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Playlist 2020

Classements d'albums

20 janvier 2010 3 20 /01 /janvier /2010 19:07
Qui a dit "Internet est devenu un outil essentiel au même titre que l'électricité, y accéder à un tarif abordable et à haut débit est un impératif de justice sociale" ?
François Fillon. Et ce n'est pas une rumeur ou une connerie trouvée sur un site du style jetéléchargecommeunouf.com, vous pouvez lire l'article
ici, sur le site du Monde. 

Bizarrement, personne ne semble relever le fait que ce même François Fillon est, paraît-il, chef du gouvernement, et d'un gouvernement qui a proposé, soutenu, et fait voter la loi Hadopi, loi qui prévoit de couper l'Internet à ceux qui téléchargent illégalement. Schizophrénique, non ? Comment peut-on d'un côté affirmer que de couper l'accès à Internet est une sanction "juste", et d'un autre considérer que le net est aussi "essentiel que l'électricité" ? Imagine-t-on supprimer l'accès à l'électricité a un individu ayant commis un délit quelconque ? Si l'on suit la "logique" (à supposer qu'il y en ait une) de Fillon, Hadopi, ce serait un peu comme si dans les années 80 on coupait pendant 3 ou 6 mois l'électricité de foyers où un gamin a copié des albums sur K7. Alors réaliser "enfin", en 2010, que l'Internet est un outil indispensable pour tous, c'est très bien, encore faut-il agir en conséquence et enterrer définitivement cette loi débile.

Autre info, qui ne semble pas être trop relayée... le dernier trimestre 2009 a été très bon pour l'industrie du disque : 
"Le marché de gros de la musique enregistrée entrevoit peut-être le bout du tunnel : les ventes physiques se sont redressées au 2e semestre 2009, indique le syndicat des maisons de disques, avec un 4e trimestre qualifié de « très bon » par son directeur général David El Sayegh. Sur l’ensemble de l’année, le recul du marché physique ne serait que très légèrement négatif" (cf.
Numerama). Sûr que ça n'arrange pas les pro-hadopi, qui justifient cette loi en assurant qu'elle va permettre de redresser l'industrie. Elle n'est pas encore mise en place, l'année 2009 a été une année de crise... mais l'industrie du disque a un "très bon" 4° semestre 2009. Et le cinéma se porte à merveille (enfin, la fréquentation des salles, la qualité des films, c'est autre chose...)

Evacuons tout de suite l'argument imbécile que brandiront quelques pro-hadopi peu soucieux d'honnêteté intellectuelle "si l'industrie s'est redressée fin 2009, c'est l'effet Hadopi, parce qu'on en a parlé, parce que les gens ont peur de se faire prendre..." Ben voyons... l'illégalité des téléchargements de musique sur le net, on en entend parler dans tous les médias depuis de nombreuses années, bien avant que ne naisse l'idée d'Hadopi... et la précédente loi, DADVSI, a tout autant été discutée, relayée, critiquée... bref, avec Hadopi, rien de nouveau, et rien qui ne puisse expliquer un quelconque changement d'attitude de ceux qui téléchargent, alors même que la loi n'est pas applicable et qu'aucun courrier ou mail n'a été envoyé.      

Que faut-il en déduire ? Toujours la même chose, que se refusent à voir les partisans d'Hadopi : le problème est bien plus compliqué qu'ils ne le pensent. Il n'est pas question de "méchants pirates" qui causent la perte de "gentils artistes", mais bien d'une situation complexe, où les gros téléchargeurs sont aussi les plus gros acheteurs, et où l'industrie a payé cher son manque de renouvellement et la très forte concurrence des autres produits culturels et nouvelles technologies, dans une décennie de baisse du pouvoir d'achat...

Alors il serait bon que Fillon cesse de vouloir défendre à tout prix une industrie qui ne mérite pas qu'on paie pour ses propres erreurs (parce qu'Hadopi coûtera cher, sans promesse de rapporter quoi que ce soit à l'industrie du disque), et, surtout, ne cautionne pas que le gouvernement dont il est le chef organise la coupure de cet outil "aussi essentiel que l'électricité" selon ses propres dires, à des foyers où un gamin aura eu le malheur de télécharger des copies d'albums...  
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18 janvier 2010 1 18 /01 /janvier /2010 20:54
Avant-dernière ligne droite...

