28 janvier 2010
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Quoi ? Un morceau de Muse dans la catégorie "chansons d'exception" ? Non, cher lecteur, je ne suis pas devenu fou, et oui, cette chanson le mérite, car elle est exceptionnellement... mauvaise. Sans doute un des pires trucs qu'il m'ait été donné d'entendre ces 10 dernières années.
Muse - United States of Eurasia
Dès les premières notes du chant - ce "You" hyper-mielleux - on sait qu'il faut s'attendre au pire... et, de ce point de vue, on ne va pas être déçu. Le chromatisme (notes qui descendent de 1/2 tons en 1/2 tons) dans l'accompagnement au piano et aux cordes, pourquoi pas... sauf que le chromatisme, en général, ça sonne mystérieux, douloureux, sombre, mélancolique, tendu etc (mais on peut aussi le faire swinguer, comme le font les jazzmen)... pourtant, même le chromatisme, chez Muse, sonne variétoche. Du "chromatisme-guimauve". Et cette intro au piano ne vous rappelle rien ? Réécoutez celle de Let it Be, c'est, d'une certaine manière, Let It Be chromatisé... non pas pour le meilleur, mais vraiment le pire. Et cette descente chromatique en intro... a aussi de quoi faire penser à celle du génial Strawberry Fields... mais n'est pas les Beatles qui veut, et en mélangeant Let it be et Strawberry Fields pour leur intro, Muse ne parvient pas à atteindre le quart du dixième de la séduction pop du premier, ni le quart du centième de la créativité du second. C'est un peu comme mélanger de la mousse au chocolat à de la paëlla... les deux sont peut-être bons séparément, mais sûrement pas dans un même plat...
Ca ne s'arrange pas pendant le couplet qui suit... l'orchestration de cordes est lamentable, sirupeuse au possible... au lieu de (mal) pomper sur Let It Be ou Strawberry Fields, ils auraient mieux fait d'écouter et réécouter Eleanor Rigby, qui montrait la voie il y a plus de 40 ans sur "comment intégrer des cordes dans la musique pop sans tomber dans la soupe ou la mélasse". Puis entrée bateau de la batterie (0'56), et crescendo rapide vers un passage où les voix (avec la doublure de guitare) sont honteusement pompées sur Queen (1'17 à 1'20). Qu'ils appellent ça "clin d'oeil", ou "hommage", peu importe, c'est grotesque, et ils recommenceront ensuite, les bougres, avec ces voix fortes dans l'aigu qui nous propulsent en plein flash gordon queenien...
Juste après, on a droit à un malheureux thème instrumental "classicorientalisant" (1'34 à 1'57), avec espagnolade à la fin, dans la droite lignée des Dream Theater et autres pénibles groupes de metal-prog (et là, ils auraient mieux fait d'écouter The End des Doors, pour comprendre comment "orientaliser" le rock avec finesse, intelligence, mystère et atmosphère). Comme si ça ne suffisait pas, le rythme qui l'accompagne est pompé sur We will Rock You. Dire qu'à leurs débuts, on voyait en Muse des sous-Radiohead... maintenant, ils ne sont plus que des sous-Queen. Dieu sait que je déteste Queen, mais on peut au moins leur reconnaître une certaine créativité, et du second degré, parfois. Alors que Muse ne fait que bêtement copier leur modèle, sans aucune forme d'humour.
Ensuite... rien. On prend les mêmes et on recommence. Le couplet, mièvre et calme à sa première apparition, est repris de manière plus "musclée" et énergique, le genre de choses qu'on a déjà entendu des milliers de fois, retour du thème classicorientalisant, voix queeniesques... decrescendo, on respire, on se dit que cette bouillie indigeste est enfin terminée... mais non ! Ces grands malades sont arrivés à tomber encore plus bas. Ou monter encore d'un cran dans le mauvais goût. Et ça, c'est vraiment exceptionnel. Les voilà qui nous jouent le Nocturne n°2 en mi bémol de Chopin. Bordel... laissez ce pauvre Chopin tranquille ! Vous pensez qu'il n'a pas suffisamment souffert ? Entre son exil, sa faible condition physique, sa mort à moins de 40 ans, et cette salope de George Sand (oui, je sais, après cette salope d'Alma, voilà que je m'en prends à Sand... mais c'est comme ça, j'ai trop d'admiration pour ces grands génies de la musique, surtout quand ils ont eu une vie difficile, je leur pardonne tout, et rien à ceux qui les ont trahis ou maltraités).
