Greed Recordings 19/05/10
Des groupes qui font penser à d'autres, on en connaît des tas. Mais à ce point-là, je dois avouer que j'ai rarement vu ça... quiconque connaît bien Blonde Redhead (et c'est mon cas, c'est un groupe que j'ai beaucoup aimé jusqu'à Misery is a Butterfly) ne peut écouter les français de General Bye Bye sans se dire toutes les deux secondes "putain, on jurerait du Blonde Redhead"... Ce n'est pas de "l'influence", ici, mais carrément de la copie, du clonage... Ce n'est pas non plus du plagiat au sens où on l'entend habituellement, mais un "plagiat stylistique". Jugez par vous-mêmes, l'album est en écoute ici.
Dans un genre musical particulier, il est normal que plusieurs groupes se ressemblent... mais Blonde Redhead n'est pas un genre musical... Le "plagiat stylistique" est d'autant plus criant dans ce cas que la musique de Blonde Redhead a une certaine complexité, faut le vouloir pour sonner comme eux. Car deux groupes de blues-rock, par exemple, qui sonnent un peu pareil, c'est assez compréhensible. Mêmes suites d'accords (grille de blues), son de guitare plutôt rêche, solos et mélodies sur la gamme blues... on a vite fait de ressembler à n'importe quel groupe de blues-rock si on ne développe pas un petit quelque chose de particulier.
A ses débuts, Blonde Redhead était souvent comparé à Sonic Youth... mais le groupe avait déjà une personnalité, il était plus mélancolique, pop et léger que Sonic Youth. Et au fur et à mesure, Blonde Redhead s'est détaché de cette influence pour creuser son sillon et travailler sur ce qui fait sa spécificité (indie pop-rock mélancolique aux harmonies riches...)
A propos d'indie pop rock... sur la page du dossier de presse de l'album de General Bye Bye se trouve un lien vers la chronique d'indiepoprock.net. Une chronique déconcertante... on peut y lire :
Et si on reste dans cet état d'esprit, on peut pointer du doigt une production parfois trop hésitante, qui tient trop la bride aux morceaux sur certains titres et ne la lâche pas assez sur d'autres. Enfin, on pointera du doigt que le groupe fait parfois trop penser à Blonde redhead, notamment à cause de la voix de Jana Klein, comme sur Les hautes solitudes.
C'est assez juste, mais ça se gâte ensuite :
Pourtant, réduire "Girouette" à ces aspects tiendrait plus de la posture, et ici en l'occurrence de l'imposture, critique voire politique que d'un véritable avis musical.
De la posture ? De l'imposture ?? Politique ???
C'est le groupe lui-même qui se réduit à cette comparaison avec Blonde Redhead, parce qu'il ne propose rien d'autre... Certes, l'album est bien foutu, mais ça ne change rien à l'affaire, il est beaucoup trop proche de Blonde Redhead pour qu'on ne se focalise pas là-dessus...
D'abord parce que mélodiquement, General Bye Bye ne se plante pour ainsi dire jamais. Que ce soit sur Alphabet, The neverending trip ou le morceau titre, tout respire la fluidité, l'écriture est soignée. D'ailleurs, le groupe est aussi à l'aise pour mettre les guitares en avant que pour les laisser de côté et mettre à l'honneur des boucles entêtantes, des claviers, un glockenspiel.
Oui... comme Blonde Redhead...
Enfin, General Bye Bye transcende ses influences et impose très vite sa patte.
J'ai dû me pincer 2-3 fois pour être sûr que je ne rêvais pas. General Bye Bye "transcende ses influences" ? J'en ai écouté, des disques, depuis une vingtaine d'années, mais je crois en avoir rarement vu un aussi peu capable de transcender ses influences. Il "impose très vite sa patte" ? Mais quelle patte ? C'est bien là tout le problème du groupe. Le style de Blonde Redhead était déjà audible dans les premiers albums sous influence Sonic Youth... mais il n'y a rien chez General Bye Bye qui montre, ne serait-ce qu'un peu, une personnalité, une identité musicale singulière.
A tous les niveaux, General bye Bye fait du Blonde Redhead. Les voix (comme chez Blonde Redhead, voix masculines et féminines, dans les mêmes registres que ceux des New-Yorkais), l'instrumentation, les mélodies, et particulièrement l'harmonie. Les suites d'accords des morceaux de Blonde Redhead sont assez originales et complexes... et, tout comme dans la musique classique on apprend pendant les cours d'harmonie à "composer dans le style de", on a l'impression que General Bye Bye nous livre ici un exercice de style "composé dans le style de Blonde Redhead".
Je ne sais pas qui est "Hervé", l'auteur de cette chronique, mais soit il n'a jamais vraiment écouté Blonde Redhead, soit il est de la famille d'un des membres du groupe, soit il a été soudoyé par le label, soit il a écrit cette chronique sous l'effet de substances pas très catholiques...
(note à moi-même : penser à développer plus souvent ce nouveau genre de critique; de la "critique de critiques musicales"... et mes lecteurs pourront, dans les commentaires, se lancer dans la "critique de critiques de critiques musicales", puis, à mon tour, je leur répondrai par de la "critique de critiques de critiques de critiques musicales..." de quoi tenir un bon moment avec ça...)
Il y aurait aussi pas mal de choses à dire sur certaines autres critiques citées dans le dossier de presse, qui racontent un peu n'importe quoi, par exemple : "Le son de GBB est unique et plutôt bien foutu : deux voix de sexe opposé s'entrelacent et se complètent sur un fond de guitares légèrement radioheadiennes." (Visual Music)
Ils font ça pour avoir un lien vers leur blog, des CD, invitations aux concerts, nuits avec le chanteur ou la chanteuse ? Le type du label m'a aussi écrit pour me demander si je voulais parler de l'album, et le prévenir si cela était fait... je ne prendrais pas cette peine, il ne risque pas de trouver une phrase de mon article à extraire pour le dossier de presse...
Le pire... c'est qu'il y a du talent chez General Bye Bye (ou, tout du moins, un vrai savoir-faire). Espérons qu'ils puissent vraiment se défaire de cette influence trop prégnante pour, plus tard, trouver leur identité...
L'avis de Thom
L'avis de Twist