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6 mars 2009 5 06 /03 /mars /2009 22:29

Déjà un bilan de la décennie ? Oui, pour une bonne et simple raison : on peut d'ores et déjà s'interroger sur ce qui est le fait musical le plus marquant de la décennie (et bizarrement, peu relevé et discuté... voire pas du tout) : aucun style musical important n'est apparu dans les musiques populaires occidentales de 2000 à 2010.

Depuis les années 50 et l'arrivée fracassante du rock, chaque décennie, chaque génération a eu ses genres musicaux (je ne liste pas tous les sous-genres) :

Années 50 : Rock'n'roll

Années 60 : Rock Psychédélique, Pop
                    Folk-rock
                    Soul, Funk

Années 70 : Punk
                    Glam 
                    Hard-rock
 
                    Rock progressif

(les 2 derniers sont nés à la fin des années 60, mais ils se sont surtout développés dans les 70's)

Années 80 : Hip-hop
                    New-wave, Cold-wave
                    Techno
                    Rock indépendant
                    Metal (Heavy, Thrash, Death)

Années 90 : Grunge
                    Trip-hop

                    Gangsta-rap                    
                    Electro (Electronica, Jungle, Big Beat)

                    (plus confidentiels : Abstract Hip-Hop, Post-rock, Black metal)

Années 2000 : ?
                        Tecktonik ??


Aucun mouvement musical marquant dans les années 2000... la seule chose à laquelle on a eu droit, c'est ce qu'il y a de pire, la tecktonik... Même pas un genre musical en soi, une pseudo danse/mode totalement orchestrée par le business et les médias, et qui ne porte pas le moindre message contestataire (la tecktonik, c'est : on ne boit pas, on ne fume pas, on ne se drogue pas, on ne se révolte pas... mais on mouline avec les bras...)

Un problème de manque de créativité ?

Peut-être en partie, mais pas seulement... les années 2000 n'auront pas été inintéressantes musicalement, loin de là, beaucoup de très grands albums sont sortis, des oeuvres originales, passionnantes... Kid A et Hail To The Thief de Radiohead, Drukqs d'Aphex Twin, The Drift de Scott Walker, Third de Portishead, Illinois de Sufjan Stevens, les albums de Dälek, Amon Tobin, Matt Elliott, Animal Collective, Burial, Liars... pour ne citer que les premiers exemples qui me viennent à l'esprit...

Le plus regrettable, dans l'histoire, c'est que la génération des années 2000 n'aura pas eu "sa" musique, ce qui n'était pas arrivé depuis la naissance du rock'n'roll. Pas un nouveau genre musical qui lui appartienne exclusivement, qui fasse trembler les générations précédentes, qui porte en elle l'esprit de révolte de la jeunesse comme l'ont fait le rock, rock psychédélique, punk, hip-hop, techno, grunge dans toutes les décennies précédentes. Il y aura bien eu Eminem au début de la décennie pour porter le flambeau, mais il est plutôt esseulé, et le rap n'est plus tout jeune dans les années 2000...

Pourtant, la jeunesse des années 2000 n'a pas manqué de motifs de révolte et de rejet de la société... mais aucune musique n'aura su l'exprimer de manière originale, moderne, novatrice, et canaliser cette colère.

Comment l'expliquer ?

Pas la peine d'aller chercher très loin ce qui est sans doute la principale cause de ce phénomène (ou plutôt d'absence de nouveau phénomène musical), elle est sous vos yeux : internet. Non pas le téléchargement (dès qu'on parle de musique et d'internet dans les années 2000, on en revient toujours là, alors qu'il y a bien d'autres choses à dire sur le sujet), mais ce mélange particulier d'individualisme et de communautarisme que permet le web. 

