Folk Peacefrog records - 2007 ****
Les albums de Marissa Nadler sont parfaits pour les chroniqueurs fainéants, qui peuvent s'en tirer avec un copier-coller de leur article sur son premier album. Elle est d'ailleurs la seule artiste pour laquelle j'ai jusqu'à présent regroupé deux albums en un article, ne voyant pas trop l'intérêt de publier deux textes pour raconter sensiblement les mêmes choses. De là à dire qu'elle fait à chaque album un copié-collé du précédent...
Mélancolie, voix éthérée, arpèges de guitare très linéaires... c'est un peu toujours la même chanson, et ce sur ses 3 albums. Un peu toujours la même chanson, certes, mais quelle chanson ! J'exagère un peu... la plupart de ses chansons ont leur "personnalité", ne serait-ce que par les mélodies, suffisamment travaillées et prenantes pour que l'on puisse les distinguer les unes des autres.
La nouveauté sur Songs III, s"il fallait en trouver une, c'est l'arrivée de Greg Weeks (Espers) à la production. Ce qui n'a rien de surprenant, il partage avec Marissa Nadler ce goût pour un folk anglais, moyenâgeux, fait de jolies mélodies tristes et d'atmosphères brumeuses. Ce que je disais en introduction de ma chronique sur le dernier Espers, je pourrais l'appliquer à Marissa Nadler : s'il existe beaucoup de groupes dont on est déçu de ne pas les voir se renouveller, on aimerait qu'Espers et Marissa Nadler continuent indéfiniment sur la même voie. Dans la pop, il faut savoir surprendre ou évoluer en fonction de l'époque, dans les musiques savantes, il faut innover constamment pour repousser les limites du genre. Mais dans un cadre folk, comme dans le blues, la sensibilité prime, il s'agit de bercer et d'apaiser nos âmes tourmentées, pas d'expérimenter dans tous les sens (mais ils ont tout de même leur "style"). C'est une musique à laquelle on doit s'abandonner, pas une musique qui cherche à vous attraper avec des gimmicks accrocheurs. Mais quand on s'y abandonne, l'envoûtement est total. Car les albums de Greg Weeks (en solo ou avec Espers) et de Marissa Nadler sont magnifiques. De vraies réussites. Une sublime mélancolie, un goût très sûr, et une grande qualité mélodique. Ce qui est déjà assez exceptionnel.
Des valeurs sûres, dont chaque disque est une pépite. Meg Baird, co-leader d'Espers avec Greg Weeks, a elle aussi sorti récemment un bel album... un peu moins attachant que ceux de Marissa Nadler à mon sens (les mélodies sont moins captivantes).
Mais on en oublierait presque l'essentiel... sa voix ! Une voix fascinante, éthérée, émouvante, qui n'est pas sans rappeler celle de Joan Baez (pas seulement le timbre, mais aussi la manière de chanter). S'il fallait établir un lien de parenté, cette jeune américaine de 26 ans serait la fille cachée de Joan Baez et de Nick Drake (avec pour frère Greg Weeks et pour cousine Hope Sandoval). Pas une famille de fêtards invétérés, donc, ni de comiques troupiers, mais une famille d'artistes rares et précieux - Marissa est aussi peintre - où la sensibilité et la poésie sont reines.
Peu de vidéos de Marissa Nadler sont disponibles sur Youtube (pas de clips, et les quelques live ne sont pas de grande qualité sonore et visuelle). On ne s'en étonnera pas, notre monde de brutes ne la mérite pas. Le live ci-dessous est potable, très correct pour la découvrir (il faut tout de même monter le son), même si le cadre (un petit concert dans un magasin de disques !) est loin d'être formidable :
Marissa Nadler - Thinking of You
Marissa Nadler - Songs III : Bird on the water
1. Diamond Heart
2. Dying Breed
3. Mexican Summer
4. Thinking Of You
5. Silvia
6. Bird On Your Grave
7. Rachel
8. Feathers
9. Famous Blue Raincoat (Leonard Cohen)
10. My Love & I
11. Leather Made Shoes