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16 juillet 2006 7 16 /07 /juillet /2006 16:26

Si, comme moi, vous n’êtes pas fana de films gore et d’horreur – sans être totalement réfractaire ni défaillir à la moindre goûte de sang -, si vous n’exultez pas à l’idée de voir une bande de cannibales irradiés par des essais nucléaires s’en prendre à une famille en vacances… ne fuyez pas pour autant cette Colline.

Bien sûr, c’est un film d’horreur sanguinolent, qui demande un cœur bien accroché… mais ce n’est pas que ça. Ou, du moins, c’est beaucoup mieux que ça. Je parlais il y a peu du dernier album de Venus, formidable sans pour autant révolutionner quoi que ce soit. C’est un peu dans cette lignée (même si la comparaison entre les deux est tirée par les cheveux) que se retrouve La Colline a des Yeux. Rien de véritablement novateur… cependant, la maîtrise, l’inspiration et l’efficacité en font un chef-d’œuvre du genre.

Tous les ingrédients habituels sont là… mais la mayonnaise prend comme jamais. Si le film est un pur produit américain, d’un genre spécifiquement américain, il est… réalisé par un français ! Un jeune français, Alexandre Aja, qui va aux EU faire un remake d’un film de Wes Craven (un des maîtres du genre), dépassant de loin l’original (de l’avis de la critique) et qui donne une véritable leçon de cinéma d’horreur à ses pairs, c’est assez remarquable. Avec le révérend Frost, cela fait donc deux français cette année qui viennent marcher sur les plates-bandes des américains sans avoir à rougir…

Après X-Men 3, La Colline a des Yeux est le second film cette année à mettre en scène des mutants. Mais au politiquement correct du blockbuster X-Men (il faut tolérer les différences, ne pas se laisser corrompre par ses " pouvoirs "…), La Colline a des Yeux oppose une amoralité sarcastique et jubilatoire. On n’essaie pas de comprendre " l’autre ", juste de le détruire. Et cela dans les deux camps. Ajoutons un démocrate allergique aux armes qui se transforme en boucher sanguinaire, une fillette qui fait dans l’eugénisme (par son sacrifice)… mais pas de quoi hurler à la propagande fasciste. Loin de là. Comme dans la plupart des films du genre, le mauvais esprit et la transgression sont la règle. Ce serait tout de même le comble que de demander à un film d’horreur d’être consensuel, pédagogique ou " bien-pensant ". Rien à voir non plus avec les films d’action hyper-manichéens et fascisants de série B où des héros body-buildés dessoudent à tout va au nom de la justice, de la vérité, du travail, de la famille, de la patrie etc,etc.

La Colline a des Yeux lorgne parfois vers le " film gore ", sans pour autant tomber dans le ridicule. Les films gore sont en règle générale à la fois répugnants, grotesques et drôles (pas toujours volontairement) et ne font qu’assez rarement peur. On les regarde plus avec un rictus de dégoût que tétanisé par l’angoisse. Les rictus de dégoût sont inévitables à la vision de certaines scènes de La Colline a des Yeux, mais l’effroi y est beaucoup plus présent et terrifiant. Ainsi, la première partie du film amène avec brio une intense sensation de malaise qui ne vous lâchera plus jusqu’à la fin.

Le film, donc, ne révolutionne pas le genre… mais le réalisateur, comme c’est souvent le cas chez les meilleurs, réussit à faire d’un handicap une force. Il est plus facile de susciter la peur au cœur de la nuit, dans un château des Carpathes, une vaste et sombre forêt, les brumes anglaises hivernales… pourtant, l’action se situe ici en plein jour, sous un soleil de plomb et dans le désert. Certes, une des scènes les plus éprouvantes se déroule pendant la nuit, mais elle est bien la seule. Un film d’horreur caniculaire… qui vous glacera le sang.

 

La Colline a des yeux ****
(The Hills have Eyes)
Alexandre Aja

 

Avec Aaron Stanford, Kathleen Quinlan, Vinessa Shaw, Emilie de Ravin, Dan Byrd, Robert Joy, Ted Levine.

