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Classements d'albums

21 avril 2006 5 21 /04 /avril /2006 22:36

Electro                       2006 - Rephlex ***

 

 

AFX… un des multiples pseudos de Richard D. James, dont la plus célèbre " incarnation " n’est autre qu’Aphex Twin. On a donc affaire ici au nouvel album d’un type qui a précédemment révolutionné la musique électronique. Et cet album est très bon mais… ne révolutionne plus grand chose. Il pourrait très bien dater des années 90, ce qui est tout de même étonnant de la part d’un novateur de la trempe d’Aphex Twin.

Cependant, Chosen Lords n’est pas à proprement parler un véritable nouvel album d’Aphex Twin (ou AFX ou Richard D. James, ou qui vous voulez…). C’est un " best-of " de titres parus il y a peu de manière assez confidentielle, dans une série de vinyles sous le nom d’Analord.

Chosen lords est sans doute l’album le plus accessible d’Aphex Twin. Pour des oreilles frileuses, Selected Ambient Works volume II est trop planant et dépouillé, Come to Daddy trop " hard ", et Drukqs trop déstructuré. Celui-ci n’est trop… rien. D’un point de vue purement esthétique, on peut regretter que le radical Aphex Twin n’ait pas choisi de repousser d’autres limites, d’aller où les autres n’osent pas (ou plutôt ne peuvent pas).

Ce " retour en arrière " se constate à la fois dans les compositions et le son. Au lieu de renouveler son matériel, Aphex Twin a choisi de sortir des placards et de dépoussiérer ses vieux synthés et boîtes à rythmes de la fin des années 80… Ceux qui aiment parleront de son " vintage ", je préfère parler de son " cheap ", parce que j’ai parfois un peu de mal avec ces sons qui me semblent ne pas avoir très bien vieilli. Manipulés par un autre, cela pourrait être insupportable. Agencés et bidouillés par Aphex Twin, ça fonctionne et donne un disque très réussi. Sous les doigts de Jimmy Page, la plus pourrie des guitares sonnera toujours mieux qu’une guitare luxueuse sous les doigts des Kyo…

 

Rien de bien nouveau, donc, dans cette dernière création d’Aphex Twin… reste un très bon album d’électro. Un album cohérent, inspiré, qui s’écoute avec plaisir, et c’est déjà pas si mal.

Si vous ne connaissez rien d’Aphex twin et si l’expérimentation ne vous fait pas peur, je vous recommande particulièrement : Drukqs (double-album fou et déstructuré, incompris par certains… mais un des meilleurs disques que j’ai jamais écouté, tous styles confondus), le (déjà) " mythique " maxi Windowlicker (1999), Selected Ambient Works (très épuré et minimaliste, dans la lignée d’un Brian Eno), et le maxi Come to Daddy.

Ne manquez pas non plus ses clips monstrueux et déroutants (faut dire qu’ils sont réalisés par Chris Cunningham), ceux de Come to Daddy et Windowlicker. Les œuvres d’Aphex Twin sont bien souvent des expériences extrêmes, aussi terrifiantes que jubilatoires. Que ce soit l’écoute attentive, les oreilles collées aux baffles, de Drukqs ou le visionnage, le son au maximum, du clip de Come to Daddy. Mais rien d’aussi excessif dans Chosen Lords. Aphex twin se serait-il assagi ? Le personnage et créateur le plus dingue de la musique électronique serait-il devenu… normal ? Affaire à suivre…


AFX - Chosen Lords


01 Fenix Funk5
02 Reunion 2
03 Pitcard
04 Crying In Your Face
05 Klopjob
06 Boxing Day
07 Batine Acid
08 Cilonen
09 PWSteal.Ldpinch.D
10 XMD5A


Aphex Twin sur Wikipedia

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30 mars 2006 4 30 /03 /mars /2006 10:51

Trip-hop                       03/2006 - Virgin

Un best of de Massive Attack… une bonne idée ? Pas vraiment. Leurs albums sont des voyages envoûtants, possédant chacun leur propre couleur et témoignant d’une passionnante évolution esthétique. Ainsi, une compil réunissant leurs singles manque forcément d’homogénéité. Si elle était " chronologique ", elle aurait au moins le mérite de faire part de leur progression. Mais placer par exemple Butterfly Caught entre Protection et Unfinished Sympathy laisse perplexe… Pas évident de faire cohabiter le groove lancinant et la soul de Blue Lines avec le glacial 100th Window.

Cette compilation est intéressante surtout pour les auditeurs frileux qui craindraient de se plonger dans leurs albums. Car pour découvrir Massive Attack, plutôt que d’acheter ce best-of, mieux vaut se procurer Mezzanine et Blue lines, deux albums qui ont marqué leur époque, indispensables dans toute discothèque qui se respecte. Ensuite, si l’on est pas insensible à leur univers, aucune raison de se priver de leurs deux autres chefs-d’œuvre : 100th Window et Protection.

Deux versions de Collected existent. Une avec l’album simple, et l’autre avec en prime un Dual Disc comprenant un DVD de tous leurs clips et un CD d’inédits.

