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26 août 2007 7 26 /08 /août /2007 22:02

Rock           Parlophone - 2003 *****

radiohead-hailtheif.jpgRadiohead, c'est une des plus remarquables carrières de l'histoire du rock, un des plus bel exemple de progression qui soit. Faut dire qu'ils partaient de très bas, avec un premier album, Pablo Honey, assez médiocre, mais qui leur a permis de connaitre le succès grâce au tube Creep

La force de Radiohead, ce n'est pas simplement comme on l'entend si souvent d'avoir su se renouveler - car, après tout, tous les groupes qui le veulent bien peuvent se renouveler - mais aussi de faire preuve d'une intuition esthétique rare. Comme s'ils pouvaient mettre en musique le moindre de leurs désirs, ils réalisent avec une maestria et une facilité insolente leurs ambitions musicales toujours plus élevées à chaque album. Il n'y a guère que les Beatles qui peuvent se vanter d'avoir su en faire autant... 
Il existe de nombreux objectifs que se donnent les groupes de rock : composer un album qui devienne un classique, avoir un grand succès public et/ou critique, innover et être considéré comme le groupe le plus inventif de sa génération, toucher le public au plus profond par des chansons très émouvantes, arriver à concilier expérimentation et accessibilité... La plupart des groupes ne visent qu'un seul de ces objectifs et mettent une vie à l'atteindre, quand ils y arrivent. Radiohead a de quoi dégoûter ses pairs, ils sont parvenus à chacun de leurs albums à au moins un de ces objectifs, et les ont tous atteint dans leur carrière qui est encore loin d'être finie. La progression qu'ils ont montré, d'un album sur l'autre, est plus que stupéfiante.

Pour mieux saisir en quoi Radiohead est un groupe hors du commun, il faut imaginer ce qu'auraient fait à leur place un groupe sans vraies prétentions artistiques et un bon groupe. Parce qu'à chaque fois, Radiohead n'a pas été simplement "bon", mais exceptionnel. 

Le bon, la brute et Radiohead

Après un album assez quelconque comme l'était Pablo Honey, qui a pu malgré tout propulser Radiohead sur le devant de la scène grâce au super-tube Creep, un groupe moyen ou médiocre aurait passé sa carrière à tenter de refaire des Creep 2, 3 ou 4 et de rester au top des hit-parades. Avec un peu de chance, il aurait su refaire un ou deux tubes en gardant la même recette. Aucune évolution esthétique, pas d'amélioration du songwriting, mais quelques tubes dans le meilleur des cas.
Un bon groupe aurait su travailler un peu plus ses chansons, la production, et sortir 3-4 chansons plus intéressantes dans le prochain album.
Radiohead a accompli, dès le 2° album, ce que tout groupe auteur d'un premier album moyen rêverait d'atteindre un jour : un parfait album de rock indé, avec du style et des chansons qui vont marquer leur génération. Tout se passe comme s'il suffisait à Thom Yorke de dire à ses acolytes "bon, notre problème, c'est qu'on n'a pas su écrire des chansons accrocheuses et de qualité, Creep a été un accident, une exception qui nous permet d'enregistrer un 2° album... et si on composait de super-morceaux et un album qui fasse date ?" Facile à dire, mais on ne devient pas du jour au lendemain un groupe capable de produire d'excellents morceaux de rock... sauf Radiohead, qui y arrive avec The Bends. Voilà qu'il passe de "groupe d'un tube" à "groupe phare du rock indépendant". Impressionnant.

Des groupes moyens, après The Bends, auraient essayé de faire un "The Bends 2". Un groupe moyen n'aurait de toute façon jamais pu composer un album de la qualité de The Bends. Et si, par magie, il l'avait fait, il aurait passé sa carrière à tenter de rééditer l'exploit, sans succès, The Bends restant le sommet de sa discographie. 
Un bon groupe aurait peut-être su continuer dans cette voie, et sortir des albums de la même qualité. Ou suivre les traces de U2, revoir ses ambitions esthétiques à la baisse pour devenir plus populaire. Ou encore contenter les critiques et perdre en popularité avec des albums plus complexes. 
Mais Radiohead va au-delà de toutes les espérances. Il réussit non seulement à accroître son succès auprès du public, mais aussi l'intérêt des critiques par un album qui est un des albums essentiels et incontournables de l'histoire du rock : OK Computer. Un album qui a profondément marqué son époque, un album d'une richesse, d'une beauté, d'une sensibilité et d'une intelligence rares. Rien que ça.

