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Classements d'albums

7 juillet 2011 4 07 /07 /juillet /2011 14:40

Lorsqu'on ne fait pas de musique, il est très compliqué de comprendre le solfège et l'harmonie. Par contre, s'il y a une chose que tout le monde peut facilement saisir, c'est le rythme. Pas de raison de s'en priver, il suffit d'un minimum d'attention et d'écoute des exemples proposés ici pour se familiariser avec les principales bases du rythme. Est-ce que c'est essentiel ? Non, bien sûr, à part manger et dormir - voire se reproduire, et encore - rien n'est essentiel. Est-ce que cela vous permettra de mieux comprendre tous les secrets de la musique ? Non plus, mais vous arriverez ainsi à mieux percevoir le "balancement"' d'un morceau, ce qui n'est pas négligeable.   

 

La première chose à comprendre, c'est la pulsation. Rien de plus simple et de plus naturel. Même sans avoir la moindre connaissance musicale, vous la ressentez, c'est le mouvement régulier que vous faîtes lorsque vous hochez la tête ou tapez du pied en écoutant un morceau. Le meilleur moyen de bien le ressentir, c'est de partir d'un morceau techno, puisque la techno met en valeur cette pulsation par le "beat", qui appuie bien chaque temps. Par exemple, le célèbre Knights of the Jaguar dont je parlais ici :

 

(Si vous avez un problème avec certains lecteurs, je vous ai mis tous les titres de cet article dans cette playlist) 

 

 

Tapez du pied dès qu'arrive le beat, c'est tout simple, vous marquez la pulsation.

 

Ce n'est pas beaucoup plus compliqué avec n'importe quel morceau de rock, avec le rôle de la batterie. Un exemple avec London Calling :  

 

 

 

Pour que votre pied batte vraiment la pulsation, il ne faut surtout pas que son mouvement change en fonction des breaks, s'arrête ou s'accélère. Ce n'est pas parce que la rythmique d'un morceau change que la pulsation change. Même lorsque la batterie s'arrête, la pulsation, en règle générale, reste identique, on la ressent dans le jeu des autres instruments ou la ligne mélodique. Il arrive fréquemment que les rythmes de la batterie et de la basse varient quand on passe du couplet au refrain, mais pas la pulsation. Vous devez être capable de la tenir avec la même régularité quoi qu'il se passe autour. Il peut être préférable de la marquer en hochant la tête, le mouvement est plus constant, on est moins tenté de jouer d'une grosse caisse imaginaire qu'avec les pieds.

 

Qu'est-ce que cette pulsation ? Ce sont les temps. Comment faire, maintenant, pour distinguer une mesure à 4 temps d'une à 3 temps ou 2 temps (les tempos les plus usuels) ? C'est là encore très simple. Reprenez London Calling, et sur la pulsation, tentez de dire un rythme à trois temps : "1, 2, 3, 1, 2, 3, 1, 2, 3 etc." Bizarre, non ? Essayez maintenant avec du 5 temps : "1, 2, 3, 4, 5, 1, 2, 3, 4, 5 etc." Pas mieux. Maintenant avec du 4 temps : "1, 2, 3, 4, 1, 2, 3, 4 etc."... là, on retombe sur ses pieds à chaque fois, ça colle. Même chose pour Knights of the Jaguar. Si vous vous perdez, vous ne savez plus où est le "1", attendez un moment où vous avez vraiment cette sensation qu'on "retombe sur nos pieds", c'est le premier temps.

 

London Calling et Knights of the Jaguar sont bien sur du 4 temps, rien de surprenant, c'est de très loin le cas le plus courant. Lorsque je donnais des cours de guitare, pour montrer cette omniprésence du 4 temps, c'était facile, j'allumais la radio, je passais de stations en stations, et quel que soit le style de musique, je montrais à l'élève qu'on tombait toujours sur du 4 temps. Deux temps et trois temps sont plutôt des exceptions.

