Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

Recherche

Playlist 2024

Classements d'albums

25 mars 2006 6 25 /03 /mars /2006 18:02

Electro               1998 - Ninja Tune *****

  

 

Comme le disait Gainsbourg, la chanson et le rock sont des arts mineurs qui ne peuvent rivaliser avec le classique et le jazz. Mais à toute règle, il faut des exceptions. Quelques-unes existent dans l’électro, tels Aphex Twin et Autechre qui n’ont pas à rougir face à la musique contemporaine savante. Le " cas " Amon Tobin est encore plus intéressant. Car il a réussi à créer une musique originale et complexe qui n’en reste pas moins assez accessible (mais si vous êtes fan d’Hélène Ségara, vous risquez d’avoir un peu de mal...)

 

Avec les logiciels et le matériel actuels, tout le monde peut créer des morceaux qui donnent l’apparence de la complexité, avec des rythmes et des sons qui partent dans tous les sens. Mais savoir les organiser pour en faire de véritables œuvres cohérentes est autrement plus délicat. Et s’il en est un qui maîtrise cela à la perfection, c’est bien l’anglo-brésilien Amon Tobin.

  

Le talent d’Amon Tobin c’est (entre autres) de savoir composer des albums cohérents, donc, où l’on n’a pas l’impression d’être face à un bidouilleur qui ne sait pas trop lui-même ce qu’il fait, et suffisamment denses et riches pour n’être jamais linéaires et monotones. Comme je l’ai écrit il y a quelques temps, Sea Inside body de Kelpe est un peu dans la même veine. Mais aussi bon soit l’album de Kelpe (et il est excellent !), Amon Tobin est un ton au dessus.

 

Ses albums (particulièrement Permutation et Out from out where) sont des albums-monde, des albums dont on ne vient jamais réellement à bout tant ils regorgent d’idées (les trouvailles sonores et leurs superpositions sont fascinantes). Il y a tout, chez Amon Tobin, mais un tout " organique ", pas bordélique (enfin… le bordel faisant partie du tout, il a aussi sa place). Sa musique est profonde et légère, sombre et ludique, agréable et angoissante, sauvage et planante, lyrique et sarcastique, expérimentale et accessible, subtile et fracassante, hyper-structurée et… bordélique.

Le plus saisissant, c’est qu’il arrive sur certains morceaux à faire coexister toutes ces caractéristiques sans perdre le fil, sans qu’on ait la désagréable sensation d’ingurgiter une bouillie post-moderne.

Comme c’est le cas pour les grandes œuvres classiques, on en perd beaucoup si on le laisse juste en bruit de fond, si on ne s’y plonge pas pleinement. Ça me fait mal de laisser un titre en mp3, sachant que certains l’écouteront avec un son médiocre et un temps de cerveau moyennement disponible puisqu’ils surferont sur le net en même temps. Mais bon, si ça peut en séduire d’autres qui achèteront le disque après…

De toute façon, il n’y a pas le moindre petit début de raison à ne pas acheter ses albums. A moins d’être hermétique à la musique électronique. Car, outre le fait qu’il est un des compositeurs les plus inspirés de l’époque, ajoutons qu’il n’est pas, comme certains vendeurs de soupe, opposé au p2p (il comprend, lui, ce qu’est la passion de la musique, l’envie de découvertes et le manque de moyens financiers) et il est produit par un label indépendant (donc pas un de vos sous n’ira dans la poche de Pascal Nègre & cie, c’est toujours ça de gagné…)

Par quel album commencer ? C’est à vous de voir… je conseillerais principalement (et dans l’ordre) Permutation ("jazzy" et tribal), Out from out where (particulièrement sombre, martial et "orientalisant") et Bricolage (un peu plus aérien et calme que les deux autres, mais aussi réussi). 

 

Pour finir, et revenir sur ce qui est un des leitmotiv de ces pages… le seul problème avec Amon Tobin, c’est de ne pas avoir l’époque qu’il mérite. Certes, il est très célèbre dans le milieu de l’électro, mais s’il vivait dans un monde un peu plus éclairé, nul doute qu’il serait incontournable et prendrait la place que les stars en toc de la chansonnette volent aux vrais artistes.

 

Extrait de permutation : The Bridge

La fiche d'Amon Tobin (avec tous ses albums en écoute)

