Beatles - Sgt Pepper's lonely hearts club band
The Doors - The Doors
The Velvet Underground - The Velvet Underground & Nico
The Jimi Hendrix Experience - Are you experienced ?
Pink Floyd - The Piper at the gates of dawn
Un seul des 5 albums ci-dessus aurait fait de 1967 une grande année. Mais les 5... c'est déjà plus qu'il n'en faut pour considérer 1967 comme l'apogée du rock.
Le plus grand groupe pop sort l'album le plus important de l'histoire, le premier album véritablement conçu comme... un album, et non une suite de chansons. Et quatres nouveaux groupes, qui marqueront le rock à jamais, sortent leurs premiers disques, tous "mythiques" et considérés par beaucoup comme leurs meilleurs.
Le rock psychédélique doit presque tout à ces albums (enfin, celui du Velvet excepté), qui seront aussi à l'origine de nombreux des courants du rock. Rock planant, progressif, expérimental avec Pink Floyd. Rock "arty", "noisy", new-yorkais avec le Velvet. Hard-rock avec Hendrix...
Et s'il n'y avait que ces cinq albums... mais quand on regarde la liste des albums de cette année, ça laisse rêveur :
The Doors - Strange Days
Bob Dylan - John Wesley Harding
Brian Wilson - Smile (mais il n'a pas vu le jour, jusqu'à 2004)
The Kinks - Something else
The Who - The Who sell out
The Mothers of Inventions - Absolutely Free
The Rolling Stones - Their Satanic Majesties requires
The Rolling Stones - Flowers
Scott Walker - Scott
The Jimi Hendrix experience - Axis : Bold as love
The Beatles - Magical Mystery tour
Small Faces - Small Faces
Cream - Disraeli Gears
Tim Buckley - Goodbye and Hello
Canned Heat - Canned Heat
The Byrds - Younger than Yesterday
Sly and the family stone - A whole new thing
Jefferson Airplane - Surrealistic Pillow
Jefferson Airplane - After Bathing at Baxter's
Joan Baez - Joan
Est-il possible de concevoir une année plus faste ?
Certes, pas d'albums de Led Zeppelin... mais bon, la gourmandise à ses limites...
Mon favori ? Celui du groupe que je préfère, évidemment, le premier album des Doors. Qui prouve que le rock peut-être teigneux, subversif, provocateur et intelligent, théâtral et lyrique sans être kitsch et pompier (et ils sont peu dans le rock à pouvoir s'en vanter), sensuel et cultivé (Morrison admirait Elvis, mais il a bien plus appris de la philosophie de Nietzsche que du déhanché d'Elvis).
1967, c'est l'année de tous les possibles. Et les drogues y sont pour beaucoup. Comment, d'ailleurs, parler de ces 5 albums sans faire référence aux drogues ? Les drogues n'ont pas encore révélé tout leur potentiel destructeur, elles ne sont que promesses d'un monde meilleur, d'une libération totale et d'un accès à un "ailleurs" 100 fois plus passionnant que la réalité.
Les Doors ouvrent les portes vers cet ailleurs avec le premier morceau de l'album, Break on through (to the other side) :
...et les referment avec le dernier The End :
Plus intelligents et sombres que les autres, ils anticipent déjà la fin de toutes ces belles illusions, la fin de l'insouciance et du rêve hippie.
Toute la jeunesse (ou presque) chantait l'amour avec des fleurs dans les cheveux, et l'ironie de l'histoire est qu'elle a pris pour "héros" le nihiliste et tourmenté Jim Morrison. Mais il avait un tel charisme, une telle audace que beaucoup en oubliaient sa noirceur. Pourtant, ce qui intéressait Morrison, c'était moins la révolte contre les règles et carcans de la société pour la construction d'un monde meilleur... que la révolte en elle-même.
La révolte, aucune "rock-star" ne l'a aussi bien incarné que Jim Morrison. Mais peu avaient conscience comme lui de la superficialité de ce statut d'icône du rock. Il était en quelque sorte pris dans son propre piège. Il n'a eu de cesse depuis son plus jeune âge de remettre en question toutes les certitudes et valeurs de ses congénères, "brûlez vos idôles" disait Nietzsche, mais devenu lui-même une idole, il s'est retrouvé dans une impasse et ne se le cachait pas. Et c'est en grande partie cette lucidité qui a fini par le tuer...
Les "années en 7" sont toujours de bons crus, des dates qui verront apparaître des albums mythiques, des albums qui enverront de belles claques à ceux qui pensent que le rock n'a plus rien de neuf à proposer. Sans égaler 1967, certes. Mais Nevermind the bollocks des Sex Pistols en 77, ou OK Computer de Radiohead en 97, peu d'albums laisseront une empreinte aussi forte. Les années 80 ne sont pas les meilleures années pour le rock, l'album de 87, Apetite for Destruction de Guns'n'Roses, est donc moins bon que ceux des autres "années en 7", mais il marquera le retour en haut de l'affiche d'un rock violent qui remet au goût du jour ses racines bluesy.
Espérons que 2007 ne déroge pas à la règle...
Une (longue) histoire de "1967, l'année lysergique", sur bside-rock
Article sur 1967 et le premier album du Velvet, sur le très recommandable blog : Le tout rien et, sur tout, n'importe quoi.
Chronique d'Are you experienced d'Hendrix, sur le non-moins recommandable blog de Fab de l'an Mil.