 

S'il est évident que London Calling n'est pas en 3 ou 5 temps, on pourrait plus facilement se tromper et penser qu'il est en 2 temps. Car après tout, un 4 temps peut se diviser en deux. Essayez de dire "1, 2, 1, 2, 1, 2" sur la pulsation de London Calling... vous verrez que ça marche pas mal, surtout sur l'intro... mais moins au moment où rentre le chant. Parce qu'on ne compose pas de la même manière sur du 4 temps ou du 2 temps, les phrases musicales sont différentes. Ici, les phrases musicales sont faites pour du 4 temps. 

Le temps le plus fort, quel que soit le rythme, c'est toujours le premier temps. Lorsque vous dites les numéros des temps, appuyez beaucoup plus le premier, dites-le d'une manière plus marquée que les autres. 

UN deux trois quatre UN deux trois quatre...

Vous devez avoir cette sensation d'une boucle qui dure 4 temps, chaque fois qu'on revient sur le premier temps, il se passe quelque chose de plus fort...

 

Le 4 temps domine, mais on trouve tout de même du 3 temps. Le rythme typique des valses. Avec, en général, premier temps bien appuyé qui marque la basse, et accords plus légers sur les 2° et 3° temps. Ecoutez la valse suivante de Chopin, et dites en rythme "1, 2, 3, 1, 2, 3 etc." :

 

 

Vous avez du mal à garder une pulsation régulière ? Rassurez-vous, ce n'est pas vous qui avez un mauvaise sens du rythme, mais le rubato dont Chopin est un grand maître. Qu'est-ce que le rubato ? Une manière de jouer en ralentissant ou en accélérant, ce qui fait que la pulsation n'est plus régulière. Fréquent dans le classique, beaucoup moins dans le rock et les musiques populaires, à cause du "carcan" de la batterie. Un chef d'orchestre, lorsqu'il bat la mesure avec sa baguette peut accélérer le mouvement, le suspendre, les musiciens le voient et le suivent, mais un batteur doit marquer les temps de manière régulière et ne peut se permettre de ralentir, sous peine de décaler tout le groupe. Rythmiquement, le classique est beaucoup plus libre que le rock...

 

Un exemple de rythme de valse bien plus simple à suivre, au hasard... la Waltz n°2 d'Elliott Smith. Ici, il nous facilite encore plus le travail avec la batterie qui commence seule et marque bien les 3 temps : premier temps sur la grosse caisse, puis les deux temps suivants à la caisse claire. Cliquez sur le lecteur, ouvrez grand la bouche et dites "1, 2, 3, 1, 2, 3, 1, 2, 3 etc." :

 

 

   

Maintenant que vous avez - je l'espère - compris et expérimenté le tempo de base, passons à la distinction binaire - ternaire. Les mesures en 2 ou 4 temps seraient binaires, celles en 3 temps seraient ternaires ? C'est un petit peu plus compliqué que ça.

 

Les temps peuvent encore se diviser, soit de manière binaire (en 2), soit de manière ternaire (en 3).

 

Réécoutez la Waltz n°2 d'Elliott Smith. Si on était dans du vrai ternaire, les 3 temps se diviseraient encore en 3. Mais ils se divisent en 2, on a donc du trois temps binaire (3/4). Pour l'entendre, divisez vos "1, 2, 3", et dites deux fois plus vite, dans le même intervalle de temps et avec régularité : 1, 2, 3, 4, 5, 6.  

 

1   2   3

12 34 56

 

Ca colle mieux qu'une division en 3 qui donnerait "1, 2, 3, 4, 5, 6, 7, 8, 9".

 

Le plus courant, c'est d'avoir du 4 temps binaire. 4 temps qui se divisent encore en 2. C'est bien sûr le cas de Knights of the Jaguar ou London Calling. Pour le comprendre, il suffit de vous repasser ces morceaux, de commencer en disant les 4 temps "1, 2, 3, 4 etc." puis d'accélérer et de dire dans ce même intervalle de temps "1, 2 , 3, 4, 5, 6, 7, 8 etc".

