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19 novembre 2008 3 19 /11 /novembre /2008 11:17

Electro     2002 - Ninja Tune

Voilà un album qui mériterait l'appellation de "grande musique". Grande, parce qu'elle est d'une richesse peu commune (ce qui est, par contre, commun chez Amon Tobin, cf. ma chronique de Permutation). Grande, parce qu'on est très loin des musiques autistes/intimistes. Du souffle, de la hauteur, de la puissance, de l'ambition, de l'ampleur... Out from out where, c'est un peu l'anti-Carla Bruni (je ne recule devant aucune facilité pour inciter le lecteur à se plonger dans l'œuvre d'Amon Tobin...), elle qui n'aime rien tant que les petites choses : petites musiques, petite voix, petite guitare douceâtre, petit... je m'égare dans le trivial, et c'est faire injure à Amon Tobin... Grande, surtout, parce qu'on s'y affranchit des pesanteurs terrestres et des limites temporelles pour un formidable voyage en pleine science-fiction ; Out from out where est le plus futuriste des albums de Tobin. Pas de la SF bas de gamme, on est plus proche ici de l'univers des 2K (K.Dick et Kubrick - ce dernier n'est bien entendu pas un "cinéaste de SF", mais 2001 est l'incontestable chef-d'oeuvre du genre) que de Stargate.


Il peut sembler totalement arbitraire de rapprocher cette musique instrumentale (qui n'a donc pas de sens apparent) de la meilleure science-fiction, plutôt que de n'importe quelle autre œuvre du genre. Si l'on met de côté l'exceptionnelle qualité de l'album (ce qui n'est tout de même pas rien), quoi de commun entre la musique d'Out from out where, 2001 et les univers de K.Dick ? Tout simplement le fait que cette musique est intelligente, adulte... de la grandeur, mais pas de thème héroïco-pétaradant à la Star Wars (enfin, je parle ici de la fameuse - et ultra-pompeuse - ouverture, il y a plein d'excellentes choses dans la partition de John Williams). Un univers sombre, tourmenté, oppressant... sans être glauque ni dépressif. Une énergie irrésistible, de la puissance, de la force (du côté obscur), du groove... et surtout, une profusion d'idées. Ce n'est pas de l'électro dark planante avec une idée par morceaux, mais plutôt une idée par seconde (j'exagère à peine, écoutez attentivement, vous verrez...) Pas de bidouillage électro sans queue ni tête, mais un sens de la construction, de la cohérence, de la narration, qui fait tout le génie d'Amon Tobin.


Si Out from out where est le plus "futuriste" des albums de Tobin, c'est aussi parce qu'il délaisse ses influences jazz (sans parler de ses influences bossa - il est anglo-brésilien - assez nettes lors de ses premiers albums sous le nom de Cujo), au profit d'ambiances électro-SF inquiétantes, martiales, et post-apocalyptiques. Pas de swing jazz ou bossa, donc, mais, parmi les rares choses qui dans cet album nous rattachent à cette vieille terre, des motifs orientalisants mystérieux (Searchers, Proper Hoodidge, El Wraith). L'album, qui date de 2002, a un indéniable côté post 9/11, ce n'est pas un hasard si certains de ses morceaux ont été très fréquemment employés pour illustrer des reportages sur les réseaux terroristes en Orient. Mais il serait bien trop réducteur d'enfermer l'album dans ce cadre-là, il nous entraîne beaucoup plus loin, et beaucoup plus haut.

        
Le premier morceau s'intitule Back from Space... pertinent, dans le sens où l'on a vraiment l'impression durant tout l'album qu'Amon Tobin en revient pour nous présenter les sons et musiques les plus passionnants qu'il y ait découvert... mais, du coup, c'est l'effet inverse qui se produit chez l'auditeur, qui, lui, décolle pour un des trips SF les plus fascinants qui soit.  