Le net offre à tout le monde la possibilité de s'exprimer publiquement, et les jeunes se sont très vite appropriés ce nouveau média. Ils n'ont sans doute plus autant besoin que les générations précédentes de trouver un "porte-parole", de s'identifier à un chanteur charismatique et rebelle... s'ils ont quelque chose à dire, ils ont des forums, blogs, et trouveront facilement des "petites communautés" de gens qui pensent comme eux. Chacun dans son petit coin, sa petite communauté... chacun a son petit "espace".

Myspace... le symbole de cette nouvelle donne pour les groupes, et peut-être l'explication la plus probante de cette "crise des genres musicaux". Diffuser sa musique est devenue accessible à n'importe quel musicien, et d'une simplicité déconcertante. Avant, il fallait démarcher les labels, tenter de les convaincre, trouver des dates de concerts, espérer qu'un jour, une de ses chansons soit diffusée en radio... et le Graal, c'était la possibilité de sortir un album, avec votre musique enfin disponible pour le grand public et fixée sur un support. Maintenant, n'importe quel amateur, sans même avoir de label, a la possibilité d'enregistrer ses chansons sur son 4-pistes, les balancer sur sa page myspace, et les voilà "fixées et disponibles". Bien sûr, ce n'est pas pour autant que vous aurez des millions d'auditeurs et que vous vivrez de votre musique, mais elles ont "leur espace"... sur toute la planète, on peut avoir accès à votre musique... ce qui est véritablement révolutionnaire...
Du coup, chacun bricole dans son coin, met sa musique en ligne, et espère que le public et les labels seront intéressés... on croise sur myspace, les blogs, forums, des gens aux goûts musicaux similaires, et de petites communautés se forment... Toujours ce mélange d'individualisme (chacun bricole dans son coin et peut, seul, faire écouter sa musique à tous) et de communautarisme (les "amis" sur myspace)...
Plus besoin de créer un nouveau genre musical ou de s'inscrire dans la lignée de celui qui fédère la jeunesse pour être écouté, on fait sa petite cuisine musicale et on la met en ligne.

S'il y a bien eu un bouleversement considérable dans la musique des années 2000, il concerne seulement la production/diffusion/consommation. Mais rien d'essentiel dans l'évolution des genres musicaux. Ce qui, en soi, est déjà un "événement", puisqu'on n'avait jamais connu ça dans les 5 décennies précédentes. Tout au plus peut-on noter que les barrières entre les genres ont tendance à s'estomper, mais des mélanges divers et variés, il y en a toujours eu, et cela relève cette décennie d'une "petite cuisine musicale individuelle"...

La décennie du repli

Du rock 60's, 70's, 80's... on en a entendu beaucoup dans les années 2000. Pas besoin pour cela d'aller dépoussiérer ses vieux disques, suffisait d'écouter les nouveaux groupes. Beaucoup de recyclage (parfois très réussis), de regards tournés vers le passé, de vénération des "grands anciens"... et c'est peut-être ça aussi, le problème. Pour être vraiment créatif, il faut aimer et connaître l'art qu'on pratique, avoir des références... mais aussi savoir à un moment donné s'affirmer, oublier ses modèles, couper le cordon, "tuer le père". Ce que n'ont malheureusement pas su faire les groupes des années 2000. L'idéal serait une "nouvelle explosion punk"... non pas un revival punk, ce qui ne serait que du simple recyclage, mais une musique originale et rageuse, un mouvement qui rassemble la jeunesse, balance de grandes claques et renvoie les vieilles gloires du rock dans leurs hospices... ce n'est pas simplement souhaitable, mais nécessaire, pour réveiller les musiques populaires modernes. Quand on en vient à regretter la période grunge, se dire qu'il s'y passait au moins quelque chose d'excitant... c'est qu'il y a vraiment urgence...
   

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27 janvier 2009 2 27 /01 /janvier /2009 19:37
01/2009      Columbia            

Les premières notes d'un album sont généralement décisives, elles donnent le ton, dans tous les sens du terme... et le ton de ce nouveau Springsteen est clair, il se résume en une simple expression : "faute de goût". 


