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7 mai 2007 1 07 /05 /mai /2007 18:34

Thrash Metal     1986 - American Recordings *****

 

 Reign-In-Blood-cover.jpg

J'aurais bien aimé vous parler des très bons derniers albums de ces femmes subtiles et délicates : Marissa Nadler, Keren Ann ou Bebel Gilberto. Cette dernière, notamment, dont le  Momento est un irrésistible album suave, sensuel et mélodieux... mais je ne sais pas pourquoi, alors que Fab et Thom en ont déjà parlé il y a quelque temps (cf. liens à la fin de l'article), l'élection de notre vénéré président m'incite plutôt à écrire sur Reign In Blood. Non pas que je veuille jouer les Cassandre et vous assurer que les cinq années à venir seront sanglantes (il existe tout de même un mince espoir que celui dont les amis disent que l'expression qui le définit le mieux est "il ne peut pas s'empêcher" arrive à se retenir d'appuyer sur le petit bouton rouge), mais le chef-d'oeuvre ultime du metal est ce qui existe de mieux pour défouler ses frustrations les plus violentes. Un tel condensé de haine, on n'avait jamais entendu ça avant, et ceux qui voudront aller plus loin après souffriront la comparaison avec Reign In Blood. Certes, on peut jouer plus vite, plus fort... mais des riffs, rythmiques et chants d'une telle efficacité, où chaque note suinte le mal, c'est indépassable. Beaucoup de groupes ont bien plus joué sur le satanisme que Slayer (tels les grotesques groupes de black metal et leurs déguisements d'halloween), mais ne vous y trompez pas, si le prince des ténèbres était une musique, il serait celle de Reign In Blood. La pochette le suggère, la musique le confirme. Pas de compromis, de nuances, de claviers moyen-new-ageux, de joliesse, pas d'intros en arpèges à la guitare acoustique, de solos tape-à-l'oeil, de ballades pour passer sur MTV, d'hymnes fédérateurs et sympas pour gros stades, bref, rien de ces clichés qui font partie du cahier des charges de la plupart des groupes de metal. Slayer fait passer ses concurrents pour des rigolos, et ses suiveurs pour... de vulgaires disciples. En moins de 30 mn, le rouleau-compresseur Reign In Blood détruit tout sur son passage. Un mélange de punk et de metal... mais jamais le punk n'a été aussi sauvage et hargneux, jamais le métal n'a été aussi puissant.

Reign In Blood est une bénédiction pour tous les psychopathes de la terre. Car leur folie - pas plus que la pédophilie ou le suicide - n'est génétique, contrairement à ce que voudrait nous faire croire qui vous savez, mais peut se soigner très facilement en administrant de régulières doses de Reign in Blood. Cet album fait ressortir ce qu'il y a de plus mauvais en vous, il incarne puis expulse vos sentiments les plus violents. C'est Reign In Blood qui a fait de moi l'être exquis que je suis devenu (le premier ****** qui ironise là-dessus dans les commentaires, je viendrais personnellement lui exploser sa **** **** de ****). Quand les pulsions les plus noires tentent de monter à la surface, une bonne dose de Reign In Blood est l'idéal pour les libérer et s'en défaire. D'ailleurs je ne saurais que le conseiller à notre bien aimé président, qui n'aurait plus besoin d'aller jouer les caïds en banlieue entouré de 300 CRS pour balancer des insultes à la populace et se sentir puissant. Un petit coup de Reign In Blood saura, une fois l'écoute terminée, l'apaiser et le rendre doux comme un agneau, fin prêt pour parler aux jeunes de respect et de fraternité plutôt que de karcher et de racailles.

 

 Après, l'effet inverse est aussi à craindre. Reign In Blood peut réveiller le psychopathe qui sommeille en chacun de nous. Comme les électrochocs, c'est un traitement radical qui, selon les cas et les doses, soigne ou crame le cerveau. Un étudiant, sur les campus américains, qui se balladerait avec un flingue dans la poche et Reign In Blood dans son lecteur mp3, mieux vaut ne pas s'en approcher de trop près...   

Si vous n'êtes qu'amour et bonté, cet album ne vous touchera pas. Il est l'album le plus "mauvais" de l'histoire. Mauvais - dans le sens de raté - pour ceux qui ne peuvent s'y plonger (et je les comprends) parce qu'il est trop brutal et violent,  mais surtout mauvais dans le sens de "méchant"... en fait un terme bien trop faible pour le décrire. Haine, violence, noirceur, hargne... tous ces mots sont très en deçà de ce qu'il véhicule. C'est ce qui en fait une grande oeuvre musicale (la seule du metal, à mon avis), car elle va bien au-delà des mots, elle met en musique l'indicible, des pulsions enfouies trop profondément  et trop extrêmes pour être nommées. Bach a su porter la spiritualité, le sentiment religieux à de telles hauteurs que les termes "spiritualité" et "sentiment religieux" semblent fades pour décrire les choeurs de ses Passions... il en est de même avec la violence et la haine pour Slayer.

