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4 mai 2007 5 04 /05 /mai /2007 09:58

Si Sarkozy passe... sale temps pour les amateurs de musique.
 
Le candidat de TF1, on connait son "clientélisme", va bien évidemment favoriser la "sous-culture TF1" de son grand pote Martin Bouygues, d'autant plus qu'il sera le premier président de la France a se vanter de n'avoir que peu d'intérêt (voire pas du tout) pour la culture.  
Chirac était cultivé, mais a toujours eu un complexe (notamment par rapport à Mitterrand) et s'est déprécié sur ce terrain. Sarkozy, ce n'est pas seulement la droite "décomplexée", c'est aussi "l'inculture décomplexée".  
 
Avec TF1 et Pascal Nègre qui le soutiennent activement, c'est toute une "idée" de la musique qui est derrière lui. La star academy, la musique commerciale hyper-marketée et creuse (triple pléonasme), la loi DADVSI (que Royal et Bayrou voulaient abroger)... DADVSI, parlons-en. C'est 3 ans de prison et 300 000 euros d'amende pour les internautes qui ont le malheur de ne pas aimer les musiques diffusées en masse par NRJ, TF1, France 2, M6, Skyrock, Fun radio & co, et qui ont besoin de télécharger pour découvrir facilement et sans se ruiner de nouvelles choses. Non seulement il sera plus dur d'avoir accès à la musique "non estampillée TF1", mais en plus cette loi va s'appliquer plus systématiquement.
 
Pourquoi n'a-t-on que peu entendu parler de procès contre les internautes ces derniers mois ? Parce que DADVSI est très impopulaire sur le web. Parce qu'elle a suscité beaucoup de polémiques... et il ne fallait pas faire de vagues avant le sacre de Sarkozy. Mais une fois élu, ce sera autre chose. Il aura les pleins pouvoirs, le souci de renvoyer l'ascenseur à Pascal Nègre et d'appliquer sa politique répressive et liberticide.  
 
De la même manière, le projet de contrôle des blogs et du web de RDDV, impopulaire lui aussi et mis de côté pour la campagne, va pouvoir revenir en force.  
 
Sale temps, donc, pour ceux qui aiment partager des musiques dont ils ne détiennent pas les droits sur les forums, blogs, web-radios, qui se font découvrir des oeuvres par des vidéos youtube, dailymotion... Ce système était encore toléré, il aurait continué à l'être avec Royal ou Bayrou, nul doute qu'il sera fortement remis en cause par Sarkozy, candidat de TF1, Pascal Nègre et des majors. Qui rappelleront à votre bon souvenir que pour écouter de la musique, il faut la payer !
 
Mais ne soyons pas trop négatifs. Il y aura au moins une chose qui s'améliorera et gagnera en intensité et subversion : le RAP !  
Sarkozy a misé sur les peurs, est allé sur les terres de Le Pen en jouant sur le "diviser pour mieux régner", mettant dos à dos deux France, stigmatisant la jeunesse des banlieues qui se sent attaquée par ses provocations. Ils vont trouver une bien belle occasion de durcir leur discours, de se poser encore plus en victimes, de légitimer leur révolte. Ils seront critiqués durement par le gouvernement, ce sera l'escalade, entre provocations d'un côté, censure de l'autre, une partie de la jeunesse qui va y adhérer totalement par envie de rébellion dans une France réactionnaire où on ne leur parlera que de travail et valeurs morales. Le rock va prendre un coup de vieux, face au rap qui se posera comme le seul cri de révolte véritablement subversif et pertinent en France.
 
Mais, à tout prendre, je préfère encore entendre du mauvais rap dans une société où l'on prône la conciliation au rap plus efficace et urgent dans une société répressive et violente...
  

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30 avril 2007 1 30 /04 /avril /2007 16:41

Guy Birenbaum, sur son excellent blog, a mis en ligne une partie du discours d'hier de Sarkozy à Bercy. C'est tellement énorme que je ne peux m'empêcher d'en commenter certains extraits :

ce fut la communion, ce fut la gravité presque religieuse, ce fut l'espérance, ce fut non les applaudissements mais cette sorte de prière silencieuse que cent mille personnes m'adressèrent. Ce qui sortit de cette réunion ce ne fut pas pour la campagne à venir qu'un supplément de force, de détermination et d'ardeur. Ce fut un supplément d'âme.