Un tel album, c'est un poids et une pression énormes sur les épaules d'un groupe. Tout le monde les attend au tournant. Un groupe médiocre n'aurait jamais pu atteindre ce niveau une seconde fois (et n'aurait de toute façon jamais pu composer un tel album). Un bon groupe, et même un très bon groupe aurait compris qu'il a trouvé la recette idéale et l'aurait appliqué à ses prochains albums, avec plus ou moins de réussite.
Faire au moins un OK Computer 2, pour asseoir leur statut de "plus grand groupe rock de l'époque" semblait la voie la plus logique. Mais non. Radiohead va dérouter tout le monde en passant directement à autre chose, sans aucun compromis. Ils prennent le risque de se couper de leurs fans par un virage très expérimental et original, Kid A, où l'electro prend subitement une place de choix. Résultat : c'est une très grande réussite et Kid A a eu droit aux honneurs d'une des plus belles pluies de superlatifs qu'on n'ait jamais entendu de la part des rock-critics. Le public est un peu désorienté... mais il suit tout de même, car Radiohead garde toujours cette capacité de composer des morceaux attachants.
N'importe quel autre groupe se serait reposé sur ses lauriers après 3 albums aussi importants, laissant du temps au public pour "digérer" un album étonnant comme l'est Kid A. Pas Radiohead. Moins d'un an seulement après Kid A, ils sortent Amnesiac. Ils confirment ainsi que leur virage "expérimental" n'est pas une lubie, mais qu'ils ne sont pas près de refaire des The Bends et des OK Computer pour plaire au plus grand nombre. Ils enterrent ainsi définitivement les illusions des fans de la première heure qui souhaitaient retrouver des tubes pop-rock plus accessibles à la Creep ou Fake Plastic Trees.

Le plus dur reste maintenant à faire... comment succéder à Kid A et Amnesiac ? Aller encore plus loin dans l'expérimentation ? Ils deviendraient trop conceptuels et abstraits. Les critiques auraient pu se pâmer devant tant d'audace, devant ce "suicide commercial", mais le but du rock, c'est aussi de savoir toucher d'autres personnes que les plus pointus des mélomanes. Sinon, ils auraient pu en finir avec l'expérimentation et revenir à une musique plus accessible.
Pas le genre de Radiohead de faire dans la demi-mesure. Ce casse-tête sera résolu avec génie dans Hail to The Thief (on y arrive enfin !) Qui ne perd rien en originalité, et gagne en immédiateté. Ils ont toujours le chic pour surprendre, trouver des mélodies, harmonies, structures, instrumentations inédites. Sans renoncer à l'électro, ils se cachent un peu moins derrière les bidouillages pour revenir aux guitares (ce qu'ils avaient déjà légèrement amorcé dans Amnesiac). 
Hail to the Thief, c'est l'équilibre parfait. Equilibre parfait entre expérimentation et accessibilité, entre électronique et sons rock, entre l'intelligence et l'émotion. "Synthèse" est le mot qui revient le plus souvent dans les chroniques de l'album. Comme si Radiohead, au sommet de son art - sommet qu'ils n'ont pas quitté depuis The Bends - avait su tirer le meilleur des albums précédents pour un disque qui reflète à la perfection l'identité du groupe. 
Mais Hail to the Thief souffre tout de même d'un gros handicap... il succède à des albums qui ont été de telles claques qu'on attend de Radiohead qu'ils soient plus qu'exceptionnels. Ils ont placé la barre tellement haut que l'on voudrait les voir révolutionner le rock à chacun de leurs albums... ce qui est bien sûr impossible. Un autre handicap est qu'ils ont exercé une telle fascination, ont été couverts de tant d'éloges que certains amateurs de rock les sous-estiment après les avoir encensés. Car l'unanimité autour d'un groupe, c'est pas très rock'n'roll. Mettez 10 passionnés et boulimiques de rock dans une même pièce, s'ils ont tous le même avis sur le "meilleur groupe de l'époque", soyez assurés qu'au cours d'une prochaine rencontre, plusieurs auront changé d'avis. Ce n'est d'ailleurs pas symptomatique des seuls fanas de rock, on retrouve ces mêmes comportements pour tous les styles musicaux, et même tous les arts.