Les meilleurs albums de 2009, classés d'après la moyenne des votes des blogs musicaux :


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1. Vic Chesnutt - At The Cut 8,6

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2. Q-Tip - Kamaal the Abstract 8,1



3. Anthony Joseph & The Spasm Band - Bird Head Son 8,1

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4. Anti-Pop Consortium - Fluorescent Black 8,1

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5. Converge - Axe to Fall 7,8

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6. Caroline Weeks - Songs for Edna 7,8

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7. Centenaire - The Enemy 7,7

The Low Frequency In Stereo: Futuro par svennevenn

8. The Low Frequency in Stereo - Futuro 7,7

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9. Viol - Loveboat 7,7


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10. Kill The Vultures - Ecce Beast 7,7




11. Dan Auerbach - Keep it Hid 7,7

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12. A Place to Bury Strangers - Exploding Head 7,6

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13. Oneida - Rated o 7,6

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14. Sunset Rubdown - Dragonslayer 7,6

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15. Benjamin Biolay - La Superbe 7,5

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16. Julie Doiron - I Can Wonder What You Did With Your Day 7,6

Kurt Vile

17. Kurt Vile - Childish Prodigy 7,6



18. Dälek - Gutter Tactics 7,6


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19. The Black Heart Procession - Six 7,6



20. Kieran Kane - Somewhere Beyond the Roses 7,6


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21. Arctic Monkeys - Humbug 7,6
 
22. Mulatu Astatke & The Heliocentrics - Inspiration Information 7,5
       Butch McKoy - Welcome Home 7,5
       Bill Callahan - Sometimes I wish we were an Eagle 7,5
25. Wampas - Les Wampas sont la Preuve que Dieu Existe 7,5
26. A Wake A Week - Little Black Cloud 7,3
27. Laurent Garnier - Tales Of A Kleptomaniac 7,5
28. Isis - Wavering Radiant 7,4
29. Jarvis Cocker - Further Complications 7,4
30. Elvis Perkins - In Dearland 7,4
31. Marissa Nadler - Little Hells 7,4
32. DJ Signify - Of Cities 7,4
     
Apse - Eras  7,4
34. Lee Fields & The Expressions - My World 7,3

35. Akron Family - Set'em Wild, Set'em Free 7,3  
36. Xavier Plumas - La Gueule du Cougouar 7,3
37. Richard Hawley - Truelove's Gutter 7,3
      Mono - Hymn to the immortal Wind 7,3
39. Elysian Fields - The Afterlife 7,2
40. The Delano Orchestra - Will Anyone Else Leave Me  7, 2
41. Emeralds - What happened 7,2
42. Raekwon - Only Built 4 Cuban Linx Pt II 7,2
43. Sparklehorse/Danger Mouse - Dark Night of the Soul 7,1
44. Loney, Dear - Dear John 7,1 
45. Patrick Watson - Close to Paradise 7,1
46. Grizzly Bear - Veckatimest 7,1
47. DM Stith - Heavy Ghost 6,8

48. Zu - Carboniferous 7,1
 
49. Telefon Tel Aviv - Immolate Yourself  7
50. Noisettes - Wild Young Hearts 7
51. Great Lake Swimmers - Lost Channels
52. M. Ward - Hold Time 7
53. Cymbals eat Guitars - Why there are Mountains 7

(6)