La dimension christique de son discours au soir du premier tour m'avait déjà choqué, et voilà qu'il en remet une couche. Ce n'était pas anecdotique, il mélange la politique et le religieux, comme son "modèle" Bush.   

 

Tous ces sans grade, tous ces anonymes, tous ces gens ordinaires auxquels on ne fait pas attention, que l'on ne veut pas écouter, que l'on ne veut pas entendre.
C'est pour eux que je veux parler.
Je veux être leur porte-parole.
Je veux être celui qui leur redonnera la parole et qui leur redonnera le pouvoir.
Je veux être leur candidat. Je veux être le candidat du peuple et non celui des médias, celui des appareils, celui de tel ou tel intérêt particulier.

 

Là aussi, il continue sur ce qu'il disait le 22 avril, dans un effarant (et effrayant) exercice de démagogie. Le maire de Neuilly, l'ami des patrons, d'Elkabbach, Bouygues, Lagardère et autres magnats de la presse serait le... candidat du peuple et non celui des médias ? Comme disait l'autre, plus le mensonge est gros...

 

Le mot « morale » ne me fait pas peur. La morale, après mai 68, on ne pouvait plus en parler. C'était un mot qui avait disparu du vocabulaire politique. Pour la première fois depuis des décennies, la morale a été au coeur d'une campagne présidentielle. Mai 68 nous avait imposé le relativisme intellectuel et moral. Les héritiers de mai 68 avaient imposé l'idée que tout se valait, qu'il n'y avait aucune différence entre le bien et le mal, entre le vrai et le faux, entre le beau et le laid.

Voyez comment l'héritage de mai 68 a liquidé l'école de Jules Ferry qui était une école de l'excellence, une école du mérite, une école du respect, une école du civisme, une école qui voulait aider les enfants à devenir des adultes et non à rester de grands enfants, une école qui voulait instruire et non infantiliser, parce qu'elle avait été construite par de grands républicains qui avaient la conviction que l'ignorant n'est pas libre.
Voyez comment l'héritage de mai 68 a liquidé une école qui transmettait une culture commune et une morale partagée grâce auxquelles tous les Français pouvaient se parler, se comprendre, vivre ensemble.


Mai 68 a détruit l'école qui voulait instruire et non infantiliser ? Il se trompe de cible. Ou il en oublie une de taille. Les principaux responsables de l'infantilisation, du mépris pour la culture étaient tout près de lui, bien mis en évidence, dans les tribunes, et il leur a même laissé la parole... ce sont ses amis et soutiens "people". Avec, notamment, tout TF1. Les "héros" des séries TF1 : Véronique Genest, Roger Hanin, Mimie Mathy, Bernard Tapie et son animateur "vedette", Arthur. Sans parler de son grand ami Martin Bouygues, qui était là lui aussi ! Et pour ceux qui n'ont jamais vu, ne serait-ce que dans le zapping, les piques déplacées de Jean-Pierre Pernaut, dans son JT de 13h, contre Royal, jetez un oeil à votre programme télé. Quel sujet "Le Droit de savoir" de Charles Villeneuve va-t-il traiter demain, dans son numéro précédant l'élection : Faux chômeurs, Rmistes fraudeurs et malades imaginaires : enquête sur la France qui triche. Difficile de faire plus sarkozyste. Ils auraient pu intituler leur numéro "Votez Sarkozy", ça aurait été du pareil au même. Bref... pour en revenir aux "valeurs", au "beau" et à "l'instruction" qu'il prétend défendre contre Mai 68, c'est cocasse de le dire en mettant en valeur le "pire" de ce que la France compte comme artistes de pacotilles et débilitants. Ceux cités ci-dessus pour la télé, avec aussi Doc Gyneco, Carlos, Johnny, Barbelivien, Gilbert Montagné, Sardou, Chimène Badi, Sevran pour la chanson, Clavier et Reno pour le cinéma, Bigard et Michel Leeb comme humoristes (enfin, humoriste, faut le dire vite). Et Paul-Loup Sulitzer, Steevy, Bouvard, Collaro, Thierry Roland... Certes, il y en a bien 2-3 que je n'ai pas cité qui sont un peu moins ridicules que cette bande de bras-cassés. Mais dans l'ensemble, on a tous les apôtres du divertissement infantilisant et les plus racolleurs des vendeurs de soupe. Contrairement à ce que dit Birenbaum, je ne pense pas que ces soutiens soient "secondaires" (même s'il a raison quand il dit qu'à lui seul le discours de Sarkozy est suffisamment éloquent), ils en disent beaucoup sur qui est vraiment Sarkozy, sur ce qu'il défend réellement. Et nul doute que ce n'est ni l'exigence artistique, ni la culture. 