 

Si vous voulez être de ce voyage, c'est simple, il suffit de cliquer sur le lecteur suivant (puis d'acheter l'album qui mérite d'être écouté avec le meilleur son possible, au casque ou sur une bonne chaîne hi-fi). Si vous n'avez pas le temps, je vous recommande particulièrement Chronic Tronic, Searchers et El Wraith.




Chroniques d'Out From Out Where sur :

Trip-hop.net
Newforms
Fast'n'Bulbous

Amon Tobin - Out from out where

1. Back from space
2. Verbal ft. Mc Decimal R.
3. Chronic tronic
4. Searchers
5. Hey blondie
6. Rosies
7. Cosmo retro intro outro
8. Triple science
9. El wraith
10. Proper hoodidge
11. Mighty micro people

Précédentes chroniques sur Amon Tobin : 
Permutation et Foley Room

Les meilleurs albums de 2002

 

 

La fiche d'Amon Tobin (avec tous ses albums en écoute)

 

 

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commentaires

G
<br /> ARNO : Tant mieux, vu qu'il m'arrive d'oublier de répondre à des commentaires, de les redécouvrir deux ou trois ans plus tard et<br /> ne le faire qu'à ce moment^^<br />
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A
<br /> Piouff... le temps passe vite quand on relis ces comms. J'ai l'impression de l'avoir écrit hier! <br />
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G
<br /> AVION : J'adore Foley Room, mais je pense qu'Out from Out where reste mon Tobin préféré... quoique ça se joue à pas<br /> grand-chose avec Permutation...<br />
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A
<br /> Tout à fait d'accord avec ta critique ! <br /> <br /> <br /> Il revient de l'espace, et nous on y part . Searchers est vraiment l'exemple phare .. <br /> <br /> <br /> J'ai tout de même une tendance à préférer l'album Foley Room :)<br />
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G
ARNO2 : Je suis d'accord... j'ai aussi du mal à comprendre comment on peut ne pas être sensible à ses albums, si fascinants... Sinon, Aphex Twin, j'ai tout de suite adoré... c'est Autechre qui m'a demandé plus de temps pour arriver à "comprendre" leur musique, mais j'y suis arrivé^^
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A
On peut ne pas aimer Amon Tobin... Mais aime t'on alors la musique électronique??? Amon Tobin crée des univers riches et variés : du jazz, de l'ambient, parfois sombre ou léger. Il joue sur les changements de rythmes avec une grande facilité, des beats bien travaillés ... pour un résultat complexe mais maitrisé. Difficile de ne pas s'y retrouver à un moment sur une chanson ou un album... Si la réponse est oui, j'aime l'électro mais pas Amon tobin, une deuxième écoute est (selon moi) nécéssaire! Il serait dommage de passer à coté de ce génie. Par exemple : j'ai mis longtemps à "comprendre" (le terme est bien choisis) Aphex, mais maintenant, c'est un must. Par contre, j'aime toujours pas Autechre, mais je continue à écouter parfois une chanson suite à la lecture d'un blog ou d'un commentaire sur lui, on a parfois un déclic.PS : j'avoue être fan d'Amon Tobin, donc pas tout à fait objectif... merci d'en tenir compte
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G
Dr. F : Oui... même s'il y avait déjà des climats un peu "paranos" chez lui, sur Supermodified notamment... mais je suis d'accord, là, on tombe bien plus profond dans les abymes...<br /> RX : Merci pour le conseil, je n'ai encore jamais écouté ce "Fink", et vais m'y mettre rapidement, alors...
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R
Je viens juste ici pour dire que chez "Ninja Tune" il y a aussi cet artiste que je trouve très bien: Finkhttp://www.deezer.com/#music/result/all/fink
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D
Un tres bon album du Tobin qui en effet permet une rupture plus franche avec ses anciens albums, le climat parano fait son apparition.
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G
