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Classements d'albums

18 février 2006 6 18 /02 /février /2006 09:49

Film de James Mangold    2006

Le principal intérêt de la sortie de Walk the line en France, c'est de faire découvrir un " mythe " aussi important qu'Elvis aux EU, mais mille fois moins connu que le King par ici. Evidemment, il y a peu de chances que les français se ruent massivement pour voir la vie (enfin, une partie de la vie) de Johnny Cash au cinéma. Le film ne risque pas de faire autant d'entrées que les bronzés 3. Les EU ont Johnny Cash, on a les bronzés.. chacun ses mythes.

Cash est un mythe pour d'innombrables raisons. Sa voix et ses textes, bien sûr, le fait qu'il ait réussi à incarner la musique populaire américaine en mariant très simplement et naturellement le folk, la country, le rock, le gospel et le blues. Cash incarnait la musique américaine.. et le coeur de l'Amérique. En s'adressant aux taulards, aux marginaux, aux paysans, aux ouvriers, aux indiens, à tous ceux qui ne sont pas nés avec les dieux de leur côté, en étant leur voix, il était celle de tous les américains, de tous ces descendants des exclus de l'Europe. Johnny Cash a une indéniable dimension christique, et pas uniquement pour ses initiales. En France, on a aussi notre J-C qui oeuvre sans démagogie aucune au nom des démunis, qui a su faire sienne leur souffrance et mettre fin comme promis à la fracture sociale. Chacun sa croix, chacun son Christ...

Mais revenons-en au sujet.

Walk the line, sans être le film du siècle, est tout de même très réussi. La seule bonne excuse pour ne pas aller le voir est de ne pas aimer la musique de Johnny Cash. Ceux qui aiment " l'homme en noir " ne le manqueront pas, et ceux qui ne le connaissent pas combleront une lacune de taille en passant un agréable moment, selon l'expression consacrée.

Les deux acteurs principaux (Joaquin Phoenix en Johnny Cash et Reese Witherspoon en June Carter) crèvent l'écran. Joaquin Phoenix est bluffant dans la peau de Cash, mais aussi dans sa voix. Après, quelques inconditionnels de Cash trouveront sûrement à redire, certains estimeront que l'on caricature leur " prophète "... espérons juste qu'ils ne seront pas scandalisés au point de vouloir tout faire sauter.

A priori, prendre Ludwig van B. de Bernard Rose comme référence pour parler de Walk the Line peut sembler tiré par les cheveux. Pourtant, ces deux films ne sont pas si éloignés l'un de l'autre. Ils sont assez sobres, n'en font pas trop (contrairement aux excessifs Amadeus de Forman ou The Doors d'Oliver Stone), et se focalisent avant tout sur une histoire d'amour émouvante. Peut-être pour rendre plus aimables les sombres et torturés Beethoven et Cash. Pour permettre au spectateur lambda " d'apprivoiser la bête ". Ils se rejoignent aussi dans la mise en avant du père cruel lié à un épisode traumatisant de l'enfance, dans l'appesantissement sur la déchéance (alcool et drogues pour l'un, surdité et associabilité pour l'autre) et la " rédemption " par la musique : triomphe de la IXè Symphonie pour Beethoven, concert à la prison de Folsom pour Cash. Deux films qui ne révolutionnent pas le cinéma, mais qui ont le mérite d'être honnêtes et sensibles.

Cash et Beethoven... étrange comparaison, je l'admets. Ils partagent cependant le fait d'être des "statues du commandeur". Beethoven est la référence incontournable et indépassable pour tous les musiciens du XIXè, Cash l'est pour tous les musiciens américains, qu'ils jouent du folk, du rock ou de la country. Mais son influence s'étend bien au-delà des frontières américaines...  

Walk the line ne traite pas de toute la vie de Cash, préférant se concentrer sur les années 50 et 60 (avec une première partie retraçant les moments importants de sa jeunesse), et c'est peut-être pas plus mal ainsi. Car le Cash des années 70 et 80 n'a pas été très passionnant. Mais, du coup, il ne montre rien des années 90, pourtant une des périodes les plus créatives de Cash revenu, grâce à Rick Rubin, alors que personne ne l'attendait plus, avec des albums magnifiques. Le premier de cette " seconde vie ", American Recordings est peut-être son meilleur - toutes époques confondues. Un vrai trésor intemporel et inusable à consommer sans modération.