Pourquoi Chopin ? Il est justement l'exact opposé de ce qu'est Muse, sa musique est l'incarnation de la grâce, de l'élégance, de la subtilité, de la délicatesse. Et lui, avant même Wagner et Liszt, a été particulièrement novateur dans son utilisation du chromatisme. Qui est à des années-lumière de celle de Muse en accompagnement, cela va sans dire.
Et pourquoi ce Nocturne n°2 ? Faudra un jour qu'on m'explique pour quelles raisons, dans le prog, metal-prog et affiliés, les groupes qui pompent ou reprennent des thèmes classiques ne s'attachent en général qu'aux gros tubes du genre. Ils ne connaissent le classique qu'à travers un CD du style 'les meilleurs tubes classiques des musiques de pub" ? Il y a tant de chefs-d'oeuvre dans le classique, et tant de magnifiques pièces pour piano de Chopin moins connues que celle-là (et même dans ses Nocturnes, celui-là n'est pas son meilleur, à mon humble avis), pourquoi diable aller vers une telle facilité...
Pire, encore... non content de s'approprier Chopin, voilà que Muse le réorchestre en ajoutant de nouveaux violons sirupeux, dans le plus pur style... de Clayderman. Après Queen, le prog et metal-prog, le massacre de Chopin, manquait plus que Clayderman pour compléter cet effarant tableau de mauvais goût. Mais p*** de b*** de m*** d'e*** de v** r***... si le génial Chopin avait voulu des violons sur ce Nocturne, il les aurait mis lui-même ! Comme un grand ! Il a fait deux concertos pour piano, et même s'il n'est pas le plus grand orchestrateur qui soit, il s'y connaissait déjà 100 fois mieux que Clayderman ou Muse. Un musicien de génie peut orchestrer une oeuvre pour piano d'un autre génie, comme Ravel l'a fait de manière admirable avec les Tableaux d'une Exposition de Moussorgsky. Mais on ne laisserait pas Marc Lévy réécrire des passages d'A la Recherche du Temps Perdu, ni Anna Gavalda ajouter des vers dans les poèmes de Baudelaire... alors pourquoi permettre à Muse ou Clayderman de faire à Chopin ce qu'on ne supporterait pas en littérature ?
Les cons et les génies ont un point commun : ils osent tout, et c'est à ça qu'on les reconnaît. Mais il y a une différence de taille, le génie le fait avec intelligence et subtilité. Et il a en général suffisamment de créativité pour ne pas se contenter de balancer un patchwork d'influences mal digérées. Je vous laisse juger dans quelle catégorie se trouve Muse (il n'y a pas de piège)...
Muse - United States of Eurasia
Dès les premières notes du chant - ce "You" hyper-mielleux - on sait qu'il faut s'attendre au pire... et, de ce point de vue, on ne va pas être déçu. Le chromatisme (notes qui descendent de 1/2 tons en 1/2 tons) dans l'accompagnement au piano et aux cordes, pourquoi pas... sauf que le chromatisme, en général, ça sonne mystérieux, douloureux, sombre, mélancolique, tendu etc (mais on peut aussi le faire swinguer, comme le font les jazzmen)... pourtant, même le chromatisme, chez Muse, sonne variétoche. Du "chromatisme-guimauve". Et cette intro au piano ne vous rappelle rien ? Réécoutez celle de Let it Be, c'est, d'une certaine manière, Let It Be chromatisé... non pas pour le meilleur, mais vraiment le pire. Et cette descente chromatique en intro... a aussi de quoi faire penser à celle du génial Strawberry Fields... mais n'est pas les Beatles qui veut, et en mélangeant Let it be et Strawberry Fields pour leur intro, Muse ne parvient pas à atteindre le quart du dixième de la séduction pop du premier, ni le quart du centième de la créativité du second. C'est un peu comme mélanger de la mousse au chocolat à de la paëlla... les deux sont peut-être bons séparément, mais sûrement pas dans un même plat...
Ca ne s'arrange pas pendant le couplet qui suit... l'orchestration de cordes est lamentable, sirupeuse au possible... au lieu de (mal) pomper sur Let It Be ou Strawberry Fields, ils auraient mieux fait d'écouter et réécouter Eleanor Rigby, qui montrait la voie il y a plus de 40 ans sur "comment intégrer des cordes dans la musique pop sans tomber dans la soupe ou la mélasse". Puis entrée bateau de la batterie (0'56), et crescendo rapide vers un passage où les voix (avec la doublure de guitare) sont honteusement pompées sur Queen (1'17 à 1'20). Qu'ils appellent ça "clin d'oeil", ou "hommage", peu importe, c'est grotesque, et ils recommenceront ensuite, les bougres, avec ces voix fortes dans l'aigu qui nous propulsent en plein flash gordon queenien...