 

Voyez comment l'héritage de mai 68 a introduit le cynisme dans la société et dans la politique.
Voyez comment le culte de l'argent roi, du profit à court terme, de la spéculation, comment les dérives du capitalisme financier ont été portés par les valeurs de mai 68. Voyez comment la contestation de tous les repères éthiques, de toutes les valeurs morales a contribué à affaiblir la morale du capitalisme, comment elle a préparé le terrain au capitalisme sans scrupule et sans éthique des parachutes en or, des retraites chapeaux et des patrons voyous, comment elle a préparé le triomphe du prédateur sur l’entrepreneur, du spéculateur sur le travailleur.

 

De pire en pire. Comment peut-on laisser un candidat à la présidentielle balancer des mensonges pareils ? Le culte de l'argent roi, du profit à court terme, les dérives du capitalisme sont la cause de mai 68 ? Le capitalisme, c'était mieux avant, c'était plus moral ?

Les ouvriers exploités et traités comme du bétail dans l'Europe du XIXème siècle, c'est la faute de mai 68 ?

Les industriels américains qui ont investi dans l'allemagne nazie des années 30-40, c'est la faute de mai 68 ?

L'importation américaine d'esclaves africains aux XVIIIème et XIXème siècles, c'est la faute de mai 68 ?  

Germinal, Zola l'a écrit après mai 68 ?

Quel incroyable exercice de révisionnisme historique. Le culte de l'argent roi, les dérives capitalistes, les industriels n'ont pas attendu mai 68 pour s'y vautrer. L'homme est ce qu'il est, il n'a nul besoin de tel ou tel socle idéologique pour exploiter d'autres hommes, abuser de son pouvoir et faire preuve de cynisme.     

 

Voyez-la, écoutez-la cette gauche héritière de mai 68 qui est dans la politique, dans les médias, dans l'administration, dans l'économie, cette gauche qui a pris goût au pouvoir, aux privilèges, cette gauche qui n'aime pas la nation parce qu'elle ne veut plus rien partager.

 

Cette gauche dans les médias ? Dans le plus puissant des médias français, TF1, j'ai du mal à cerner où est la gauche. Par contre, la droite, c'est facile, suffit de regarder les "people" présents à son meeting. Et s'il y avait une véritable gauche dans les médias, elle ne laisserait pas passer un discours aussi scandaleux et populiste. Elle trainerait Sarkozy plus bas que terre. Je ne me sens pas particulièrement de gauche, je ne crois pas aux beaux discours socialistes et à ceux de l'extrême-gauche, je n'ai aucune sympathie pour Royal... mais là, je ne peux qu'être effaré de lire de tels propos de la part d'un candidat à la présidence. Donc, si même moi, je trouve ça inadmissible, j'imagine que tous ces "médias de gauche" ne le laisseront pas passer. Tous ces médias soit disant de gauche, qui en ont fait des tonnes sur la "bravitude" de Royal, qui ont jugé de son incompétence à la suite de ce terme anecdotique et d'une bête histoire de sous-marins (question à laquelle Sarkozy n'a pas su donner la bonne réponse non plus...), tous ces médias de gauche, s'ils le sont vraiment, vont se ruer sur ce texte, autrement plus consternant que les "bourdes" de Royal, pour démolir Sarkozy. A moins qu'ils soient aux ordres, ce qui est impensable dans une démocratie moderne, non ?

Si vous voulez en lire plus (faut être un peu maso...), rendez-vous sur le blog de Guy Birenbaum. 

Désolé pour ce nouvel article où je ne parle pas de musique... mais quand je tombe sur un truc pareil, ça me fout en l'air et j'ai un peu de mal à écrire sur tel ou tel album, aussi bon soit-il... Mais cet article a aussi sa place ici. Car, en France, l'ennemi - le vrai - de l'art, de la musique, de la culture, c'est bien TF1... donc, Sarkozy... sans même parler de la Star Academy, symbole de la nullité culturelle moderne, que l'on doit à TF1 et Pascal Nègre (qui est bien entendu lui aussi dans le comité de soutien de Sarkozy).  

