Après Blue Chill, c’est au tour de The Bankees, groupe pop-rock français, de nous raconter l’histoire d’une de leurs chansons, The Plumber Life.
Il est amusant de constater que les deux premiers groupes qui se sont prêtés au jeu ont une manière de parler de leur chanson à l’image de leur musique. Plus tourmenté et « dense » chez Blue Chill, plus accessible et simple (donc pop) chez The Bankees, mais avec de la finesse, de l’élégance et de la poésie.
The Bankees - The Plumber Life
Scénario :
Arpèges en escaliers sculptés dans le bois d’une guitare folk, une entrée sur la pointe des pieds au rythme des notes d’un piano esseulé. Puis la complainte de celui qui a passé sa vie à trimer et à tout perdre. La misère sociale n’est belle qu’à travers le prisme d’un accord mineur. Notre Eleanor Rigby ne reprise pas des chaussettes comme chez McCartney, mais répare des tuyaux. L’homme a du plomb dans l’âme. Un refrain, qui élève et en même temps condamne, la grâce et la sentence. Enfin, une guitare psychédélique qui descend en enfer et puis le silence, avant que l’histoire ne recommence le temps d’un second couplet. Un peu plus de noirceur et en même temps ces chœurs angéliques qui donnent espoir, avant que ne s’abattent une dernière fois des guitares apocalyptiques.
Making Of :
Notre processus de création est intuitif, il ne répond pas à une démarche logique et planifiée et il n’est pas toujours simple, rétrospectivement, de l’analyser. La chanson a été composée sur une guitare acoustique et enregistrée il y a quatre ans dans la « Blue House », une maison située en pleine forêt ardéchoise. Les moyens de l’époque ne permettaient pas d’obtenir l’ampleur musicale et dramatique suffisante. Notre style a aussi évolué au fil des années. Nous essayons aujourd’hui de construire un délicat équilibre entre simplicité et sophistication, élégance et saturation. Reprendre ce morceau a été très stimulant ; il était possible de se concentrer davantage sur la production, et moins sur la composition. La guitare folk a servi de base, sur laquelle est venue se greffer cette ligne de piano improvisée sur le moment. La batterie, assez primitive, a remplacé le métronome et la basse s’est discrètement insinuée. Ce sont les guitares et le clavier qui ont demandé le plus de travail. Il fallait trouver un son assez ample pour le refrain. La deuxième guitare devait ajouter un côté abrasif, avec une légère distorsion. Le clavier pouvait amener le côté un peu aigu et anxiogène. Le chant est toujours difficile à poser. On cherchait l’émotivité sans le pathos. La deuxième voix vient rajouter de la puissance au refrain et les chœurs à la fin de chaque couplet accompagnent la montée des guitares.
Tout a été enregistré à la maison, sur un simple huit pistes. La chanson raconte l’aliénation psychologique d’un travailleur, elle est en même temps notre ode à l’artisanat musical…
Le morceau est aussi en écoute sur soundcloud.
La page Bandcamp de The Bankees. Avec leurs 3 EP :
Heaven (2013)
Home (2012)
Kimono (2011)