54. Vetiver - Tight Knit 6,9
55. Lhasa de Sela - Lhasa 6,9
56. Mos Def - The Ecstatic 6,9
57. The Horrors - Primary Colours 6,9
58. NLF3 - Ride on a Brand New Time 6,9
59. Pete Doherty - Grace Wasteland 6,8
60. Sonic Youth - The Eternal 6,8
61. The Felice Brothers - Yonder is the Clock 6,8
       Eminem - Relapse 6,8
63. Rancid - Let the Dominoes Fall 6,7
64. Sébastien Schuller - Evenfall 6,7
65. Two Fingers - Two Fingers 6,7
66. Black Dice - Repo 6,7
67. Jay-Jay Johanson - Self-Portrait 6,7
68. The Dead Weather - Horehound (lst) 6,7
69. Prefuse 73- Everything She Touched Turned Ampexian 6,7
70. The Phantom Band - Checkmate savage 6,7
71. The Pains of Being Pure at Heart - The Pains of Being Pure at Heart 6,7
72. Ramona Falls - Intuit 6,7
73. Fever Ray - Fever Ray 6,7
74. Ben Frost - By the Throat 6,7
75. Clem Snide - Hungry Bird 6,7
76. PJ Harvey, John Parish - A Woman a Man Walked By 6,6
77. The Decemberists - The Hazard of Love 6,5 
78. John Frusciante - The Empyrean 6,5
79. Ramblin' Jack Elliott - A Stranger Here 6,5
80. US3 - Stop. Think. Run 6,5
81. General Elektriks - Good City for Dreamers 6,5
82. Toy Fight - Peplum 6,4
83. Them Crooked Vultures - Them Crooked Vultures 6,4
84. Graham Coxon - The Spinning Top 6,4
85. Black Lips - 200 Million Thousand 6,4
      Lou Barlow - Goodnight Unknown 6,4
87. The Cave Singers - Welcome Joy 6,4
88. Future of the Left - Travel with Myself and another 6,3
89. Antony & the Johnsons - The Crying Light 6,3
90. Soap & Skin - Lovetune For Vacuum 6,3
91. The Clientele - Bonfires on the Heath 6,2
92.
The Xx - Xx 6,2
93. Franz Ferdinand - Tonight 6,2
94. ...And You Will Know Us by the Trail of Dead - The Century of Self  6,2
95. Peter Von Poehl - May Day 6,2
96. Alela Diane - To Be Still 6,1
97. The Color of Violence - Youthanize 6,1
98. The Flaming Lips - Embryonic 6,1
99. Terry Callier - Hidden Conversations 6
      Jeniferever - Spring Tides 6
101. Wavves - Wavves 6

(5)

102. Bob Dylan - Together Through Life 5,9
103. Slayer - World Painted Blood 5,9
104. Andrew Bird - Noble Beast 5,9
105. Animal Collective - Merryweather Post Pavilion 5,9
106. Bat For Lashes - Two Suns 5,9
107. Camera Obscura - My Maudlin Career 5,8
108. Archive - Controlling Crowds 5,8
109. Wooden Shjips - Dos 5,8
110. The Raveonettes - In & Out of Control 5,8
111. Birdy Nam Nam - Manual for Successful Rioting 5,7

112. Mastodon - Crack the Skye 5,7
113. The Gossip - Music for men 5,5
114. Telepathe - Dance Mother 5,4
115. Marilyn Manson - The High End of Low 5,4
116. Morrissey - Years of Refusal 5,3
117. Royksopp - Junior 5,2
118. Chat - Folie Douce 5,1
119. Ghinzu - Mirror Mirror 5,1
120. Stuck In The Sound - Shoegazing Kids 5

(4)
 
121. Depeche Mode - Sounds of The Universe 4,9
122. Chris Isaak - Mr. Lucky 4,9
123. Manic Street Preachers - Journal for Plague Lovers 4,5
124. Yeah Yeah Yeahs - It's Blitz ! 4,2
125. Iggy Pop - Préliminaires 4,2
126. Peter Björn & John - Living Thing 4

(3)

127. The Prodigy - Invaders must die 3,8
128. Lily Allen - It's not me it's you 3,6
129. The Puppini Sisters - The Rise and fall of Ruby Woo 3,5
130. Bruce Springsteen - Working on a Dream 3,2
131. Jay-Z - The Blueprint 3 3
132. The View - Which Bitch ? 3

(2)

(1)

133. Placebo - Battle for the Sun 1,9
134. U2 - No Line On The Horizon 1,6


Les albums les plus écoutés :