Angel Of Death ouvre l'album magistralement, on se dit qu'après une telle déflagration sonore la tension ne peut que baisser... et pourtant, les morceaux se succèdent, implacables, avec une énergie qui ne retombe jamais. L'album a 21 ans, le groupe a vieilli, s'est un peu "empâté"... mais pas leur musique, toujours aussi tranchante et dévastatrice, comme le prouve cet extrait d'un concert filmé il y a quelques années  :

 

Slayer -  Angel of Death

 

 

 

Slayer - Reign In Blood

      1. Angel Of Death
      2. Piece By Piece
      3. Necrophobic
      4. Altar Of Sacrifice
      5. Jesus Saves
      6. Criminally Insane
      7. Reborn
      8. Epidemic
      9. Postmortem
      10. Raining Blood

 

Autres chroniques de l'album :

Fab

Thom

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6 mai 2007 7 06 /05 /mai /2007 19:15

Cet article de Philippe Sollers est particulièrement d'actualité aujourd'hui. Il est même plus que d'actualité, c'est le commentaire le plus pertinent qui soit sur cette élection... qui date pourtant de 1999. 

 

ELLE ÉTAIT là, elle est toujours là ; on la sent, peu à peu, remonter en surface : la France moisie est de retour. Elle vient de loin, elle n’a rien compris ni rien appris, son obstination résiste à toutes les leçons de l’Histoire, elle est assise une fois pour toutes dans ses préjugés viscéraux. Elle a son corps, ses mots de passe, ses habitudes, ses réflexes. Elle parle bas dans les salons, les ministères, les commissariats, les usines, à la campagne comme dans les bureaux. Elle a son catalogue de clichés qui finissent par sortir en plein jour, sa voix caractéristique. Des petites phrases arrivent, bien rancies, bien médiocres, des formules de rentier peureux se tenant au chaud d’un ressentiment borné. Il y a une bêtise française sans équivalent, laquelle, on le sait, fascinait Flaubert. L’intelligence, en France, est d’autant plus forte qu’elle est exceptionnelle.

La France moisie a toujours détesté, pêle-mêle, les Allemands, les Anglais, les Juifs, les Arabes, les étrangers en général, l’art moderne, les intellectuels coupeurs de cheveux en quatre, les femmes trop indépendantes ou qui pensent, les ouvriers non encadrés, et, finalement, la liberté sous toutes ses formes.

La France moisie, rappelez- vous, c’est la force tranquille des villages, la torpeur des provinces, la terre qui, elle, ne ment pas, le mariage conflictuel, mais nécessaire, du clocher et de l’école républicaine. C’est le national social ou le social national. Il y a eu la version familiale Vichy, la cellule Moscou-sur-Seine. On ne s’aime pas, mais on est ensemble. On est avare, soupçonneux, grincheux, mais, de temps en temps, La Marseillaise prend à la gorge, on agite le drapeau tricolore. On déteste son voisin comme soi-même, mais on le retrouve volontiers en masse pour des explosions unanimes sans lendemain.

[...]

Oui, finalement, ce XXe siècle a été très décevant, on a envie de l’oublier, d’en faire table rase. Pourquoi ne pas repartir des cathédrales, de Jeanne d’Arc, ou, à défaut, d’avant 1914, de Péguy ? A quoi bon les penseurs et les artistes qui ont tout compliqué comme à plaisir, Heidegger, Sartre, Joyce, Picasso, Stravinski, Genet, Giacometti, Céline ? La plupart se sont d’ailleurs honteusement trompés ou ont fait des oeuvres incompréhensibles, tandis que nous, les moisis, sans bruit, nous avons toujours eu raison sur le fond, c’est-à- dire la nature humaine. Il y a eu trop de bizarreries, de désordres intimes, de singularités. Revenons au bon sens, à la morale élémentaire, à la société policée, à la charité bien ordonnée commençant par soi-même. Serrons les rangs, le pays est en danger.

Le danger, vous le connaissez : il rôde, il est insaisissable, imprévisible, ludique. Son nom de code est 68, autrement dit Cohn-Bendit.

[...]

