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Classements d'albums

22 août 2006 2 22 /08 /août /2006 21:38

Pop-rock       2006 - XL Recordings ****

Dire que l’album solo de Thom Yorke (chanteur et leader de Radiohead) ressemble à s’y méprendre à un bon Radiohead… c’est résumer l’essentiel de ses qualités et ses défauts. Qualités, car on y retrouve la poignante mélancolie du groupe (le chant de Thom Yorke y est pour beaucoup), l’electronica et le goût pour l’expérimentation (dès les premières mesures du premier morceau, on est pris par un rythme particulièrement original), le souci du détail et du travail léché. Défauts… pour ceux qui n’aiment pas les directions alambiquées prises par Radiohead depuis OK Computer. Le fait que The Eraser sonne comme du bon Radiohead, c’est dans un sens à mettre au crédit des défauts. Car on peut s’interroger sur l’utilité de sortir un album solo pour rester dans un univers aussi proche de celui du groupe. On aurait plutôt imaginé qu’un type aussi créatif que Thom Yorke en profite pour emprunter des voies impossibles avec son groupe.

Mais après tout… Thom Yorke peut bien faire ce qu’il veut. Les amateurs de gros rock qui tâche ont souvent reproché à Radiohead un excès de sophistication, voire une évolution destinée à plaire aux critiques plus qu’au public. Cet album leur donnera en partie tort : la sophistication n’est ni un carcan, ni une coquetterie chez Radiohead, elle est tout ce qu’il y a de plus naturel dans l’écriture de Thom Yorke, et... cet album n’est pas un cadeau pour les critiques rock. Car faut pas mal ruser, pinailler ou extrapoler pour trouver des différences notables entre The Eraser et la production à laquelle nous a habitué Radiohead. La plus évidente, c’est peut-être l’omniprésence de l’électronique (qui avait pourtant déjà la part belle dans Kid A et Amnesiac). Et cela peut ici s’expliquer de la manière la plus terre à terre qui soit : moins de musiciens… donc plus de bidouillages électroniques pour pallier à leur absence. L’utilisation de l’électro inspirée des Autechre, Aphex Twin et autres Plaid qu’admirent les membres de Radiohead contribue d’ailleurs pour beaucoup à l’atmosphère mystérieuse, éthérée et intimiste qui se dégage de l’album.

 

Bref, pas moyen d’écrire sur Thom Yorke qui " étouffe " au sein de Radiohead et veut expérimenter de nouvelles voies, puisqu’il reste fidèle au " style " Radiohead. Pas moyen de supposer une quelconque mésentente dans le groupe qui conduit à des projets solos et une séparation imminente, ses acolytes sont amicalement venu lui donner un coup de main pour The Eraser et un nouvel album est en préparation.

Rien de croustillant à se mettre sous la dent, pas de quoi noircir des tonnes de pages, mais juste un excellent album qui se range sans rougir à côté des remarquables et déjà classiques The Bends, OK Computer, Kid A, Amnesiac, Hail to the Thief … et rien que ça, c'est déjà immense.

 

http://www.theeraser.net/


Thom Yorke – The Eraser (produit par Nigel Godrich)


1 the eraser

2 analyse

3 the clock

4 black swan

5 skip divided

6 atoms for peace

7 and it rained all night

8 harrowdown hill

9 cymbal rush

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14 août 2006 1 14 /08 /août /2006 23:17

    Décidément, c’est une sale période pour les musiciens… " à part ". Après Ligeti et Syd Barrett, c’est Arthur Lee (chanteur et leader du groupe américain Love) qui vient de mourir (ce blog ressemble de plus en plus à une rubrique nécrologique…)

 

 

Impossible de ne pas faire le lien entre les décès à moins d’un mois d’intervalle de l’anglais Syd Barrett et de l’américain Arthur Lee. Ils étaient les deux icônes de la musique psychédélique, tous deux chanteurs, guitaristes et leaders de leur groupe, ils sortent chacun en 1967 un album incontournable, ils ont abusé (le mot est faible) de drogues, ont flirté (voire plus, surtout pour Syd) avec la schizophrénie, et ont connu la déchéance après des promesses d’immense succès. Autant de coïncidences…

J’ai appris la triste nouvelle par le blog de Chtif, et vous recommande son article sur Arthur Lee. Je ne vais pas m’étendre et redire ce qu’il dit déjà très bien. Juste insister sur la nécessité de connaître l’indispensable album de Love, Forever Changes (1967). J’en disais deux mots à la fin de mon article sur Parachute des Pretty Things, car ces deux disques ont en commun une succession de tubes pop de très haute volée et un incompréhensible échec à leur sortie.

Mélodies imparables, orchestrations riches et inspirées, générosité et foisonnement d’idées… un grand album à mettre entre toutes les oreilles.

Inconditionnel des Doors, je n'oublie pas qu'Arthur Lee est un des tous premiers à avoir remarqué Morrison et son groupe. Love était déjà en haut de l’affiche à Los Angeles, quand les Doors débutaient (voire végétaient) dans de petites salles. Mais Arthur Lee les aidera à signer avec Elektra.