Durée : 1h43
Sortie : 28 juin 2006

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11 juillet 2006 2 11 /07 /juillet /2006 23:27

nullSyd Barrett est mort vendredi dernier. Dans l’indifférence quasi-générale… mais c’était le dernier de ses soucis. Leader du Pink Floyd des débuts, il est un des personnages les plus étonnants et légendaires de l’histoire du rock. Il avait tout pour lui : la beauté (il est devenu ensuite méconnaissable), la jeunesse, le talent, la créativité… mais l’acide lui a rongé le cerveau. Il a très vite sombré dans la schizophrénie, reclus depuis les années 70 à Cambridge, dans la cave de la maison de sa mère. Une destinée qui s’annonçait flamboyante… mais s’est consumée de la plus triste manière. Syd Barrett n’est pas le premier ni le dernier qui ait abusé du LSD, mais si d’autres s’en sont sortis, lui a touché le fond sans ne jamais remonter à la surface. Il aura tout de même vécu 60 ans, les complications de son diabète auraient eu raison de lui il y a quelques jours.

Il est de bon ton, chez certains puristes, de vénérer Syd Barrett et le premier album de Pink Floyd (après lequel Barrett a quitté le groupe)… en méprisant ce que Pink Floyd a fait par la suite. Avis que je ne partage pas, les comptines pop psychédéliques typiques du " style " Barrett me parlent moins que les longues plages envoûtantes et expérimentales du Pink Floyd des années 70. Par contre, il est incontestable que Pink Floyd a perdu son âme avec le départ de Roger Waters dans les années 80.

Le groupe a évolué après leur premier album, The Piper at the Gates of Dawn, mais rendons à Barrett ce qui lui appartient : le Pink Floyd des années 70 lui doit aussi beaucoup. Le goût pour la science-fiction, l’innovation et les passages hypnotiques qui caractériseront le Pink Floyd des années 70, on en trouve déjà les prémices dans l’excellent Astronomy Domine (vidéo du morceau live à la BBC en 1967, qui témoigne aussi de l’intérêt du groupe pour le visuel, ici). Les autres membres du Floyd n’ont d’ailleurs jamais nié l’influence qu’a exercé sur eux Syd Barrett, ni leur fascination pour le personnage, comme l’atteste Shine On You Crazy Diamond, une de leurs pièces maîtresses, dédiée à leur premier leader.

  

Pink Floyd était à l’origine composé de :

Syd Barrett (chant, guitare)

Roger Waters (chant, basse, guitare)

Richard Wright (chant, claviers)

Nick Mason (batterie)

  

Syd Barrett, défoncé en permanence, devenait totalement imprévisible, incapable d’assurer ses parties pendant les concerts (quand il y venait !). David Gilmour, ami d’enfance de Syd Barrett, a rejoint le groupe pour s’occuper des parties de chants et guitares qu’il ne pouvait plus tenir. Le groupe fonctionne à 5 un petit moment avant que Gilmour ne remplace définitivement Barrett, trop largué pour jouer quoi que ce soit.

L’emprise du tourmenté Roger Waters sur le groupe sera de plus en plus forte, et même totale sur The Wall et Final Cut, avant que Waters quitte à son tour le groupe.

 

Les 5 Pink Floyd : Mason, Barrett, Gilmour (en bas), Waters, Wright 

 

 nullS’il n’est pas nécessaire d’être fou pour composer de la bonne musique, et si tous les fous ne font pas à coup sûr de grands artistes… Pink Floyd a eu besoin du schizophrène Barrett et du paranoïaque Waters pour être mené vers les plus hautes cimes. Mais quand le sympathique Gilmour a pris les commandes… la démesure de ce groupe hors norme a quitté leurs compositions pour ne plus s’exprimer que dans de grands light-show spectaculaires… mais assez vains.

Aucun groupe de rock ne m’a passionné autant que Pink Floyd, même si les Doors, Led Zeppelin, Sonic Youth, Radiohead et Massive Attack sont aussi haut placés dans mon " panthéon personnel " (qui a dit on s’en fout ? ). La période Syd Barrett, encore une fois, n’est pas ma favorite… mais je garde tout de même " religieusement " trois de ses œuvres :

  

The Piper at the Gates of Dawn, premier album de Pink Floyd

 

The Madcap Laughs, album solo enregistré en 1970, supervisé par Waters et Gilmour. Les sessions étaient particulièrement chaotiques, pas facile d’enregistrer un album dans un état de schizophrénie avancé.

 

Opel compilation sortie en 1988.

  

Même si cela ne transparaît pas dans cet article en fin de compte assez froid et "informatif", c'est avec une réelle émotion que je l'ai écrit. Syd Barrett restera à jamais pour moi (et beaucoup d'autres) un des artistes les plus énigmatiques et attachants. Beaucoup de musiciens flirtent avec la folie, en jouent... lui ne faisait pas semblant et s'y est engouffré définitivement il y a près de 40 ans.  