Qu'est-ce que ce pompage du pénible I was made for lovin you des guignols de Kiss ? Rien moins qu'une double faute de goût impardonnable :



1. La référence au groupe pour lequel l'expression "mauvais goût" a été inventé.
2. Le mélange contre-nature Springsteen/Kiss. Comme si Chuck D. plagiait Vanilla Ice ou Joan Baez piquait les mélodies des Spice Girls. Ce qui est drôle quand c'est fait avec ironie (Sonic Youth avec Into The Groove de Madonna, ou Sid Vicious avec My Way...), mais consternant lorsque tout cela est on ne peut plus sérieux. Et c'est ici du sérieux avec Outlaw Pete, ce long titre épique (8 minutes) qui ouvre l'album.      

Je suis allé lire 2-3 critiques de l'album sur le net... qui n'ont même pas signalé cet emprunt à Kiss pourtant évident. Soit ceux qui l'ont chroniqué sont sourds (ce qui explique qu'ils aient beaucoup aimé cet album), soit ce sont des privilégiés dont on a préservé les oreilles de tous les gros tubes débiles (dans ce cas, il est encore plus étonnant qu'ils puissent aimer ce nouveau Springsteen). Et si on ne connaît pas I was made for Lovin You, on connaît au moins Call Me de Blondie, qui repique dans son couplet la ligne mélodique du refrain de Kiss... 

I Was Made for Lovin You - Outlaw Pete - Call Me :




2. My Lucky Day : Le premier single de l'album, tout à fait dans l'esprit du précédent Springsteen, Magic... du rock entraînant, musclé, efficace et tout à fait écoutable... si l'on n'est pas trop exigeant. Car ce Springsteen-là n'est pas le meilleur, c'est le Springsteen grand public, biceps gonflés, Born in the USA... nettement moins intéressant que le Springsteen plus proche de ses racines folk, qu'il soit intimiste (Nebraska, The Ghost of Tom Joad) ou énergique (
We Shall overcome, the Seeger Sessions).

3. Working on a Dream : Une rengaine calibrée pour plaire aux radios FM mollassonne, et donc pour déplaire aux amateurs de rock... à oublier très vite.

4. Queen of The Supermarket : Pareil... avec, en prime, une double dose de sentimentalisme gluant pour la ménagère de plus de 50 ans. Encore de plus mauvais goût que le premier... 

5. What Love Can Do : Après le pire morceau de l'album, peut-être le meilleur. Enfin, le moins mauvais... Un titre qui fonctionne plutôt bien, sauf... qu'on a tout de même l'impression d'avoir déjà entendu ça un paquet de fois. Notamment chez Tom Petty, la parenté avec son célèbre I won't back down est bien réelle (basé sur la même suite d'accord : Em, D, G. Springsteen ajoute juste un do à la fin)

Jugez par vous-même :      




6. This Life : C'est mou, gentillet, lisse, ça dégouline un peu sur les bords... quand arrivent les choeurs, on finit par se dire en rigolant "manque plus qu'un thème de sax un peu bêta et pompeux"... et on rigole moins lorsqu'il apparaît pour de bon.  

7. Good Eye : Que diable vient donc faire ce titre ici ? Après la guimauve précédente, un blues chanté de manière très rocailleuse. un blues qui tombe comme un cheveu sur la soupe... ou dans la soupe, plutôt. Faute de goût assez bizarre dans l'enchaînement des morceaux, comme une playlist passant de Coldplay à John Lee Hooker. Et cela nous permet aussi de mesurer à quel point Springsteen est, dans cet album, loin de ses racines folk/blues/rock... 

8. Tomorrow Never Knows : Dans la catégorie "faute de goût dans le titre", Bruce frappe fort... comment écrire un Tomorrow never knows après celui des Beatles, peut-être le morceau le plus révolutionnaire et visionnaire de l'histoire du rock ? D'autant plus que le sien est une banale chanson folk/pop sans prétention, aussi vite écoutée qu'oubliée.

