Overblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

Recherche

Playlist 2024

Classements d'albums

22 mars 2006 3 22 /03 /mars /2006 18:02

 

Comme souvent, je digresse et m’écarte du sujet de ce blog…

Une bonne idée, ce " printemps du cinéma ", pour se faire une petite cure de films et constater… que le cinéma français fait pâle figure à côté du cinéma américain. En même temps je dis ça mais ne suis pas allé voir un seul film français. Faut dire qu’ils ne sont pas très alléchants. Entre de grosses comédies bien grasses (les Bronzés 3, Incontrôlable), bien maigres (Essaye-moi, Je vous trouve très beau, Du jour au lendemain), ou fades et polies (Fauteuils d’orchestre), des films rétro qui fleurent bon… la naphtaline (le temps des porte-plumes) et les histoires sentimentales anecdotiques de trentenaires navrants (Quand les anges s’en mèlent, Toi et moi), même 3,5 euros paraît très cher payé. Certes, il y a bien le dernier Chabrol qui traite d’un sujet un peu plus pertinent… mais pour une fois qu’un réalisateur français s’attaque à un sujet d’actualité politique et d’importance, il s’en défend partout et assure que ce sont les personnages qui l’ont intéressé, pas l’affaire Elf.

Que dit le cinéma français de la France ? Que c’est un pays de beaufs (bronzés) et de bobos (Fauteuils d’orchestre), qui cherche ses racines dans une campagne de carte postale (le temps des porte-plumes) et dont les citoyens se préoccupent principalement de savoir avec qui ils coucheront ce soir (Quand les anges…).

Que dit le cinéma américain de l’Amérique ? Que c’est un pays qui s’interroge sur lui-même, qui interroge ses origines (Le Nouveau Monde), sa liberté d’expression (Good night and good luck), ses " héros " ou anti-héros (Walk the Line), ses relations avec le monde (Syriana, Lord of Wars) et réfléchit sur les conflits majeurs de l’époque (Munich).

Il est clair qu’on ne peut lire un pays à travers son cinéma, que l’Amérique actuelle n’est pas ce que nous en montre Hollywood… mais elle a au moins un cinéma qui a l’ambition de la faire réagir, de l’éclairer, pas juste de la distraire mollement. Face à un cinéma américain adulte et engagé, la France présente un cinéma totalement régressif (blagues potaches, nostalgie, enfermement dans de petites amourettes insipides). On est bien loin du cliché d’un cinéma américain purement spectaculaire et divertissant, et d’un cinéma français exigeant.

Même dans leurs très grosses productions spectaculaires, les américains n’hésitent pas à faire de la politique (La Guerre des Mondes et le dernier Star Wars s’en prennent –dixit leurs auteurs – à l’hégémonie de l’Amérique). Je n’ai pas vu les gros succès français de ces dernières années, mais il ne me semble pas qu’il y ait une quelconque dimension politique dans Brice de Nice ou Podium

Si encore on pouvait s’enorgueillir d’un travail esthétique de meilleure qualité… Mais il suffit d’avoir vu les bandes annonces des Bronzés, de Je vous trouve très beau et des autres pour comprendre que la réalisation y rivalise de médiocrité avec les plus plats et laids des téléfilms… Ce qui n’est absolument pas le cas de Good Night and Good Luck, Le Nouveau Monde et Munich, tous trois magnifiquement mis en scènes.

Après, on pourrait aussi se dire que le cinéma américain est engagé et inspiré parce que l’Amérique est en crise et particulièrement critiquable dans ces années Bush. Certes... Mais n’a-t-on vraiment aucune raison, en France, de se questionner sur le système qui est le notre ? Bien sûr que non ! Les problèmes en France, on connaît pas ! Il n’y a pas eu d’émeutes dans les banlieues, la jeunesse n’est pas dans la rue etc, etc…

Pourquoi faire chez nous un film comme Good Night and Good Luck ? La presse est parfaitement indépendante, RDDV n’a pas pour projet de surveiller et censurer les blogs et l’info sur le net, les journalistes ne sont jamais de mèche avec les politiques, Chirac n’a pas fait la leçon à Charlie-hebdo à propos des " caricatures ", le spectacle et le divertissement ne prennent jamais le pas sur l’information…

Pourquoi faire Syriana ? La France, digne et noble, s’est opposée à la guerre en Irak par un réel attachement aux droits de l’homme, nous n’avons jamais eu d’intérêts pétroliers avec l’Irak de Saddam Hussein, nous n’avons pas le moindre petit début de relation avec des dictatures et gouvernements tyranniques…

Pourquoi faire Lord of Wars ? La vente d’armes, en France, on connaît pas, nous ne sommes absolument pas le genre de pays champion de la vente d’armes partout dans le monde (et peu importe le camp ou la moralité de l’acheteur…)

Pourquoi faire Munich ? Aucune raison valable ! Le terrorisme et le conflit israëlio-palestinien sont si loin de nous…

Mention spéciale à Clooney, acteur et co-producteur de Syriana, réalisateur, acteur et co-scénariste de Good Night and Good Luck. S’il continue sur cette voie-là, il va devenir une sorte de Michaël Moore… en plus fin (dans tous les sens du terme, même s’il a pris 15kgs pour son rôle dans Syriana).