Pour autant, dire de Radiohead qu'ils sont le "meilleur" groupe de rock de ces 20 dernières années est discutable. Le plus important, sans doute... mais après tout dépend des conceptions de chacun. On peut penser que le rock, c'est du sang, du sexe et de la sueur, et Radiohead serait alors un groupe bien trop subtil pour remporter la palme. On peut aussi être insensible, voire réfractaire, à "l'inconsolable mélancolie" du groupe et à la voix de Thom Yorke...

Hail to the Thief a reçu un accueil enthousiaste... mais il mérite encore mieux. Les membres de Radiohead sont un peu comme des aventuriers qui réalisent exploits sur exploits, des exploits qui suscitent le plus grand intérêt au début, puis qu'on regarde un peu distraitement au bout d'un moment. La force de l'habitude. 
Pourtant, Hail to the Thief n'est pas fait pour être écouté 3-4 fois. Dans un album aussi riche, avec tant de strates, on continue à la 40° écoute à y découvrir de nouvelles choses. Il y a plus d'idées dans cet album que dans toute la carrière de la plupart des groupes de rock.    


Si l'évolution artistique de Radiohead est exemplaire, elle n'explique pas à elle seule la fascination pour le groupe. L'essentiel n'est pas là, il est dans la "formule magique" de Radiohead, qui est de conjuguer sans fautes de goûts émotion et expérimentation.

Tout le monde peut émouvoir avec la musique, ou expérimenter. Mais arriver à marier les deux, c'est un exercice très périlleux, qui est l'apanage de quelques très grands. 
Emouvoir, c'est facile... suffit de s'inspirer d'une ballade triste, repiquer ses accords avec 2-3 variations, et transformer légèrement la mélodie. Mais peu de chances de faire quoi que ce soit d'original et d'intéressant avec ça.
Expérimenter... c'est pas plus compliqué. On désaccorde sa guitare, on plaque des accords au hasard pendant que la batteur martèle une machine à laver avec une batte de base-ball et que le chanteur crie des insanités. Ce qui ne donnera pas à coup sûr de la bonne musique.
Arriver à conjuguer émotion et originalité, sans tomber dans l'expérimentation gratuite ou l'émotion frelatée, là est l'extrême difficulté. Et là est tout le talent de Radiohead, maître en la matière.

Savoir, comme le fait Radiohead, composer des chansons très mélancoliques, émouvantes et lyriques sans tomber dans le pathos adolescent et pompier, c'est déjà un exploit. Exploit qui fait toute la différence entre les subtils Radiohead et les boursouflés Muse. Quand on ajoute à cette sensibilité une capacité d'innovation étonnante, du style et une très grande qualité des compositions, pas de doute, on tient un des meilleurs groupes de l'histoire du rock. 

Le titre que j'ai choisi n'est pas le plus original de l'album (il n'en reste pas moins bien plus original que ce que font beaucoup d'autres groupes), mais un excellent morceau de rock. Après Kid A et Amnesiac, tout le monde s'attendait à ce que Radiohead continue dans une lignée qui en ferait un groupe encore plus cérébral. Mais Radiohead, comme à chaque fois, surprend d'entrée avec ce titre émouvant, écorché vif et puissant :

Radiohead - 2+2=5 





Après un tel titre, on imagine que le reste de l'album sera dans cette couleur, bien plus rock que les deux précédents albums... mais ils surprennent à nouveau avec le morceau suivant, particulièrement original, Sit down, Stand Up :

Radiohead - Sit Down Stand Up

Tout le problème lorsque l'on chronique ce genre de disques et que l'on cherche à placer des exemples musicaux... c'est que deux titres à écouter, ça ne donne qu'une très petite idée de l'album. On aimerait faire écouter les excellents Where I end and you begin, The Gloaming, la très belle progression lyrique de There there, l'harmonie vocale de I Will, l'instrumentation et l'originalité de We Suck Young Blood etc, etc... mais il faut chosir. Et, à moins d'être insensible à la musique de Radiohead, précipitez-vous pour acheter cet album - si vous ne l'avez pas déjà - afin de vous plonger plus profondément dans ce chef-d'oeuvre fascinant...   

Radiohead - Hail to the Thief
  1. 2 + 2 = 5
  2. Sit Down. Stand Up.
  3. Sail to the Moon
  4. Backdrifts
  5. Go to Sleep
  6. Where I End and You Begin
  7. We Suck Young Blood
  8. The Gloaming
  9. There there
  10. I Will
  11. A Punchup at a Wedding
  12. Myxomatosis
  13. Scatterbrain
  14. A Wolf at the Door

    [edit] l'album en écoute intégrale sur Jiwa  
Acheter Hail To The Thief sur priceminister
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1 juin 2007 5 01 /06 /juin /2007 20:12

anti_bug_fckPop-rock            1967 - EMI *****    

the_beatles_sgt._pepper__s_lonely_hearts_club_band.jpg

It was 40 years ago today... 


