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22 mars 2006 3 22 /03 /mars /2006 18:02

 

Comme souvent, je digresse et m’écarte du sujet de ce blog…

Une bonne idée, ce " printemps du cinéma ", pour se faire une petite cure de films et constater… que le cinéma français fait pâle figure à côté du cinéma américain. En même temps je dis ça mais ne suis pas allé voir un seul film français. Faut dire qu’ils ne sont pas très alléchants. Entre de grosses comédies bien grasses (les Bronzés 3, Incontrôlable), bien maigres (Essaye-moi, Je vous trouve très beau, Du jour au lendemain), ou fades et polies (Fauteuils d’orchestre), des films rétro qui fleurent bon… la naphtaline (le temps des porte-plumes) et les histoires sentimentales anecdotiques de trentenaires navrants (Quand les anges s’en mèlent, Toi et moi), même 3,5 euros paraît très cher payé. Certes, il y a bien le dernier Chabrol qui traite d’un sujet un peu plus pertinent… mais pour une fois qu’un réalisateur français s’attaque à un sujet d’actualité politique et d’importance, il s’en défend partout et assure que ce sont les personnages qui l’ont intéressé, pas l’affaire Elf.

Que dit le cinéma français de la France ? Que c’est un pays de beaufs (bronzés) et de bobos (Fauteuils d’orchestre), qui cherche ses racines dans une campagne de carte postale (le temps des porte-plumes) et dont les citoyens se préoccupent principalement de savoir avec qui ils coucheront ce soir (Quand les anges…).

Que dit le cinéma américain de l’Amérique ? Que c’est un pays qui s’interroge sur lui-même, qui interroge ses origines (Le Nouveau Monde), sa liberté d’expression (Good night and good luck), ses " héros " ou anti-héros (Walk the Line), ses relations avec le monde (Syriana, Lord of Wars) et réfléchit sur les conflits majeurs de l’époque (Munich).

Il est clair qu’on ne peut lire un pays à travers son cinéma, que l’Amérique actuelle n’est pas ce que nous en montre Hollywood… mais elle a au moins un cinéma qui a l’ambition de la faire réagir, de l’éclairer, pas juste de la distraire mollement. Face à un cinéma américain adulte et engagé, la France présente un cinéma totalement régressif (blagues potaches, nostalgie, enfermement dans de petites amourettes insipides). On est bien loin du cliché d’un cinéma américain purement spectaculaire et divertissant, et d’un cinéma français exigeant.

Même dans leurs très grosses productions spectaculaires, les américains n’hésitent pas à faire de la politique (La Guerre des Mondes et le dernier Star Wars s’en prennent –dixit leurs auteurs – à l’hégémonie de l’Amérique). Je n’ai pas vu les gros succès français de ces dernières années, mais il ne me semble pas qu’il y ait une quelconque dimension politique dans Brice de Nice ou Podium

Si encore on pouvait s’enorgueillir d’un travail esthétique de meilleure qualité… Mais il suffit d’avoir vu les bandes annonces des Bronzés, de Je vous trouve très beau et des autres pour comprendre que la réalisation y rivalise de médiocrité avec les plus plats et laids des téléfilms… Ce qui n’est absolument pas le cas de Good Night and Good Luck, Le Nouveau Monde et Munich, tous trois magnifiquement mis en scènes.

Après, on pourrait aussi se dire que le cinéma américain est engagé et inspiré parce que l’Amérique est en crise et particulièrement critiquable dans ces années Bush. Certes... Mais n’a-t-on vraiment aucune raison, en France, de se questionner sur le système qui est le notre ? Bien sûr que non ! Les problèmes en France, on connaît pas ! Il n’y a pas eu d’émeutes dans les banlieues, la jeunesse n’est pas dans la rue etc, etc…

Pourquoi faire chez nous un film comme Good Night and Good Luck ? La presse est parfaitement indépendante, RDDV n’a pas pour projet de surveiller et censurer les blogs et l’info sur le net, les journalistes ne sont jamais de mèche avec les politiques, Chirac n’a pas fait la leçon à Charlie-hebdo à propos des " caricatures ", le spectacle et le divertissement ne prennent jamais le pas sur l’information…

Pourquoi faire Syriana ? La France, digne et noble, s’est opposée à la guerre en Irak par un réel attachement aux droits de l’homme, nous n’avons jamais eu d’intérêts pétroliers avec l’Irak de Saddam Hussein, nous n’avons pas le moindre petit début de relation avec des dictatures et gouvernements tyranniques…

Pourquoi faire Lord of Wars ? La vente d’armes, en France, on connaît pas, nous ne sommes absolument pas le genre de pays champion de la vente d’armes partout dans le monde (et peu importe le camp ou la moralité de l’acheteur…)

Pourquoi faire Munich ? Aucune raison valable ! Le terrorisme et le conflit israëlio-palestinien sont si loin de nous…

Mention spéciale à Clooney, acteur et co-producteur de Syriana, réalisateur, acteur et co-scénariste de Good Night and Good Luck. S’il continue sur cette voie-là, il va devenir une sorte de Michaël Moore… en plus fin (dans tous les sens du terme, même s’il a pris 15kgs pour son rôle dans Syriana).