 

Le 4 temps ternaire, lui, se retrouve dans le blues.

 

Roadhouse Blues des Doors va nous permettre de tout récapituler :

      

 

 

Hochez la tête ou tapez du pied (ou les deux) en même temps que la musique. Ensuite, dites les temps. 1, 2, 3, 4, 1, 2, 3, 4 etc... Vous voyez que sur le 1, on retombe chaque fois "sur nos pieds", on est bien dans du 4 temps. Maintenant, décomposez ces 4 temps. De manière binaire pour commencer  

 

1    2    3    4     devient :

1 2 3 4 5 6 7 8

 

Si vos "1 2 3 4 5 6 7 8" sont dits comme il faut, de manière très régulière, ça ne colle pas vraiment. Maintenant, si vous dites rapidement (et régulièrement, toujours) "1, 2, 3" à l'intérieur de chaque temps, vous verrez que ça fonctionne, ça suit la musique. Les 4 temps peuvent se diviser en trois, on est dans du ternaire.

 

Chantez le riff, ce "tam   ta tam   ta tam   ta tam etc."

 

Ce n'est pas une décomposition en deux notes égales, le "ta" est plus rapproché du tam qui le suit que de celui qui le précède. Il y a ce côté claudiquant du blues, on n'est pas dans une "marche régulière". Et si vous trouvez sur une partition ce morceau écrit en binaire, il est normalement indiqué "shuffle", le rythme shuffle étant une manière de jouer ternaire, avec deux croches qui deviennent une noire et une croche en ternaire. Soit une première note un peu plus longue que la 2°. Pour le comprendre, dites 1, 2, 3, 1, 2, 3... puis, sur le même rythme, rendez le 2 muet... 1 (2) 3, 1 (2) 3. On entendra 1   3 1   3 1 avec le 3 plus bref que le 1, c'est le rythme de Roadhouse Blues, et du blues en général  

 

Alors ne vous y trompez-pas, si l'envie vous vient de critiquer un groupe un peu rugueux en montrant un certain dédain pour son "rock binaire" comme on le dit souvent, vérifiez tout de même que ses morceaux ne soient pas ternaires...

    

Est-ce que tous les morceaux sont en 2,3 ou 4 temps ? Quasiment. Avec la très grande majorité en 4 temps. Parmi les tubes célèbres, il y en a tout de même un au rythme assez original, Money de Pink Floyd.    

     

 

 

Ecoutez-le, tapez la pulsation, et dites "1, 2, 3, 4, 1, 2, 3, 4". Ca ne fonctionne pas. Ce n'est même pas le déjà rare 5 temps, mais carrément du 7 temps. Dites "1, 2, 3, 4, 5, 6, 7, 1, 2, 3, 4, 5, 6, 7 etc."... et ça colle.

 

Autre élément intéressant du point de vue rythmique dans ce morceau, c'est qu'on a un changement de mesure. A 3'06, lorsque le rythme s'accélère pour lancer le solo de guitare, changement de riff de basse, on passe à du 4 temps. Puis avec le retour du riff principal et du chant, à 5'05, retour du 7 temps. 

 

Le math-rock s'est ensuite fait une spécialité de ces mesures asymétriques et nombreux changements de rythmes. Un procédé que l'on retrouve dans certaines musiques folkloriques (notamment des pays de l'est) et qui, utilisé de manière systématique dans le rock, peut sembler quelque peu artificiel... tout dépend de ce qu'on en fait. Comme démonstration technique, ça n'a bien sûr aucun intérêt, mais pour créer de véritables climats, sombres et déstabilisants, ça peut s'avérer très intéressant, comme savait si bien le faire Slint, groupe beaucoup trop méconnu.