9. Life itself : Un petit quelque chose, dans ce morceau pas désagréable... c'est toujours ça de pris...

10. Kingdom of days : La lueur d'espoir du précédent titre s'éteint vite avec ce Kingdom of days, dont le tour de force est d'être aussi mou qu'emphatique. Bruce peut-il tomber plus bas ?

11. Surprise, surprise : Et la réponse est... oui. En lice pour le titre de la chanson la plus niaise de l'année. 

12. The Last Carnival
13. The Wrestler (bonus track)
Les deux derniers morceaux sont plus folk et sobres, mais difficile de les apprécier à leur juste valeur, les précédents ont laissé un tel mauvais goût qu'on n'a qu'une envie, que ça s'arrête, pour se repasser quelques bons vieux Springsteen et ne pas oublier ce qu'il a été.
Un contrecoup de l'effet Obama... Bruce est apaisé, content, loin de la nervosité de ses débuts, de la mélancolie touchante de ses beaux albums folk, de la tension et de l'énergie cathartique de We Shall Overcome, son dernier grand album... il est heureux, tant mieux pour lui, tant pis pour nous... 

Une note ? 5/10
Et je suis gentil (ça doit être là aussi l'effet Obama... et puis c'est tout de même Springsteen... et il y a quelques titres pas mauvais... et l'album pourrait très bien convenir à ceux qui ne sont pas trop regardants...)

Si vous y tenez vraiment, vous pouvez toujours aller écouter l'album en intégralité sur
deezer... mais on ne vous en voudra pas si vous ne le faites pas. Ou si vous préférez réécouter ses bons albums,  disponibles sur le site.

La chronique de Thom
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5 décembre 2008 5 05 /12 /décembre /2008 14:26

1. Guide du rockeur
2. Guide du rockeur 2.0
3. Guide du rock pour les filles
4. Lexique
5. Traductions 


En voilà un article casse-gueule… un mec qui se permet de dire aux filles comment se comporter dans le monde du rock, quoi écouter… de quoi me faire passer pour un horrible macho paternaliste genre « écoutez, les filles, le rock, c’est un truc de mecs, mais bon, on est au XXI° siècle et on veut bien vous tolérer si vous acceptez de suivre gentiment les préceptes suivants… »

Non, je vous rassure, il ne s’agit pas de ça… mais surtout de déductions à partir de ce que je connais des goûts musicaux et de ce que je lis des passionnées de rock (ce qui ne reste pas moins casse-gueule). J’ai été assez consterné en tombant sur un bouquin, le Guide de Survie des Filles Rock (écrit par une femme), où l’on trouve des sortes de playlists idéales pour « se pomponner », « passer l’aspirateur », « faire le ménage après une soirée rock’n’roll »… manque plus qu’une « playlist pour repriser les chaussettes de son homme »… ou « comment ne pas faire couler son mascara en pleurant à chaudes larmes sur One (de U2, hein, pas Metallica) » (si ça se trouve, ça y est… je l’ai juste feuilleté, il m’est vite tombé des mains).


Pour autant, il serait hypocrite de faire comme s’il n’existait aucune différence entre les goûts que revendiquent hommes et femmes dans le rock, hypocrite de faire comme si aimer tel groupe ou genre disait la même chose de vous, selon que vous soyez un homme ou une femme.

La plupart des catégories « respectables » définies dans le guide du rockeur sont valables pour les filles… mais il y a des nuances, nuances qui m’ont poussé me lancer dans cet article.