1. Animal Collective - Merryweather Post Pavilion  23
2. Dälek - Gutter Tactics 20   
    Sparklehorse/Danger Mouse - Dark Night of the Soul 20
4. Grizzly Bear - Veckatimest 17
    The Dead Weather - Horehound (lst) 17
    Franz Ferdinand - Tonight 17
    PJ Harvey, John Parish - A Woman a Man Walked By  17
    The Horrors - Primary Colours 17 
     Elvis Perkins - In Dearland 17    
10. Dan Auerbach - Keep it Hid 16
    Them Crooked Vultures - Them Crooked Vultures 16     
    The Xx - Xx 16
12. Anthony Joseph & The Spasm Band - Bird Head Son 15
      Arctic Monkeys - Humbug 15
      Benjamin Biolay - La Superbe 15
      Bat For Lashes - Two Suns 15   
      The Phantom Band - Checkmate savage 15     
      Sonic Youth - The Eternal 15
18.  Vic Chesnutt - At The Cut 14
      Pete Doherty - Grace Wasteland 14  
      Jarvis Cocker - Further Complications 14
     ...And You Will Know Us by the Trail of Dead - The Century of Self 14
      Akron Family - Set'em Wild, Set'em Free 14
     The Gossip - Music for men 14
24. A Place to Bury Strangers - Exploding Head 13
      The Black Heart Procession - Six 13
      Jarvis Cocker - Further Complications 13
      Marissa Nadler - Little Hells 13
      DM Stith - Heavy Ghost 13
      Andrew Bird - Noble Beast 13
      Byrdy Nam Nam - Manual for Successful Rioting  13
      The Decemberists - The Hazard of Love 13
      

Les blogs qui participent au classement (et leur album de l'année) :

Systool    Converge - Axe to Fall 
Alternative Sound 
Le Golb   Vic Chesnutt - At The Cut    
7and7is    JP Nataf - Clair      
Classe ou Crasse 
Guic'the old Sunset Rubdown - Dragonslayer
Lyle         Savoy Grand - Accident Book     
Le Chant de la Sirène   
Le Bal des Vauriens   Elvis Perkins - In Dearland
Arbobo     Julie Doiron - I Can Wonder What You Did With Your Day 
Jazz, Blues & co  Vic Chesnutt - At The Cut   
Libellus
Rxqueen     Soulsavers - Broken
Chroniknroll
Kamunke
Kill Me Sarah

Les Insectes sont nos Amis The Joy Formidable - A Ballon Called Moaning 
Là où dort le chat noir...
Strategikon
Labosonic
Pop-Hits    Benjamin Biolay - La Superbe
Pyrox          Q-Tip - Kamaal the Abstract 
Circus Circus
Tweek
Chtif
Zicdelanmil
Aymeric 
Christian
115th dream     Vic Chesnutt - At The Cut   
Dr Franknfurter  Q-Tip - Kamaal the Abstract 
The man of Rennes steals our Hearts  DM Stith - Heavy Ghost 
Mange Disque
Yosemitefolksinger    Blk Jks - After Robots   
PlanetGong
Sfameyr
Blinkinglights     Malcolm Middleton - Waxing Gibbous  
Music-is-the-best
Derrière la fenêtre
Chez Vaness...  Franz Ferdinand - Tonight
Iloverocknroll    Elvis Perkins - In Dearland
Inactuelles
Bank's Art
La buZe   Shannon Wright - Honeybee Girls
Little Reviews    Carl - Où Poser des Yeux ?
Playlist Society   Converge - Axe to Fall
Between the Lines of Age

Et bien entendu les habitués (Crafty, Anne, Olive...)

Les retardataires et les nouveaux peuvent noter tous les albums déjà classés, mais prière de mettre vos notes dans le dernier article du classement (donc celui-ci), pour faciliter mes comptes.
Pour voter, vous devez soit tenir un blog/site musical (et avoir un minimum d'exigence : fans de Céline Dion, Tokio Hotel, Calogero, passez votre chemin, de toute façon, vos albums favoris ne sont pas répertoriés), soit être un habitué du blog, dont j'ai souvent lu les commentaires et que je peux "identifier".
 



A noter cette semaine :

Blk Jks - After Robots (8,5)

Blakroc - Blakroc (8)

The Dirty Projectors - Bitte Orca (7,5)

MF Doom - Born into this (7,5)

Bonnie Prince Billy - Beware (7,5)

David Sylvian - Manafon (7)

Noah and the Whale - The First Days of Spring (7)

Malcom Middleton - Waxing Gibbous (6,5)

Doves - Kingdom of Rust (6,5)

Dizzee Rascal - Tongue'n'Cheek (6)

JP Nataf - Clair (pas écouté)

Une seule note (la mienne...) pour Bike For Three - More Heart than Brains , que je n'ai donc pas intégré dans le classement... et que je vous invite à écouter, 1, parce qu'il est très bon, et 2, parce que c'est tout de même Buck 65 !