Cet article fait un peu "doublon" avec celui sur les 40 ans de 1967, mais en cette date anniversaire de la sortie de Sgt. Pepper (1er Juin 1967), difficile de ne pas revenir sur l'album le plus important de l'histoire. Difficile, dans les deux sens, car que dire qui n'ait pas été dit sur un tel album ? Pas grand chose, sans doute. A moins de compter le nombre de fois où l'on entend des ré # dans l'album (et encore, des maniaques l'ont sûrement déjà fait). Pas grand chose, donc, mais ce n'est pas ça qui va m'arrêter...

Sgt Pepper n'est pas simplement un "grand album". Il est à la musique pop ce que la IX° de Beethoven est à la symphonie, ce que le David de Michel-Ange est à la sculpture, ce que Reign in Blood de Slayer est au metal, ce que Nevermind the Bollocks est au punk... oui, je sais, je mélange grand art et art mineur, mais c'est exactement l'effet créé par Sgt Pepper. Avant, les choses étaient simples. La musique pop était un loisir pour adolescents qui, au mieux, suscitait l'indifférence chez les mélomanes. Mais avec Sgt Pepper, les repères seront brouillés. Les intellectuels et les artistes ne verront plus la pop et le rock du même oeil.

Pourquoi Sgt Pepper est-il l'album le plus important de l'histoire ?

Parce qu'il est le premier à n'être plus conçu comme une simple suite de singles, mais comme un "tout organique" (ce qui ne l'empêche pas d'être aussi une incroyable suite de singles). Parce qu'on n'avait jamais entendu de telles orchestrations dans la pop auparavant (merci George Martin). Parce qu'aucun album n'avait jamais coûté aussi cher, ni demandé autant de temps de travail en studio. Parce que jamais une pochette n'avait autant intrigué. Parce que les Beatles et les Beach Boys se tiraient la bourre, vers toujours plus de perfectionnisme et de sophistication, et avec Sgt Pepper, les Beatles donnent le coup de grâce, Brian Wilson ne s'en remettra pas... 
Parce que les Beatles sont incontestablement le plus grand groupe de l'histoire du rock et de la pop, et, avec Revolver et le White Album - les deux albums qui précédent et suivent Sgt Pepper - on a le trio de tête des albums majeurs des musiques populaires modernes. Mais, surtout, parce qu'il y a eu un "avant" et "un après" Sgt Pepper. La musique pop n'a plus jamais été la même. Pour le meilleur et pour le pire. 
Le meilleur, c'est la créativité, l'alchimie parfaite entre tubes pop imparables et quête d'originalité, l'intelligence et l'exigence dans la conception d'albums pop. Le pire... ce sont tous ceux qui ont imaginé qu'il suffisait de parer la musique pop de concepts, de sophistication ou d'emprunts au classique pour faire de la "grande" musique, ou, du moins, une musique pop plus "honorable" que le blues-rock basique. Mais les dérives de certains, on ne peut les imputer aux Beatles. Car les Beatles, justement, ne sont pas tombés dans les travers des groupes de rock progressif qui suivront. Sgt Pepper est un album riche et conceptuel, mais il n'est en rien le genre de concept album indigeste ou d'un ennui mortel, c'est un véritable album pop qui s'assume en tant que tel, par sa spontanéité et sa légèreté.

Toute la différence, c'est que Sgt Pepper donne l'impression de musiciens pop sans complexes, foisonnants d'idées, insolents, qui repoussent les limites et se fichent des chapelles, le tout dans un joyeux et savant bordel, là où beaucoup des rockeurs progressifs ont l'air de simples suiveurs en quête d'une respectabilité de façade.

Il y a du Mozart, dans Sgt Pepper... car une des choses les plus difficiles à faire en musique, c'est d'arriver à rester joyeux, léger, sans être niais ou frivole. Il est beaucoup plus simple d'être profond avec des oeuvres sombres, des oeuvres graves en mineur. Mais Mozart, comme Sgt Pepper a su conquérir les auditeurs les plus difficiles, et s'imposer comme un modèle absolu malgré sa musique le plus souvent enjouée et "positive" (et l'on pourrait l'étendre plus généralement aux Beatles, même si Sgt  Pepper est sans doute le plus gai et jubilatoire de leur seconde période). 

