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27 mars 2007 2 27 /03 /mars /2007 19:55

Rock    03/2007 - Mute ****

Nick Cave, contrairement à ce que laissent penser les apparences, est un sacré farceur. 34 ans que les amateurs de rock sauvage et furieux attendent un nouvel album des icônes du genre, les Stooges, et le jour de sa sortie, Nick Cave vient leur griller la politesse et leur donner une belle leçon de hargne avec Grinderman, son nouveau groupe (enfin, nouveau, faut le dire vite, ce sont tous des membres des bad Seeds). Et une leçon de hargne donnée par un "dandy", romancier, poète à ses heures, auteur ces derniers-temps de sublimes ballades (l'exceptionnel No More Shall We Part en 2001) et d'une B.O. rêveuse, subtile et mélancolique (The Proposition), c'est d'autant plus ironique. Mais ce n'est pas qu'aux Stooges qu'il vient mettre une bonne claque, c'est aux jeunes groupes du moment pour lesquels Pete Doherty est le type le plus rock'n'roll de l'époque. Les frasques, l'alcool, les drogues (et même les overdoses), Nick Cave a connu ça quand Pete Doherty jouait encore aux billes dans la cour de récré, et je ne parle pas de la musique... les chansons de Pete Doherty sont à celles de Grinderman ce que le sirop de fraise est au whisky...

Les "vieux" rockeurs sont décidément en très grande forme ces temps-ci (cf. 2006 : la revanche des vieux). Scott Walker a sorti un des albums les plus étonnants que l'on ait entendu depuis très longtemps (en fait, depuis 10 ans et son précédent album), Springsteen un des albums les plus jubilatoires de l'année, et Tom Waits un ambitieux et magnifique triple album. Nick Cave n'allait pas se contenter de tenir la chandelle, il revient donc en ce début d'année avec un excellent album rêche et revêche, proche, dans l'esprit, du blues-punk rageur de ses débuts. 


Pourtant, comme le notait Thierry dans son article sur Grinderman (chez Jazz Blues & Co), Grinderman n'est pas, dans son ensemble, la "saleté poilue dégoulinante de crasse et de noirceur" annoncée. En effet, il faut mettre deux bémols à l'idée largement reprise par les critiques selon laquelle Grinderman serait le "grand retour" de Nick Cave à un rock violent et sauvage.


1. L'album commence et finit en trombe, mais il comporte plusieurs morceaux beaucoup plus calmes au milieu.

2. Nick Cave a dernièrement déjà renoué avec le rock intense et sauvage, dans quelques morceaux de Nocturama (2003), et dans la première partie de son excellent double-album Abattoir Blues / The Lyre of Orpheus (2005).


Mais ces deux nuances sont elles-mêmes... à nuancer, car :


1. Les morceaux plus "calmes" de Grinderman ne sont pas de jolies ballades, mais restent bien dans la tonalité de l'album, sombre et tendue.

2. Sur Abattoir Blues, les titres les plus énergiques étaient assez lumineux, entraînants, sous influence gospel, alors qu'ils tiennent ici beaucoup plus du blues teigneux, sec et rageur.


Je terminerais bien par : cet album est du "très bon Nick Cave"... mais a-t-il jamais sorti un album médiocre ? Donc, tout ce qu'il y a à en dire, c'est "cet album est du très bon Nick Cave, comme d'habitude".


Interview de Grinderman pour la BBC :
    

 


Pas moins de 4 titres en écoute dans la chronique de l'album chez
Jazz Blues & co !

Grinderman : Nick Cave, Warren Ellis, Martyn P. Casey et Jim Sclavunos



Grinderman
- Grinderman

  1. Get It On 
  2. No Pussy Blues
  3. Electric Alice
  4. Grinderman
  5. Depth Charge Ethel
  6. Go Tell The Women
  7. I Don't Need You (To Set Me Free)
  8. Honey Bee (Let's Fly To Mars)
  9. Man In The Moon 
  10. When My Love Comes Down
  11. Love Bomb

Paroles de Nick Cave. Musique par Grinderman.


