25 octobre 2009
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Du hip-hop le plus expérimental (Dälek) à celui plus "grand public" (Eminem), beaucoup de bons - et même très bons - albums ont marqué 2009 (après une année 2008 un peu terne pour le genre). Cependant, il y avait de quoi émettre quelques réserves pour chacun d'entre eux :
- Aussi impressionnant soit le Dälek, difficile de l'écouter en boucle tant il est sombre, dense, étouffant.
- Le dernier Eminem est très efficace, ludique, accrocheur et plutôt inspiré... mais, forcément, les esthètes les plus pointus auront du mal à être totalement séduits.
- A l'inverse, le Kill The Vultures aura de quoi plaire aux esthètes, mais les autres le trouveront quelque peu austère.
- Le DJ Signify est planant, envoûtant, touchant... mais un peu "daté" et monotone.
- Only Built for Cuban Linx 2 de Raekwon est vraiment très réussi, mais forcément, il souffre de la comparaison avec son illustre prédécesseur.
Bref, difficile de trouver le bon équilibre entre exigence et accessibilité (le dernier Mos Def y parvient... presque, je le trouve tout de même un peu moyen par endroits).
A la différence de tous ces très bons albums, il n'y a pas de "mais" pour le nouveau Anti-Pop Consortium. Un album original, fascinant, inventif, mais qui n'en oublie pas pour autant l'efficacité, la puissance, le groove... à écouter le volume à fond pour l'apprécier pleinement.
Autre fait d'arme remarquable, cet album est celui des retrouvailles pour le collectif, et l'on sait bien à quel point les reformations - dans le rock, surtout - ne laissent présager rien de bon. Dans 99% des cas, le groupe a perdu le "feu sacré", se reforme par dépit parce que les projets solos de ses membres n'ont pas fonctionné et l'on aboutit à tous les coups à l'un des deux cas suivants :
1. Le but, c'est de faire un maximum de pognon en capitalisant sur le nom du groupe, ce qui donne un album très consensuel, sans risques, conçu pour déplaire au moins de monde possible.
2. Le groupe n'a jamais touché un vaste public, leur nom parle surtout aux fans... donc ils se lancent dans un album destiné uniquement aux fans de la première heure... et cet album qui mise sur la nostalgie sera aussi ringard qu'indigent.
En musique comme dans un couple, se remettre ensemble après une longue séparation est en général une très mauvaise idée. Très vite, on se souvient pourquoi ça ne pouvait plus marcher, et l'on se rend compte que d'imaginer repartir comme en 40 et retrouver ensemble les émotions fortes des débuts était très naïf. Rien de tout ça chez Anti-Pop Consortium, l'ex- groupe phare de l'abstract hip-hop, n'a pas plus le regard tourné vers le passé que vers le portefeuille. Ils ne cherchent ni à verser dans la surenchère expérimentale, ni à racoler le grand public, mais simplement à tracer leur voie et à faire ce qu'ils font le mieux : du hip-hop technoïde influencé par l'electronica. L'album donne vraiment l'impression qu'ils ont toujours autant de plaisir à travailler ensemble, qu'ils n'ont rien perdu de leur talent, et le résultat est assez réjouissant. Ce n'est sans doute pas l'album hip-hop le plus révolutionnaire de la décennie, mais peu importe, le plaisir et l'efficacité l'emportent, et c'est déjà beaucoup.
Fluorescent Black est en écoute intégrale sur deezer.
Trois de mes titres favoris, pour vous inciter, je l'espère, à vous plonger dans l'album :
La Chronique de Systool
Du hip-hop le plus expérimental (Dälek) à celui plus "grand public" (Eminem), beaucoup de bons - et même très bons - albums ont marqué 2009 (après une année 2008 un peu terne pour le genre). Cependant, il y avait de quoi émettre quelques réserves pour chacun d'entre eux :
- Aussi impressionnant soit le Dälek, difficile de l'écouter en boucle tant il est sombre, dense, étouffant.
- Le dernier Eminem est très efficace, ludique, accrocheur et plutôt inspiré... mais, forcément, les esthètes les plus pointus auront du mal à être totalement séduits.
- A l'inverse, le Kill The Vultures aura de quoi plaire aux esthètes, mais les autres le trouveront quelque peu austère.
- Le DJ Signify est planant, envoûtant, touchant... mais un peu "daté" et monotone.
- Only Built for Cuban Linx 2 de Raekwon est vraiment très réussi, mais forcément, il souffre de la comparaison avec son illustre prédécesseur.
Bref, difficile de trouver le bon équilibre entre exigence et accessibilité (le dernier Mos Def y parvient... presque, je le trouve tout de même un peu moyen par endroits).
A la différence de tous ces très bons albums, il n'y a pas de "mais" pour le nouveau Anti-Pop Consortium. Un album original, fascinant, inventif, mais qui n'en oublie pas pour autant l'efficacité, la puissance, le groove... à écouter le volume à fond pour l'apprécier pleinement.
Autre fait d'arme remarquable, cet album est celui des retrouvailles pour le collectif, et l'on sait bien à quel point les reformations - dans le rock, surtout - ne laissent présager rien de bon. Dans 99% des cas, le groupe a perdu le "feu sacré", se reforme par dépit parce que les projets solos de ses membres n'ont pas fonctionné et l'on aboutit à tous les coups à l'un des deux cas suivants :
1. Le but, c'est de faire un maximum de pognon en capitalisant sur le nom du groupe, ce qui donne un album très consensuel, sans risques, conçu pour déplaire au moins de monde possible.
2. Le groupe n'a jamais touché un vaste public, leur nom parle surtout aux fans... donc ils se lancent dans un album destiné uniquement aux fans de la première heure... et cet album qui mise sur la nostalgie sera aussi ringard qu'indigent.
En musique comme dans un couple, se remettre ensemble après une longue séparation est en général une très mauvaise idée. Très vite, on se souvient pourquoi ça ne pouvait plus marcher, et l'on se rend compte que d'imaginer repartir comme en 40 et retrouver ensemble les émotions fortes des débuts était très naïf. Rien de tout ça chez Anti-Pop Consortium, l'ex- groupe phare de l'abstract hip-hop, n'a pas plus le regard tourné vers le passé que vers le portefeuille. Ils ne cherchent ni à verser dans la surenchère expérimentale, ni à racoler le grand public, mais simplement à tracer leur voie et à faire ce qu'ils font le mieux : du hip-hop technoïde influencé par l'electronica. L'album donne vraiment l'impression qu'ils ont toujours autant de plaisir à travailler ensemble, qu'ils n'ont rien perdu de leur talent, et le résultat est assez réjouissant. Ce n'est sans doute pas l'album hip-hop le plus révolutionnaire de la décennie, mais peu importe, le plaisir et l'efficacité l'emportent, et c'est déjà beaucoup.
Fluorescent Black est en écoute intégrale sur deezer.
Trois de mes titres favoris, pour vous inciter, je l'espère, à vous plonger dans l'album :
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