Enfin... c'est ce qui se dit. D'autres pensent qu'il s'est remis des années 70 et a juste choisi l'anonymat, renonçant à cette gloire et cette célébrité qu'il trouvait absurde et sans intérêt, préférant cultiver son jardin (au sens propre... voltairien, Syd ?) plutôt que de parader sur toutes les scènes du monde. Le musicien le plus fou de l'histoire serait-il devenu le plus sage ? Difficile à croire, mais avec Syd Barrett, on peut s'attendre à tout... 

 

Une des chansons de Syd Barrett que je préfère, tirée de Opel, au titre particulièrement psychédélique et surréaliste :

 

Syd Barrett - Effervescing Elephant   

 

Quelques liens pour en savoir plus sur Syd : 

The Syd Barrett Archives 

 

Pink-floyd.org (on y trouve notamment des tablatures, paroles de chansons et beaucoup d’infos)

http://www.pink-floyd.org/barrett/

 

Article sur Wikipédia :

http://fr.wikipedia.org/wiki/Syd_Barrett

 

Portraits de Syd Barrett, mis en parallèle avec ceux de ses "héritiers" :

 

http://chtif.over-blog.com/article-3260773.html 

Sites sur Pink Floyd : Seedfloyd

                                 Pink Floyd Story

 

Roger "Syd" Barrett 

06/01/1946 – 07/07/2006

 

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6 juillet 2006 4 06 /07 /juillet /2006 00:19

Parce que c’est de circonstance, parce que l’overdose de foot dure déjà depuis plus d’un mois et va continuer encore longtemps si l’équipe de France a le malheur de gagner en finale, parce qu’il faudra subir ces journaleux et médias qui vont nous faire bouffer du footeux à toutes les sauces… je ne peux résister à placer maintenant ce formidable texte de Desproges, texte qui a pile 20 ans… et toutes ses dents acérées…

 

 

Voici bientôt quatre longues semaines que les gens normaux, j’entends les gens issus de la norme, avec deux bras et deux jambes pour signifier qu’ils existent, subissent à longueur d’antenne les dégradantes contorsions manchotes des hordes encaleçonnées sudoripares qui se disputent sur gazon l’honneur minuscule d’être champions de la balle au pied.

Voilà bien la différence entre le singe et le footballeur. Le premier a trop de mains ou pas assez de pieds pour s’abaisser à jouer au football.

Le football. Quel sport est plus laid, plus balourd et moins gracieux que le football ? Quelle harmonie, quelle élégance l’esthète de base pourrait-il bien découvrir dans les trottinements patauds de vingt deux handicapés velus qui poussent des balles comme on pousse un étron, en ahanant des râles vulgaires de boeufs éteints.

Quel bâtard en rut de quel corniaud branlé oserait manifester publiquement sa libido en s’enlaçant frénétiquement comme ils le font par paquets de huit, à grands coups de pattes grasses et mouillées, en ululant des gutturalités simiesques à choquer un rocker d’usine ? Quelle brute glacée, quel monstre décérébré de quel ordre noir oserait rire sur des cadavres comme nous le vîmes en vérité, certain soir du Heysel où vos idoles, calamiteux goalistes extatiques, ont exulté de joie folle au milieu de quarante morts piétinés, tout ça parce que la baballe était dans les bois?

Je vous hais, footballeurs. Vous ne m’avez fait vibrer qu’une fois: le jour où j’ai appris que vous aviez attrapé la chiasse mexicaine en suçant des frites aztèques. J’eusse aimé que les amibes vous coupassent les pattes jusqu’à la fin du tournoi. Mais Dieu n’a pas voulu. Ça ne m’a pas surpris de sa part. Il est des vôtres. Il est comme vous. Il est partout, tout le temps, quoi qu’on fasse et où qu’on se planque, on ne peut y échapper.

Quand j’étais petit garçon, je me suis cru longtemps anormal parce que je vous repoussais déjà. Je refusais systématiquement de jouer au foot, à l’école ou dans la rue. On me disait: " Ah, la fille ! " ou bien "Tiens, il est malade", tellement l’idée d’anormalité est solidement solidaire de la non-footballité.

Je vous emmerde. Je n’ai jamais été malade. Quant à la féminité que vous subodoriez, elle est toujours en moi. Et me pousse aux temps chauds à rechercher la compagnie des femmes. Y compris celle des vôtres que je ne rechigne pas à culbuter quand vous vibrez aux stades.

Pierre Desproges : Chroniques de la haine ordinaire.

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