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27 septembre 2006 3 27 /09 /septembre /2006 22:10






 

 

 

 





Peu d’articles ces temps-ci, mais là, j’ai une sacrée bonne excuse : un congrès à Rome… où j’ai eu la chance incroyable de voir en personne le grand, l’immense, le génial… Ennio Morricone !

 

Morricone fait partie du « comité artistique » de la fac de lettre et philosophie de Rome et sa conférence était donnée dans le grand auditorium de la fac, qui porte d’ailleurs son nom… Morricone ne parle pas anglais, un comble tout de même pour un homme qui a une telle carrière internationale, mais sa communication et les questions qui suivaient étaient heureusement traduites. L’essentiel de sa communication et des questions concernaient – pas très étonnant – ses musiques de films. Il a d’abord parlé de ses rapports aux musiques de films, de périodes de doutes, voire de crise, qu’il a connu, les studios n’acceptant pas toujours qu’il expérimente. Il s’est particulièrement étendu sur un projet qu’il avait avec Pasolini : faire des musiques de films… sans films. Il a terminé par la lecture d’un texte de Pasolini.

Après… ce furent au tour des questions. Bien évidemment, je crevais d’envie de lui en poser. Ils étaient 6 ou 7 à y aller de leurs questions, souvent assez longues, avec des réponses aussi généreuses de Morricone (sans compter qu’il fallait lui traduire les questions puis traduire ensuite ses réponses). J’arrive enfin à chopper le micro, j’ai ma question bien en tête… quand le directeur-traducteur de la séance se tourne vers Morricone et lui demande s’il veut arrêter là (il a tout de même 78 ans). Morricone répond que oui, je suis dépité mais lève malgré tout le micro, le directeur de séance me voit, demande à Morricone s’il accepterait encore une petite question, Morricone répond « oui, mais une toute petite ». Du coup, je suis un peu mal à l’aise puisque ma question était à rallonge et concernait en plus sa collaboration avec Leone - le genre de questions dont il est peut-être un peu lassé car on doit lui rabattre systématiquement les oreilles avec Leone. J’allais tout de même pas changer au dernier moment pour le premier truc qui me passe par la tête, du style « Il est sympa, Clint Eastwood ? » donc je lui pose quand même (elle concernait la musique qui transcende le visuel et propose un autre sens au film, notamment The Ecstasy of gold dans le bon, la brute et et le truand). A la fin de mon interminable question, il ironise sur « c’était ça la question brève ? », explique 2-3 trucs, chantonne le thème du film (inspiré par le cri du coyote) et, divine surprise, alors qu’on n'y croyait plus, il va se mettre derrière le piano, sous les applaudissements, et nous joue un autre extrait du film. Bref, j’ai donc l’honneur à la fois d’avoir légèrement emmerdé « il maestro Morricone », et de l’avoir fait lever de sa chaise pour nous (enfin, je préfère penser « me ») jouer un bout de Le bon, la brute et le truand, un des films qui a le plus marqué mon enfance.

 

Rome est une ville pleine de superbes monuments… mais aucun ne m’a fait autant d’effets que l’immense Morricone au piano !

 

 

Vidéo de cette formidable scène, où le truand "affreux, sale et méchant" court dans tous les sens pour récupérer l'or caché dans le cimetière... accompagné par cette musique en total décalage avec ce que l'on nous montre, car lyrique, grandiose avec une voix féminine très pure et éthérée :  

 

 

 

Du grand Morricone (et du grand Leone, bien sûr...)