Clooney vieillit bien… comme Spielberg. Je n’ai jamais été un grand fan du cinéma de Spielberg, mais faut avouer que depuis quelques années il est monté d’un cran. Munich est peut-être même son meilleur film. Réalisation efficace et très soignée, reconstitution historique réaliste, crédible, envoûtante, histoire passionnante, ambiances travaillées, sens du détail et personnages marquants… seules petites réserves : quelques clichés et une scène pas très heureuse où il jongle entre une relation sexuelle et l’attentat de Munich… par contre, il n’est pas certain que ces 2h40 captivantes sur grand écran soient aussi prenantes sur un écran de télé…

Saluons aussi le courage de Spielberg. Qui a reçu de nombreuses menaces de mort pendant le tournage, mais a tenu bon. A côté, ce sont de vrais petits rigolos les acteurs français qui disent "se mettre en danger" quand ils acceptent un rôle légèrement différent de ce qu'ils ont l'habitude de jouer... Le courage de Spielberg, donc, qui réussit un film complexe, sans manichéisme, qui lui a valu autant de critiques de la part des pro-israëliens et des pro-palestiniens. Ce qui est finalement bon signe...

Hollywood n’a cependant pas renoncé totalement au divertissement facile et bas de gamme. Mais au train où vont les choses, le cinéma américain va considérablement gagner en densité et pertinence alors que l’exception culturelle française, dans quelques années, ce sera d’être totalement déconnecté du monde, de l’actualité et des enjeux majeurs de l’époque…

 

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20 mars 2006 1 20 /03 /mars /2006 18:08

A écouter le SNEP français (Syndicat National de l’édition phonographique), le p2p est la cause de tous les maux, un ennemi de la musique à éradiquer au plus tôt. Mais chez les canadiens, c’est un autre son de cloche. Des études ont été menées par le SNEP canadien, et elles montrent que le p2p ne nuit pas à l’industrie du disque, que le téléchargement n’est pas incompatible avec l’achat de disque et que ceux qui téléchargent le plus achètent toujours beaucoup d'albums (d’autres études l’avaient déjà démontré).

Lire à ce sujet l’article paru sur ratiatum :


Le SNEP canadien brise les idées reçues sur le P2P

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17 mars 2006 5 17 /03 /mars /2006 17:03

Tango                1997 - Virgin Classics

Art-rock, Artango… je ne pouvais passer à côté…

Artango, donc, ce sont deux musiciens français (piano, bandonéon), accompagnés par un quatuor à cordes.

Décrire leur musique ? Rien de plus simple. Imaginez un petit club de danse ou viennent se retrouver des retraités cherchant l’âme sœur pour accompagner leurs vieux jours, profitant de sensuels tangos pour trouver un peu d’intimité. Vous visualisez ? Et bien, Artango, c’est tout ce que vous voulez… sauf ça.

Enfin, pas vraiment " tout ce que vous voulez ". On est aussi très loin du séducteur latino, une fleur entre les dents et la chemise ouverte sur une forêt de poils. Leur musique est sauvage, indomptable (allez, un dernier gros cliché pour la route : ) comme un pur-sang noir racé et furieux parcourant librement les vastes plaines d’Argentine. Elle ne peut donc maintenir son rythme effréné sur de longues distances, mais a besoin de récupérer, rêvasser à intervalles réguliers avant de repartir de plus belle. Si, par un hasard quelconque, les musiciens d’Artango tombaient sur cet article, pas sûr qu’ils apprécient vraiment la métaphore du " pur-sang dans la pampa ", sachant que leur album, comme son nom l’indique, se veut urbain et moderne. Il est incontestablement moderne, par contre, urbain… c’est concevable, mais libre à chacun de voyager où il veut en sa compagnie.

Je suis parti sur des clichés mais on en est justement très éloigné avec Artango. Pas question pour eux de faire couleur locale, de jouer de la world-music pour occidentaux en mal d’exotisme. Le tango, chez eux, c’est vital, viscéral. Ce n’est pas un hasard s’ils ont enregistré l’album en live (avec une excellents prise de son, s’il n’y avait les applaudissements à la fin des morceaux, on jurerait qu’il a été enregistré en studio). L’urgence n’en est que plus frappante. Le jeu des musiciens est tendu, sur le fil, même s’il y a un très beau son ample et rond du piano, qui se révèle particulièrement puissant quand il est martelé. Les soi-disant bombes rock du moment (Arctic Monkeys et autres Strokes) feraient bien de prendre des leçons d’intensité auprès d’Artango…

Du rythme, du souffle mais aussi beaucoup de mélancolie et de très belles mélodies. Et cela dans quasiment chaque morceau. De grands moments sur ce disque, qui ne craint ni la vitesse, ni l’altitude (Métropole, Brumes matinales, Balle perdue, Braque-tango, Underground, Sur le fil… entre autres). Mais si vous ne deviez en écouter qu’un seul, je vous recommande le génial Azé 1. Il faut avoir entendu ce thème poignant joué d’abord au bandonéon, s’envoler vers les plus hautes cimes quand le violon le reprend soutenu rythmiquement par le piano et le bandonéon qui se lancent dans une impressionnante cavalcade tourbillonnante et saccadée (décidément, les métaphores équestres…). Bien entendu, pour y goûter pleinement, il ne faut pas se contenter de mp3 (pour une première approche, pourquoi pas…), mais du CD et d’une chaîne de qualité. Si vous n’avez pas le matériel adéquat, cassez votre tirelire et payer-vous une chaîne qui fasse honneur à ce grand disque.

1. Metropole

2. Brumes Matinales

3. Obsession

4. Gare Centrale

5. Rendez-Vous

6. Fleurs Fanées (Piazzolla)

7. Balle Perdue

8. Aze 1

9. Valse Mecanique

10. Braque-Tango

11. Aze 2

12. Underground

13. Passager

14. Sur le Fil

 

 

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