Electro 2006 - Rephlex ***
AFX… un des multiples pseudos de Richard D. James, dont la plus célèbre " incarnation " n’est autre qu’Aphex Twin. On a donc affaire ici au nouvel album d’un type qui a précédemment révolutionné la musique électronique. Et cet album est très bon mais… ne révolutionne plus grand chose. Il pourrait très bien dater des années 90, ce qui est tout de même étonnant de la part d’un novateur de la trempe d’Aphex Twin.
Cependant, Chosen Lords n’est pas à proprement parler un véritable nouvel album d’Aphex Twin (ou AFX ou Richard D. James, ou qui vous voulez…). C’est un " best-of " de titres parus il y a peu de manière assez confidentielle, dans une série de vinyles sous le nom d’Analord.
Chosen lords est sans doute l’album le plus accessible d’Aphex Twin. Pour des oreilles frileuses, Selected Ambient Works volume II est trop planant et dépouillé, Come to Daddy trop " hard ", et Drukqs trop déstructuré. Celui-ci n’est trop… rien. D’un point de vue purement esthétique, on peut regretter que le radical Aphex Twin n’ait pas choisi de repousser d’autres limites, d’aller où les autres n’osent pas (ou plutôt ne peuvent pas).
Ce " retour en arrière " se constate à la fois dans les compositions et le son. Au lieu de renouveler son matériel, Aphex Twin a choisi de sortir des placards et de dépoussiérer ses vieux synthés et boîtes à rythmes de la fin des années 80… Ceux qui aiment parleront de son " vintage ", je préfère parler de son " cheap ", parce que j’ai parfois un peu de mal avec ces sons qui me semblent ne pas avoir très bien vieilli. Manipulés par un autre, cela pourrait être insupportable. Agencés et bidouillés par Aphex Twin, ça fonctionne et donne un disque très réussi. Sous les doigts de Jimmy Page, la plus pourrie des guitares sonnera toujours mieux qu’une guitare luxueuse sous les doigts des Kyo…
Rien de bien nouveau, donc, dans cette dernière création d’Aphex Twin… reste un très bon album d’électro. Un album cohérent, inspiré, qui s’écoute avec plaisir, et c’est déjà pas si mal.
Si vous ne connaissez rien d’Aphex twin et si l’expérimentation ne vous fait pas peur, je vous recommande particulièrement : Drukqs (double-album fou et déstructuré, incompris par certains… mais un des meilleurs disques que j’ai jamais écouté, tous styles confondus), le (déjà) " mythique " maxi Windowlicker (1999), Selected Ambient Works (très épuré et minimaliste, dans la lignée d’un Brian Eno), et le maxi Come to Daddy.
Ne manquez pas non plus ses clips monstrueux et déroutants (faut dire qu’ils sont réalisés par Chris Cunningham), ceux de Come to Daddy et Windowlicker. Les œuvres d’Aphex Twin sont bien souvent des expériences extrêmes, aussi terrifiantes que jubilatoires. Que ce soit l’écoute attentive, les oreilles collées aux baffles, de Drukqs ou le visionnage, le son au maximum, du clip de Come to Daddy. Mais rien d’aussi excessif dans Chosen Lords. Aphex twin se serait-il assagi ? Le personnage et créateur le plus dingue de la musique électronique serait-il devenu… normal ? Affaire à suivre…
AFX - Chosen Lords
01 Fenix Funk5
02 Reunion 2
03 Pitcard
04 Crying In Your Face
05 Klopjob
06 Boxing Day
07 Batine Acid
08 Cilonen
09 PWSteal.Ldpinch.D
10 XMD5A