VIEILLE LITTÉRATURE

L’actuel ministre de l’intérieur est sympathique : il a frôlé la mort, il revient du royaume des ombres, c’est ” un miraculé de la République “, laquelle n’attendait pas cette onction d’un quasi au-delà. Mais dans ” ministre de l’intérieur “, il faut aujourd’hui entendre surtout ” intérieur “. C’est l’intériorité qui s’exprime, ses fantasmes, ses défenses, son vocabulaire spontané. Le ministre a des lectures. Il sait ce qu’est la ” vidéosphère ” de Régis Debray (où se déplace, avec une aisance impertinente, cet Ariel de Cohn-Bendit, qu’il prononce ” Bindit “).

Mais d’où vient, à propos des casseurs, le mot ” sauvageon ” ? De quel mauvais roman scout ? Soudain, c’est une vieille littérature qui s’exprime, une littérature qui n’aurait jamais enregistré l’existence de La Nausée ou d’ Ubu roi. Qui veut faire cultivé prend des risques. On n’entend pas non plus Voltaire dans cette voix-là. Comme quoi, on peut refuser du même geste les Lumières et les audaces créatrices du XXe siècle.

Ce n’est pas sa souveraineté nationale que la France moisie a perdue, mais sa souveraineté spirituelle. Elle a baissé la tête, elle s’est renfrognée, elle se sent coupable et veut à peine en convenir, elle n’aime pas l’innocence, la gratuité, l’improvisation ou le don des langues. Un Européen d’origine allemande vient la tourmenter ? C’est, ici, un écrivain européen d’origine française qui s’en félicite.

PHILIPPE SOLLERS POUR LE MONDE (repris dans L’Infini 65, au printemps 99, puis dans Eloge de l’infini, 2001, p. 714), pris ici

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5 mai 2007 6 05 /05 /mai /2007 14:35

       Il est grand temps de souffler un peu, de revenir à la musique, après les digressions politiques de ces dernières semaines. D'autant plus que le CSA oblige les médias à ne plus parler des présidentielles le week-end précédant l'élection. Internet est, heureusement, un espace de liberté (espérons que ça dure) qui n'est pas soumis aux mêmes règles que les autres médias. Mais je souhaite respecter tout de même ces règles, il ne sera donc pas question des présidentielles aujourd'hui. Ceux qui voient dans le titre une référence à la très classieuse phrase d'Alliot-Marie sur Ségolène Royal (Elle change d'idées comme de jupes), ou une quelconque tentative de jouer sur l'inconscient de mes lecteurs dans cet article ont vraiment l'esprit mal tourné.

Polly-Jean Harvey, donc, est actuellement une des personnalités les plus fortes et respectées du rock. Ce qui est déjà un exploit. Dans un milieu à la base plutôt macho, pas facile pour une femme de s'imposer. Et cela l'était encore plus début des années 90, quand elle s'est révélée. Le moins que l'on puisse dire est qu'elle n'était pas programmée pour devenir une "rock-star" et une des chefs-de-file du genre :
une fille qui débarque de la campagne anglaise, sans attaches dans le milieu rock, et qui n'était ni "grande-gueule virile" ni sexy (et même plutôt rigide), il lui a fallu beaucoup de pugnacité pour convaincre. Une fois l'estime de ses pairs conquise, elle a su faire fi de pas mal de ses complexes, elle s'embellit au fur et à mesure des années et a réussi à accepter sa féminité, quitte à la surjouer parfois. Mais sans tomber dans le ridicule. En cela, elle est bien au-dessus de la plupart de ses consoeurs et concurrentes. Loin de la vulgarité de la très trash Courtney Love ou des groupes de rock de filles hommasses (style L7), et loin des petites poupées fades et mignonnes style Plasticines. PJ Harvey a un sacré caractère, un tempérament de feu, qui n'apparaît pas toujours au premier abord car elle sait en faire montre à bon escient. J'en entends quelques-uns me dire "l'image ne compte pas, seule la musique compte"... oui... mais faut pas se leurrer, l'image est depuis toujours prépondérante dans le rock, et n'empêche pas de faire de la bonne musique. Elle conditionne, qu'on le veuille ou non, la perception et le plaisir qu'on prend à l'écoute : il est impossible de faire abstraction du phénomène inconscient d'identification. Si Elvis (dont PJ Harvey est fan depuis sa plus tendre enfance)  avait été tout petit, avec un visage fourbe et des tics de petite frappe au lieu de sa moue sexy et arrogante, le rock n'aurait pas suscité la même fascination et le King en aurait été un symbole moins fort et un représentant moins efficace.

PJ Harvey, donc, assume sa féminité elle porte fièrement des robes, des jupes et ose même le blanc virginal, comme cette robe très courte, à laquelle il est difficile de rester insensible, dans la vidéo ci-dessous...

PJ Harvey - Dress

Elle est tout de même plus classe qu'un quelconque "rockeur-roquet", non ?

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