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10 février 2014 1 10 /02 /février /2014 18:45

EYDIE-GORME.jpgAprès la 11° symphonie de Chostakovitch, dans un style totalement différent mais datant de la même année (1957), un vrai petit bijou : The Gentleman is a Dope par Eydie Gormé.

Eydie Gormé est décédée l’an dernier, dans l’indifférence quasi-générale, c’est aussi l’occasion de lui rendre hommage. Née dans le Bronx en 1928 de parents juifs, son père vient de Sicile (son nom d’origine est Gormezano), sa mère de Turquie ; pas étonnant qu’après avoir été chanteuse de big band jazz elle se soit tournée vers les musiques « du monde », en particulier les musiques latines.

Pour l’anecdote, elle était dans la même classe que Stanley Kubrick au lycée, dans une école publique du Bronx.

The Gentleman is a Dope est tirée de la comédie musicale Allegro (1947) des incontournables Rodgers & Hammerstein, les maîtres du genre. Ce n’est pas la plus célèbre de leurs chansons, mais une de leurs plus belles à mon sens. Et la version d’Eydie Gormé est superbe. De la musique populaire et de la (très) bonne, avec du swing, de l’élégance, de l’émotion et de la finesse. Un petit bijou, vous dis-je.

Eydie Gormé – The Gentleman is a Dope :

 

Les musiciens (ou les plus assidus de mes lecteurs) reconnaîtront peut-être, au début, la descente typique de la suite flamenco, à laquelle j’avais consacré un article il y a longtemps : La Suite Flamenco.

Sur Wikipedia (en anglais) : Eydie Gormé / Allegro

L’album :

Eydie Gormé – I’ll Take Romance (1957)

 

  De nombreux albums d’Eydie Gormé sont en écoute sur Spotify

 

Sur youtube, une version plus ancienne par Jo Stafford :

 

Je vous ai aussi regroupé dans une playlist plusieurs belles interprétations de The Gentleman is a Dope, avec quelques illustres chanteuses (Ella Fitzgerald, Sarah Vaughan) :

 

 

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4 février 2014 2 04 /02 /février /2014 19:30

chostakovitch.jpgDmitri Chostakovitch – Symphonie n°11 en sol mineur : L’année 1905

Créée en 1957 

 

 

 

 

Après la 7° symphonie de Sibelius, dont la forme en un mouvement est celle du Poème Symphonique, mais qui n’en est pas un puisqu’elle n’a pas de « programme descriptif », en voilà une qui a bien la forme traditionnelle de la symphonie en 4 mouvements, mais qui a un programme (la révolution de 1905). Malgré ce programme, ce n’est pas là non plus un Poème symphonique, mais une symphonie, ou plus précisément une « symphonie à programme ». La différence entre Poème Symphonique et symphonie à programme est simple : le premier est en un seul mouvement, le second a le découpage en plusieurs mouvements des symphonies (normalement 4, mais il peut y en avoir plus ou moins, les premières symphonies en avaient 3, et deux des plus célèbres symphonies dites « à programme » en ont 5 : la Symphonie n°6 « Pastorale » de Beethoven, et la symphonie fantastique de Berlioz).

En résumé :

Poème symphonique : 1 Mouvement + programme (illustration musicale d’un poème, d’une peinture, d’un roman, d’un événement historique etc.)

Symphonie : Plusieurs mouvements (malgré quelques rares exceptions comme la 7° de Sibelius en 1 mouvement), le plus souvent 4, et pas de programme (il peut y avoir un titre évocateur, mais le compositeur n’a pas cherché à raconter une histoire qui se déroulerait tout au long des différents mouvements).

Symphonie à programme : Plusieurs mouvements + programme.   

 

Avant de détailler dans un futur article les musiques de 1957, il me fallait mettre en valeur l’œuvre la plus impressionnante de cette année, la 11° symphonie de Chostakovitch. Peut-être sa meilleure après la 10°. Les 4 mouvements sont exceptionnels, je peux vous conseiller, comme première approche, le 3° mouvement, le plus beau, poignant et accessible de la symphonie :

 

Si vous ne craignez pas les sensations fortes et les aventures musicales extrêmes, ne passez surtout pas à côté du 2° mouvement. Je ne me lasse pas de combattre régulièrement ici ce cliché tenace d’une musique classique qui serait sage / BCBG / bourgeoise, alors que le rock serait, lui, intense et rageur… Mais en 1957, la « bonne société américaine » qui s’offusquait de la violence du rock et lui opposait la beauté de la musique classique aurait mieux fait de revoir ses « classiques », et les dernières œuvres de l’époque, il y a plus de folie, de noirceur et de violence dans le 2° mouvement de la 11° Symphonie de Chostakovitch que dans tout le rock de l’époque, qui passe à côté pour un sage et sympathique divertissement (d’un point de vue strictement musical bien sûr).

