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Classements d'albums

30 janvier 2006 1 30 /01 /janvier /2006 00:49

En plus de sortir des albums de très grandes qualité, tel Ladies first, un des meilleurs de l’année dernière, Jack the Ripper s’avère aussi être un formidable groupe de scène. Ce samedi, j’ai eu la chance de les voir en concert à Rognes. Je parle de chance… mais tout semblait réuni pour un concert raté. Le groupe jouait la veille à Genève, et, à cause des intempéries, ils se sont retrouvés bloqués sur la route et ont joué avec 2 heures de retard. Ils sont arrivés en se faufilant parmi la foule pour installer leurs instruments sur la scène. Et faire la balance, devant un public qui attend depuis un bon moment, avec deux guitaristes, un clavier, un batteur, un bassiste, un trompettiste et une violoniste, c’est loin d’être évident. Ajouté à cela que leur violoniste était malade et a été remplacé au pied levé par une amie (chapeau bas), que la scène était à peine surélevée et qu’il n’y avait aucun jeu de lumière, juste un éclairage un peu trop fort (l'image ci-dessus provient de leur site et d'un précédent concert)… Difficile de voir Jack the Ripper dans de plus mauvaises conditions.

Pourtant, leur prestation a été une grande claque. Principalement pour deux raisons. La première, c’est que leur musique prend une toute autre dimension en " live ". Elle devient beaucoup plus intense, urgente, catharsistique, sans pour autant perdre de sa poésie et de son élégance. Si des effets d’éclairage se seraient mariés à la perfection à leur musique, celle-ci est malgré tout suffisamment expressive et envoûtante pour se suffire à elle-même. Et le chanteur a une telle présence scénique qu’il n’a finalement pas besoin de grand-chose pour captiver l’attention.

La seconde… c’est justement le chanteur. De la trempe des grands. Parce qu’en l’écoutant et en le voyant, on pense à Jim Morrisson, à Robert Plant, à Bowie ou encore Nick Cave, même s’il a son propre " style ". Comparaisons excessives, sans doute, mais à la hauteur de l'impression qu'il m'a laissé. Parce qu’il est habité par ses chansons comme peu le sont. Parce qu’il est inquiétant et émouvant, sauvage et vulnérable… toujours sur le fil du rasoir. Parce qu’il a une voix étonnante et encore plus fascinante sur scène que sur disque (où il est pourtant déjà très bon). Parce qu’il n’est pas là pour faire un récital, mais semble chanter chaque note comme si sa vie en dépendait. Parce que, à l’image d’un Jim Morrisson, il ose un lyrisme et une théâtralité qui ne sont jamais grotesques et lourdingues. Et c’est peut-être là le plus remarquable chez Jack The Ripper. Leur musique, loin, très loin de la mollassonne nouvelle scène française ne craint pas les envolées lyriques, sans tomber dans le pompeux et le pompier kitsch comme l’ont fait Queen ou la plupart des groupes de heavy-metal. Et Arnaud Mazurel, le chanteur, en est la parfaite incarnation.

Jack the Ripper sur scène, c’est l’anti-Vincent Delerm. Un retour à un rock intense, à vif, flamboyant, inspiré, ambitieux, " décomplexé ", lyrique et révolté qui nous ramène aux meilleurs groupes des années 70 (Led Zeppelin, les Doors…). Mais ils n’ont rien d’un groupe nostalgique arrivant après la bataille. Ils ne sont pas un des innombrables clones de Led Zep… On peut parfois penser au Bowie période Hunky Dory, mais aussi à Nick Cave et par endroits aux excellents 16 Horsepower, mais leur musique a suffisamment de personnalité et de style pour ne pas souffrir la comparaison. L’anti-Vincent Delerm, disais-je, parce qu’il y a chez eux de l’urgence, de la fièvre, du panache, un romantisme à la fois onirique et rageur à mille lieux de l’autre. Et à mille lieux de notre époque cynique, apathique, du regard distancié de mise, du post-modernisme flasque et de la mièvrerie des pseudos-artistes qui squattent les ondes et les émissions de télé.

Pour vous en rendre compte par vous-même, j’ai placé leurs prochaines dates de concert dans la colonne de gauche.

Si vous ne connaissez pas leur musique, j’ai mis un lien à la fin de ma chronique de Ladies First vers un titre à écouter (Old stars).

Trois titres live :

Vargtimmen

Old Stars

Words

 

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27 janvier 2006 5 27 /01 /janvier /2006 20:41

2005 - Mute ****

Il vous reste un peu de place dans votre discothèque entre vos Sinatra et Johnny Cash ? Alors rangez-y sans attendre ce sublime album de Richard Hawley. Enfin, ne le rangez pas trop vite, car voilà bien le genre d'album que tout être humain qui n'est pas totalement insensible au plaisir adopte naturellement comme disque de chevet.