L'album sur priceminister

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16 mars 2007 5 16 /03 /mars /2007 16:35

   Bientôt 50 ans qu'Elvis est parti à l'armée et que les puristes ont annoncé et décrété la mort du rock (décidément, je ne me détache pas des dates ces temps-ci). Mort depuis 50 ans, le rock n'en reste pas moins en grande forme, comme le prouve l'excellente vidéo ci-dessous d'un titre des Desert Sessions vol. 9 et 10 de Josh Homme (décidément, je ne me détache pas de Queens of the Stone Age non plus).

Une cadillac rouge dans laquelle un mec aux faux airs d'Elvis (Josh Homme) tente de chopper une fille en mini-jupe (PJ Harvey), le tout sur fond de gros riff bluesy accrocheur... difficile de respecter les codes de base et l'esprit du rock mieux qu'ils ne le font. Pourtant, pas de doutes, on est loin d'un "revival rock'n'roll", mais bien au XXIè siècle : 

PJ Harvey et Josh Homme, début des années 90, ont chacun de leur côté réhabilité les bons vieux riffs bluesy, mais en accentuant leur tension, leur lourdeur, leur noirceur et leur rugosité. Si le riff de Crawl Home est bluesy, impossible de se tromper d'époque, c'est pas du Chuck Berry, et encore moins du B.B. King.

On aurait imaginé que le "colosse" Josh Homme ne ferait qu'une bouchée de la frêle PJ. Mais la suprématie masculine 50's est de l'histoire ancienne. Elle chante d'une voix puissante, quand lui est dans son registre le plus aiguë. C'est elle qui s'affirme (son chant est basé principalement sur deux notes qui montent) et lui qui finit par s'écraser (sa ligne mélodique est plutôt descendante). C'est elle qui tient les rênes et le fouet, et qui ordonne à Josh : "Crawl Homme" ! 

De ce point de vue, on est dans l'exact opposé du duo Isobell Campbell - Mark Lanegan (membre occasionnel de Queens of the Stone Age et grand pote de Josh Homme), tel que je l'avais décrit ici.

...

PJ Harvey & Josh Homme - Crawl Home    

 

 

 

Et pour vous convaincre définitivement que le rock bluesy, sauvage et mal élevé est toujours d'actualité, ne manquez pas le dernier Nick Cave (Grinderman). Vous pouvez en lire une chronique chez Jazz Blues & co, et la mienne ne tardera pas trop.

 

Nick Cave, PJ harvey, Josh Homme... ils ont en commun ce cocktail détonnant de blues rêche et de classe. Et ça, c'est la très grande classe.

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9 mars 2007 5 09 /03 /mars /2007 13:21

         

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Beatles - Sgt Pepper's lonely hearts club band

The Doors - The Doors

The Velvet Underground - The Velvet Underground & Nico

The Jimi Hendrix Experience - Are you experienced ?

Pink Floyd - The Piper at the gates of dawn

 

Un seul des 5 albums ci-dessus aurait fait de 1967 une grande année. Mais les 5... c'est déjà plus qu'il n'en faut pour considérer 1967 comme l'apogée du rock.

Le plus grand groupe pop sort l'album le plus important de l'histoire, le premier album véritablement conçu comme... un album, et non une suite de chansons. Et quatres nouveaux groupes, qui marqueront le rock à jamais, sortent leurs premiers disques, tous "mythiques" et considérés par beaucoup comme leurs meilleurs.

Le rock psychédélique doit presque tout à ces albums (enfin, celui du Velvet excepté), qui seront aussi à l'origine de nombreux des courants du rock. Rock planant, progressif, expérimental avec Pink Floyd. Rock "arty", "noisy", new-yorkais avec le Velvet. Hard-rock avec Hendrix...  