KMS : Back from Space... je pourrais te sortir une liste de tout ce que ça peut être, mais le côté péplum, non, je le vois pas (à moins que tu ne connaisses des peplums K.Dickiens bizarroïdes vus sous LSD...) Déjà, il y a un sample de Debussy vraiment bien foutu... c'est très planant, plein de petites ruptures et de décalages rythmiques, des sonorités et accords étranges, très sombres par endroits, rien d'héroïque... faudra que tu me donnes les références des peplums que tu as vu, des comme ça, je n'en connais malheureusement pas...MB : Moui... j'imagine en effet que quelqu'un qui connaît bien ce morceau d'Aerosmith puisse entendre des "nananas" ici, mais ce sont tout de même des choses très différentes, deux rythmes plutôt éloignés (Tobin joue sur les contretemps, Aerosmith est sur un rythme très binaire, les deux temps sont bien marqués chez eux...) 
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M
Tenez, pour vous, lol : http://www.deezer.com/track/89951
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M
Au début de Chronic Tronic, je ne peut m'empecher d'attendre d'entendre les nananas de Just Push Play d'Aerosmith (2001), lol... leur aventure dans des nouveau sonorités n'a pas été apprécier de tous, d'ailleurs... Moi, je trouve ces "morçeaux" bien fait, mais c'est un peu comme écouter un BO d'un film, pas ce que j'adore...
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K
Je n'y peux rien Amon Tobin m'emmerde.(dis donc Back from space si c'est pas Péplum faudra m'expliquer ce que c'est).
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G
ARBOBO : ça dépend de ce qu'on en fera^^ (j'ai bon ?)KMS : Tu plaisantes ! Il n'y a pas du tout chez Tobin ce côté héroïque, naïf... sa musique a toujours une certaine étrangeté, des détails insidieux qui viennent parasiter le "discours", pas mal de second degré, même... 
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K
Bon... je n'ai réussi à écouter en entier que Hey Blondie... les autres comment dire... ce n'est pas que ça ne soit pas bien... juste c'est chiant un peu... les trucs style musique de Péplum je n'y peux rien ça me gonfle...
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A
culture générale, sujet n°2 : le post-apocalyptisme est-il un post-humanisme?
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G
GUIC : C'est exactement ça... et c'est ce qu'il y a de plus fascinant, chez Amon Tobin, cette musique si "imagée", on n'est pas dans de l'abstraction électro, mais une musique assez cinématographique (une cohérence narrative, des images et des ambiances)... tout en étant bien plus "expérimentale", riche et complexe que les 9/10° (et plus encore) des bidouilleurs électro...Sinon, en live, c'est vrai que la fois où je l'ai vu, il n'y avait strictement rien de spectaculaire non plus.... si ce n'est sa musique, qui se suffit à elle-même...
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G
C'est par cet album que j'ai découvert le gars Tobin... Grosse claque. La particularité des morceaux, sur cet album entre autres... c'est la capacité qu'ils ont à suggérer des ambiances, des images (pas réjouissantes, mais bon...), à marquer l'esprit, à s'imposer...A coté des Mood Organ playlist, les albums de Tobin sont pour moi directement des "Pictures Generator", et on va... au dela de la musique. (ca doit faire completement illuminé ce que je raconte...)Je me rappelle que des potes avaient fait un court métrage (qui se voulait "Lynchien"...) dont la scène d'ouverture étaient simplement des gouttes d'eau transpirant du plafond du parking souterrain de notre résidence d'étudiants, puis un néon clignotant à l'alumage, puis un corps allongé, au milieu du parking désert... Le tout sur fond de "Searchers".Autant dire que le lien entre les deux est bloqué maintenant.Enfin...Par contre, Amon Tobin en live, c'a beau être bien, il pmanque un côté ... "spectaculaire"... Et faut pas s'attendre à entendre des morceaux connus, ca tient plus du "one shot", du set de DJing unque ... Ce qui est interessant quand même hein...
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