Alexandre Scriabine (1872-1915) - Etude Op. 8 n°12 en ré# mineur (1894-1895)
Les 12 études Op. 8 de Scriabine ont été composées en 1894-1895
Histoire de bien commencer la semaine, chaque lundi, je compte vous proposer un morceau en écoute, un morceau qui n'est certes pas un "tube" que tout le monde connaît (ça n'aurait pas grand intérêt), mais qui n'a rien à envier aux musiques les plus célèbres de l'histoire. Il y en aura sans doute dans tous les styles, même si le classique et le jazz seront privilégiés. Faire découvrir le classique et le jazz reste une de mes obsessions, mais le problème qui se pose régulièrement à moi lorsque je tente de le faire ici, c'est que toute tentative d'explication peut avoir tendance à mettre de la distance entre ces musiques et des auditeurs peu habitués au classique, qui craignent sa réputation de musique trop intellectuelle ou austère... alors qu'il n'y a aucun besoin d'intellectualiser la musique classique pour la comprendre et l'aimer, elle n'est pas moins sensuelle / sensorielle / émotionnelle que n'importe quelle autre musique... Pas besoin de mots ou de quelconques explications pour vibrer aux émotions fortes que peut procurer l'écoute de la pièce que je vous propose aujourd'hui. Et quels mots pourraient être à la hauteur de cette musique ?
La dernière fois que j'ai ici parlé de classique, il s'agissait d'une brève pièce virtuose et tourmentée pour piano, écrite en 1896, d'un compositeur russe post-romantique, interprétée par Nikolaï Lugansky (le moment musical n°4 de Rachmaninov)... pour changer, voilà aujourd'hui une brève pièce virtuose et tourmentée pour piano, écrite en 1895, d'un compositeur russe post-romantique, interprétée par Nikolaï Lugansky. La fameuse étude Op. 8 n°12 de Scriabine.
Par NikolaÏ Lugansky
Avec un son d'un peu moins bonne qualité (mais une magnifique interprétation), le grand Evgeny Kissin (j'ai justement eu le privilège de l'entendre jouer cette étude en concert il y a peu...)
Les Etudes de Scriabine en écoute sur grooveshark

La musique abolit les frontières… les frontières géographiques et les barrières de la langue, car même sans comprendre un traître mot du dialecte de peuplades éloignées, nous pouvons être sensibles à leurs musiques (bien évidemment, nous ne l’appréhendons pas forcément de la même manière). Frontières géographiques, mais aussi frontières temporelles. Par la musique, nous pouvons nous « connecter » à un monde sonore lointain, entendre ce qu’entendaient nos ancêtres plusieurs millénaires auparavant. Et, de ce point de vue, qu’y a-t-il de plus fascinant que de se plonger dans la musique de l’antiquité ? Se plonger dans la musique préhistorique, peut-être… mais nous n’avons actuellement aucun moyen de savoir à quoi elle ressemblait réellement. Tout juste pouvons-nous déduire quelques gammes des types d’instruments utilisés par les hommes préhistoriques. Mais si nous ne pouvons pas non plus prétendre être capable de reproduire la musique de l'antiquité telle qu’elle était, nous pouvons déjà nous en rapprocher bien mieux que de celle de la préhistoire… Instruments, gravures, peintures et textes d’époque sont à même de nous fournir suffisamment d’indications pour cela… même s’il faut accepter que nous ne pouvons la retranscrire avec exactitude. Il existe quelques fragments de « partitions » d’époque (essentiellement de musique grecque antique, celle pour laquelle nous disposons de plus d’informations), avec une notation qu'il est possible de déchiffrer et saisir en partie, mais il reste beaucoup d’inconnues, et, ainsi, une bonne dose d’interprétation et d’extrapolation…