Le classement dissident des blogueurs

Les albums de 2009

Classements des blogueurs 2008  2007

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16 janvier 2010 6 16 /01 /janvier /2010 20:05

Tetro-copie-1.jpggran-torino.jpglooking-for-eric-copie-1.jpg


Il peut arriver à tout le monde d'en avoir marre des classements... oui, même à moi. C'est pourquoi, cette année, pas de véritable "classement des meilleurs films de 2009". Il y a une autre raison toute bête : entre Gran Torino et Tetro, je suis incapable d'en mettre un au-dessus de l'autre. Donc, plutôt qu'un classement au sens strict, un petit récapitulatif des films de l'année...


Trois films sur lesquels je n'ai aucune réserve, que j'ai trouvé admirables de bout en bout : Gran Torino d'Eastwood, Tetro de Coppola, et Looking For Eric de Ken Loach.

Gran Torino de Clint Eastwood. Du grand Eastwood, touchant, drôle, intelligent, un de ses tous meilleurs films, et peut-être même son meilleur. Je ne reviendrai pas dessus, j'en ai déjà parlé ici.  

Looking For Eric de Ken Loach. Voilà ce que l'on devrait appeler une "comédie populaire". Une vraie. Pas comme les conneries affligeantes que nous vomit le cinéma français si fréquemment et que l'on catégorise ainsi à tort. Très drôle, parfois même hilarant (sans chercher le gros rire gras et bête), Loach se montre parfaitement à son aise dans un registre plus "comique". Mais il n'abandonne pas pour autant ses préoccupations sociales. Et c'est bien là une des spécificités du bon cinéma anglais, savoir parler avec justesse des classes populaires, sans se montrer lourd, pathétique ou ennuyeux...  
  
Tetro de Francis Ford Coppola. L'excellente surprise de la fin d'année. On n'attendait plus grand chose du réalisateur de ces monuments de l'histoire du cinéma que sont Le Parrain et Apocalypse Now... on pensait que sa fille avait pris la relève, qu'elle serait, pendant les années à venir, LA réalisatrice de la famille, poussant papa à la retraite... mais le vieux lion prouve qu'on peut encore compter avec lui... et si le grand film signé Coppola de cette décennie n'était pas le pourtant  très bon Lost in Translation de la fille, mais le Tetro du père ? C'est mon avis, et je le partage... un film fort, émouvant, intelligent, et magnifique. Qui vient rappeler à ceux qui l'ont oublié que du très beau cinéma, visuellement, n'a sûrement pas besoin de planètes à la végétation luxuriante et de créatures bleues, le tout en image de synthèse et en 3D, mais peut se faire tout simplement en noir et blanc, avec juste trois magnifiques acteurs (les formidables Vincent Gallo, Alden Ehrenreich, Maribel Verdu) et, derrière la caméra, un type qui a un sens de la réalisation peu commun. Un film intimiste, modeste, mais du grand cinéma...

Pas loin derrière les trois films précédents :

Vincere de Marco Bellochio
Un Prophète de Jacques Audiard. 

Sans contestation possible, deux des films les plus marquants de l'année. Des films profonds, saisissants, parfaitement interprétés et maîtrisés (même si je trouve qu'il y a quelques longueurs au milieu de Vincere). Pas besoin non plus que je m'étende sur leurs qualités, la presse les a - justement - encensés.    

- Catégorie "Fidèle à lui-même"

L'Imaginarium du Dr. Parnassius. Du Terry Gilliam comme on l'aime (mais si vous n'aimez en général pas son cinéma, très peu de chances que celui-ci vous parle). Un conte foutraque, drôle, inventif et émouvant, avec en prime Tom Waits en satan, et le regretté Heath Ledger, toujours aussi remarquable... que l'on regrette, donc, d'autant plus. Trois acteurs pour le remplacer dans les scènes "derrière le miroir" (Johnny Depp, Jude Law, Colin Farrell) n'étaient pas de trop.

