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Classements d'albums

15 mars 2006 3 15 /03 /mars /2006 14:38

Quand j’entends les mots " chanson française ", je sors mon revolver… Cela a été le cas de très nombreuses années. Et pas seulement pour les pénibles Sardou, Obispo, Johnny, Pagny et compagnie… mais aussi pour Brassens, Brel, Ferré et Gainsbourg ! J’avais beaucoup de mal avec Gainsbourg, car je n’en connaissais que les tubes dont la plupart sont loin d’être ce qu’il a fait de mieux. Mais la découverte de L’histoire de Melody Nelson a été un choc. Qui m’a fait revenir sur certains de mes préjugés.

Je vous entends, de l’autre côté de l’écran, me dire " On s’en tape ! Nous raconte pas ta vie, il y a des milliers de blogs insipides faits pour cela... " Vous avez raison, chers lecteurs, mais cette précision s’imposait, car il faut bien que j’avoue être encore loin d’écouter régulièrement de la " chanson française ", loin de prétendre en être un fin connaisseur.

Faut dire aussi qu’entre la soporifique nouvelle scène française, le rock alternatif binaire et la varièt’ lourdingue, on n’est pas gâtés. Heureusement, quelques-uns sortent du lot. Et Dominique A en fait partie. Sans conteste un des plus talentueux et attachant.

 

Talentueux et attachant parce qu’il a, dans les années 90, apporté quelque chose de véritablement nouveau, sans pour autant la ramener. Attachant parce qu’il suit son chemin et qu’on ne le retrouve jamais là où se retrouvent en masse les autres chanteurs français. Attachant parce que c’est un écorché vif qui a l’élégance de ne pas sortir ses tripes sur la table, de ne pas prendre la pose de l’artiste incompris, de ne pas hurler ses douleurs en estimant que la terre entière doit cesser de tourner pour les écouter. Il est plutôt discret, modeste, loin du cynisme ambiant. Sa fragilité, ses visées esthétiques il les assume et les incarne sans jouer le systématique clin d’œil appuyé aujourd’hui de mise. Il n’est pas dépourvu d’humour, de légèreté, de distance, mais son désir, c’est faire de la musique, pas le gros malin dans les médias. Il a des ambitions autres que de simplement amuser la galerie, comme le font Bénabar ou Anaïs, et c’est tant mieux.

 

Venons-en (enfin !) à son dernier album. Première constatation… L’horizon est un très bon cru. C’est dire s’il est réussi, tant Dominique A nous a habitué à un haut niveau de qualité. Peut-être un peu tôt pour le comparer à son précédent album, Tout sera comme avant, aux orchestrations indépassables. Mais aux premières écoutes, L’Horizon n’a pas à rougir face à son génial prédécesseur. Suffit de savoir que c’est du Dominique A pour comprendre que le risque de tomber sur un disque moyen ou médiocre est quasi-nul. Peu savent aussi bien que lui marier la gravité à la légèreté. Grave par sa mélancolie, son exigence, son refus de la mièvrerie et des paillettes. Léger par sa voix aérienne, ses orchestrations subtiles, ses mélodies d’orfèvre. Le single Dans un camion n’est pas son meilleur titre, mais il est en bonne compagnie, avec plusieurs perles. Mention spéciale aux 4 titres en " R ", La Relève - Rouvrir - Retour au quartier lointain et… un trésor, une vraie perle rare, un morceau touché par la grâce, comme jamais ne le sauront les chansons des poids lourds (et légers) de la varièt’, l’incroyablement émouvant (l’expression n’est pas très heureuse, mais " émouvant " est trop faible) Rue des Marais. Loin, très loin au-dessus des rengaines larmoyantes qui font le bonheur des radios et télés.

 

 

1. L’horizon
2. Rouvrir
3. Dans Un Camion
4. Antaimoro
5. La relève
6. Retour au quartier lointain
7. Music Hall
8. Par l’ouest
9. La pleureuse
10. Rue des marais
11. Adieu Alma

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27 janvier 2006 5 27 /01 /janvier /2006 20:41

2005 - Mute ****

Il vous reste un peu de place dans votre discothèque entre vos Sinatra et Johnny Cash ? Alors rangez-y sans attendre ce sublime album de Richard Hawley. Enfin, ne le rangez pas trop vite, car voilà bien le genre d'album que tout être humain qui n'est pas totalement insensible au plaisir adopte naturellement comme disque de chevet.