Les Doors deviendront par la suite un des plus grands groupes de rock de l’histoire, ils connaîtront un succès planétaire, alors que Love sera vite oublié… sauf de quelques passionnés conscients de détenir en Forever Changes un des plus estimables bijoux de la musique pop.

 

Arthur Lee (Arthur Taylor Porter)

Memphis, 7 mars 1945

Memphis, 3 août 2006

 

 

 

 

 (mort d'une leucémie) 

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2 août 2006 3 02 /08 /août /2006 08:51

"Je m'imagine la musique comme quelque chose de très loin dans l'espace, qui existe depuis toujours et qui existera toujours, et dont nous n'entendons qu'un petit fragment." (György Ligeti)

 

 

 

 

Un des plus grands compositeurs du XXé siècle est mort il y a peu, et force est de constater que cela n’a pas touché grand monde. Mais les médias avaient mieux à faire. Ironie de l'histoire, deux des musiciens les plus " libres " et singuliers de la musique contemporaine (György Ligeti) et de la pop (Syd Barrett), disparaissent quand la planète n'a d'yeux que pour le mondial de foot. L’un quelques jours après l’ouverture, l’autre un peu avant la finale. Eux qui préféraient aux honneurs l’exploration de nouveaux territoires, qui n’aimaient rien tant que d’aller ou les autres ne vont pas… voilà qu’ils partent pour le grand vide lors de la plus grosse "fête" populaire mondiale.

L’esthétique de Ligeti - compositeur hongrois (né en Transylvanie) naturalisé autrichien - est passionnante car, dans un XX° siècle où fleurissent les écoles, où il est rassurant de pouvoir " nommer " et ranger des musiques difficiles à appréhender par l’écoute, car très déstabilisantes pour l’oreille, Ligeti fait figure d’électron libre. Sa musique n’est pas pour autant que pure originalité ; on ne crée jamais à partir de rien. Il a d’abord été influencé par le néo-folklorisme de Bartòk (normal, pour un compositeur hongrois…), a rejoint quelques temps Stockhausen et la musique électronique de Cologne, a fait quelques incursions dans le domaine sériel… mais hors de question pour lui de se laisser enfermer.

Il n’hésite pas à emprunter des éléments et procédés de courants musicaux divers et variés… mais on ne peut le ranger dans les compositeurs " post-moderne ". Car, ces éléments, Ligeti se les approprie pour les amener vers un " ailleurs " plutôt que de les marquer comme références (même s’il y a quelques exceptions).

Il partage avec l’essentiel des compositeurs du XX° une attention particulière portée au son, devenu un paramètre aussi important (voire plus…) que la mélodie, l’harmonie et le rythme. Mais il explore les possibilités du timbre sans chercher à " modéliser " systématiquement. Aux paradigmes et schémas rigides, il préfère l’expérimentation continuelle et le jeu, jeu qu’illustre son goût pour les " illusions sonores " ou l’utilisation insolite de la voix : cris, grognements, dans Aventures ou Le Grand Macabre (pas les œuvres de Ligeti que je préfère…)

Les années 60 sont cruciales pour Ligeti. Il s’émancipe de ses " maîtres " et trouve sa propre voie. On parlera de " micro-tonalité " pour évoquer son style, car il joue sur des harmonies et contrepoints de très petits intervalles (qui se regroupent souvent en clusters). Ses œuvres les plus marquantes sont sans doute celles de cette période :

1961 : Atmosphères, pour grand orchestre

1962 : Volumina, pour orgue

1962 : Aventures

1965 : Requiem

1966 : Nouvelles Aventures

1966 : Lux Æterna

1967 : Lontano, pour orchestre de cordes et de vents

1968 : Continuum, pour clavecin

1968 : 2e Quatuor à cordes

Stanley Kubrick, un des réalisateurs de cinéma les mieux inspirés pour trouver les musiques qui " transcenderont " ses chefs-d’œuvre, a employé avec génie 3 des plus réussies de Ligeti. Atmosphères et l’hypnotique œuvre vocale Lux Aeterna pour 2001, l’odyssée de l’espace, et la 2° des Musica Ricercata, pièce pour piano sombre et obsessionnelle que ne peuvent oublier ceux qui ont vu Eyes Wide Shut. Les Musica Ricercata (1953) sont une des premières grandes créations de Ligeti, elles se décomposent en 11 pièces pour piano, la première construite sur 2 notes (avec les octaves), la 2° sur 3 etc… jusqu’à la 11° comportant les 12 notes de la gamme chromatique.

La musique de Ligeti n’est pas une des plus accessibles du XX°, mais les Musica Ricercata, le Lux Aeterna et Atmosphères sont une excellente entrée en matière pour découvrir ce compositeur essentiel et fascinant

Un très bon article de "vulgarisation" :

http://www.ac-dijon.fr/pedago/music/bac2000/ligeti/BIO.HTM

Ligeti sur Wikipedia

Ligeti sur Libellus

Catalogue de toutes ses oeuvres, avec un texte de Ligeti (Pensées rhapsodiques et déséquilibrées sur la musique et sur mes œuvres en particulier) à la
médiathèque de l'IRCAM.

 

György Ligeti : 28 mai 2003 – 12 Juin 2006

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