 

Sur Nosferatu Man, tiré de leur chef-d'oeuvre Spiderland, vous avez du 5 temps pendant le couplet, du 6 temps sur le "refrain" avec la disto. Et parfois, comme lors du passage instrumental, des mesures avec 6 temps suivi de 3 temps puis retour au 6 temps... Bref, si vous venez juste de vous familiariser avec le tempo, je ne vous conseille pas de vous arracher les cheveux sur ce titre : 

 

 

Privilégiez plutôt des morceaux "carrés" : pop, rock, rap, techno, la très grande majorité sont très faciles pour appréhender ces notions... en espérant que tout cela était à peu près clair, et que vous pourrez l'appliquer à n'importe quel morceau.

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3 juillet 2011 7 03 /07 /juillet /2011 17:38

jim-morrison-5.jpg

J’avais écrit un article sur les 40 ans de 1967, année où est notamment sorti le premier album des Doors, et, alors que j’ai l’impression que c’était hier (l’écriture de cet article, pas 1967) voilà déjà qu’on en est aux 40 ans de la mort de Morrison. Il n’a donc suffit que de ce court laps de temps, il y a 4 décennies, pour que les Doors sortent 6 albums et deviennent une des références majeures de l’histoire du rock. Je ne vais pas me lancer dans un hommage à Morrison, c’est déjà fait ici, mais plutôt m’arrêter sur la question de la durée de vie des groupes phares de l’histoire.

 

S’il y a bien une chose qui me gonfle dans les discours des groupes rock et pop actuellement, c’est le fameux « pour nous, ce qui compte, c’est de s’inscrire dans la durée ». Le rock demande maintenant à ce que l’on fasse des « plans de carrière » ? Leur but est de devenir des fonctionnaires du rock ?

 

Pourtant, les groupes rock emblématiques ont en général duré assez peu, rarement plus de 5 ans à partir de la sortie du premier album :

 

The Sonics : 4 albums en 3 ans

The Doors : 6 albums en 4 ans (parce qu'il faut bien compter The Soft Parade, cf. commentaires) 

The Velvet Underground : 4 albums en 3 ans (parce que Squeeze, ça ne compte pas…)

The Stooges : 3 albums en 4 ans

MC5 : 4 albums en 4 ans

The Sex Pistols : 1 album

The Clash : 5 albums en 5 ans (parce que Cut the Crap, ça ne compte pas…)

Television : 2 albums en 2 ans

Joy Division (en excluant Warsaw) : 2 albums en 2 ans

The Smiths : 4 albums en 3 ans

The Pixies : 5 albums (si l’on compte Come on Pilgrim) en 4 ans

Nirvana : 5 albums en 5 ans

 

Ensuite, il y a bien entendu tous ces groupes qui continuent, mais auraient mieux fait d’arrêter. Une période de grande créativité et d’inspiration qui dure autour de 5 ans, puis une longue et lente agonie (artistique, pas forcément commerciale). D’autres qui publient quelques albums importants sur une courte période, puis leurs membres se lancent dans différents projets, et reviennent de temps en temps avec un nouvel album du groupe (Suicide, c’est surtout 2 albums en 3 ans… voire surtout un album). Ou qui ont eu une existence un peu chaotique, comme Love, avec 3  albums en 2 ans. Puis le groupe se disloque, et Arthur Lee sortira encore 3 albums en 2 ans avec un nouveau Love, puis rien pendant 5 ans, et un dernier album pour conclure. Roxy Music, c’est avant tout 5 albums en 3 ans, puis un arrêt, une reformation et un nouveau Roxy Music plus commercial (3 albums en 5 ans).

