La licence globale est rejetée, les jeux semblent faits. Des amendes de 38 euros par fichiers téléchargés sont donc prévues. Faut-il baisser les bras, se résigner… bien évidemment, non. Les majors et les parrains de l’industrie musicale nous taxent de délinquants, criminels, pirates, fossoyeurs de la musique. Ne nous laissons plus insulter par ces dinosaures en fin de règne, qu’ils disparaissent avec leur mépris de l’art et leur pingrerie. Profitons-en plutôt pour rebondir, justifier le peer to peer, tenter d’aller plus loin et repenser notre rapport collectif à la musique.
Parce que le combat à mener est celui pour la culture, l’art, la qualité, pas pour que le peuple s’abrutisse et se pourrisse les oreilles avec les daubes de la star academy. Là ou le bat blesse dans notre défense du peer to peer, c’est que les " artistes " les plus insipides et commerciaux sont les plus téléchargés.
Nous sommes au XXIè siècle, il est grand temps d’en finir avec la varièt’ simpliste, bébête ou larmoyante. Nous n’avons plus l’excuse de l’ignorance, le p2p et les blogs sont là pour nous permettre très facilement de découvrir de " vrais " artistes. Une grande partie de la population a été conditionnée par les tubes faciles matraqués par les radios commerciales, qu’ils ouvrent leur esprit et leurs oreilles et comprennent que la qualité artistique n’est pas synonyme de " prise de tête " ou d’ennui.
Ceux qui se plaignent à longueur de forum des attitudes des majors mais téléchargent en masse leurs produits les plus commerciaux sont aussi incohérents et indéfendables que ceux qui pestent contre la pollution et ne trient pas leurs déchets. Nos oreilles n’ont pas pour obligation de se retrouver polluées par les financiers de l’industrie du disque. Les Pascal Nègre, Zazie & co comparent le téléchargement au vol de croissants dans une boulangerie. Laissons-les tenter de nous refourguer leur camelote, mais que les internautes cessent de télécharger et de partager leurs produits (je suis d’accord avec ces comptables de la musique sur un point, partager les albums de Zazie ou Nolwenn Leroy, c’est criminel…)
Le souci principal d’un véritable artiste, ce n’est pas de savoir combien de villas il va pouvoir se payer, mais de s’exprimer, de partager des émotions, une vision du monde et de la société. Il faut que les choses soient claires, que les artistes prennent position, qu’on puisse déterminer qui fait de la musique pour le pognon, et qui estime que la priorité est de faire connaître au plus grand nombre son art (même mineur…) Ces derniers pourront toujours gagner leur vie avec la musique, même s’ils ne voient aucun inconvénient à ce qu’elle circule librement sur le net, car ceux qui l’aimeront vraiment iront les voir en concert et achèteront leur disque pour jouir d’une meilleure qualité de son. Ce n’est pas pour rien qu’un des plus grands musiciens actuels, le génial saxophoniste de jazz Steve Coleman a été un des premiers à défendre le partage de la musique gratuitement sur internet (et il ne roule pourtant pas sur l’or).
Certains artistes de talent se sont déclarés contre le p2p, c’est à nous de leur montrer qu’il est une chance, pas un ennemi.
Les internautes aussi doivent prendre position. Ceux qui téléchargent illégalement des musiques purement commerciales sont en tort. Mais ceux qui téléchargent par amour de l’art, pour découvrir des musiques peu diffusées ailleurs par une légitime et louable soif de culture n’auront rien à se reprocher et seront soutenus avec force par les internautes quand ils se verront sommés de payer ces scandaleuses amendes.
Il est crucial de ne pas tout mélanger. Les albums de Britney Spears, Ricky Martin, Halliday, Machin Pokora, Zazie, Lorie, Chimène Badi, ce n’est pas de la " culture ". On peut s’en dispenser sans crainte de mourir idiot. Par contre, la IX° de Beethoven, le Requiem de Mozart, Kind of blue de Miles Davis, A Love Supreme de Coltrane, Sgt pepper des Beatles ou American recordings de Cash (pour ne citer que quelques exemples parmi des milliers d’autres) sont de grandes œuvres et nous devons tous pouvoir y accéder librement.
Le P2P est un outil formidable, révolutionnaire, qui pourrait permettre à chacun d’enrichir considérablement sa culture musicale, de découvrir des musiques plus exigeantes pour lesquelles beaucoup n’auraient pas dépensés d’argent par crainte d’être déçu par des musiques qu’ils ne connaissent pas.
Arrêtons de nous laisser insulter par les vrais ennemis de la musique, ceux qui la ridiculisent et la rabaissent par des productions putassières. Le meilleur moyen de leur rendre la monnaie de leur pièce, c’est de les ignorer.
J'ai bien conscience du caractère utopique de mon texte, mais puisqu'ils ne veulent pas nous entendre... cessons de les écouter.