Ce 2° mouvement a pour titre « The 9th of january », car le 9 janvier 1905, une manifestation a été très sévèrement réprimée par la police, qui a tiré sur la foule. Un jour que l’on a appelé « Dimanche rouge » ou « Bloody sunday »… rien à voir avec U2, son Sunday Bloody Sunday parle de la répression d’une manifestation de 1972 en Irlande, répression qui a fait 7 morts et une vingtaine de blessés. Une broutille, en quelque sorte, face au « Bloody Sunday » russe de 1905, avec 96 morts et 333 blessés… selon les chiffres officiels… mais d’autres avançaient des chiffres faisant état de milliers de manifestants exécutés ce jour-là par la police. Sur une échelle quelque peu macabre, il est finalement cohérent que U2 joue une musique 100 fois moins sombre et violente pour cette répression irlandaise de 1972 que Chostakovitch dans son 2° mouvement de la 11° symphonie… (je m’égare un peu, mais tous les moyens de taper sur U2 sont bons à prendre).

Sur wikipedia : la Révolution russe de 1905 

La première partie du 2° mouvement évoque la marche des manifestants vers le palais du Tsar, puis, après un moment de calme inquiétant, la caisse claire annonce l’arrivée de la police et la fusillade. La musique devient alors implacable, violente et « monstrueuse », comme l'a été cette tragédie.

Une vidéo de la symphonie en entier, calez-là à 22 minutes pour le début du 2° mouvement, qui dure jusqu'à 40'55… pour vivre au mieux cette expérience musicale et symphonique, je vous conseille de mettre le volume assez fort, et de passer en plein écran et en HD (choisir 1080p dans les paramètres). Sensations fortes garanties :

 

Autre interprétation de grande qualité du 2° mouvement :

 

La 11° de Chostakovitch est une symphonie typiquement russe, avec des thèmes empruntés au folklore russe (ou des harmonies et mélodies caractéristiques), des contrastes saisissants, du souffle, du lyrisme, de la puissance et de la noirceur, des parties mystérieuses et contemplatives (presque oniriques), et, bien entendu, ce formidable sens du rythme qui caractérise les musiciens et compositeurs russes…

La symphonie dans son intégralité, sur grooveshark :

 

Sur wikipedia : la 11° symphonie de Chostakovitch.

Mon précédent article sur Chostakovitch – qui date tout de même de 2006, j’écris finalement peu sur la plupart de mes compositeurs favoris :

Les symphonies de Chostakovitch.

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29 janvier 2014 3 29 /01 /janvier /2014 19:01

L’année Pharrell

Les trois tubes planétaires qui auront sans doute le plus marqué 2013 sont Blurred Lines de Robin Thicke (ft. Pharrell Williams), Get Lucky de Daft Punk (ft. Pharrell Williams) et Happy de… Pharrell Williams. Autre similitude, plutôt rassurante, qui relie ces 3 énormes tubes, c’est qu’ils sont après tout plutôt de la bonne musique pop (ce qui n’est pas si fréquent en tête des charts). Pas de quoi crier au génie, mais si toute la pop était de ce calibre, légère avec un minimum de style, de groove et de coolitude, l’industrie musicale ne serait pas si désolante (je parle bien de ces morceaux en particulier, sûrement pas de l'album de Daft Punk)…

 

 

En France, on n’a pas de Pharrell, mais on a Stromae. Qui aura réussi lui aussi à faire consensus, à séduire grand public, médias et critiques… je veux bien concéder que Stromae n’est pas ce qui nous est arrivé de pire en matière de musique, mais de là à couvrir d’éloge ses chansonnettes, il y a un pas que je ne franchirais pas (de toute façon, ses tubes ne m’ont vraiment pas donné envie de jeter une oreille à son album, chacun ses limites).

2013, année molle

Dès le début d’année, Nick Cave a donné le ton… livrant un bon album - rien de surprenant de sa part - mais un album particulièrement consensuel, limite lisse - ce qui est déjà beaucoup plus étonnant. Push the Sky Away n’est certes pas le premier album de ballades du grand Nick, mais il nous avait habitué à des ballades plus audacieuses et tourmentées, telles celles du sublime And No More Shall We Part.

La liste des artistes de renom qui ont sorti un album « à peu près correct mais un peu mollasson » est longue :

Queens of the Stone Ages – Depeche Mode – Low – Atoms for Peace - B.R.M.C – My Bloody Valentine – Bowie – Arctic Monkeys – McCartney – Iggy Pop – Iron & Wine – Sigur Ros – Tricky – Motorhead – Trent Reznor (How to Destroy Angels) – Janelle Monae – Eminem etc…

Même le génial Steve Coleman (un de mes musiciens favoris), ne m’aura pas complètement convaincu avec son dernier album (au-dessus de la mêlée, c’est sûr, mais il a fait nettement mieux par le passé…) Et si le dernier John Zorn (Dreamachines) est, lui, un grand album de jazz et un grand album tout court, il faut bien avouer qu’il est « un peu lisse » pour du Zorn.