 

Enfin, il y a quelques exceptions. Les Stones ont tenu 8 ans avant de faire vraiment de la merde, les Beatles 7 avant de se séparer. Très rare sont les grands groupes rock qui sont restés une dizaine d’années ou plus en gardant un certain niveau de qualité. Led Zep et les Who, par exemple, même si sur la fin ils étaient loin de leur niveau des débuts (surtout les Who). Ou Sonic Youth, étonnant modèle de longévité rock. Les Talking Heads ont tenu une dizaine d’années, de 77 à 88, mais de 80 à 83, ils ont mis le groupe de côté. Sinon, il faut plutôt chercher vers des groupes qui privilégient l’expérimentation et ont ainsi pu tenir plus longtemps que la moyenne avant de n’avoir plus rien à dire (Can, Pink Floyd, King Crimson, Radiohead).

 

Si l’amour dure 3 ans, le groupe rock, lui, excède rarement les 5… Pour faire une carrière intéressante, mieux vaut la jouer solo. On trouve là des artistes qui ont su rester plus longtemps à un bon niveau. Dylan, Scott Walker, Zappa (un peu bizarre de le classer dans des artistes “en solo”, mais il est tout de même le leader absolu de ses formations), Neil Young, Bowie, Tom Waits, Springsteen, Nick Cave, PJ Harvey (pas tous, évidemment, Hendrix et Joplin se sont vite brûlés les ailes). Lorsqu’on est le seul maître à bord, pas de querelles d’ego qui plombent le groupe. Après tout, le rock n’a pas grand-chose de démocratique, il s’agit d’un individu ou d’une petite bande d’individus en évidence sur une scène devant une foule d’adorateurs qui scandent à l’unisson leur nom et leurs slogans. Mais qu’est-ce que je raconte… c’est aussi ça, la démocratie, des politiciens qui haranguent des foules d’adorateurs qui scandent à l’unisson leur nom et leurs slogans…

 

Bref, si le rock était un sport, ce ne serait pas un sport d’endurance, mais de vitesse. Frapper vite, fort, quitte à ne pas tenir la durée, l’important est de marquer les esprits.  

 

Voilà peut-être une des raisons pour laquelle le rock peine depuis plus d’une décennie à se renouveler, à inventer de nouveaux courants… à l’origine du rock, l’esprit des 50’s et 60’s, c’était « vivre vite mourir jeune », « hope I die before I get old »… on débarque, on casse la baraque, et on explose en plein vol (au sens propre pour Lynyrd Skynyrd). Maintenant, c’est plutôt vendre suffisamment d’albums pour ouvrir un compte épargne et faire carrière. On nous rabat les oreilles avec le fameux « ¼ d’heure de célébrité » de Warhol depuis l’arrivée de la télé-réalité, conneries en ce qui concerne la télé-réalité musicale, les chanteurs de karaoké qui y participent ne cherchent pas le ¼ d’heure de célébrité, ce qu’ils veulent et répètent à foison, c’est faire carrière, apprendre le métier, travailler sérieusement…

 

Le rock était un état d’esprit, c’est devenu un métier. Paraît qu’il y a même des rockeurs qui pestent contre les jeunes qui téléchargent leurs albums… Le rock sentait le souffre, il sent la naphtaline. C’était un bras d’honneur au système, il est devenu un système ronronnant qui mériterait bien qu’on lui fasse un bras d’honneur.

 

On pourra toujours me taxer de « vieux con nostalgique » (d’une époque que je n’ai pas connue), mais faut pas se leurrer, le rock n’a plus grand-chose de rock’n’roll… le rap l’a remplacé de ce point de vue, mais il n’est plus tout jeune non plus… il va encore falloir attendre pour que naisse à nouveau quelque chose de vraiment excitant. Lorsque des Madonna dans les 80’s ou Lady Gaga actuellement deviennent des icônes, c’est que le rock va mal. C’est l’esprit foutraque, libertaire et sulfureux du rock qui s’essouffle et se fait piquer la place par des « artistes » pop aux provocations et excentricités aussi kitsch et calculées que leurs risibles chorégraphies mécaniques. Du grand spectacle sans âme et faussement subversif…

 

