman

49.  Hunger Games – Gary Ross 4

Envie de noter ces films (ou d'autres) ? Direction le Cinéma Des Blogueurs (ouvert à tous), il ne reste que très peu de temps avant que je ne fasse les comptes et publie le classement 2012 définitif...

Bilans cinéma des années précédentes :

Les films de 2011 

Les films de 2010 

Les films de 2009

Les films de 2008

Les films de 2007

Les films de 2006 

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