Juste après, on a droit à un malheureux thème instrumental "classicorientalisant" (1'34 à 1'57), avec espagnolade à la fin, dans la droite lignée des Dream Theater et autres pénibles groupes de metal-prog (et là, ils auraient mieux fait d'écouter The End des Doors, pour comprendre comment "orientaliser" le rock avec finesse, intelligence, mystère et atmosphère). Comme si ça ne suffisait pas, le rythme qui l'accompagne est pompé sur We will Rock You. Dire qu'à leurs débuts, on voyait en Muse des sous-Radiohead... maintenant, ils ne sont plus que des sous-Queen. Dieu sait que je déteste Queen, mais on peut au moins leur reconnaître une certaine créativité, et du second degré, parfois. Alors que Muse ne fait que bêtement copier leur modèle, sans aucune forme d'humour.
Ensuite... rien. On prend les mêmes et on recommence. Le couplet, mièvre et calme à sa première apparition, est repris de manière plus "musclée" et énergique, le genre de choses qu'on a déjà entendu des milliers de fois, retour du thème classicorientalisant, voix queeniesques... decrescendo, on respire, on se dit que cette bouillie indigeste est enfin terminée... mais non ! Ces grands malades sont arrivés à tomber encore plus bas. Ou monter encore d'un cran dans le mauvais goût. Et ça, c'est vraiment exceptionnel. Les voilà qui nous jouent le Nocturne n°2 en mi bémol de Chopin. Bordel... laissez ce pauvre Chopin tranquille ! Vous pensez qu'il n'a pas suffisamment souffert ? Entre son exil, sa faible condition physique, sa mort à moins de 40 ans, et cette salope de George Sand (oui, je sais, après cette salope d'Alma, voilà que je m'en prends à Sand... mais c'est comme ça, j'ai trop d'admiration pour ces grands génies de la musique, surtout quand ils ont eu une vie difficile, je leur pardonne tout, et rien à ceux qui les ont trahis ou maltraités).
Pourquoi Chopin ? Il est justement l'exact opposé de ce qu'est Muse, sa musique est l'incarnation de la grâce, de l'élégance, de la subtilité, de la délicatesse. Et lui, avant même Wagner et Liszt, a été particulièrement novateur dans son utilisation du chromatisme. Qui est à des années-lumière de celle de Muse en accompagnement, cela va sans dire.
Et pourquoi ce Nocturne n°2 ? Faudra un jour qu'on m'explique pour quelles raisons, dans le prog, metal-prog et affiliés, les groupes qui pompent ou reprennent des thèmes classiques ne s'attachent en général qu'aux gros tubes du genre. Ils ne connaissent le classique qu'à travers un CD du style 'les meilleurs tubes classiques des musiques de pub" ? Il y a tant de chefs-d'oeuvre dans le classique, et tant de magnifiques pièces pour piano de Chopin moins connues que celle-là (et même dans ses Nocturnes, celui-là n'est pas son meilleur, à mon humble avis), pourquoi diable aller vers une telle facilité...
Pire, encore... non content de s'approprier Chopin, voilà que Muse le réorchestre en ajoutant de nouveaux violons sirupeux, dans le plus pur style... de Clayderman. Après Queen, le prog et metal-prog, le massacre de Chopin, manquait plus que Clayderman pour compléter cet effarant tableau de mauvais goût. Mais p*** de b*** de m*** d'e*** de v** r***... si le génial Chopin avait voulu des violons sur ce Nocturne, il les aurait mis lui-même ! Comme un grand ! Il a fait deux concertos pour piano, et même s'il n'est pas le plus grand orchestrateur qui soit, il s'y connaissait déjà 100 fois mieux que Clayderman ou Muse. Un musicien de génie peut orchestrer une oeuvre pour piano d'un autre génie, comme Ravel l'a fait de manière admirable avec les Tableaux d'une Exposition de Moussorgsky. Mais on ne laisserait pas Marc Lévy réécrire des passages d'A la Recherche du Temps Perdu, ni Anna Gavalda ajouter des vers dans les poèmes de Baudelaire... alors pourquoi permettre à Muse ou Clayderman de faire à Chopin ce qu'on ne supporterait pas en littérature ?
Les cons et les génies ont un point commun : ils osent tout, et c'est à ça qu'on les reconnaît. Mais il y a une différence de taille, le génie le fait avec intelligence et subtilité. Et il a en général suffisamment de créativité pour ne pas se contenter de balancer un patchwork d'influences mal digérées. Je vous laisse juger dans quelle catégorie se trouve Muse (il n'y a pas de piège)...