La « roots »


Voilà où est sans doute la plus grosse différence… il est valorisant pour un homme d’être « roots », ça l’est beaucoup moins pour une femme. Etre une passionnée de vieux blues rêches et rugueux ou de groupes rock très bruts et binaires, ça passe moins chez une fille qu’un mec… d’ailleurs, les femmes ne s’y trompent pas, la proportion de femmes chez les inconditionnels de blues rugueux est quasi-nulle. Le concept même de « roots » est associé à la virilité, à des mecs, des vrais, qui s’expriment sans chercher la joliesse, qui se foutent de débarquer sur scène dans de vieilles fringues usées et de sentir la sueur et la bière…


Pas question, bien sûr, de tomber dans le préjugé misogyne qui voudrait que les femmes soient superficielles, plus à l’affut de nouvelles tendances que de « l’authenticité »… c’est juste que l’excès de testostérone du blues et rock bien roots leur parle moins que d’autres musiques aussi authentiques ou traditionnelles (fado, musique tzigane, bossa, folk, musiques africaines). Mais prétendre que le blues serait réservé « aux hommes, aux vrais », ce serait oublier un peu vite Bessie Smith, « l’impératrice du blues »....


La « furieuse »


La catégorie « furieux » est encore majoritairement l’apanage des hommes… mais elle est déjà plus envisageable pour les femmes que la catégorie « roots ». C’est par leur côté subversif, arty, décalé et décadent qu’elles abordent en général les musiques furieuses, moins par la quête de violence et de puissance. Des Siouxsie, PJ Harvey, Karen O, Peaches ont su prouver qu’il est possible, dans le rock, d’être sauvage et provocante sans nier sa fémininité… elles ont montré que la violence rock’n’roll peut aussi aller aux femmes… mais difficile de le revendiquer sans le côté « sexy et arty ». C’est bien pour cela que le metal (qui n'a rien de sexy ou arty) est moins prisé par les femmes, et plutôt mal vu… un mec fan de metal, au fond, ce qu’il cherche à dire de lui (même s’il ne se l’avouera pas), c’est, pour caricaturer vite fait « je suis bourré de testostérone, faut bien que j’évacue un peu toute cette surpuissance qui m’habite… » (alors qu’il peut être un geek malingre et flippé… si beaucoup de geeks aiment le metal, c’est parce qu’ils y trouvent la puissance qui leur fait défaut…) Et « j’aime le martèlement martial du metal et ses grosses guitares bien lourdes», ça reste difficilement compatible avec la féminité.


Il y a bien du metal qui cible un peu plus les filles, surtout les navrants groupes gothico-kitsch à chanteuses style Nightwish ou Within Temptation… à fuir comme la peste, là, c’est prouver que vous n'avez aucun goût en matière de musique, puisque vous plébiscitez ce metal lisse et surproduit aux mélodies putassières, et aucun goût tout court, puisque vous êtes fascinée par cette imagerie heroïc-fantasy et de gothique de supermarché ». 


Dandys  


Avec les « dandys de l’école Velvet », on monte encore d’un cran dans les catégories revendiquées par les filles. Mais (parce qu’il y a bien sûr encore un « mais »), il y a des limites… le Velvet, bien sûr, est idéal, une manière de dire de vous « je suis mystérieuse, cool, sexy…» par contre, si vos goûts se limitent à des groupes sombres, lents, glauques, hypnotiques… vous risquez d'être plus mal perçues que vos alter-ego masculins… et rangées directement dans la catégorie dépressive… comme dans la vie. Dans une soirée, le type habillé de noir qui balance d’un air pénétré en tirant sur sa clope : « tout ça, c’est de la merde » (au choix : la musique, la soirée, le monde, la vie, l’univers…) avec un peu de chance, il passera pour une sorte d’artiste maudit ténébreux… une fille qui dit la même chose, à tous les coups, on la prendra pour une dépressive chiante. Donc, le Velvet, oui, mais les groupes de l’école Velvet, à petites doses, et pas de manière exclusive. Mieux vaut privilégier la voie royale, la voie la plus sûre et valorisante pour les filles : celle du « dandy de l’école Smiths ». Là, on a enfin une catégorie où les filles sont aussi à leur aise que les hommes… et parfois plus, elles ne risquent pas, comme les mecs, de se voir charriées par les « roots » sur les  « les musique de gonzesses » qu’ils écoutent, et pour cause… Des groupes légers, sensibles, sexy, entraînants, classes, subtils… voilà enfin des qualités que peuvent revendiquer les femmes autant que les hommes dans le rock. Léger ne veut pas dire superficiel ou anodin… les Beatles, le plus grand groupe de l’histoire, en sont la meilleure illustration.


