Avant de vous proposer le bilan de l’année passée, il me fallait dire un mot de Dreamachines, un des tous meilleurs albums de 2013 par un des plus illustres musiciens de ces dernières décennies : John Zorn, saxophoniste, clarinettiste et compositeur new yorkais.
Zorn ou l’art de la rupture…
Chez Zorn, la rupture est à tous les niveaux. Dans le mélange des genres, souvent déroutant : jazz, punk, musique classique contemporaine, musiques du monde (klezmer en particulier), musique expérimentale, death metal (par exemple dans sa formation « Naked City », avec un autre grand iconoclaste : Mike Patton), ou encore musiques de films. Des genres qui peuvent coexister au sein de mêmes albums ou donner lieu à des projets très différents les uns des autres. Ruptures, aussi, dans son jeu et son travail compositionnel, par de multiples breaks et changements brusques. Un « art du collage », en quelque sorte… On ne s’étonnera pas de ce que son dernier album ait été influencé par le travail de William Burroughs. Et pourtant, il est particulièrement fluide et homogène pour du Zorn (mis à part, peut-être, le premier morceau et le dernier).
D’un point de vue très personnel : ruptures, aussi, dans mes appréciations de ses œuvres. Zorn me fascine autant qu’il peut, de temps en temps, m’irriter ou m’ennuyer, parfois au sein d’un même morceau… La grande homogénéité de ce nouvel album n’est sans doute pas étrangère au fait que je le trouve particulièrement réussi ; l’homogénéité d’une œuvre musicale m’importe bien plus que sa diversité.
Zorn a composé et produit l’album, mais il n’y joue pas, laissant l’interprétation à un quatuor d’une musicalité et d’une maîtrise exceptionnelles :
John Medeski - piano
Kenny Wollesen - vibraphone
Trevor Dunn - basse
Joey Baron - batterie
De la composition à l’interprétation en passant par la prise de son, tout est réuni pour faire de Dreamachines un grand album, et un des meilleurs albums jazz de ces dernières années.
Si ce n’est déjà fait, je vous conseille évidemment de vous plonger au plus vite dans ce dernier John Zorn, mais si vous n’êtes pas un amateur de jazz (ou de Zorn), écoutez au moins The Conqueror Worm, qui n’est autre, pour moi, que le meilleur morceau de l’an dernier :
Vibraphone onirique et mystérieux, riff entêtant, thème orientalisant et très belle montée en puissance : un morceau véritablement extatique…
L’album en écoute sur grooveshark : John Zorn - Dreamachines
A lire sur wikipedia :
Dreamachines dans le Classement des albums 2013