2005 - Mute ****
Il vous reste un peu de place dans votre discothèque entre vos Sinatra et Johnny Cash ? Alors rangez-y sans attendre ce sublime album de Richard Hawley. Enfin, ne le rangez pas trop vite, car voilà bien le genre d'album que tout être humain qui n'est pas totalement insensible au plaisir adopte naturellement comme disque de chevet.
C’est un pur hasard, mais après avoir parlé d’américains excellant dans le " folk anglais " (Espers et Marissa Nadler) ou dignes successeurs des Beatles (Elliott Smith), après des français à mille lieux de ce qui se fait par ici (Jack the Ripper), après des anglais impeccables dans un registre typiquement américain (les 22-20s) , en voilà encore un qui n’est pas né au bon endroit. Un Johnny Cash qui serait peut-être passé du whisky au champagne, mais qui n’aurait pas vendu pour autant son âme... ni complètement renoncé au whisky. Comment ne pas penser à Cash en écoutant Wading through the water ? Il est toujours présomptueux de faire parler les morts, mais on imagine aisément que Cash n’aurait pas renié ce morceau, comme bon nombre des titres de cet album (tel le très country Just like the rain). Cash, donc, mais aussi Scott Walker et Sinatra. Il y a une telle classe dans les chansons de Richard Hawley que Sinatra, à côté, fait figure de petite frappe italo-américaine en survet' et mocassins tout droit sortie des seconds rôles des Sopranos. Là, j’admets que j’exagère quelque peu… Si tous les américains n’ont pas forcément la " classe américaine ", je pense ici à l’autre qui s’étouffe en bouffant des bretzels, certains " non-américains " l’ont, et Richard Hawley en est le plus brillant exemple. Des compositions magnifiques, une chaleureuse, profonde et somptueuse voix de crooner (et dire que certains osent utiliser ce terme pour le grotesque Dany Brillant)… comment peut-il chanter Born under a bad sign ? Quand on a une voix pareille, on est béni des dieux (je parle de Richard Hawley, bien sûr, pas de Dany Brillant...)
Mais la perfection n’étant pas de ce monde, il fallait bien un titre un peu plus faible que les autres, et c’est ici le cas avec le " royorbinsonien " Hotel Room.
Pour conclure avec un argument de poids : si vous ne faîtes pas fondre l’être aimé avec cet album, c’est qu’il n’y a aucun espoir… ou qu’il est temps de vous faire à l’idée d’une vie monastique…
Richard Hawley - Coles Corner
1. Coles corner
2. Just like the rain
3. Hotel room
4. Darlin' wait for me
5. The ocean
6. Born under a bad sign
7. I sleep alone
8. Tonight
9. (Wading through) the waters of my time
10. Who's going to shoe your pretty feet
11. Last orders