Les filles qui ont bien intégré les codes du rock, qui ont su (consciemment ou pas) comprendre ce que les goûts disent de nous et saisir comment ne pas renier sa féminité en étant accepté par le milieu rock, ont en général la plupart de ces artistes comme favoris :  


Bowie, les Beatles, les Smiths, Radiohead, Jeff Buckley, Dylan, Sufjan Stevens, Elliott Smith, Libertines, Kinks, Love, Nick Drake, Roxy Music, Clash, Zombies, Air, Pixies, Damon Albarn, Strokes, Arctic Monkeys, Franz Ferdinand …


Bref, en majorité des groupes affiliés aux dandys de l’école Smiths… Vous pouvez tester votre féminité rock’n’roll en comptant le nombre de groupes que vous aimez dans la liste. Si vous avez plus de 12 bonnes réponses… (non, me tapez pas les filles, c’est une plaisanterie à la con, je me doute bien que vous n’êtes pas toutes fanas des quiz débiles des journaux féminins…)


Le milieu rock est semé d’embûches pour les filles… Il faut savoir être légère, mais pas superficielle. Compétente, mais ne pas laisser à penser que vous êtes une terne archiviste du rock (il est aussi possible de jouer les ingénues, ce qui séduit et rassure toujours les mâles). Avoir du goût sans être trop élitiste (histoire de montrer que vous avez de la sensibilité, mais que vous ne rentrez pas dans un rapport de domination). Capable d’humour et de dérision, sans tomber dans trop de cynisme. Enthousiaste (vous n’êtes pas une vieille fille), sans avoir l’air d’une groupie hystérique. Savoir s’affirmer, en restant tolérante. Etre capable d’apprécier des groupes assez sauvages (vous n’êtes pas une frêle créature qui se sent agressée par les moindres effets de distortions un peu hard), mais ne pas passer pour une fille « bourrin ». Bref, c’est tout un art… et s’il y en a bien une dans la blogosphère rock qui pratique cet art à merveille (roulement de tambours, je vais me faire détester par toutes les autres...), c’est… Alex la Baronne ! Dont l'excellent blog, Classe ou Crasse est malheureusement en stand-by depuis trop longtemps. Et si cet article pouvait l’inciter à revenir un peu plus parmi nous, il aura au moins servi à quelque chose…


Pourtant, si vous ne répondez pas aux critères ci-dessus, pas de panique, il vous est aussi plus facilement pardonné certains faux-pas dans le monde du web-rock… car les filles sont tout de même beaucoup moins représentées que les mecs, donc, on a tendance à être plus cool quand on en croise une… et, surtout, les hommes sont moins agressifs et cassants avec les femmes qu’entre eux (dit-il alors qu’il vient de publier un article sur Noir Désir…)


De plus… tout est possible… quand on sait y faire. Comme Rxqueen, qui se trouverait plutôt dans la catégorie furieux/dandy de l’école Velvet, mais qui a une bonne culture musicale et suffisamment de classe pour se permettre d’enfreindre les commandements de ce « guide du rock pour les filles ».