- Catégorie "Bonne surprise" 

Trois "films de genre", apparemment sans grandes ambitions, mais pourtant très réussis et bien plus malins qu'on aurait pu le penser :

Démineurs de Kathryn Bigelow. Un des meilleurs films de guerre de ces dernières années. "Film de guerre" n'étant pas ici forcément représentatif, on est loin des clichés du genre, des morceaux de bravoure et passages obligés avec le bruit et la fureur de grandes armées qui se rentrent dedans... dans ce film captivant et réaliste, tout se joue sur l'attente, le suspense, on ne se rue pas sur l'ennemi en mitraillant à tout va, mais on avance centimètres par centimètres pour désamorcer les mines. Tout cela sans temps morts ni sans s'ennuyer une seconde.    

District 9 de Neill Blomkamp. Drôle, très sarcastique, réaliste et particulièrement original, le film de SF le plus intéressant de l'année. Faut dire aussi que des films de SF intéressants, originaux et réalistes, ça ne court pas les salles obscures... 

Clones de Jonathan Mostow. Il y a des jours, comme ça, où l'on n'a pas envie de "grandes oeuvres", de profondeur, mais de distraction, et où l'on se dit "j'vais pas me prendre la tête, mais me vautrer devant un film de SF avec Bruce Willis"... pourtant, ce "Clones" est bien plus profond qu'il n'y paraît. Certes, ce n'est pas le film du siècle, il remplit son cahier des charges de poursuites, fusillades, retournement de situations parfois un peu convenus... mais le sujet est remarquable. Digne de la vraie bonne SF et des oeuvres de K. Dick, il nous interroge avec pertinence sur ce que nous deviendrons, et sur ce que nous sommes. Parce que dans nos sociétés où la popularisation des jeux vidéos, et, surtout, l'internet tendent de plus en plus à nous faire vivre dans le virtuel, l'évolution logique serait bien que les humains restent cloîtrés chez eux, connectés à un clone à travers lequel ils vivraient et ressentiraient. Des "avatars", en quelque sorte, bien plus intéressants que ceux de Cameron...     

Une autre bonne surprise : Les Insurgés de Edward Zwick. L'histoire, tirée de faits réels, de ces 3 frères juifs biélorusses qui vont se réfugier dans la forêt, aider leurs semblables et mener une guérilla contre l'envahisseur nazi est particulièrement émouvante. Ce n'est pas là non plus le film du siècle, rien qui, dans la mise en scène où l'écriture ne mérite de se relever la nuit, mais, au final, un film tout de même fort et très touchant, et c'est déjà beaucoup.    

Enfin, un très bon polar sud-coréen  : The Chaser de Hong-Jin Na... Prenant, éprouvant et remarquable dans le genre. Seule réserve : le film se complaît un peu trop dans le glauque, surtout à la fin.  

- Bons films

L'étrange histoire de Benjamin Button de David Fincher
Slumdog Millionaire de Danny Boyle

Du bon cinéma, capable de toucher le grand public sans le prendre pour un ramassis de crétins, des films vraiment réussis, avec une bonne réalisation et un bon scénario. Bref, aucune raison de bouder son plaisir.

Dans La Brume Electrique de Bertrand Tavernier. Quelques petites longueurs, mais un bon film, avec une atmosphère très réussie.

Bruno de Larry Charles. Certes, ce n'est pas le film du siècle... mais un film vraiment hilarant, jubilatoire, et assez trash... je ne me souviens pas avoir autant ri au cinéma depuis très longtemps...    

- Bien, mais peut mieux faire

Inglorious Basterds
de Quentin Tarantino. Je ne comprends pas ceux qui ont été déçus par Death Proof et emballés par Inglorious Basterds. Death Proof, c'est du Tarantino "pur jus", nerveux, jubilatoire, malin, cool et rock'n'roll, du Tarantino qui fait juste ce qu'il sait faire de mieux, sans rien de superflu... alors que Inglorious Basterds est une grosse machine plus ambitieuse, plutôt séduisante au premier abord, mais dont les rouages ne fonctionnent pas tous parfaitement. Des scènes inégales, quelques facilités, des passages comiques pas toujours drôles... ça reste un bon film, marrant, mais Tarantino nous a habitué à bien mieux.   
 
