Jean Sibelius - Symphonie n°7 en Do majeur (op. 105)
Je vous ai parlé des 100 ans de la pièce Vers la Flamme de Scriabine, c’est l’occasion de continuer sur la lancée et de vous présenter des œuvres importantes des années en « 4 ». Après 1914 : 1924… et une œuvre qui relie même ces deux dates, puisqu’elle a été commencée en 1914, et terminée et présentée au public en 1924 (le 24 mars 1924 à Stockholm pour être précis).
Sibelius (1865 – 1957) est le grand compositeur finlandais, et cette symphonie est sa dernière. Il faut dire que 10 ans pour écrire une symphonie, c’est particulièrement long, ce qui explique qu’il ait eu du mal à en achever une nouvelle (il a écrit une 8° symphonie, qui ne lui convenait pas et dont il a détruit la partition).
Une symphonie, en général, est une œuvre pour orchestre en 4 mouvements. Mais cette symphonie de Sibelius est en un seul mouvement, caractéristique des « Poèmes Symphoniques »… sauf que cette 7° de Sibelius ne peut être considérée comme Poème Symphonique puisqu’elle ne s’appuie pas sur un thème extra-musical (une légende, un tableau, un roman etc.) Sibelius, lui, a présenté sa 7° symphonie comme une « Fantaisie symphonique ». La forme en un mouvement est originale (même pour une symphonie de 1924), mais n’est pas totalement en rupture avec la structure traditionnelle de la symphonie, les oreilles attentives y décèleront des passages qui évoquent un mouvement lent puis un scherzo.
La symphonie est bien en Do Majeur comme indiqué en début d’article, ce n’est pas une faute de frappe, car il est vrai que sur ce blog qui fête (déjà) son 8° anniversaire, les œuvres classiques en majeur sont extrêmement rares (c’est peut-être la première, je ne suis pas allé vérifier).
Le majeur est joyeux, le mineur est triste, voilà comment on explique rapidement la différence entre les deux. C’est une bonne manière de faire la distinction quand on s’initie à la musique… mais les choses ne sont, comme toujours, pas si simples. On peut faire du « majeur triste » et du « mineur joyeux ». Dans une tonalité majeure, il y a des accords mineurs (sur lesquels on peut insister), et lorsque vous lisez que telle œuvre classique est en Do mineur ou en Do majeur, cela ne signifie pas qu’elle reste dans cette même tonalité du début à la fin (ça, c’est plutôt le cas de la musique pop), il y a de nombreuses modulations dans d’autres tonalités (des tonalités qui peuvent être mineures quand la tonalité de base est majeure, et inversement). Si les œuvres en majeur sont en général plus « joyeuses » que les œuvres en mineur, cette symphonie est un des meilleurs exemples que je connaisse pour prouver qu’une pièce classique dont la tonalité de base est majeure peut aussi être très mélancolique, et plutôt sombre. Mais au-delà de ces considérations théoriques, elle est surtout une magnifique pièce de musique postromantique (l’influence de Wagner / Bruckner / Mahler est très prégnante), et une œuvre particulièrement envoûtante…
Je vous conseille comme première version celle de Leif Segerstam (la qualité sonore est excellente, choisir 1080pi dans les paramètres).
Si vous désirez la voir interprétée à l’orchestre, la version de Simon Rattle :
Par Karajan : Sibelius – 7° Symphonie.
Sur grooveshark, les symphonies n° 5 et 7 de Sibelius par Leonard Bernstein
La page wikipedia de la Symphonie n°7 de Sibelius