1 octobre 2009
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David Bowie Blog Tour 2009
Un des phénomènes les plus irritants dans le monde de la chanson, c'est la réhabilitation de chanteurs has-been. On pensait en être débarrassé... non seulement ils reviennent, mais en plus on leur déroule le tapis rouge. Un phénomène qui a pris beaucoup d'ampleur cette dernière décennie, et qui a bien sûr pour cause ce mélange très moderne de mollesse consensuelle et de réduction de l'art à un simple divertissement où tout se vaut, tant qu'on y prend du plaisir.
Des chanteurs qui ont connu un certain succès avec quelques gros tubes dans l'air du temps, ont logiquement été démodés et ont connu une traversée du désert... mais au retour de cette traversée, tout se passe comme s'ils avaient expiés leur faute et comme si la société, à son tour, culpabilisait d'avoir laissé tomber les vedettes de sa jeunesse. Ils étaient sujets de raillerie, incarnation de la médiocrité du music-business, et les voilà considérés comme de grands anciens, voire des "légendes". Non pas qu'ils reviennent avec de grands disques, mais juste des albums un peu plus "matures", apaisés. Vous verrez, un de ces jours, Obispo aussi y aura droit (encore faudrait-il qu'il connaisse rapidement cette traversée du désert, que nos oreilles lui souhaitent longue, très longue).
Là est tout ce qui fait la différence entre les chanteurs de varièt' et les vrais artistes de la musique pop, dont Bowie est un des meilleurs exemples. Si Outside marque son grand retour après la traversée du désert - moins commerciale qu'esthétique - des 80's, ce n'est en rien lié à des questions de pseudo "album de la maturité" ou de capital sympathie d'un vieux chanteur qui nous ramène à notre jeunesse, mais à la seule qualité de sa musique. Il n'avait pas sorti d'album à la hauteur des illustres Hunky Dory, Ziggy Stardust, Low ou Heroes depuis presque deux décennies, mais il n'est pas pour autant devenu un artiste du passé. Bien au contraire, fidèle à lui-même, il intègre les nouveaux sons de l'époque, il avance... et il avance même tellement qu'il fait passer bon nombre des jeunes artistes novateurs du moment pour des bricoleurs amateurs. Là où tant d'autres chanteurs pop reconnus ont incorporé à la va-vite, juste pour donner l'impression d'être dans l'air du temps, quelques sons électro, Bowie semble les maîtriser depuis toujours. Plusieurs années avant Kid A, Bowie marie mieux que quiconque le mélange rock - électro, avec notamment les titres exceptionnels que sont I'm Deranged ou Hallo Spaceboy.
Madonna a beau se réclamer de Bowie, ce qui les sépare est considérable. D'un côté, une artiste de variété qui s'entoure des créatifs en vogue et en tire des chansons pop efficaces, souvent, mais qui restent... des chansons pop. De l'autre, un artiste qui ne craint pas l'étrangeté, l'expérimentation, la dissonance, et dont les mélodies ont - toutes proportions gardées - souvent bien plus à voir avec les mélodies sinueuses d'un Wagner qu'avec celles, faciles, de Madonna. A Small plot of Land en est un des meilleurs exemples, une des mélodies les plus bizarres et fascinantes de Bowie (avec, ce qui ne gâche rien, un accompagnement particulièrement original).
Outside, donc, c'est le grand retour d'un Bowie... qui n'était pas vraiment parti. Tin Machine n'a été qu'une ébauche, un brouillon, où Bowie s'est essayé à un rock plus sauvage, brut, mais c'est avec Outside qu'il parvient enfin à trouver l'alchimie parfaite : il garde de ses années 70 la créativité, l'audace, l'intelligence et la subtilité qui le caractérisaient, et de Tin Machine le côté plus "terrien", rock. En résulte un album qui parvient à mélanger de manière convaincante l'intelligence, la puissance et la finesse, ce qui n'est, vous me l'accorderez, pas si fréquent. Mais l'album, d'une richesse peu commune, ne se réduit bien évidemment pas à cela. Il fait partie de ces quelques grands albums pop qui sont des "albums-monde", à la fois très cohérents et riches. Il y a de tout, sur Outside : de la pop, de l'électro, du rock, du piano classique, de la violence, des atmosphères planantes, du lyrisme, de l'étrangeté, de la noirceur, de la mélancolie, de la puissance, de l'expérimentation... il y a tellement de tout, qu'il y a même quelques morceaux moyens (I have not been to Oxford Town).
Pour terminer sur une de mes "marottes"... il faudrait imposer à tout groupe de metal débutant d'écouter et décortiquer longuement Hallo Spaceboy. Bowie y prouve à merveille que l'on peut parfaitement faire du rock violent, sauvage, puissant, intense, apocalyptique... sans être bourrin, bovin ou niais. Car non, la lourdeur n'a rien d'inévitable lorsque l'on tente d'exprimer musicalement la puissance, encore faut-il avoir du talent, de la musicalité, un cerveau en bon état de marche et un sens artistique développé, mais, malheureusement, tout le monde n'est pas Bowie.
La preuve en images, Hallo Spaceboy en live... à écouter avec le son au maximum, ou à ne pas écouter du tout :
L'album en écoute sur deezer.
David Bowie Blog Tour 2009
Je dois donc refiler le bébé à un autre blogueur, si j'ai bien tout compris... l'heureux élu sera une heureuse élue, Mlle Eddie.