Public Enemies de Michael Mann. Dommage qu'il y aient quelques longueurs (notamment au milieu) et que le film manque parfois un peu de souffle... parce qu'il a tout de même pas mal de qualités. Mais de la part du réalisateur du superbe Collateral, on est en droit d'être plus exigeant. 

Les Noces Rebelles de Sam Mendes. Un bon film, sans nul doute, mais au bout d'un moment, les chamailleries du couple deviennent assez agaçantes... et la fin traîne un peu trop...

- Bien, mais sans plus

Paranormal Activity  Le film ne méritait absolument pas tout ce "buzz", depuis Blair Witch, on finit par avoir l'habitude du procédé en caméra subjective dans les films d'horreur. A la limite, l'originalité serait maintenant plutôt de refaire des films d'horreur sans caméra subjective. Rien de si terrifiant que cela ici, mais faut avouer que le film fonctionne assez bien.

- Pas si mal

L'enquête - The International de Tom Tykwer. Un polar qui n'est sûrement pas inoubliable, mais pas trop mal foutu. De toute façon, je ne peux pas être vraiment objectif sur un film avec Naomi Watts puisque, depuis Mulholland Drive, j'en suis tombé éperdument amoureux (mais non, chérie, je plaisante, ce sont les conneries que j'écris sur mon blog, tu sais bien qu'il n'y a que toi...)    

- Catégorie "Soderbergh"

Che 1 L'Argentin
Che 2 Guerilla
The Informant !


Steven, mon petit Steven... un type aussi intelligent que toi devrait savoir que la qualité passe avant la quantité !
Pas moins de 3 films de Soderbergh cette année, mais aucun qui restera. Trois films moyens (et je suis généreux pour le soporifique Che 2) ne valent pas un bon film.

- Sympa, mais pas si terrible que ça

Good Morning England de Richard Curtis. Il y avait pourtant tout pour me plaire : du rock 60's, de bons acteurs et, surtout, un rapprochement assez pertinent voire subversif, en creux, entre le pseudo "piratage" actuel et les vrais "pirates" du rock, qui ont permis au genre d'être écouté, de se populariser et de passer outre la censure. Diffusé sur des radios émettant depuis des bateaux échappant à la juridiction anglaise, le rock s'est joué des lois et règles pour se faire entendre. 40 ans plus tard, les rockeurs, ceux qui ont bénéficié de cette situation "illégale" pour voir leur genre musical se développer, poursuivent les types qui veulent faire écouter "illégalement" leur musique... 
Mais tout ça ne suffit pas à faire un bon film. Certes, le film est sympathique et pas déplaisant, mais un peu trop gentillet et mollasson, un comble pour un "film rock".      

Les 3 Royaumes de John Woo. Que dire... je ne sais pas trop, puisque j'ai quasiment tout oublié de ce film. La seule chose qui me reste, c'est l'accent porté plus que d'habitude dans les fresques de ce genre sur la stratégie militaire...

- SF, super-héros et conneries de ce genre

Depuis l'excellent The Dark Knight, on est en droit d'attendre plus du genre... mais rien qui ait été vraiment à la hauteur cette année.
Pourtant, les deux bd qui, dans les années 80, ont fait passer les comics dans une catégorie plus "adulte" et ont su convaincre les esthètes étaient The Dark Knight de Frank Miller et The Watchmen d'Alan Moore... les Watchmen ont été adaptés au cinéma cette année, Frank Miller a fait un film... mais si The Watchmen, sans être transcendant, est plutôt pas mal (on pouvait craindre le pire de la part du réalisateur de 300!, pompeux comme c'est pas permis), The Spirit de Frank Miller est vraiment raté, et même consternant par endroits, avec Samuel L. Jackson et Scarlett Johansson en roue libre... 

Terminator Renaissance de McG : visuellement, le film est plutôt pas mal, notamment par ce choix - audacieux pour un blockbuster -  d'une photo assez terne, grise, voire glauque, qui sied parfaitement à cet univers post-apocalyptique désespéré. Mais à part ça, rien de transcendant non plus ici.