 

C’est un pur hasard, mais après avoir parlé d’américains excellant dans le " folk anglais " (Espers et Marissa Nadler) ou dignes successeurs des Beatles (Elliott Smith), après des français à mille lieux de ce qui se fait par ici (Jack the Ripper), après des anglais impeccables dans un registre typiquement américain (les 22-20s) , en voilà encore un qui n’est pas né au bon endroit. Un Johnny Cash qui serait peut-être passé du whisky au champagne, mais qui n’aurait pas vendu pour autant son âme... ni complètement renoncé au whisky. Comment ne pas penser à Cash en écoutant Wading through the water ? Il est toujours présomptueux de faire parler les morts, mais on imagine aisément que Cash n’aurait pas renié ce morceau, comme bon nombre des titres de cet album (tel le très country Just like the rain). Cash, donc, mais aussi Scott Walker et Sinatra. Il y a une telle classe dans les chansons de Richard Hawley que Sinatra, à côté, fait figure de petite frappe italo-américaine en survet' et mocassins tout droit sortie des seconds rôles des Sopranos. Là, j’admets que j’exagère quelque peu… Si tous les américains n’ont pas forcément la " classe américaine ", je pense ici à l’autre qui s’étouffe en bouffant des bretzels, certains " non-américains " l’ont, et Richard Hawley en est le plus brillant exemple. Des compositions magnifiques, une chaleureuse, profonde et somptueuse voix de crooner (et dire que certains osent utiliser ce terme pour le grotesque Dany Brillant)… comment peut-il chanter Born under a bad sign ? Quand on a une voix pareille, on est béni des dieux (je parle de Richard Hawley, bien sûr, pas de Dany Brillant...)

Mais la perfection n’étant pas de ce monde, il fallait bien un titre un peu plus faible que les autres, et c’est ici le cas avec le " royorbinsonien " Hotel Room.

Pour conclure avec un argument de poids :  si vous ne faîtes pas fondre l’être aimé avec cet album, c’est qu’il n’y a aucun espoir… ou qu’il est temps de vous faire à l’idée d’une vie monastique…

 

 

Richard Hawley - Coles Corner

1. Coles corner
2. Just like the rain
3. Hotel room
4. Darlin' wait for me
5. The ocean
6. Born under a bad sign
7. I sleep alone
8. Tonight
9. (Wading through) the waters of my time
10. Who's going to shoe your pretty feet
11. Last orders

L'acheter sur priceminister

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21 janvier 2006 6 21 /01 /janvier /2006 00:10

Pop-rock         1998 - Universal/Dreamworks

Après Espers et Marissa Nadler, des américains qui jouent comme s’ils avaient passé leur jeunesse à errer dans les brumes écossaises, après les 22-20s, des jeunes anglais qui font du rock comme s’ils n’avaient jamais connu d’autres paysages que ceux de l’Arizona, voici Elliott Smith, né au Nebraska, qui a grandi au Texas, mais qu’on jurerait être le fils " naturel " de John, Paul et Georges. Avec Ringo qui serait resté à l’écart, ce qui n’est finalement pas une mauvaise chose.

Elliott Smith est à plaindre pour deux raisons. La première, c’est qu’il est mort. En 2003, à 34 ans seulement. Elliott Smith est mort, Michel Sardou est toujours vivant, y a pas de justice. Quoique… c’est voir le verre à moitié vide. Après tout, Claude François est mort, mais Bob Dylan est toujours en vie (croisons les doigts...) 

La 2° c’est qu’il est certainement l’artiste " pop " qui présente le plus grand décalage entre sa " petite " notoriété et son immense talent. Elliott Smith ne mérite pas d’être encore maintenant connu que d’un petit cercle de privilégiés, mais de trôner en tête des ventes d’albums et de voir ses mélodies chantées sous toutes les douches du monde (mais qui chante vraiment sous la douche, du savon, de l’eau et du shampooing plein la bouche ?). Du temps de la beatlesmania, certains disaient qu’on n’avait pas rencontré un tel génie mélodique depuis Schubert. C’est discutable, mais ce qui l’est moins, c’est qu’Elliott Smith est le plus grand créateur de mélodies pop depuis les Beatles. Etonnant d’ailleurs que cet orfèvre des mélodies délicates, subtiles et " charmantes " ait trouvé son public principalement dans le rock indépendant, public nourri aux expérimentations dissonantes de Sonic Youth ou aux morceaux bruts et rigolards des Pixies

Les musiciens apprécieront particulièrement la complexité et l’intelligence de ses harmonies, de son jeu de guitare, de ses arrangements et de ses mélodies (écoutez ne serait-ce qu’Independance day ou Tomorrow, tomorrow pour vous en convaincre). Mais tout le monde peut en saisir la beauté.

Tous les albums d’Elliott Smith sont superbes, mais je recommande particulièrement Xo. Qui, dans une discothèque, peut se ranger sans rougir à côté de Revolver, Sgt Pepper ou du White Album. 14 titres qui sont autant de perles rares de la pop. Mais si l’on songe inévitablement au Beatles en écoutant Elliott Smith, précisons pour ceux qui aiment particulièrement la gaieté des chansons des 4 de Liverpool, que la musique d’Elliott Smith est beaucoup plus mélancolique (sans être véritablement sombre).

Après avoir écouté Xo, procurez-vous Figure 8, plus électrique, plus rock, mais toujours très riche et mélodieux. Puis From a Basement On the Hill, plus tourmenté, et enfin Either Or et Roman Candle, dont il serait stupide de se priver…

Certains pourraient imaginer que j’exagère, mais il n’en est rien. Que celui qui trouve un plus digne successeur des Beatles, un mélodiste aussi brillant me jette la première pierre, pierre que je pourrais attendre encore longtemps…

 

 


 

 

 

 

 

Elliott Smith (1969 - 2003)




XO en écoute intégrale (et gratuite) sur Jiwa, ici.
Elliott Smith chez
Forsaken
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