 

C’est un pur hasard, mais après avoir parlé d’américains excellant dans le " folk anglais " (Espers et Marissa Nadler) ou dignes successeurs des Beatles (Elliott Smith), après des français à mille lieux de ce qui se fait par ici (Jack the Ripper), après des anglais impeccables dans un registre typiquement américain (les 22-20s) , en voilà encore un qui n’est pas né au bon endroit. Un Johnny Cash qui serait peut-être passé du whisky au champagne, mais qui n’aurait pas vendu pour autant son âme... ni complètement renoncé au whisky. Comment ne pas penser à Cash en écoutant Wading through the water ? Il est toujours présomptueux de faire parler les morts, mais on imagine aisément que Cash n’aurait pas renié ce morceau, comme bon nombre des titres de cet album (tel le très country Just like the rain). Cash, donc, mais aussi Scott Walker et Sinatra. Il y a une telle classe dans les chansons de Richard Hawley que Sinatra, à côté, fait figure de petite frappe italo-américaine en survet' et mocassins tout droit sortie des seconds rôles des Sopranos. Là, j’admets que j’exagère quelque peu… Si tous les américains n’ont pas forcément la " classe américaine ", je pense ici à l’autre qui s’étouffe en bouffant des bretzels, certains " non-américains " l’ont, et Richard Hawley en est le plus brillant exemple. Des compositions magnifiques, une chaleureuse, profonde et somptueuse voix de crooner (et dire que certains osent utiliser ce terme pour le grotesque Dany Brillant)… comment peut-il chanter Born under a bad sign ? Quand on a une voix pareille, on est béni des dieux (je parle de Richard Hawley, bien sûr, pas de Dany Brillant...)

Mais la perfection n’étant pas de ce monde, il fallait bien un titre un peu plus faible que les autres, et c’est ici le cas avec le " royorbinsonien " Hotel Room.

Pour conclure avec un argument de poids :  si vous ne faîtes pas fondre l’être aimé avec cet album, c’est qu’il n’y a aucun espoir… ou qu’il est temps de vous faire à l’idée d’une vie monastique…

 

 

Richard Hawley - Coles Corner

1. Coles corner
2. Just like the rain
3. Hotel room
4. Darlin' wait for me
5. The ocean
6. Born under a bad sign
7. I sleep alone
8. Tonight
9. (Wading through) the waters of my time
10. Who's going to shoe your pretty feet
11. Last orders

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24 janvier 2006 2 24 /01 /janvier /2006 18:15

Electronica            2004 - DC-Recordings

Une des plus belles réussites de la musique électronique de ces dernières années. Et même, allons-y carrément, une des plus belles réussites du genre. Alors il est d’autant plus nécessaire de mieux faire connaître cet album, qui n’a vraiment pas eu " l’écoute " qu’il mérite.

 

 

 

 

 

De plus, il est beaucoup plus accessible que la plupart des productions électroniques " exigeantes ", sans être esthétiquement plus faible.

Sa première grande qualité, c’est d’arriver à être rêveur et planant sans n’être jamais monotone (monotonie que certains peuvent reprocher à Boards of Canada, auxquels on pense ici par endroits). Beaucoup de diversité, de trouvailles sonores et de changement d’atmosphères (on y passe allègrement de morceaux très aériens et sereins à d’autres plus inquiétants et instables). Mais pas de virtuosité vaine. Rien de ce que l’on peut reprocher à un grand nombre de premiers albums du genre. Il ne part pas dans tous les sens, dans une surabondance incontrôlée. Car si Aphex Twin, lui, manie à la perfection l’art du " cafouillage ", du chaos et de l’excès sonores et rythmiques, ce n’est pas forcément le cas de tous ses clones. Loin de ceux-là, Sea inside body est peut-être varié, riche, ludique et foisonnant d’idées, il n’en reste pas moins très organique et cohérent. On n’a pas ici l’impression, comme c’est parfois le cas, d’être face à un bricoleur un peu fou qui ne sait pas trop lui-même où il va et ce qu’il fait, mais plutôt d’être face à une œuvre aboutie, inspirée et maîtrisée.

Si cet album est tout à fait accessible à un public plus nombreux que celui des fanas d’Aphex Twin, Autechre ou Squarepusher, c’est qu’il " ose la mélodie " (il faut avoir entendu celle, hypnotique et tournoyante, de Knock, Turn). Et contrairement à beaucoup des disques de Warp, le label phare de l’electronica, il ne sacrifie pas le plaisir du son sur l’autel de l’expérimentation. Le son est un matériau travaillé par un orfèvre, pas par un créateur tourmenté qui le triture et torture dans tous les sens. Dans ce plaisir du son, on peut trouver une filiation avec Amon Tobin ou Plaid, sans doute le groupe dont il est, musicalement, le plus proche.

Alors si vous désirez vous initier à l’electronica, ou faire découvrir le genre à des auditeurs quelque peu sceptiques, commencez par Sea inside body, puis plongez dans les chefs-d’œuvre d’Amon Tobin et Spokes de Plaid avant de vous lancer dans les œuvres plus difficiles et déstructurées d’Aphex Twin ou Autechre…

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