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27 avril 2007 5 27 /04 /avril /2007 14:22

Hip-Hop       1990 - Def Jam *****

Le point commun entre le be-bop, Steve Coleman, et Fear of a Black Planet de Public Enemy ? Rendre la musique plus "noire", voire même écarter le public blanc.

Le be-bop est la révolution esthétique la plus importante de l'histoire du jazz. Les noirs-américains des années 40, frustrés des constantes discriminations et inégalités sociales alors qu'ils envoient en masse les leurs mourir à la guerre "pour la patrie", commencent à affirmer clairement leur mécontentement. Ils revendiquent le droit au respect... et les jazzmen ne seront pas en reste. Il fallait en finir avec les big-bands swing, destinés à faire danser les blancs, car les musiciens jazz en ont assez de jouer les "faire-valoir". Ils vont abandonner ces grands effectifs, accélerer les tempos de telle sorte que cela devienne "indansable" pour les blancs, et complexifier considérablement leur musique, histoire de prouver qu'ils sont de grands musiciens dont l'art n'est pas un art "mineur".

  

Le jazz est devenu, depuis la fin de l'ère free-jazz, plus lisse, acceptable, taillé pour les "élites" blanches. Mais Steve Coleman, grand militant pour la cause noire, a une démarche qui rappelle par certains côtés celle du be-bop. Des emprunts au hip-hop (particulièrement sur un album dont j'ai déjà parlé, The way of the cipher), une musique intense, où le rythme et le groove sont mis à l'honneur. Mais un grove dense, sombre, rien à voir avec le groove putassier du r'n'b actuel. Il en est de même avec ce Fear of a Black Planet, sans doute l'album le plus "noir" et groove de Public Enemy, symbole vivant du rap engagé et contestataire. Très peu des quelques éléments rock présents dans leurs autres albums, des samples et lignes de basses hérités du funk (mais un funk souvent plus martial et tendu que festif), des sons qui fusent dans tous les sens, illustrant cette idée de "jungle urbaine" que l'on retrouvait dans certains orchestres de jazz... bref, leur musique est noire, et fière de l'être. Cette imparable machine à groover est aussi... particulièrement éreintante. Comme le bop - trop rapide et riche pour les blancs en quête de musiques agréables et divertissantes - Fear of a black planet est bien trop épuisant pour un auditeur lambda (c'est pourquoi je le prenais comme référence en parlant de l'excellent dernier album d'El-P). Sans concessions, cet album-manifeste ne chercher pas à rallier à sa cause le grand public, il s'adresse à tous ceux qui ont la rage au ventre et l'énergie suffisante pour ne pas décrocher, exténués, après quelques titres. Et ils sont nombreux, comme le prouvent la fascination qu'il suscite et sa place déterminante dans l'histoire des musiques populaires modernes (un Never Mind the Bollocks pour les noirs, en quelque sorte). Le moins que l'on puisse dire, c'est qu'il est toujours d'actualité, la "peur d'une France colorée" s'étant massivement exprimée dans les urnes il y a quelques jours...

 

J'hésitais à placer la vidéo de l'incontournable Fight The Power, ce qui sera peut-être (malheureusement) plus pertinent après le 6 mai (néanmoins, vous pouvez la visionner ici). J'opte plutôt pour Burn Hollywood Burn, où Chuck D. (le leader de Public Enemy), est suivi par deux guests de luxe, Ice Cube et Big Daddy Kane :   

 

 

...
 
Public Enemy - Fear of a Black Planet

1. Contract On The World Love Jam
2. Brothers Gonna Work It Out
3. 911 is a Joke
4. Incident at 66.6 FM
5. Welcome To The Terrordome
6. Meet The G That Killed Me
7. Pollywanacraka
8. Anti-Nigger Machine
9. Burn Hollywood Burn
10. Power To The People
11. Who Stole The Soul
12. Fear Of A Black Planet
13. Revolutionary Generation
14. Can't Do Nuttin' For Ya Man
16. Leave This Off Your Fuckin Charts
17. B Side Wins Again
18. War At 33 1/3
19. Final Count Of The Collision Between Us And The Damned 
20. Fight The Power 


Autre chronique :


Public Enemy - How you Sell Soul to a Soulless People who sold their soul

 
 
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