Un des phénomènes les plus irritants dans le monde de la chanson, c'est la réhabilitation de chanteurs has-been. On pensait en être débarrassé... non seulement ils reviennent, mais en plus on leur déroule le tapis rouge. Un phénomène qui a pris beaucoup d'ampleur cette dernière décennie, et qui a bien sûr pour cause ce mélange très moderne de mollesse consensuelle et de réduction de l'art à un simple divertissement où tout se vaut, tant qu'on y prend du plaisir.
Des chanteurs qui ont connu un certain succès avec quelques gros tubes dans l'air du temps, ont logiquement été démodés et ont connu une traversée du désert... mais au retour de cette traversée, tout se passe comme s'ils avaient expiés leur faute et comme si la société, à son tour, culpabilisait d'avoir laissé tomber les vedettes de sa jeunesse. Ils étaient sujets de raillerie, incarnation de la médiocrité du music-business, et les voilà considérés comme de grands anciens, voire des "légendes". Non pas qu'ils reviennent avec de grands disques, mais juste des albums un peu plus "matures", apaisés. Vous verrez, un de ces jours, Obispo aussi y aura droit (encore faudrait-il qu'il connaisse rapidement cette traversée du désert, que nos oreilles lui souhaitent longue, très longue).
Là est tout ce qui fait la différence entre les chanteurs de varièt' et les vrais artistes de la musique pop, dont Bowie est un des meilleurs exemples. Si Outside marque son grand retour après la traversée du désert - moins commerciale qu'esthétique - des 80's, ce n'est en rien lié à des questions de pseudo "album de la maturité" ou de capital sympathie d'un vieux chanteur qui nous ramène à notre jeunesse, mais à la seule qualité de sa musique. Il n'avait pas sorti d'album à la hauteur des illustres Hunky Dory, Ziggy Stardust, Low ou Heroes depuis presque deux décennies, mais il n'est pas pour autant devenu un artiste du passé. Bien au contraire, fidèle à lui-même, il intègre les nouveaux sons de l'époque, il avance... et il avance même tellement qu'il fait passer bon nombre des jeunes artistes novateurs du moment pour des bricoleurs amateurs. Là où tant d'autres chanteurs pop reconnus ont incorporé à la va-vite, juste pour donner l'impression d'être dans l'air du temps, quelques sons électro, Bowie semble les maîtriser depuis toujours. Plusieurs années avant Kid A, Bowie marie mieux que quiconque le mélange rock - électro, avec notamment les titres exceptionnels que sont I'm Deranged ou Hallo Spaceboy.
Madonna a beau se réclamer de Bowie, ce qui les sépare est considérable. D'un côté, une artiste de variété qui s'entoure des créatifs en vogue et en tire des chansons pop efficaces, souvent, mais qui restent... des chansons pop. De l'autre, un artiste qui ne craint pas l'étrangeté, l'expérimentation, la dissonance, et dont les mélodies ont - toutes proportions gardées - souvent bien plus à voir avec les mélodies sinueuses d'un Wagner qu'avec celles, faciles, de Madonna. A Small plot of Land en est un des meilleurs exemples, une des mélodies les plus bizarres et fascinantes de Bowie (avec, ce qui ne gâche rien, un accompagnement particulièrement original).
Outside, donc, c'est le grand retour d'un Bowie... qui n'était pas vraiment parti. Tin Machine n'a été qu'une ébauche, un brouillon, où Bowie s'est essayé à un rock plus sauvage, brut, mais c'est avec Outside qu'il parvient enfin à trouver l'alchimie parfaite : il garde de ses années 70 la créativité, l'audace, l'intelligence et la subtilité qui le caractérisaient, et de Tin Machine le côté plus "terrien", rock. En résulte un album qui parvient à mélanger de manière convaincante l'intelligence, la puissance et la finesse, ce qui n'est, vous me l'accorderez, pas si fréquent. Mais l'album, d'une richesse peu commune, ne se réduit bien évidemment pas à cela. Il fait partie de ces quelques grands albums pop qui sont des "albums-monde", à la fois très cohérents et riches. Il y a de tout, sur Outside : de la pop, de l'électro, du rock, du piano classique, de la violence, des atmosphères planantes, du lyrisme, de l'étrangeté, de la noirceur, de la mélancolie, de la puissance, de l'expérimentation... il y a tellement de tout, qu'il y a même quelques morceaux moyens (I have not been to Oxford Town).
Pour terminer sur une de mes "marottes"... il faudrait imposer à tout groupe de metal débutant d'écouter et décortiquer longuement Hallo Spaceboy. Bowie y prouve à merveille que l'on peut parfaitement faire du rock violent, sauvage, puissant, intense, apocalyptique... sans être bourrin, bovin ou niais. Car non, la lourdeur n'a rien d'inévitable lorsque l'on tente d'exprimer musicalement la puissance, encore faut-il avoir du talent, de la musicalité, un cerveau en bon état de marche et un sens artistique développé, mais, malheureusement, tout le monde n'est pas Bowie.
La preuve en images, Hallo Spaceboy en live... à écouter avec le son au maximum, ou à ne pas écouter du tout :
L'album en écoute sur deezer.
David Bowie Blog Tour 2009
Je dois donc refiler le bébé à un autre blogueur, si j'ai bien tout compris... l'heureux élu sera une heureuse élue, Mlle Eddie.