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Classements d'albums

5 avril 2007 4 05 /04 /avril /2007 20:45

de David Kamp et Steven Daly.

Un dictionnaire snob du rock, l'idée de départ était bonne. Une occasion d'apprendre des choses, de se marrer et se moquer de ces snobs du rock. Autant dire de nous-mêmes, blogueurs qui prétendons avoir des choses à apprendre à nos congénères, et des albums à faire découvrir. Et quand on a un blog qui s'intitule très modestement..."Art-rock", on rentre direct dans la catégorie des ultra-snobs. Je ne nie pas mon snobisme, je suis le premier à en rire... mais ce qui est assez irritant dans ce bouquin, c'est qu'il donne l'impression que les fanas de rock ne sont que des "snobs" sans passion dont le but est juste de se distinguer... ce qui est très loin de la vérité. Il suffit de jeter un oeil aux articles de la plupart des blogs rock pour s'en convaincre.  Les groupes et albums qu'on encense, on les adore, et le but n'est pas de prendre la pose en sous-entendant "je n'écoute pas les mêmes choses que vous, bande d'abrutis aux goûts déplorables", mais de mettre en valeur des artistes qu'on aimerait partager avec tous. C'est bien parce qu'on est passionné qu'on est exigeant, curieux et parfois intransigeants. Si je considère The Drift de Scott Walker comme le meilleur disque de l'année dernière (voire un des meilleurs disques de rock jamais parus), ce n'est pas pour faire le malin, pour encenser un album effectivement complexe et très loin des goûts du grand public, mais parce qu'il m'a secoué, transporté, envoûté, dérouté, fasciné.  

Bref... revenons-en au bouquin... bonne idée de départ, donc, mais à l'arrivée, grande déception. Pas de quoi se tordre de rire, et pas grand chose à se mettre sous la dent. Les érudits trouveront cela bien trop léger, et les novices seront souvent paumés. 

Le pire est que ce dictionnaire ne donne justement pas envie de découvrir. Les articles sur les groupes et chanteurs sont trés courts (en même temps, c'est un peu nomal pour un dictionnaire), rarement drôles (on sourit parfois, encore faut-il être bien disposé), et assez plats. Les auteurs semblent ne pas avoir choisi leur camp, on ne sait jamais trop s'ils tournent en dérision ou approuvent  les goûts des "rockologues" (terme qu'ils emploient pour les snobs du rock), ils tombent dans les travers qu'ils dénoncent (le mot est un peu fort, ils ne dénoncent pas grand chose), mais sans jamais aller au fond de quoi que ce soit. Rien de très acerbe, rien d'hyper-snob, rien d'hilarant, pas de critiques virulentes... tout cela reste bien mou, donc très peu rock'n'roll.  

Peut-être suis-je un peu sévère, mais on est habitué à lire - pour pas un rond - tant de bons articles sur les blogs, bien plus drôles et pertinents que ce dictionnaire, qu'on regrette les 15 euros dépensés pour si peu. Je ne citerai pas mes talentueux camarades d'over-blogs (si j'en cite un ou deux, les autres m'en voudront à mort), mais un blog que certains par ici ne doivent pas connaître, l'indispensable Un violon, un jambon, qui en quelques lignes par article est chaque fois bien plus drôle, érudit et "snob" - avec classe et désinvolture - que ne l'est ce Dictionnaire snob du rock.  

Enfin, si vous souhaitez vraiment lire un bon bouquin sur le rock, optez plutôt pour le remarquable Les Héros Oubliés du Rock'n'Roll du grand Nick Tosches. D'autant plus qu'il surclasse tous les snobs du rock. Il dresse des portraits passionnants de ces "oubliés" des années 40-50 et, à le lire, le rock'n'roll, le vrai, date d'avant Elvis. Puisqu'il est question de snobisme, autant y aller à fond, je ne vais pas me gêner pour m'auto-citer : dans les commentaires de l'article d'Alex La Baronne 10 trucs et astuces pour vous faire traiter de snobinard en toutes circonstances, j'écrivais qu'on aurait pu penser que le comble du snobisme rock était le fameux "le rock ? il est est mort le jour qu'Elvis est parti à l'armée". Mais Nick Tosches les bat tous avec son "le rock ? Il est mort le jour où Elvis est rentré pour la première fois dans les studios de Sun".

 

En vrac, pour terminer quelques uns de mes petits "snobismes rock" (sauf, encore une fois, que ce n'est en rien pour "ne pas faire comme tout le monde", mais c'est ainsi que je vois les choses) :

- Hail to the thief est le meilleur album de Radiohead, devant Kid A et OK Computer.

- Je déteste Pet Sounds des Beach Boys, et j'adore Trout Mask Replica de Captain Beefheart.

- J'ai longtemps snobé Hendrix.... préférant 1000 fois le jeux de guitare de Lee Ranaldo et Thurston Moore.

- Les Strokes sont trop commerciaux à mon goût, je préfère infiniment les Liars.

- Je n'échangerais pas un morceau des Pretty Things contre l'intégrale des Stones.

- Je n'ai pas été déçu par 100thWindow de Massive Attack ou Lullabies to Paralyze de Queens of the Stone Age, je les trouve aussi bons que leurs illustres prédécesseurs.

- Les Doors sont un de mes groupes préféré (voire mon groupe préféré), mais je ne supporte pas Light my fire.  

- Le meilleur album rock de l'année, pour l'instant, je suis pas loin de penser que ce n'est sûrement pas le Neon Bible d'Arcade Fire, mais celui, instrumental, des quasi-inconnus Grails : Burning off Impurities.