Partager cet article
Repost0

commentaires

U
Bonjour, je trouve votre article hyper bien écrit. j'écris un roman moitié autobio /moitié récit initiatique et je voulais savoir si je peux utiliser cette partie de votre article dans mon livre: <br /> <br /> "profonde et légère, sombre et ludique, agréable et angoissante, sauvage et planante, lyrique et sarcastique, expérimentale et accessible, subtile et fracassante, hyper-structurée et… bordélique. <br /> Le plus saisissant, c’est qu’il arrive sur certains morceaux à faire coexister toutes ces caractéristiques sans perdre le fil, sans qu’on ait la désagréable sensation d’ingurgiter une bouillie post-moderne. "<br /> <br /> Si vous êtes d'accord, je renseignerai votre nom et/ou lien vers ce site, à voir avec vous.<br /> <br /> Merci de votre réponse et douce journée<br /> <br /> Umâ
Répondre
E
Quel plaisir de redécouvrir cet article, déjà lu à l'époque, alors que je n'étais sans doute pas prêt pour aimer Amon Tobin... Je rattrape mon retard sur sa disco ce week end. J'aime particulièrement Bricolage.
Répondre
G
Merci pour l'info... mais je préfère attendre demain, à la première heure, pour acheter l'album et le découvrir dans son intégralité !
Répondre
A
sur les startings demain pour se procurer le dernier amon tobin "Foley Room", dispos sur son myspace 3 inédits http://myspace.com/tobinamon =) bonne écoute<br /> à bientôt sur nos blogs !
Répondre
G
Heureux que ça t'ait plu ! D'après ce que tu écris sur ton blog, je pense (je l'ai dit et le répète) qu'il te faut au plus vite découvrir son premier album, Bricolage, qui a fait date dans le monde de l'électro par son originalité et sa qualité. Ensuite, écoute son "véritable" premier album, mais paru sous le pseudo de Cujo : "Adventures in foam". Puis les plus récents "Supermodified" et "Out from, out where", excellents aussi, mais plus électro et fracassant.
Répondre
K
dois évidemment y avoir pas de morceaux jazz samplés sur "Permutation" mais étant totalement ignare en jazz, je serais bien incapable de dire d'où ils viennent... en tout cas, c'est vraiment un artiste dont je vais poursuivre la découverte... c'est formidable.
Répondre
G
J'avais tanto tempo ! Je viens de le réécouter (ça faisait longtemps que je ne l'avais pas écouté, et j'avais tort... il est vraiment très bon).<br /> <br /> Marrant, parce que chaque fois que je mettais Nova, j'avais l'impression aussi d'avoir déjà entendu ça ailleurs... <br /> <br /> Ce que tu me disais au début m'étonnait de Tobin, qui a pour habitude de travailler et déformer ses samples de telle façon qu'il soit quasi-impossible de reconnaitre l'original. Je l'ai entendu dire qu'il s'amusait parfois à sampler des sons de morceaux vraiment mauvais, une sorte de "private joke", disant que si les passionnés de sa musique savaient d'ou venaient certains de ses samples, ils seraient... "choqués".
Répondre
K
ouf, je viens de vérifier... c'est effectivement Tobin qui a produit le morceau de Bebel en question et l'origine des samples sont indiquée précisement... comme quoi, on ne lis jamais les notes de pochette !!!
Répondre
K
je viens de regarder les dates des 2 albums !! (celui de Amon date de 1998 et celui de Bebel de 2000) j'ai enfin compris le problème !! c'est Bebel Gilberto qui a pompé sur Amon Tobin !! il faudra que je regarde sur le disque de Bebel, ça doit être marqué parce que là c'est vraiment du repiquage intégral !<br /> <br /> A +
Répondre
K
bizarre parce que je te conseille l'album "Tanto tempo" de Bebel Gilberto, la 1ère piste c'est exactement la même musique en instrumental !!! mais vraiment pareil ! :)<br /> <br /> va sur mon blog, je l'ai mise en écoute, tu pourra comparer, ça saute aux oreilles :<br /> <br /> http://chantsetheres.over-blog.com/article-1255267.html
Répondre
G
Il n'indique rien sur ses disques. Sur son premier, l'indispensable Bricolage que je te conseille particulièrement, il n'a pas mis les samples mais a écrit : "Bricolage : A process which uses given material, given signifiers (a text, a chord sequence) but which creates from these new signifiers, a new reality which is not given." Puis il cite Levi-Strauss "The Bricoleur may not ever complete his purpose but he always puts something of himself into it".
Répondre
K
par contre sur "Nova", il utilise un sample entièrement repiqué sur un disque de Bebel Gilberto (le "Samba da Benção"), j'imagine qu'il a indiqué ça sur son disque ? (j'ai pas la pochette sous les yeux...)
Répondre
K
sur "Fast Eddie" et sans doute sur d'autres pistes, on reconnaît peut être ses origines brésiliennes je trouve, la manière dont il utilise ces samples de flûtes légères, ça rappelle un peu la musique de son pays ;)
Répondre
G
C'est vrai. Sur quasiment tous ses albums (certains plus que d'autres), il incorpore des éléments de musique brésilienne. Comme des rythmes bossa de guitare sur des titres lents et plus apaisés (à la fin de plusieurs albums). Sur un titre de Bricolage, je crois, on a des solos et motifs de flûtes qui font vraiment penser à du Villa-Lobos. Amon Tobin a aussi sorti, sous le nom de Cujo, un album beaucoup plus calme que ce qu'il peut faire d'habitude, où la bossa-nova est omniprésente.
K
tout à fait... et sur le début de "Sordid", on entend un truc un peu étrange à la Bernard Herrmann... pas mal non plus ;)
Répondre
G
Mais après, ça se gâte... le morceau commence très soft, avec des motifs mélodiques assez rêveurs, mystérieux et mélancoliques... puis s'enfonce dans une noirceur violente et speedé, avec les motifs du début qui viennent s'y superposer admirablement..
Répondre
K
le morceau "Reanimator" est absolument génial... j'adore le début de la piste !
Répondre
K
Je suis en train d'écouter le disque "Permutation", la première piste me plaît déjà... ;) merci pour l'info, je ne connaissais pas du tout ce monsieur.
Répondre