Pop-rock 1998 - Universal/Dreamworks
Après Espers et Marissa Nadler, des américains qui jouent comme s’ils avaient passé leur jeunesse à errer dans les brumes écossaises, après les 22-20s, des jeunes anglais qui font du rock comme s’ils n’avaient jamais connu d’autres paysages que ceux de l’Arizona, voici Elliott Smith, né au Nebraska, qui a grandi au Texas, mais qu’on jurerait être le fils " naturel " de John, Paul et Georges. Avec Ringo qui serait resté à l’écart, ce qui n’est finalement pas une mauvaise chose.
Elliott Smith est à plaindre pour deux raisons. La première, c’est qu’il est mort. En 2003, à 34 ans seulement. Elliott Smith est mort, Michel Sardou est toujours vivant, y a pas de justice. Quoique… c’est voir le verre à moitié vide. Après tout, Claude François est mort, mais Bob Dylan est toujours en vie (croisons les doigts...)
La 2° c’est qu’il est certainement l’artiste " pop " qui présente le plus grand décalage entre sa " petite " notoriété et son immense talent. Elliott Smith ne mérite pas d’être encore maintenant connu que d’un petit cercle de privilégiés, mais de trôner en tête des ventes d’albums et de voir ses mélodies chantées sous toutes les douches du monde (mais qui chante vraiment sous la douche, du savon, de l’eau et du shampooing plein la bouche ?). Du temps de la beatlesmania, certains disaient qu’on n’avait pas rencontré un tel génie mélodique depuis Schubert. C’est discutable, mais ce qui l’est moins, c’est qu’Elliott Smith est le plus grand créateur de mélodies pop depuis les Beatles. Etonnant d’ailleurs que cet orfèvre des mélodies délicates, subtiles et " charmantes " ait trouvé son public principalement dans le rock indépendant, public nourri aux expérimentations dissonantes de Sonic Youth ou aux morceaux bruts et rigolards des Pixies
Les musiciens apprécieront particulièrement la complexité et l’intelligence de ses harmonies, de son jeu de guitare, de ses arrangements et de ses mélodies (écoutez ne serait-ce qu’Independance day ou Tomorrow, tomorrow pour vous en convaincre). Mais tout le monde peut en saisir la beauté.
Tous les albums d’Elliott Smith sont superbes, mais je recommande particulièrement Xo. Qui, dans une discothèque, peut se ranger sans rougir à côté de Revolver, Sgt Pepper ou du White Album. 14 titres qui sont autant de perles rares de la pop. Mais si l’on songe inévitablement au Beatles en écoutant Elliott Smith, précisons pour ceux qui aiment particulièrement la gaieté des chansons des 4 de Liverpool, que la musique d’Elliott Smith est beaucoup plus mélancolique (sans être véritablement sombre).
Après avoir écouté Xo, procurez-vous Figure 8, plus électrique, plus rock, mais toujours très riche et mélodieux. Puis From a Basement On the Hill, plus tourmenté, et enfin Either Or et Roman Candle, dont il serait stupide de se priver…
Certains pourraient imaginer que j’exagère, mais il n’en est rien. Que celui qui trouve un plus digne successeur des Beatles, un mélodiste aussi brillant me jette la première pierre, pierre que je pourrais attendre encore longtemps…
Elliott Smith (1969 - 2003)
XO en écoute intégrale (et gratuite) sur Jiwa, ici.
Elliott Smith chez Forsaken