Clooney vieillit bien… comme Spielberg. Je n’ai jamais été un grand fan du cinéma de Spielberg, mais faut avouer que depuis quelques années il est monté d’un cran. Munich est peut-être même son meilleur film. Réalisation efficace et très soignée, reconstitution historique réaliste, crédible, envoûtante, histoire passionnante, ambiances travaillées, sens du détail et personnages marquants… seules petites réserves : quelques clichés et une scène pas très heureuse où il jongle entre une relation sexuelle et l’attentat de Munich… par contre, il n’est pas certain que ces 2h40 captivantes sur grand écran soient aussi prenantes sur un écran de télé…

Saluons aussi le courage de Spielberg. Qui a reçu de nombreuses menaces de mort pendant le tournage, mais a tenu bon. A côté, ce sont de vrais petits rigolos les acteurs français qui disent "se mettre en danger" quand ils acceptent un rôle légèrement différent de ce qu'ils ont l'habitude de jouer... Le courage de Spielberg, donc, qui réussit un film complexe, sans manichéisme, qui lui a valu autant de critiques de la part des pro-israëliens et des pro-palestiniens. Ce qui est finalement bon signe...

Hollywood n’a cependant pas renoncé totalement au divertissement facile et bas de gamme. Mais au train où vont les choses, le cinéma américain va considérablement gagner en densité et pertinence alors que l’exception culturelle française, dans quelques années, ce sera d’être totalement déconnecté du monde, de l’actualité et des enjeux majeurs de l’époque…

 

Partager cet article
Repost0
18 février 2006 6 18 /02 /février /2006 09:49

Film de James Mangold    2006

Le principal intérêt de la sortie de Walk the line en France, c'est de faire découvrir un " mythe " aussi important qu'Elvis aux EU, mais mille fois moins connu que le King par ici. Evidemment, il y a peu de chances que les français se ruent massivement pour voir la vie (enfin, une partie de la vie) de Johnny Cash au cinéma. Le film ne risque pas de faire autant d'entrées que les bronzés 3. Les EU ont Johnny Cash, on a les bronzés.. chacun ses mythes.

Cash est un mythe pour d'innombrables raisons. Sa voix et ses textes, bien sûr, le fait qu'il ait réussi à incarner la musique populaire américaine en mariant très simplement et naturellement le folk, la country, le rock, le gospel et le blues. Cash incarnait la musique américaine.. et le coeur de l'Amérique. En s'adressant aux taulards, aux marginaux, aux paysans, aux ouvriers, aux indiens, à tous ceux qui ne sont pas nés avec les dieux de leur côté, en étant leur voix, il était celle de tous les américains, de tous ces descendants des exclus de l'Europe. Johnny Cash a une indéniable dimension christique, et pas uniquement pour ses initiales. En France, on a aussi notre J-C qui oeuvre sans démagogie aucune au nom des démunis, qui a su faire sienne leur souffrance et mettre fin comme promis à la fracture sociale. Chacun sa croix, chacun son Christ...

Mais revenons-en au sujet.

Walk the line, sans être le film du siècle, est tout de même très réussi. La seule bonne excuse pour ne pas aller le voir est de ne pas aimer la musique de Johnny Cash. Ceux qui aiment " l'homme en noir " ne le manqueront pas, et ceux qui ne le connaissent pas combleront une lacune de taille en passant un agréable moment, selon l'expression consacrée.

Les deux acteurs principaux (Joaquin Phoenix en Johnny Cash et Reese Witherspoon en June Carter) crèvent l'écran. Joaquin Phoenix est bluffant dans la peau de Cash, mais aussi dans sa voix. Après, quelques inconditionnels de Cash trouveront sûrement à redire, certains estimeront que l'on caricature leur " prophète "... espérons juste qu'ils ne seront pas scandalisés au point de vouloir tout faire sauter.