X-Men origins : Wolverine de Gavin Hood. J'ai une bonne excuse pour être allé le voir, Wolverine était le héros de mon enfance. Mais je ne vois pas d'autres raisons de passer deux heures devant ce film...

Star Trek de JJ Abrams. Là, je n'ai aucune excuse, j'aimais déjà pas la série... enfin, c'est bien parce que c'est JJ Abrams que je me suis décidé à franchir le pas, et je le regrette. Cinq minutes de Lost valent 100 fois mieux que ce mauvais film.  
 
Avatar de James Cameron. Mouais... en 3D, sur grand écran, ça se laisse regarder, on en prend plein les yeux et on ne s'ennuie pas... enfin, si l'on accepte de laisser son cerveau au vestiaire.   

- Moyen

Walkyrie de Bryan Singer. Un bon sujet, mais le film n'est pas à la hauteur. Pas honteux ou nullissime non plus, mais trop de longueurs. 

- A éviter

Jeux de Pouvoir de Kevin MacDonald. Un film qui n'a de "jeux de pouvoir" que le titre. A croire que les scénaristes de ce film hyper convenu n'ont jamais regardé un épisode de 24, mais en sont restés à Derrick... 

- Film-étron

Tony Manero de Pablo Larrain. J'en ai vu, des conneries, mais je ne pense pas avoir jamais vu un film aussi chiant. C'est sans doute un concept, celui de "film-merde", d'autant plus que lors d'un des moments clés du film, le "héros" chie sur la veste d'un de ses concurrents. Tout est glauque et chiant dans ce film : les personnages sont tous plus antipathiques et creux les uns que les autres, la réalisation est fade et laide, le scénario indigent... et qu'est-ce que c'est mou... un étron mou...

- Hors-catégorie

Le Syndrome du Titanic
Capitalism : A Love Story


Des documentaires plus que des films, j'ai déjà dit
ici tout le bien que j'en pensais.

Enfin, 4 films que j'ai loupé, pas restés suffisamment longtemps à l'affiche chez moi : le dernier Jarmusch (la première fois que je loupe un de ces films, mais les critiques, mauvaises, m'ont un peu refroidi... et le temps que je me décide, il n'était déjà plus en salle), Le Ruban Blanc, Harvey Milk et Le Temps qu'il Reste... heureusement, ces trois-là ont été retenu pour le festival Télérama...

En guise de conclusion... dans les 5 films qui sont, à mon sens, les meilleurs de l'année, un thème se dégage très nettement : la quête du père. Non pas celle du "père absent" avec lequel on aimerait nouer des liens, mais plutôt celle d'un père dur et distant dont on souhaiterait qu'il nous accepte. C'est le cas de la relation entre le jeune Hmong et le personnage de vieux râleur joué par Clint Eastwood dans Gran Torino, de celle entre le jeune taulard et le parrain corse dans le Prophète, de celle entre le fils de Mussolini et son père qui ne veut pas le reconnaître dans Vincere, et c'est encore plus flagrant dans Tetro, puisque c'est à la fois la relation entre chacun des frères et leur père, mais aussi des frères entre eux. Et s'il n'y a pas de père véritablement "dur et distant" dans Looking for Eric, le héros, paumé, faible et déprimé, va trouver en Cantona un modèle de force, d'assurance et de confiance en soi, un "père" qui va le pousser à se faire violence et se dépasser.

La perte de confiance... voilà bien un des phénomènes majeurs de cette décennie en occident. Perte de confiance dans la sécurité (11 Septembre), dans la fiabilité du système (crise), de notre pouvoir d'action sur le monde (fiasco de la guerre d'Irak, Chine appelée à être la nation dominante dans le futur) et de notre propre survie (peur de catastrophes écologiques à venir). Pas étonnant que dans les films les plus marquants de cette fin de décennie on cherche avec un mélange d'attirance et de répulsion cette figure du père viril, dur, sûr de lui, que l'on pensait appartenir au passé (puisque le père moderne est censé être tendre, sympa, attentionné, changer les couches du bébé et jouer à la playstation avec ses enfants). S'endurcir pour survivre, en quelque sorte...  


Les films de 2008
Les films de 2007
Les films de 2006
   

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