J’en imagine certain(e)s fulminer derrière leur écran, prêts à bondir dans les commentaires pour m’écrire « ce sont des conneries machos, tu as un siècle de retard, ce n’est pas parce qu’on est une femme qu’en musique, on va forcément préférer la délicatesse à la violence »… Bien sûr, et je suis entièrement d’accord… mais revendiquer tel goût musical, c’est toujours dire quelque chose de soi… et, bizarrement, on trouve toujours assez peu de femmes prêtes à dire d’elles « je suis surpuissante et vous écrase tous » ou « je suis crade et je vous emmerde ». 
Ceux qui ont lu d’un œil distrait pourraient penser qu’il y aurait du « rock pour fille », et du « rock pour mec »… fort heureusement, non. Ce serait débile, d’ailleurs… comme la société, le monde du rock a évolué (et il a lui-même en partie contribué à la faire évoluer), une fille peut parfaitement aimer des groupes assez sauvages sans passer pour un garçon manqué… de toute façon, être un garçon manqué est plutôt accepté… les filles peuvent revendiquer à peu près les mêmes goûts que les hommes… mais il y a cet « à peu près ». Parce que le rock reste, plus ou moins inconsciemment, associé à une certaine forme de virilité…

 

Il n’y a pas de « rock pour fille » et de « rock pour garçon », encore heureux, mais certains goûts vont mieux aux filles que d’autres, et permettent d’être parfaitement accepté dans la communauté rock, sans tomber dans les écueils « trop girlie », ou « trop mec ».

Le top 5 : 


1. Beatles (parce que ce sont les plus grands, parce qu’ils sont subtils, parce qu’ils savaient de manière remarquable être légers sans faire de la guimauve)

2. Bowie (parce qu’il est ambigü, classe, fascinant, que sa musique est délicate et rock, audacieuse et sensible)

3. PJ Harvey (parce qu’aucune fille n’a autant de crédibilité rock’n’roll, et elle a su mettre un grand coup de pied dans le rock… et à genoux tous les rockeurs les plus exigeants, sans renier non plus sa féminité) 

4.  Dylan (les filles adorent Dylan… parce qu’il a beau jouer les cyniques, il reste ce type un peu malingre, touchant… et, surtout, ses textes)

5.  The Smiths (parce qu’ils incarnent à merveille la face « sensible » du rock… sensible, sans sensiblerie à deux balles) 

Bref, la règle d'or, c'est de "privilégier PJ et les trois B " (Beatles, Bowie, et Bob) 

Le top 5 des groupes respectables les plus durs à revendiquer pour une fille :

1. Mötörhead (parce que c’est le symbole même de la virilité bourrin, mieux vaut, pour une fille, les considérer comme un groupe de gros lourdauds, ce qu’a fait admirablement Laiezza dans cet article)  

2. Slayer (à peu près tout le metal, d’ailleurs, mais particulièrement Slayer, pur concentré de haine et de violence)


3. Ministry (à moins de ne pas craindre de passer pour une furie)


4. King Crimson (contrairement à ce que pourrait laisser penser son nom, c’est le seul des 5 qui ne soit pas hard… mais être un grand fan de King Crimson, ça passe toujours plus difficilement pour une femme que pour un homme… ça fait un peu « intello austère »… préférez Pink Floyd, plus planant et moins technique)


5. AC/DC (cf. Mötörhead)


Enfin… une petite chose qui m’interpelle depuis longtemps chez les fanas de rock… le fait que les mecs semblent beaucoup plus sensibles au « groove » que les filles… rap, jazz, funk, blues, soul passionnent plus les rockeurs que les « rockeuses »… à part peut-être Ama-L, Anne et Rxqueen… alors qu’on pourrait penser que le groove séduise autant les filles… il n’y a, dans le groove, que le trip-hop qui me semble fédérer une même proportion d’hommes et de femmes chez les passionnés de rock..


Un dernier mot sur le titre… je vous avais annoncé un « guide de la rockeuse », mais j’ai changé, « rockeuse », ça rappelle l’horrible chanson de Catherine Lara, la rockeuse de diamants, qu'absolument personne ne peut revendiquer…

Le Guide du rockeur

Guide du rockeur 2.0


 

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