Une des ironies de l'histoire des Beatles (et donc de la pop), c'est que Lennon est généralement considéré comme le génie du groupe et McCartney un "faiseur" sympa et doué, certes, mais faiseur quand même. Pourtant, c'est McCartney qui a eu l'idée de Sgt Pepper, c'est lui qui s'est le plus impliqué dans l'album, seuls trois titres sont de Lennon (Lucy in The Sky, Being for the benefit of Mr. Kite, Good Morning). Donc... l'oeuvre phare, l'album le plus révolutionnaire de la musique pop est avant tout l'oeuvre... du "soi-disant faiseur" McCartney, pas du génie Lennon.   

Lennon et McCartney co-signaient leurs chansons, mais ils les écrivaient chacun de leur côté. Une des rares chansons des Beatles qui soit réellement l'oeuvre des deux est peut-être (sans aucun doute, à mon avis) leur meilleure (de là à dire qu'elle est la plus réussie de l'histoire de la pop, il n'y a qu'un tout petit pas à franchir, et je le franchis allègrement). Cette chanson, c'est bien entendu la mythique A Day In the Life, qui conclut l'album en apothéose. Impossible de se tromper sur "qui fait quoi", elle associe ce que les deux savent faire le mieux, dans leurs styles si caractéristiques (Lennon, dans la première partie : influence folk, superbe mélodie, voix traînante et envoûtante, suivi par McCartney : rythme plus sautillant, ligne de basse swingante et... superbe mélodie aussi, évidemment). Avec en plus un Ringo Starr impérial dans sa partie de batterie, et l'orchestration "historique" de George Martin... impossible de terminer la lecture de cet article sans l'écouter... d'autant plus que la vidéo, faite à partir d'images d'époque - où l'on voit bien qu'ils ne carburaient pas qu'au jus de pomme - vaut le coup d'oeil :


A Day in the Life  anti_bug_fck




The Beatles - Sgt. Pepper's Lonely Hearts Club Band

  1. Sgt. Pepper's Lonely Hearts Club Band (Lennon / McCartney)
  2. With a Little Help From My Friends (Lennon / McCartney)
  3. Lucy in the Sky with Diamonds (Lennon / McCartney)
  4. Getting Better (Lennon / McCartney)
  5. Fixing a Hole (Lennon / McCartney)
  6. She's Leaving Home (Lennon / McCartney)
  7. Being for the Benefit of Mr. Kite! (Lennon / McCartney)
  8. Within You Without You (Harrison)
  9. When I'm Sixty-Four (Lennon / McCartney)
  10. Lovely Rita (Lennon / McCartney)
  11. Good Morning Good Morning (Lennon / McCartney)
  12. Sgt. Pepper's Lonely Hearts Club Band (Reprise) (Lennon / McCartney)
  13. A Day in the Life (Lennon / McCartney)
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7 mai 2007 1 07 /05 /mai /2007 18:34

Thrash Metal     1986 - American Recordings *****

 

 Reign-In-Blood-cover.jpg

J'aurais bien aimé vous parler des très bons derniers albums de ces femmes subtiles et délicates : Marissa Nadler, Keren Ann ou Bebel Gilberto. Cette dernière, notamment, dont le  Momento est un irrésistible album suave, sensuel et mélodieux... mais je ne sais pas pourquoi, alors que Fab et Thom en ont déjà parlé il y a quelque temps (cf. liens à la fin de l'article), l'élection de notre vénéré président m'incite plutôt à écrire sur Reign In Blood. Non pas que je veuille jouer les Cassandre et vous assurer que les cinq années à venir seront sanglantes (il existe tout de même un mince espoir que celui dont les amis disent que l'expression qui le définit le mieux est "il ne peut pas s'empêcher" arrive à se retenir d'appuyer sur le petit bouton rouge), mais le chef-d'oeuvre ultime du metal est ce qui existe de mieux pour défouler ses frustrations les plus violentes. Un tel condensé de haine, on n'avait jamais entendu ça avant, et ceux qui voudront aller plus loin après souffriront la comparaison avec Reign In Blood. Certes, on peut jouer plus vite, plus fort... mais des riffs, rythmiques et chants d'une telle efficacité, où chaque note suinte le mal, c'est indépassable. Beaucoup de groupes ont bien plus joué sur le satanisme que Slayer (tels les grotesques groupes de black metal et leurs déguisements d'halloween), mais ne vous y trompez pas, si le prince des ténèbres était une musique, il serait celle de Reign In Blood. La pochette le suggère, la musique le confirme. Pas de compromis, de nuances, de claviers moyen-new-ageux, de joliesse, pas d'intros en arpèges à la guitare acoustique, de solos tape-à-l'oeil, de ballades pour passer sur MTV, d'hymnes fédérateurs et sympas pour gros stades, bref, rien de ces clichés qui font partie du cahier des charges de la plupart des groupes de metal. Slayer fait passer ses concurrents pour des rigolos, et ses suiveurs pour... de vulgaires disciples. En moins de 30 mn, le rouleau-compresseur Reign In Blood détruit tout sur son passage. Un mélange de punk et de metal... mais jamais le punk n'a été aussi sauvage et hargneux, jamais le métal n'a été aussi puissant.