Jim, reviens, ils sont devenus sages ! Enfin non, Jim, reste où tu es, si tu voyais tes anciens complices chercher à fermer le « bar du roi Lézard », énième preuve du fait que les rockeurs vieillissent très mal, tu retournerais fissa dans ta tombe…

 

En complément, mon article sur Jim Morrison 

 

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25 juin 2011 6 25 /06 /juin /2011 14:00

Ninja Tune   23/05/2011

amon-tobin-isam.jpg

Vous m’avez fait peur. Vous m’avez fait peur, parce que plusieurs parmi vous sont venus me dire que le nouveau Tobin était vraiment décevant, voire raté. Et si le génial Amon Tobin se met à sortir des albums médiocres, l’électro est mal barrée. Fort heureusement… vous aviez tort. Ce nouveau Tobin est, comme à chaque fois, un très bon cru. Une suite logique et pertinente dans son évolution esthétique. Un album qui est à la fois dans la lignée des expérimentations de Foley Room, et qui lui permet de se renouveller encore (ma seule réserve est sur la fin de l'album). Avec Foley Room, la démarche, comme je l’expliquais ici, se rapproche de celle de la musique concrète par le travail sur des « bruits du réels », ce qu’il continue de faire sur ISAM, en utilisant de nouveaux instruments pour les synthétiser. Exit le breakbeat, le groove, l'électro-jazz et les samples. Tobin explique notamment :

 

*                               I love the idea of playing futuristic non existent instruments built a high level of detail in their construction but playing them actually quite badly : ) (J’aime l’idée de jouer d’instruments futuristes qui n’existent pas, construits de manière très détaillée, mais joués assez mal)

Et, pour devancer les critiques : anyone looking for jazzy brks should look elsewhere at this point or earlier : ). it's 2011 folks, welcome to the future. (tous ceux qui recherchent des breaks jazzy devraient regarder ailleurs ou en arrière :) On est en 2011, les gars, bienvenue dans le futur.)

 

 

Il est vrai que ce nouveau Tobin coule moins facilement que ses précédents albums, il est beaucoup plus déstructuré, demande une écoute plus attentive et quelques efforts de concentration de la part de l’auditeur pour parvenir à le saisir. Mais sa musique n’est pas pour autant que pure intellectualité ou abstraction, elle reste sensuelle, un plaisir sonore peu commun pour qui accepte de s’y abondonner. Une chronique argumentée pour faire apprécier cet album me semble assez vaine, l’essentiel, c’est de l’écouter bien fort et de se régaler de la luxuriance sonore de cette nouvelle œuvre du sorcier électro. Le paradoxe de cet album, dans la lignée du travail entrepris depuis Foley Room, c’est qu’il faut s’accrocher un peu plus que d’habitude pour s’abandonner réellement. Un plaisir sonore qui se suffit déjà à lui-même, mais, puisque sa musique est aussi instinctive et aventureuse que technique, sensuelle que cérébrale, pas de raison de se priver non plus des quelques explications que donne Amon Tobin qui, sur Soundclound, commente brièvement l’album au fil des minutes. Pour que ce soit plus lisible que sur le site, je vous les propose ici, avec l’écoute de l’album :

 

'ISAM' - Full album with track-by-track commentary from Amon Tobin by Amon Tobin

 

 

Amon Tobin :

0 :17 : this track starts with what I imagined might be a large discarded machine powering up slowly after years of disuse. the machine is from the future of course but is still old.

1:08 : I tried to set a contrast between advanced futuristic sound and clunky dust covered mechanisms throughout this record.

 2:20 : I didn't want to use any drums in this album. this section required it though. they are still not "real drums" which satisfied at least in part my desire to make an album of 'made up' instruments that don't exist in the real world.

 4:44 : this section is heavily influenced by bands like pink floyd who weren't afraid to explore tangents and offshoots in their musical arrangements. it is shamelessly self indulgent and driven by an emotional desire to go off track without feeling compelled to return at all.