A priori, prendre Ludwig van B. de Bernard Rose comme référence pour parler de Walk the Line peut sembler tiré par les cheveux. Pourtant, ces deux films ne sont pas si éloignés l'un de l'autre. Ils sont assez sobres, n'en font pas trop (contrairement aux excessifs Amadeus de Forman ou The Doors d'Oliver Stone), et se focalisent avant tout sur une histoire d'amour émouvante. Peut-être pour rendre plus aimables les sombres et torturés Beethoven et Cash. Pour permettre au spectateur lambda " d'apprivoiser la bête ". Ils se rejoignent aussi dans la mise en avant du père cruel lié à un épisode traumatisant de l'enfance, dans l'appesantissement sur la déchéance (alcool et drogues pour l'un, surdité et associabilité pour l'autre) et la " rédemption " par la musique : triomphe de la IXè Symphonie pour Beethoven, concert à la prison de Folsom pour Cash. Deux films qui ne révolutionnent pas le cinéma, mais qui ont le mérite d'être honnêtes et sensibles.

Cash et Beethoven... étrange comparaison, je l'admets. Ils partagent cependant le fait d'être des "statues du commandeur". Beethoven est la référence incontournable et indépassable pour tous les musiciens du XIXè, Cash l'est pour tous les musiciens américains, qu'ils jouent du folk, du rock ou de la country. Mais son influence s'étend bien au-delà des frontières américaines...  

Walk the line ne traite pas de toute la vie de Cash, préférant se concentrer sur les années 50 et 60 (avec une première partie retraçant les moments importants de sa jeunesse), et c'est peut-être pas plus mal ainsi. Car le Cash des années 70 et 80 n'a pas été très passionnant. Mais, du coup, il ne montre rien des années 90, pourtant une des périodes les plus créatives de Cash revenu, grâce à Rick Rubin, alors que personne ne l'attendait plus, avec des albums magnifiques. Le premier de cette " seconde vie ", American Recordings est peut-être son meilleur - toutes époques confondues. Un vrai trésor intemporel et inusable à consommer sans modération.

Une des qualités du film, c'est d'arriver à faire sentir la spécificité de Cash et de sa musique face aux rockeurs de l'époque (avec lesquelles il entretenait plutôt de bons rapports). La gravité, l'authenticité de Cash d'un côté, l'exubérance des show-men qu'étaient Jerry Lee Lewis et Elvis de l'autre.

Mais on peut regretter que ne soient pas suffisamment mis en avant ses textes, à part cette phrase qui fit couler beaucoup d'encre I've killed a man in reno, Just to watch him die, textes qui font de Cash le " père spirituel " de Dylan (il disait de Cash " Il est le plus grand des plus grands "). Dommage aussi que les relations très respectueuses et touchantes entre ces deux voix d'une Amérique profonde (dans les deux sens du mot, ce qui semble généralement inconciliable) n'aient pas été abordées. Enfin, on ne peut pas tout avoir, ne boudons pas notre plaisir...

I have a dream... comme disait l'autre. Un rêve où le prénom Johnny, en France, ferait instantanément penser à Cash, pas à l'autre pénible ersatz d'Elvis, devenu pathétique interprète de daubes obispiennes.. Obispo, lui-même ridicule caricature des Beatles. Comparer Halliday à Elvis ou Obispo aux Beatles, un sacrilège... dans ce cas Lorie, c'est Patti Smith, et Kyo, c'est Led Zeppelin. Mon rêve est en train de virer au pire des cauchemars.

L'anti-américanisme est un sport national en France. Faut dire qu'il est particulièrement simple à pratiquer tant l'Amérique nous offre de la matière. Mais sur certains plans, les français ont tout intérêt à faire profil bas. Johnny Cash et Bob Dylan d'un côté de l'Atlantique, Maurice Chevalier et Charles Trénet de l'autre...

Si vous ne connaissez rien à la musique de Cash, je conseille très vivement une nouvelle fois et en premier lieu American Recordings, puis un best of comme celui sorti dernièrement "Johnny Cash - Ring of fire The Legend of... ", et American III Solitary Man.

 

 

 

Extrait d' American Recordings : Thirteen

Facile à jouer, mais bien évidemment impossible de rivaliser avec Cash pour ce qui est du chant.

 Couplet :

Am   D Am   D    C Am (x2)

Refrain :

D  Am  D Am

D     C  Bm G  Am

Jouer le Am avec alternance du si et du do sur la corde de si.

 

Bad luck wind been blowin' at my back

I was born to bring trouble to wherever I'm at

Got the number 13 tattoed on my neck

When the ink starts to itch, then the black will turn to red

I was born in the soul of misery

Never had me a name

They just gave me the number when I was young

Got a long line of heartache, I carry it well

The list of lives I've broken reach from here to hell

Bad luck wind been blowin' at my back

I pray you don't look at me, I pray I don't look back

I was born in the soul of misery

Never had me a name

They just gave me the number when I was young

 

 

 

Partager cet article
Repost0