04/2009 Rune Grammofon
Du rock norvégien, ça vous tente ? Ne fuyez pas, il ne s'agit pas d'un groupe black metal beuglant des incantations sataniques dans des costumes ridicules... les musiciens ne se font pas appeler Azgaroth, Belzethor, Putrefaction, Goremaster ou Rüznael, mais répondent aux doux noms de Ørjan Haaland, Per Steinar Lie, Hanne Andersen, Njål Clementsen et Linn Frøkedal.
Une mise en garde somme toute inutile, personne ne peut imaginer qu'un groupe de black metal ait choisi comme nom "The Low Frequency in Stereo". Loin de la lourdeur du metal, The Low Frequency in Stereo, c'est Sonic Youth qui jouerait du Stereolab et du Notwist après avoir écouté les Doors.
Voilà bien le genre de phrases qu'on trouve fréquemment chez les rock-critics, phrases qui suscitent l'intérêt du lecteur, mais tiennent très rarement leurs promesses. On invoque Sonic Youth lorsqu'il y a des guitares dissonantes, Stereolab pour les boucles hypnotiques, les Doors pour le côté sombre et incantatoire ou les plages d'orgues psyché... mais tout ça ne nous dit pas grand chose de la qualité et de l'intérêt du disque ; il est à la portée de n'importe quel groupe de faire ce type de mélange. Sans considérer que The Low Frequency in Stereo est à la hauteur de ces références, le groupe n'a pas à avoir de complexes, Futuro est un excellent album. Bien au-dessus du tout-venant des cargaisons d'albums d'indie rock qui sortent chaque semaine.
A défaut de révolutionner le rock - ce qui, convenons-en, n'arrive pas tous les jours - The Low Frequency in Stereo a trouvé une formule qui fonctionne à merveille, à base de rock psyché, post-rock, shoegaze, pop stereolabienne... le tout saupoudré de quelques pincées de stoner.
Non seulement ils mélangent ces différents styles avec intelligence et goût, mais ils parviennent aussi à un équilibre remarquable entre :
- Accessibilité pop (mélodies et voix séduisantes - particulièrement la voix féminine) et chemins plus aventureux (l'instrumental qui ouvre l'album, le post-rock Mt. Pinatubo et le dernier morceau, le jubilatoire Solar System de 10 minutes)
- Intensité rock, groove et voyage musical hypnotique
Des mélodies suffisamment pop pour accrocher l'auditeur mais jamais putassières, des passages plus expérimentaux qui restent toujours cohérents et audibles (ils ne tombent pas dans la facilité d'un "grand n'importe quoi foutraque"), un travail sur les atmosphères (Mt Pinatubo et Solar System en particulier) qui n'a rien de soporifique, des rythmiques répétitives non dénuées de groove... The Low Frequency in Stereo sont de parfaits alchimistes. A chaque morceau son dosage, on passe de titres orientés "pop 60's orientalisante" comme le single Starstruck (avec l'accord de The End en intro) à d'autres plus modernes (Sparkle Drive, qui sonne comme du très bon Notwist... ce qui n'était pas le cas des morceaux du dernier album dispensable des allemands)...
Plutôt que de se perdre dans l'impasse du revival poli et appliqué, The Low Frequency a trouvé une alternative nettement plus intéressante : adapter les 60's au XXI° siècle...
L'album ne comporte que 8 titres, mais ils sont tous réussis. Six des huit sont en écoute sur myspace, malheureusement, il n'y a pas le "morceau de bravoure" de l'album, Solar System, 10 minutes de trip cosmico-psychédélique digne des meilleurs Gong sur une basse à la Whole Lotta Love... un des 2-3 meilleurs morceaux depuis le début de l'année à mon sens (si ce n'est le meilleur...)
L'album en écoute (les 6 premiers titres) : Myspace
The Low Frequency in Stereo :
Per Steinar Lie: bass, organ, voice, guitars
Ørjan Haaland: drums, percussion, organ, voice
Hanne Andersen: organ, percussion, trumpet, voice, guitars
Njål Clementsen: guitars, organ, piano, voice
Linn Frøkedal: organ, voice
Futuro
1 - Turnpike
2 - Texas Fox
3 - Geordie La Forge
4 - Mt.Pinatubo
5 - Starstruck
6 - Sparkle Drive
7 - End Is The End
8 - Solar System
STARSTRUCK