Une des qualités du film, c'est d'arriver à faire sentir la spécificité de Cash et de sa musique face aux rockeurs de l'époque (avec lesquelles il entretenait plutôt de bons rapports). La gravité, l'authenticité de Cash d'un côté, l'exubérance des show-men qu'étaient Jerry Lee Lewis et Elvis de l'autre.

Mais on peut regretter que ne soient pas suffisamment mis en avant ses textes, à part cette phrase qui fit couler beaucoup d'encre I've killed a man in reno, Just to watch him die, textes qui font de Cash le " père spirituel " de Dylan (il disait de Cash " Il est le plus grand des plus grands "). Dommage aussi que les relations très respectueuses et touchantes entre ces deux voix d'une Amérique profonde (dans les deux sens du mot, ce qui semble généralement inconciliable) n'aient pas été abordées. Enfin, on ne peut pas tout avoir, ne boudons pas notre plaisir...

I have a dream... comme disait l'autre. Un rêve où le prénom Johnny, en France, ferait instantanément penser à Cash, pas à l'autre pénible ersatz d'Elvis, devenu pathétique interprète de daubes obispiennes.. Obispo, lui-même ridicule caricature des Beatles. Comparer Halliday à Elvis ou Obispo aux Beatles, un sacrilège... dans ce cas Lorie, c'est Patti Smith, et Kyo, c'est Led Zeppelin. Mon rêve est en train de virer au pire des cauchemars.

L'anti-américanisme est un sport national en France. Faut dire qu'il est particulièrement simple à pratiquer tant l'Amérique nous offre de la matière. Mais sur certains plans, les français ont tout intérêt à faire profil bas. Johnny Cash et Bob Dylan d'un côté de l'Atlantique, Maurice Chevalier et Charles Trénet de l'autre...

Si vous ne connaissez rien à la musique de Cash, je conseille très vivement une nouvelle fois et en premier lieu American Recordings, puis un best of comme celui sorti dernièrement "Johnny Cash - Ring of fire The Legend of... ", et American III Solitary Man.

 

 

 

Extrait d' American Recordings : Thirteen

Facile à jouer, mais bien évidemment impossible de rivaliser avec Cash pour ce qui est du chant.

 Couplet :

Am   D Am   D    C Am (x2)

Refrain :

D  Am  D Am

D     C  Bm G  Am

Jouer le Am avec alternance du si et du do sur la corde de si.

 

Bad luck wind been blowin' at my back

I was born to bring trouble to wherever I'm at

Got the number 13 tattoed on my neck

When the ink starts to itch, then the black will turn to red

I was born in the soul of misery

Never had me a name

They just gave me the number when I was young

Got a long line of heartache, I carry it well

The list of lives I've broken reach from here to hell

Bad luck wind been blowin' at my back

I pray you don't look at me, I pray I don't look back

I was born in the soul of misery

Never had me a name

They just gave me the number when I was young

 

 

 

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15 février 2006 3 15 /02 /février /2006 20:23

Rock indépendant       2004 - Mute

 Suite aux quelques réserves émises précédemment sur Drum’s not dead, il est nécessaire de revenir un instant sur un des meilleurs albums rock de ces… 50 dernières années (j’exagère à peine), They were wrong, so we drowned. A chaque génération, et ce depuis qu’Elvis est parti au service militaire, on a le droit à la même rengaine : " le rock est mort " On peut le penser quand on voit des ados aller voir U2 ou les Stones en concert avec leurs parents. Car l’essence du rock, c’est la révolte, l’excès, le rejet des conventions… pas de faire des chansons sympas qui s’écoutent en famille. Après, l’élégance, la subtilité, l’intelligence et la sensibilité ont aussi droit de cité dans le rock, cela peut donner de vraies merveilles (Jeff Buckley, Radiohead, Robert Wyatt etc…) Mais des merveilles loin du rock mainstream et consensuel à la U2, Dire Straits et compagnie… Le rock peut-être subtil, poétique ou violent et rageur, mais il demande un minimum de sens esthétique et d’audace. C’est pour cela que les groupes mous et consensuels, comme les groupes lourdauds et grotesques (cf. metal) sont si peu intéressants.