 6:26 this track is made up mainly from my own voice and the chair in my studio which creaks allot. I analysed the sounds and built small working engines from them that react to pressure to control rates of revolution. paper was also harmed in various ways.

08:16 voice engine decides it's got ideas of it's own and leaves to create a new life for itself which I encourage in the final section.

9.37 this is nothing but sound porn. granular and spectral synthesis applied to a range of sounds less than half a second long.

9.26 this is not a real whistle :)

10.09 pretty straightforward synths in the low frequencies although allot of the texture in the higher ranges are morphed against the previously mentioned granular and spectral analysed sounds.

11.02 my own vocals synthesised and gender modified here.

12.25 taking influence from great modern day producers such as noisia and spore in this track.

13.47 not everything on the record is built from nothing. the main sound in this track is easily found. this isn't a concept record after all.

14.09 I was looking for a sort of calm violence like controlled explosions that can be shaped into prolonged tones. like a tesla coil thermion or something..

14.29 sometimes you need space for a few elements to reach their full potential. I wanted this track to be simple and still full without clutter. a simple melody call and response.

14.50 actually I'll let TwoFingers clutter this up with beats on the remix : )

15.46 these strings are acoustic modeled synth played from the continuum fingerboard. there are no samples on this album.

15.10 I want this to feel hand made despite being electronic. so timing is imperfect and sounds are rough around the edges.

16.45 My own vocals analysed and gender modified.

18.59 this is where I imagine the hatch being lifted on the torso of the westworld robot and technology shows itself as the true driving force of all you are experiencing. nothing is real, it's all computers. even the old man playing wonky banjo in the corner.

21.10 all sounds are treated with objectivity on this record. my voice is up for grabs as much as my chair or my synths.

22.03 so here we have the first of two imaginary characters I've featured on the album. I performed the vocals which were then synthesised and turned into a female.

23.17 mass and spring is based on acoustic modelled 'made up' string instruments that behave very strangely when played due to the conflicting physical properties I've assigned to them.

24.50 no samples featured on the album instead sythesised instruments are combined with multi-sampled instruments all of which are playable.

26.16 I love the idea of playing futuristic non existent instruments built a high level of detail in their construction but playing them actually quite badly : )

27.30 this track is influenced by early electronic pioneers. there is a human emotion that is all the more palpable when expressed through a synthesisers limited range. sad robot syndrome. if a piano played this it would be sentimental.. perhaps it still is a bit.

29.31 the one fingered synthetic westworld banjo player returns. robots from the future are highly advanced but quite naive.

29.50 here's the second made up character vocalist on the record. this time she's supposed to be older and has an american twang like some folk singer.

30.53 probably best to ignore the words.. they are pretty silly and more of a necessary biproduct of the experiment with synthesising vocals to create convincing characters.

33.37 this is what my son sounds like just before I put him to bed. it's a fierce cry and very defiant.

37.30 grains and fragments cluster together to make something that resembles a beat.

38.01 fragments disassemble and they fall apart again.

45.09 so now we have a melting pot of various elements and techniques employed throughout the album. electronics, vocal synthesis etc.etc.

45.55 influences from tom waits to the sgt. pepper album to frank zappa all in an ultimately electronic context.

50.00 ATHQ & Ninja Tune - thanks for listening! To buy a download of ISAM, or pick up a limited edition photobook/CD or 12" please go to: http://bit.ly/DOWNLOADISAM

 

Et quelques réponses aux questions que se posent les auditeurs sur son site.

 

A chaque album, Amon Tobin semble combler toujours un peu plus le gouffre qui sépare la musique « populaire » de la musique savante contemporaine. D’ISAM à l’IRCAM. Expérimentations, richesse et strates sonore, travail acousmatique couplés à ce qui est souvent un grand oublié de la musique contemporaine : le plaisir...  

 

Précédentes chroniques d'albums d'Amon Tobin : Permutation , Out from out where et Foley Room

La fiche d'Amon Tobin (avec tous ses albums en écoute)

 

 

  

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