Le morceau de l'année, The Conqueror Worm de John Zorn :

 

On ne s’étonnera pas, en fin de compte, que Daft Punk ait pu faire un tel carton en cette année molle, leur Random Access Memories mérite largement le « grand prix guimauve de l’année ». Et s’il fallait distribuer des prix, Bowie comme My Bloody Valentine pourraient chacun recevoir le prix « tout ça pour ça ? » Quand on fait attendre les fans si longtemps, la moindre des choses est de revenir avec un album dense et marquant, ce qui a été le cas pour Portishead ou Scott Walker ces dernières années, sûrement pas pour Bowie & MBV en 2013.

Revival 80’s, encore et toujours…

Le « revival 80’s », on le subit depuis de longues années, et je ne manque pas une occasion de m’en plaindre… pourtant, en 2013, il aura plutôt tiré le niveau vers le haut, avec trois des meilleurs albums rock de l’année : le coldwave The New Life de Girls Names, le gothique-planant Restless Idylls de Tropic of Cancer, et le synthpop et néanmoins profond Pale Green Ghosts de John Grant. On pourrait même ajouter, dans les bandes originales, la parodie, assez maligne, des BO électro 80’s du jeu Far Cry 3 Blood Dragon (jeu qui est bien sûr lui-même caricatural de l’esthétique 80’s).

Mais que plusieurs des meilleurs albums rock de l’année soient du « revival 80’s » est un peu inquiétant, voire révélateur de la mollesse de l’époque…

Le rap et l’électro pour sauver la mise…

Comme dans les 80’s (où le rock grand public se ramollit considérablement avec le charity business, MTV, les synthés, cf. mon article sur la musique des années 80), le salut est venu cette année du rap et de l’électro. Et notamment de celui qu’on n’attendait pas du tout : Kanye West. Lui qui, justement, était tombé il y a quelques années dans une mièvrerie qui sied si mal au rap avec le dégoulinant 808s and Heartbreak, est revenu avec un album particulièrement sombre et intense (du moins, dans sa première partie, ça se gâte ensuite, cf. mon article sur Yeezus).

Kanye West - New Slaves :

 

Mais aussi du Wu-Tang, avec deux excellents albums d’Inspectah Deck et Ghostface Killah. On notera de plus le retour en grâce d’EL-P (Run the Jewels), et le très bel album d’Alchemist & Prodigy, Albert Einstein. A l’opposé, un mot sur la consternation qu’a été la découverte du dernier Dizzee Rascal, tombé vraiment au plus bas (cf. ma chronique Dizzee Rascal – The Fifth)…

La grosse claque de l’année est pour moi venue de Midcity des obscurs Clipping, mariant à merveille bruitisme et rap incantatoire. De quoi faire un peu oublier les (trop) nombreuses guimauves de l’année.

Clipping - guns.up

 

En électro, deux des grandes figures de l’electronica, et deux nouveaux venus, auront sorti un excellent album cette année. Autechre et Boards of Canada pour les anciens, The Haxan Cloak et le français Ocoeur pour les nouveaux. Avec, en prime, la suprise The Knife, délaissant les futilités hype pour le sombre et complexe Shaking the Habitual.

Les cas The Knife et Kanye West sont d’autant plus intéressants que la grande majorité des artistes « installés » n’auront en 2013, eux, pas pris de risque, mais plutôt paresseusement capitalisé sur ce qu’ils savent faire, sans grande inspiration… espérons que 2014 sera musicalement un peu plus excitante (hum, j'ai l'impression de dire ça à la fin du bilan de chaque année depuis un bon moment…)

Pour autant, il y a eu bien sûr de très bons albums cette année, une petite liste de ceux qui sont à mon sens les meilleurs dans chaque genre :

Rock :

Girls Names – The New Life (8)

Post-rock :

Ensemble Pearl – Ensemble Pearl (8)

Folk / Folk-rock :

Matt Elliott – Only Myocardial Infraction Can Break Your Heart (8,5)

Hard / Metal :

Tomahawk - Oddfellows (7)

Electro :

Autechre - Exai (8,5)

Rap :

Clipping - Midcity (9)

Soul / Funk / Reggae :

Fat Freddy's Drop - Blackbird (8)

Jazz :

John Zorn - Dreamachines (9)

Musiques du monde :

Family Atlantica – s/t (8,5)

Bandes Originales :

Alexandre Desplat - Zero Dark Thirty (8)  

 

Classement complet : les albums de 2013

 

Playlist 2013 :

 

 

Autres playlists de l'année :

Les meilleures chansons de 2013

Playlist Electro 2013

Les musiques de films 2013 (à la fin de l'article)

 

Sur Alternative Sounds : le top 20 2013 

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