Bowie pour commencer l'année, Leonard Cohen pour la terminer... Deux des plus grands noms des musiques populaires modernes sont morts en 2016, juste après avoir livré un dernier album-testament au nom de circonstance : Blackstar pour l'un, You want it darker pour l'autre. Publier un album qui s'intitule You want it darker et mourir dans la foulée, avouez qu'il faut tout de même un sacré sens de l'humour noir... Mais bon, l'humour, même noir, n'est sûrement pas ce que l'on retiendra en premier lieu de Leonard Cohen.
Qui aura su mieux que lui incarner la face adulte, sérieuse et littéraire de la musique populaire occidentale moderne ? Et pourtant... il y a un mystère que je ne m'explique pas chez Leonard Cohen (faut dire que j'ai jamais vraiment cherché la réponse, mais si vous l'avez, je suis preneur) : comment un artiste aussi intelligent et profond que Cohen a-t-il pu sortir des albums aux accompagnements aussi kitsch & cheap ? D'autant que ses premiers disques étaient irréprochables de ce point de vue (guitare acoustique, quatuor à cordes...) Le basculement se fait surtout dans les années 80 : à mesure que sa voix devient plus caverneuse, ses accompagnements délaissent l'authenticité, voire la "pureté" d'accompagnements folk boisés pour des synthés et sons électroniques d'un goût très discutable. Voix féminines particulièrement sucrées + gros synthés à deux balles, on trouve des accompagnements chez Cohen que même un quelconque footballeur reconverti en chanteur aurait trouvé vulgaires. Et que même un chanteur de bal populaire aurait trouvé trop insipides et artificiels...
Cohen a poursuivi sa compagne / impresario, Kelley Lynch, pour escroquerie, à mon avis, il aurait dû en faire autant pour son ingé son, et le producteur de ses albums ("tiens, Leonard, voilà les bandes que les musiciens ont enregistré en studio ces dernières semaines", devait lui dire son producteur en lui tendant une K7 de rythmiques enregistrées la veille à partir de démos d'un vieux synthé...) Deux morceaux pour vous en convaincre :
Light as the Breeze (1992)
That don't make it Junk (2001)
Et pourtant... j'ai toujours préféré le Leonard Cohen de ces 3 dernières décennies à celui des années 60-70. Pour sa voix, évidemment, cette voix telle qu'il pourrait être accompagné du pire producteur d'italo-disco, c'est la gravité de sa voix qui l'emporterait sur la superficialité de l'arrangement. Là où d'illustres artistes (Gainsbourg, Bowie ou Miles Davis, par exemple) ont sévèrement baissés de niveau dans les 80's, plombés en partie par les sons en toc de l'époque, Leonard Cohen, lui, a plombé ces sons en toc par la gravité de son chant (et la qualité de ses textes). Ce qui n'est pas un mince exploit...
Hum... pas sûr que de mettre en évidence les arrangements les plus cheap ou tapageurs de Leonard Cohen soit le meilleur moyen de lui rendre hommage... Alors allons-y plutôt pour les titres que je préfère de Cohen. Si les accompagnements ne sont pas son point fort (enfin, à partir des années 80), nombre de ses chansons restent d'excellente compagnie, elles m'accompagnent régulièrement depuis plus d'une vingtaine d'années, et continueront de me hanter longtemps. En tête de celles-là, A Thousand Kisses Deep.
Je ne suis pas un grand amateur de ballades pop / rock, plutôt du genre à les zapper même sur mes albums rock favoris... mais s'il y a bien deux ballades dont je ne me lasse jamais et qui font partie de mes chansons de chevet, ce sont Riders on the Storm des Doors et A Thousand Kisses Deep de Leonard Cohen :
Playlist de mes chansons favorites de Leonard Cohen, version "courte" sur Youtube, en moins de 15 titres, la crème de la crème, et en version un peu plus longue sur spotify. Les deux par ordre chronologique :
Son dernier album en écoute : You want it Darker