 

 

 

 

http://www.enniomorricone.it/

 

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21 juillet 2006 5 21 /07 /juillet /2006 17:31

Pas trop le temps d'écrire ces derniers temps... alors je laisse juste un lien vers un article très amusant et intéressant sur les parallèles entre les comportements des primates et ceux des rock-stars :

Ce que les primates nous apprennent sur le show-business

Sur le blog :

http://showbusiness.over-blog.com/

Bien sûr, on pourrait aussi l'étendre à la plupart des humains. Pour en savoir plus sur les similitudes entre les comportements des humains et ceux des animaux, les livres de Konrad Lorenz et d'Henri Laborit (qui ne traitent pas toujours de ce sujet) sont passionnants. C'est l'occasion de parler d'un livre qui m'a particulièrement marqué : La Nouvelle Grille d'Henri Laborit. La première partie du livre demande de bonnes connaissances en biologie et physique, mais la seconde, très accessible, est remarquable sur l'étude du processus de domination, insistant sur le fait que tant que les humains n'auront pas compris à quel point ils sont conditionnés par ce processus, tant qu'ils n'en auront pas véritablement conscience, leurs sociétés et leurs relations en pâtiront. Selon Laborit, il ne s'agit pas d'éradiquer ce processus, mais de le comprendre pour ne pas tomber dans ses "pièges"...  

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6 juillet 2006 4 06 /07 /juillet /2006 00:19

Parce que c’est de circonstance, parce que l’overdose de foot dure déjà depuis plus d’un mois et va continuer encore longtemps si l’équipe de France a le malheur de gagner en finale, parce qu’il faudra subir ces journaleux et médias qui vont nous faire bouffer du footeux à toutes les sauces… je ne peux résister à placer maintenant ce formidable texte de Desproges, texte qui a pile 20 ans… et toutes ses dents acérées…

 

 

Voici bientôt quatre longues semaines que les gens normaux, j’entends les gens issus de la norme, avec deux bras et deux jambes pour signifier qu’ils existent, subissent à longueur d’antenne les dégradantes contorsions manchotes des hordes encaleçonnées sudoripares qui se disputent sur gazon l’honneur minuscule d’être champions de la balle au pied.

Voilà bien la différence entre le singe et le footballeur. Le premier a trop de mains ou pas assez de pieds pour s’abaisser à jouer au football.

Le football. Quel sport est plus laid, plus balourd et moins gracieux que le football ? Quelle harmonie, quelle élégance l’esthète de base pourrait-il bien découvrir dans les trottinements patauds de vingt deux handicapés velus qui poussent des balles comme on pousse un étron, en ahanant des râles vulgaires de boeufs éteints.

Quel bâtard en rut de quel corniaud branlé oserait manifester publiquement sa libido en s’enlaçant frénétiquement comme ils le font par paquets de huit, à grands coups de pattes grasses et mouillées, en ululant des gutturalités simiesques à choquer un rocker d’usine ? Quelle brute glacée, quel monstre décérébré de quel ordre noir oserait rire sur des cadavres comme nous le vîmes en vérité, certain soir du Heysel où vos idoles, calamiteux goalistes extatiques, ont exulté de joie folle au milieu de quarante morts piétinés, tout ça parce que la baballe était dans les bois?

Je vous hais, footballeurs. Vous ne m’avez fait vibrer qu’une fois: le jour où j’ai appris que vous aviez attrapé la chiasse mexicaine en suçant des frites aztèques. J’eusse aimé que les amibes vous coupassent les pattes jusqu’à la fin du tournoi. Mais Dieu n’a pas voulu. Ça ne m’a pas surpris de sa part. Il est des vôtres. Il est comme vous. Il est partout, tout le temps, quoi qu’on fasse et où qu’on se planque, on ne peut y échapper.

Quand j’étais petit garçon, je me suis cru longtemps anormal parce que je vous repoussais déjà. Je refusais systématiquement de jouer au foot, à l’école ou dans la rue. On me disait: " Ah, la fille ! " ou bien "Tiens, il est malade", tellement l’idée d’anormalité est solidement solidaire de la non-footballité.

Je vous emmerde. Je n’ai jamais été malade. Quant à la féminité que vous subodoriez, elle est toujours en moi. Et me pousse aux temps chauds à rechercher la compagnie des femmes. Y compris celle des vôtres que je ne rechigne pas à culbuter quand vous vibrez aux stades.

Pierre Desproges : Chroniques de la haine ordinaire.

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