They were wrong… est un grand album car il porte haut les couleurs sombres d’un rock subversif et radical. C’est un véritable modèle du genre, un album irrécupérable par les médias, beaucoup trop… incorrect, malsain et venimeux. Un album qui ne vous veut pas du bien, qui préfère balancer des claques énormes plutôt que de caresser dans le sens du poil. L’écouter à fond, c’est vivre une expérience à la fois déroutante, terrifiante et jubilatoire. Il faut avoir entendu l’apocalyptique Hold Hands And It Will Happen Anyway et l’hypnotique et démoniaque We Fenced Other Houses With The Bones Of Our Own pour ne pas mourir idiot…
Comme slogan publicitaire, on aurait pu imaginer : "Le disque qui fait remonter ce qu’il y a de plus mauvais en vous !". Pas très vendeur, certes… mais véridique.

 

Dans le genre " sauvage, incantatoire, tribal, catharsistique, expérimental, sombre, torturé, sans compromis, dévastateur et nihiliste ", difficile de faire mieux… ou pire, pour les oreilles sensibles…

 

 

1. Broken Witch
2. Steam Rose From The Lifeless Cloak
3. Theres Always Room On The Broom
4. If Your A Wizard, Then Why Do You Wear Glasses?
5. We Fenced Other Houses With The Bones Of Our Own
6. They Don't Want Your Corn They Want Your Kids
7. Read The Book That Wrote Itself
8. Hold Hands And It Will Happen Anyway
9. They Took 14 For The Rest Of Our Lives
10. Flow My Tears The Spider Said

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12 février 2006 7 12 /02 /février /2006 01:02

Rock indépendant          2006-Mute

Oubliez les Strokes, et jetez une oreille aux Liars, groupe de rock new-yorkais bien plus radical. Si la musique du Velvet est souvent décrite comme celle des bas-fonds new-yorkais, celle des Liars serait celle des bas-fonds des bas-fonds. Une musique de junkies tellement peu fréquentables qu’on aurait du les parquer 100 mètres sous terre. Où ils se livreraient à des rituels peu orthodoxes sous l’emprise de substances à côté desquelles l’héroïne de Lou Reed, c’est du petit lait…


Une musique tribale, mais qui n’a absolument rien de festif. Une musique d’une tribu de camés au dernier degré maltraitant de façon obsessionnelle leurs instruments. Drum’s not dead disent-ils… et c’est vrai que dans cet album aride, neurasthénique, les rythmes incantatoires de la batterie donnent un peu de vie. Et encore. Au bout d’un moment, la batterie se fait plus discrète, la musique plus éthérée et même, par intermittence, perd de sa noirceur.


Faut-il conseiller cet album ? Difficile à dire. La question pourrait être " peut-on aimer cet album " ? J’ai adoré leur précédent, un des disques les plus fascinants et fracassants de ces dernières années, et j’attendais celui-ci avec beaucoup d’impatience, mais je dois bien avouer que j’ai un peu de mal avec Drum’s not dead. Un peu de mal à être transporté tout du long, à ne pas sombrer à certains moments dans un léger ennui… Alors si un " fan " de leur précédent album, nourri à Sonic Youth (auxquels on pense inévitablement) a parfois du mal à rentrer dans celui-ci, difficile de le conseiller sans réserves. Faut dire aussi que les Liars ne font rien pour être aimé. Pas le genre de musique qui cherche à séduire l’auditeur. Mais leur courage, leur intransigeance, leur évolution stylistique vers une épure toujours plus déroutante est à saluer.


Faut-il acheter cet album ? Oui, si vous aimiez déjà leurs précédents, si Sonic Youth, le Velvet, les Stooges, Can, Godspeed you black emperor, le post-rock ou la musique minimaliste sont votre univers. Sinon, et si le voyage ne vous effraie pas, mieux vaut commencer par leurs précédents. Le premier, répondant au doux nom de They threw us all in a trench and stuck a monument on top est assez rock, ludique et foutraque ; mais le deuxième, They were wrong so we drowned (dont je parlerai bientôt), plus sauvage et tendu, est sûrement leur plus passionnant. A réserver tout de même à des oreilles averties…

 

Pour conclure, si cet album peut laisser quelque peu dubitatif par endroits, il n'en demeure pas moins un des plus intéressants du moment. 

 

01. Be Quiet Mt Heart Attack!
02. Let's Not Wrestle Mt Heart Attack
03. A Visit From Drum
04. Drum Gets A Glimpse
05. It Fit When I Was A Kid
06. The Wrong Coat For You Mt Heart Attack
07. Hold You, Drum
08. It's All Blooming Now Mt. Heart Attack
09. Drum And The Uncomfortable Can
10. You, Drum
11. To Hold You, Drum
12. The Other Side Of Mt Heart Attack

 

Un DVD inclus contient des vidéos aussi barrées que leur musique…

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