Le nouveau Single, Live with me, est présent sur les deux versions. La voix est assurée par Terry Callier (grand guitariste et chanteur de soul et folk). Live with me est une bonne et une mauvaise nouvelle. La bonne, c’est que le single est plutôt pas mal. La mauvaise, c’est que Massive Attack semble revenir un peu en arrière, ne pas vouloir continuer à innover comme ils savent si bien le faire. Peut-être ont-ils senti qu’ils sont allés trop loin dans l’abstraction et cherchent à retrouver un peu d’humanité et de sensualité, dans la voix profonde de Terry Callier et ces cordes qui rappellent le travail de Craig Armstrong sur Protection, leur 2° album.

 

Collected a deux intérêts majeurs. Le premier, c'est qu'il permettra au groupe de jouir de plus de libertés pour leur prochain album, comme l'explique Robert del Naja (la tête pensante de Massive Attack, quasiment seul aux commandes depuis Mezzanine) :  Well, it was our manager who proposed it. About last year he said 'Look, I've got this idea for a 'best of'' and I looked at him and said 'you're crazy, right?' and he said 'Well if you do it, you buy yourself loads of freedom and time to make the records you want to make next, without the pressure of making a commercial record necessarily, or making a record in a certain amount of time and to give the record company something to work with. L'interview complète ici.

Le second, c'est le CD d’inédits et remix du Dual disc. Petit tour d’horizon des morceaux qui le composent :

False Flags ***: Sans doute le titre le plus réussi de Collected. Dans la lignée de 100th Window, en moins électro - piano et batterie y sont mis en évidence - avec la voix fantomatique de Robert Del Naja . Mélancolique, plombant, cotonneux… avec le clip sur le DVD, clip qui déplairait fort à Sarkozy (ceux qui l’ont vu comprendront… faut dire que ce titre a été inspiré par les émeutes en banlieue en France).

Incantations *: Nouvelle version d’Everywhen (100th Window), beaucoup plus court que la version originale (3’18 au lieu de 7’37). Plus rythmé, aussi… ce qui est dommage, car la lenteur initiale d’Everywhen était fascinante, lui donnait une dimension hypnotique formidable, qui ne se retrouve pas ici.

Silent Spring **: Liz Frazer au chant (dans une langue non-identifiée), accompagnée par un piano et des cordes minimalistes La voix de Liz Frazer est toujours superbe, la mélodie est jolie… dommage que la boite à rythme soit un peu " lourde ".

Bullet Boy ***: Titre qui figurait sur la B.O. du film du même nom. Du bon Massive Attack, très planant, avec la voix de R. Del Naja.

Black Melt ***: Nouvelle version de Black Milk (Mezzanine). Vraiment réussie. La principale nouveauté par rapport à l’originale est cette guitare obsédante qui accompagne la voix de Liz Frazer. Le contraste est intéressant et fonctionne bien.

Joy Luck Club ***: Très aérien, porté par la voix haut perchée de Debbie Clare… mais qu’on aurait volontiers imaginé chanté par Liz Frazer, l’univers de ce morceau étant très proche de celui des Cocteau Twins.

Small time Shoot’em up *: Remix de l’excellent Small time shot away (100th Window), par R. Del Naja et Damon Albarn. Plus électro et agité que l’original… mais moins bon.

I against I **: Collaboration avec le rappeur Mos Def, déjà sorti il y a quelques temps en single.

I want you : Morceau figurant sur l’album hommage à Marvin Gaye, chanté par… Madonna. Pas ma tasse de thé. Si il leur fallait sur ce CD une reprise en collaboration avec une " star ", le superbe Nature Boy (chanté par Bowie), aurait été un choix plus judicieux… mais on ne me demande jamais mon avis…

Danny the dog *: extrait de la B.O. du film… pas ce que Massive Attack a fait de mieux.

En bref… de bons titres parmi les nouveautés : False Flags, Bullet Boy, Silent Spring, Joy Luck Club. Si le single Live with me laisse à penser que le prochain album de Massive Attack (The weather underground, prévu pour le mois d’août – mais certains parlent de février 2007) pourrait ressembler à Protection, ceux-là dessinent une autre voie. Plus mélodieux, plus de " joliesse ", particulièrement aériens et mélancoliques… mais, comme sur Live with me, on n’y retrouve pas le côté sombre et inquiétant de leurs précédents albums. Vont-ils abandonner cette noirceur qui les caractérisait jusqu’alors ? Personnellement, je ne l’espère pas. La réponse dans quelques mois…

Le site du groupe : http://www.massiveattack.co.uk/

 

Disc 1

1.Safe From Harm
2.Karmacoma
3.Angel
4.Teadrop
5.Inertia Creeps
6.Protection
7.Butterfly Caught

8.Unfinished Sympathy
9.Risingson
10.Future Proof
11.Five Man Army
12.What Your Soul Sings
13.Sly
14.Live With Me