Et s'il n'y avait que ces cinq albums... mais quand on regarde la liste des albums de cette année, ça laisse rêveur :

 

Love - Forever Changes

The Doors - Strange Days  

Bob Dylan - John Wesley Harding

Brian Wilson - Smile (mais il n'a pas vu le jour, jusqu'à 2004)

The Kinks - Something else

The Who - The Who sell out

The Mothers of Inventions - Absolutely Free

The Rolling Stones - Their Satanic Majesties requires

The Rolling Stones - Flowers

Scott Walker - Scott

The Jimi Hendrix experience - Axis : Bold as love

The Beatles - Magical Mystery tour

Small Faces - Small Faces

Cream - Disraeli Gears

Tim Buckley - Goodbye and Hello

Canned Heat - Canned Heat

The Byrds - Younger than Yesterday

Sly and the family stone - A whole new thing

Jefferson Airplane - Surrealistic Pillow 

Jefferson Airplane - After Bathing at Baxter's

Joan Baez - Joan

 

Est-il possible de concevoir une année plus faste ?

Certes, pas d'albums de Led Zeppelin... mais bon, la gourmandise à ses limites...

Mon favori ? Celui du groupe que je préfère, évidemment, le premier album des Doors. Qui prouve que le rock peut-être teigneux, subversif, provocateur et intelligent, théâtral et lyrique sans être kitsch et pompier (et ils sont peu dans le rock à pouvoir s'en vanter), sensuel et cultivé (Morrison admirait Elvis, mais il a bien plus appris de la philosophie de Nietzsche que du déhanché d'Elvis). 

1967, c'est l'année de tous les possibles. Et les drogues y sont pour beaucoup. Comment, d'ailleurs, parler de ces 5 albums sans faire référence aux drogues ? Les drogues n'ont pas encore révélé tout leur potentiel destructeur, elles ne sont que promesses d'un monde meilleur, d'une libération totale et d'un accès à un "ailleurs" 100 fois plus passionnant que la réalité.     

Les Doors ouvrent les portes vers cet ailleurs avec le premier morceau de l'album, Break on through (to the other side) :

 

 

...et les referment avec le dernier The End  : 

 

Plus intelligents et sombres que les autres, ils anticipent déjà la fin de toutes ces belles illusions, la fin de l'insouciance et du rêve hippie.

Toute la jeunesse (ou presque) chantait l'amour avec des fleurs dans les cheveux, et l'ironie de l'histoire est qu'elle a pris pour "héros" le nihiliste et tourmenté Jim Morrison. Mais il avait un tel charisme, une telle audace que beaucoup en oubliaient sa noirceur. Pourtant, ce qui intéressait Morrison, c'était moins la révolte contre les règles et carcans de la société pour la construction d'un monde meilleur... que la révolte en elle-même.    

La révolte, aucune "rock-star" ne l'a aussi bien incarné que Jim Morrison. Mais peu avaient conscience comme lui de la superficialité de ce statut d'icône du rock. Il était en quelque sorte pris dans son propre piège. Il n'a eu de cesse depuis son plus jeune âge de remettre en question toutes les certitudes et valeurs de ses congénères, "brûlez vos idôles" disait Nietzsche, mais devenu lui-même une idole, il s'est retrouvé dans une impasse et ne se le cachait pas. Et c'est en grande partie cette lucidité qui a fini par le tuer...   

Les "années en 7" sont toujours de bons crus, des dates qui verront apparaître des albums mythiques, des albums qui enverront de belles claques à ceux qui pensent que le rock n'a plus rien de neuf à proposer. Sans égaler 1967, certes. Mais Nevermind the bollocks des Sex Pistols en 77, ou OK Computer de Radiohead en 97, peu d'albums laisseront une empreinte aussi forte. Les années 80 ne sont pas les meilleures années pour le rock, l'album de 87, Apetite for Destruction de Guns'n'Roses, est donc moins bon que ceux des autres "années en 7", mais il marquera le retour en haut de l'affiche d'un rock violent qui remet au goût du jour ses racines bluesy.    

Espérons que 2007 ne déroge pas à la règle...

Une (longue) histoire de "1967, l'année lysergique", sur bside-rock 

Article sur 1967 et le premier album du Velvet, sur le très recommandable blog : Le tout rien et, sur tout, n'importe quoi.  

Chronique d'Are you experienced d'Hendrix, sur le non-moins recommandable blog de Fab de l'an Mil.

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