Reign In Blood est une bénédiction pour tous les psychopathes de la terre. Car leur folie - pas plus que la pédophilie ou le suicide - n'est génétique, contrairement à ce que voudrait nous faire croire qui vous savez, mais peut se soigner très facilement en administrant de régulières doses de Reign in Blood. Cet album fait ressortir ce qu'il y a de plus mauvais en vous, il incarne puis expulse vos sentiments les plus violents. C'est Reign In Blood qui a fait de moi l'être exquis que je suis devenu (le premier ****** qui ironise là-dessus dans les commentaires, je viendrais personnellement lui exploser sa **** **** de ****). Quand les pulsions les plus noires tentent de monter à la surface, une bonne dose de Reign In Blood est l'idéal pour les libérer et s'en défaire. D'ailleurs je ne saurais que le conseiller à notre bien aimé président, qui n'aurait plus besoin d'aller jouer les caïds en banlieue entouré de 300 CRS pour balancer des insultes à la populace et se sentir puissant. Un petit coup de Reign In Blood saura, une fois l'écoute terminée, l'apaiser et le rendre doux comme un agneau, fin prêt pour parler aux jeunes de respect et de fraternité plutôt que de karcher et de racailles.

 

 Après, l'effet inverse est aussi à craindre. Reign In Blood peut réveiller le psychopathe qui sommeille en chacun de nous. Comme les électrochocs, c'est un traitement radical qui, selon les cas et les doses, soigne ou crame le cerveau. Un étudiant, sur les campus américains, qui se balladerait avec un flingue dans la poche et Reign In Blood dans son lecteur mp3, mieux vaut ne pas s'en approcher de trop près...   

Si vous n'êtes qu'amour et bonté, cet album ne vous touchera pas. Il est l'album le plus "mauvais" de l'histoire. Mauvais - dans le sens de raté - pour ceux qui ne peuvent s'y plonger (et je les comprends) parce qu'il est trop brutal et violent,  mais surtout mauvais dans le sens de "méchant"... en fait un terme bien trop faible pour le décrire. Haine, violence, noirceur, hargne... tous ces mots sont très en deçà de ce qu'il véhicule. C'est ce qui en fait une grande oeuvre musicale (la seule du metal, à mon avis), car elle va bien au-delà des mots, elle met en musique l'indicible, des pulsions enfouies trop profondément  et trop extrêmes pour être nommées. Bach a su porter la spiritualité, le sentiment religieux à de telles hauteurs que les termes "spiritualité" et "sentiment religieux" semblent fades pour décrire les choeurs de ses Passions... il en est de même avec la violence et la haine pour Slayer.

Angel Of Death ouvre l'album magistralement, on se dit qu'après une telle déflagration sonore la tension ne peut que baisser... et pourtant, les morceaux se succèdent, implacables, avec une énergie qui ne retombe jamais. L'album a 21 ans, le groupe a vieilli, s'est un peu "empâté"... mais pas leur musique, toujours aussi tranchante et dévastatrice, comme le prouve cet extrait d'un concert filmé il y a quelques années  :

 

Slayer -  Angel of Death

 

 

 

Slayer - Reign In Blood

      1. Angel Of Death
      2. Piece By Piece
      3. Necrophobic
      4. Altar Of Sacrifice
      5. Jesus Saves
      6. Criminally Insane
      7. Reborn
      8. Epidemic
      9. Postmortem
      10. Raining Blood

 

Autres chroniques de l'album :

Fab

Thom

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