Disc 2

1.False Flags
2.Incantations
3.Silent Spring
4.Bullet Boy
5.Black Melt
6.Joy Luck Club
7.Small Time Shoot ‘Em Up
8.I Against I
9.I Want You
10.Danny The Dog
11.Daydreaming (DVD Side)
12.Unfinished Sympathy (DVD Side)
13.Safe From Harm (DVD Side)

14.Be Thankful For What You’ve Got (DVD Side)
15.Sly (DVD Side)
16.Protection (DVD Side)
17.Karmacoma (DVD Side)
18.Risingson (DVD Side)
19.Teardrop (DVD Side)
20.Angel (DVD Side)
21.Special Cases (DVD Side)
22.Butterfly Caught (DVD Side)
23.Live With Me (DVD Side)
24.Live With Me (Terry Version) (DVD Side)
25.False Flags (DVD Side)

 

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25 mars 2006 6 25 /03 /mars /2006 18:02

Electro               1998 - Ninja Tune *****

  

 

Comme le disait Gainsbourg, la chanson et le rock sont des arts mineurs qui ne peuvent rivaliser avec le classique et le jazz. Mais à toute règle, il faut des exceptions. Quelques-unes existent dans l’électro, tels Aphex Twin et Autechre qui n’ont pas à rougir face à la musique contemporaine savante. Le " cas " Amon Tobin est encore plus intéressant. Car il a réussi à créer une musique originale et complexe qui n’en reste pas moins assez accessible (mais si vous êtes fan d’Hélène Ségara, vous risquez d’avoir un peu de mal...)

 

Avec les logiciels et le matériel actuels, tout le monde peut créer des morceaux qui donnent l’apparence de la complexité, avec des rythmes et des sons qui partent dans tous les sens. Mais savoir les organiser pour en faire de véritables œuvres cohérentes est autrement plus délicat. Et s’il en est un qui maîtrise cela à la perfection, c’est bien l’anglo-brésilien Amon Tobin.

  

Le talent d’Amon Tobin c’est (entre autres) de savoir composer des albums cohérents, donc, où l’on n’a pas l’impression d’être face à un bidouilleur qui ne sait pas trop lui-même ce qu’il fait, et suffisamment denses et riches pour n’être jamais linéaires et monotones. Comme je l’ai écrit il y a quelques temps, Sea Inside body de Kelpe est un peu dans la même veine. Mais aussi bon soit l’album de Kelpe (et il est excellent !), Amon Tobin est un ton au dessus.

 

Ses albums (particulièrement Permutation et Out from out where) sont des albums-monde, des albums dont on ne vient jamais réellement à bout tant ils regorgent d’idées (les trouvailles sonores et leurs superpositions sont fascinantes). Il y a tout, chez Amon Tobin, mais un tout " organique ", pas bordélique (enfin… le bordel faisant partie du tout, il a aussi sa place). Sa musique est profonde et légère, sombre et ludique, agréable et angoissante, sauvage et planante, lyrique et sarcastique, expérimentale et accessible, subtile et fracassante, hyper-structurée et… bordélique.

Le plus saisissant, c’est qu’il arrive sur certains morceaux à faire coexister toutes ces caractéristiques sans perdre le fil, sans qu’on ait la désagréable sensation d’ingurgiter une bouillie post-moderne.

Comme c’est le cas pour les grandes œuvres classiques, on en perd beaucoup si on le laisse juste en bruit de fond, si on ne s’y plonge pas pleinement. Ça me fait mal de laisser un titre en mp3, sachant que certains l’écouteront avec un son médiocre et un temps de cerveau moyennement disponible puisqu’ils surferont sur le net en même temps. Mais bon, si ça peut en séduire d’autres qui achèteront le disque après…

De toute façon, il n’y a pas le moindre petit début de raison à ne pas acheter ses albums. A moins d’être hermétique à la musique électronique. Car, outre le fait qu’il est un des compositeurs les plus inspirés de l’époque, ajoutons qu’il n’est pas, comme certains vendeurs de soupe, opposé au p2p (il comprend, lui, ce qu’est la passion de la musique, l’envie de découvertes et le manque de moyens financiers) et il est produit par un label indépendant (donc pas un de vos sous n’ira dans la poche de Pascal Nègre & cie, c’est toujours ça de gagné…)

Par quel album commencer ? C’est à vous de voir… je conseillerais principalement (et dans l’ordre) Permutation ("jazzy" et tribal), Out from out where (particulièrement sombre, martial et "orientalisant") et Bricolage (un peu plus aérien et calme que les deux autres, mais aussi réussi). 

 

Pour finir, et revenir sur ce qui est un des leitmotiv de ces pages… le seul problème avec Amon Tobin, c’est de ne pas avoir l’époque qu’il mérite. Certes, il est très célèbre dans le milieu de l’électro, mais s’il vivait dans un monde un peu plus éclairé, nul doute qu’il serait incontournable et prendrait la place que les stars en toc de la chansonnette volent aux vrais artistes.

 

Extrait de permutation : The Bridge

La fiche d'Amon Tobin (avec tous ses albums en écoute)

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