Et ce ne sont que quelques exemples... je pourrais continuer comme ça encore longtemps... Il suffit d'ailleurs de consulter mon classement "évolutif" des meilleurs albums de l'année (cf. lien sur la colonne de gauche), il est suffisamment éloquent... d'ailleurs, diffuser son classement, et imaginer que cela intéressera du monde, c'est déjà pas mal snob...   

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2 avril 2007 1 02 /04 /avril /2007 16:06

Hip-Hop        03/2006   Def Jux ****

Si vous pensez que la musique, dans un morceau de rap, se limite à un sample piqué sur un disque de funk... le dernier El-P vous prouvera le contraire. D'une richesse étonnante, la plupart des morceaux de l'album foisonnent d'inventivité, de sons, et ceux qui parlent sans connaître de la "pauvreté musicale" du rap en seront pour leurs frais. L'album contient beaucoup plus d'idées que n'en auront eu pas mal de groupes de rock dans toute leur carrière. Mais pas de virtuosité gratuite ou de démonstration ici, la profusion n'a qu'un objectif : terrasser l'auditeur.  

Si vous pensez que le rap, ce sont des types qui font la fête autour d'une piscine et parlent de grosses bagnoles en draguant des bimbos siliconnées... rien de tout cela dans I'll Sleep when you're dead, qui ressemble plus à la bande-son de l'apocalypse qu'à la bande-son de vidéos hip-hop calibrées pour MTV.

Si vous pensez que les rappeurs sont fermés sur eux-mêmes... El-P a collaboré sur cet album avec des artistes aussi différents que Trent Reznor (Nine Inch nails), Chan Marshall (Cat Power), The Mars Volta, Matt Sweeney, et TV on the Radio. Du beau monde, donc...

Si vous pensez que la seule référence cinématographique des rappeurs est Scarface... l'album s'ouvre sur un texte tiré de Twin Peaks de Lynch (ce qui n'est pas pour me déplaire...)  

Si vous pensez qu'il n'y a pas de zolies mélodies sentimentales dans le rap... là, ce n'est pas ce disque qui vous démentira. Pas de joliesse, mais une puissance et une tension démentielles. A un point tel qu'il faut être en bonne forme pour l'écouter sinon, on en ressort essoufflé au bout de 3-4 titres. Il est sur ce point comparable au "chef-d'oeuvre" du rap, Fear of a Black Planet de Public Enemy, disque éprouvant s'il en est par son énergie. Pas de véritable intérêt à écouter en fond sonore I'll sleep when you're dead, c'est une expérience qui se vit toutes baffles dehors, pas un disque "sympa et funky"... Si je ne me retenais pas, je dirais bien que c'est une bombe, une tuerie, un disque qui déchire sa race, ce qui est vrai, mais j'ai passé l'âge d'employer ce genre de termes. Je me contenterai de dire qu'il est sombre, intense, riche et puissant comme peu d'albums le sont, tous genres confondus.

El-P avait déjà marqué le monde du hip-hop avec son précédent album, Fantastic Damage, il place la barre encore plus haut avec cet album magistral.

Pas le titre le plus riche de l'album, mais un excellent titre, le premier single (à écouter fort, où à ne pas écouter du tout) :

Smithereens

 

El-P - I'll Sleep when You're Dead

Tasmanian Pain Coaster
Smithereens (Stop Cryin)
Up All Night
EMG
Drive
Dear Sirs
Run The Numbers
Habeas Corpses (Draconian Love)
The Overly Dramatic Truth
Flyentology
No Kings
The League of Extraordinary Nobodies
Poisenville Kids No Wins Reprise (This Must Be Our Time)

Le hip-hop est en grande forme en ce début d'année : cf le très bon Abandoned Language de Dälek (chronique chez Systool, et sa chronique de l'album d'El-P, ici).

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31 mars 2007 6 31 /03 /mars /2007 15:34

       Nouvelle rubrique, sur les chansons "d'exception" de l'année, et je l'inaugure par une... triple exception ! La première, c'est que Stuck in the Sound est un groupe français et que ceux qui me lisent savent qu'il risque d'y en avoir très peu. La deuxième est que cette chanson date d'il y a déjà quelques années (et l'album n'est sorti qu'en novembre 2006). La troisième... c'est que cette chanson n'est pas si "exceptionnelle" que cela, elle donnera à certains une impression de "déjà-entendu". Mais elle est d'une telle efficacité que je ne pouvais l'éviter. Et des français qui viennent narguer les Franz Ferdinand & co sur leur propre terrain, c'est pas tous les jours qu'on en rencontre. On pense au rock anglais du moment, mais aussi aux Pixies et At The Drive In (leurs références, et c'est encore plus net sur l'album).

J'ai découvert ce groupe via cet excellent article (l'article a disparu) sur les groupes rock français indés du moment, et leur single Toy Boys ne me lâche plus depuis. Intense, plaisant et accrocheur comme pas deux, même moi qui ne suis pas un inconditionnel de Franz Ferdinand, Kaiser Chiefs et autres Bloc Party, je l'ai trouvé irrésistible. A la première écoute, on est étonné de trouver une telle qualité chez un groupe de rock français, puis après une 2° et une 3° écoute, on cède et on ne peut plus s'en passer. A moins d'être encore plus réfractaire à ce genre que je ne le suis.

L'album, sans être exceptionnel ou révolutionnaire, est plutôt pas mal... si vous avez définitivement renoncé au rock français après avoir lu des critiques rock considérer les fades Plasticines comme le renouveau du rock en France, Stuck in the Sound saura vous convaincre qu'il y a encore de l'espoir : 


Stuck In The Sound - Toy Boy




Stuck in the Sound sur Myspace      

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