Quoi de plus opposé qu’un scientifique et un artiste ? Raison, sérieux, austérité, travail méthodique et rigoureux d’un côté ; fantaisie, sensibilité, rêverie, imagination débridée de l’autre. Ce sont, fréquemment, les clichés autour des scientifiques et des artistes. Mais, quelle que soit la réalité de ces clichés, scientifiques et artistes se rejoignent souvent… dans la fascination et la contemplation de l’espace. Parce que rien autant que notre univers dépasse à un tel point l'entendement et les limites de notre imagination.
« Il a la tête dans les étoiles », « il n’a pas les pieds sur terre ». Voilà bien deux expressions péjoratives qu’on associe à ceux qui ont un tempérament d’artiste, ou à des scientifiques déconnectés des contingences matérielles. Mais au fond, il n’y a pas grand-chose de beaucoup plus important que de prendre conscience de l’univers au sein duquel nous évoluons. A moins d’être une créature à peine plus évoluée que le vers de terre pour lequel rien d’autre n’existe que le petit lopin de terre qu’il traverse, et qui n’a aucun besoin de s’interroger sur ce qui peut exister au-delà... Dans un monde un peu plus éclairé, ce sont tous les individus qui devraient se rejoindre dans la fascination pour l’univers...
Tout le monde sait qui est Paris Hilton. Malheureusement, trop peu de gens connaissent les bases de ce qui est essentiel, l’univers dans lequel nous vivons.
Nos sens nous mentent en permanence… nous pensons être composés de matières denses et « solides », en contact avec des objets denses et solides… mais nous sommes essentiellement du vide. Si nous ne traversons pas les objets avec lesquels nous rentrons en contact, ce n’est pas parce que des particules de matières se cognent contre des particules de matières, mais à cause de l’électromagnétisme. Nous avons la sensation, par exemple derrière un écran d’ordinateur, d’être à peu près « statique », au sein d’un univers lui-même plutôt statique… alors que tout est en mouvement, à tous les niveaux, et que notre terre tourne, non pas à une vitesse de... disons 500 km/h, vitesse qui, à notre échelle humaine, nous semblerait rapide, mais à… 30 km/s !
Tout comme les animaux carnivores ne perçoivent pas les couleurs, mais surtout le mouvement (parce que les couleurs ne leur servent à rien, ce qu'ils ont besoin de voir, c'est le mouvement d'animaux qu'ils peuvent pourchasser pour s'en nourrir), nous ne percevons pas le réel tel qu'il est, mais tel qu'il est "utile" pour nous de le percevoir. La musique, le son... n'existent pas ! Ce ne sont que des vibrations que notre oreille "transforme" en sons.
Toutes nos échelles humaines sont totalement relatives. La fourmi est minuscule, la terre gigantesque ? La fourmi, c’est de l’infiniment grand, un univers, à l’échelle de l’atome… la terre, c’est de l’infiniment petit, à l’échelle de notre système solaire (sans même parler de notre galaxie, ou pire de notre univers…)
Sur terre, par beau temps et avec un horizon dégagé, nous pouvons voir à une centaine de kilomètres. Lorsque nous regardons le ciel, le soleil, les étoiles, nous ne pouvons réaliser les distances hallucinantes qui nous séparent de ce que nous voyons. Car, à l’œil nu, il est possible, certains soirs, de voir un point qui est… une autre galaxie, la plus proche de la nôtre, la galaxie d’Andromède. Galaxie qui se trouve à des milliards de milliards de kilomètres de la terre.
Nos sens nous donnent une image complètement faussée de ce que nous percevons dans le ciel. Des étoiles absolument gigantesques qui nous semblent relativement petites, et que nous voyons non pas tels qu’elles sont, mais telles qu’elles étaient il y a des dizaines, des centaines, des milliers, ou des millions d’années (la vitesse de la lumière étant de 300 000 km/s).
A vue d’œil, le soleil peut ne pas sembler pas aussi énorme qu’il l'est en réalité… pourtant, la dimension de la terre par rapport au soleil est la suivante :
Le soleil, une étoile immense ? Même pas. Il existe des étoiles à côté desquelles notre soleil est un peu comme l’est la terre par rapport à lui. Je vous laisse imaginer la taille de la terre face à ces étoiles géantes.
Si le soleil ne nous semble pas aussi grand, c’est parce que nous en sommes excessivement loin… 150 millions de kilomètres ! La lune, elle, ne se situe « que » à 384 000 km de la terre.
Le soleil est une étoile, c’est « notre » étoile. A quelle distance se trouve la 2° étoile la plus proche de la terre, Proxima Centauri ? Elle est non pas 4 ou 5 fois plus loin de nous que le soleil, mais 270 000 fois plus éloignée ! Combien d’étoiles comporte notre galaxie, la Voie Lactée ? Plus d’une centaine de milliards ! C’est vous dire ses dimensions incroyables. Imaginons que nous voulions la parcourir, à bord d’une fusée, pour aller voir s’il existe d’autres civilisations que la nôtre au sein de la voie lactée. Certaines étoiles sont à 80 000 années lumières de la terre ! Ce qui veut dire que même si nous parvenions à voyager à la vitesse de la lumière, vitesse qu’à priori l'on ne peut dépasser (mais pour l’atteindre, nous devrions dépenser des quantités considérables d’énergie), il faudrait au vaisseau spatial le plus rapide que l'on puisse seulement imaginer 80 000 ans pour aller vers les étoiles les plus éloignées de notre galaxie.
Mais tout ça, ce n’est rien… car la Voie Lactée n’est qu’une galaxie parmi des milliards. Imaginons que nous désirions aller dans la galaxie la plus proche de la nôtre, la galaxie d’Andromède (qui comporte bien plus d’étoiles que la nôtre et ses centaines de milliards), pour voir s’il y a de la vie. Même en nous déplaçant à la vitesse de la lumière, il nous faudrait 2,5 millions d’années pour l’atteindre. Prévoir de bons bouquins pour le voyage…
Des distances absolument inimaginables… alors que l’univers continue son expansion à une vitesse phénoménale. Et dire qu’à l’origine, selon la théorie du big bang, notre univers n’était pas plus gros qu’une tête d’épingle. Sans parler du fait qu’il est possible qu’existe une infinité d’autres univers… les chefs-d'oeuvre de l'histoire de l'art nous fascinent par leur audace, leur démesure, parce qu'ils ont quelque chose de mystérieux, vertigineux... mais rien ne peut être aussi vertigineux que l'étude de l'univers dans lequel nous évoluons.
J’aime beaucoup cette phrase de John Eccles, scientifique anglais cité par Hubert Reeves dans Chroniques des Atomes et des Galaxies : « Le monde est non seulement plus étrange que nous l’imaginons, mais plus étrange que nous sommes en mesure de l’imaginer. »
Paraît que le net est de plus en plus utilisé pour regarder des vidéos… beaucoup de vidéos débiles, évidemment, mais s’il y a des vidéos à ne pas louper, ce sont sûrement des documentaires capables de nous éclairer sur ces questions. Je suis loin de les avoir tous vus, mais je vous en conseille deux :
Un très bon documentaire canadien : Du big bang au vivant
Un documentaire très accessible et captivant (vous reconnaîtrez sans peine la voix off du type qui double Bruce Willis) : Voyage aux confins de l’Univers
(A regarder en plein écran, les planètes, les étoiles et l’univers dans une petite fenêtre youtube, c’est du gâchis…)
A priori, il peut sembler surprenant de trouver ce genre d'article sur un blog musical... et pourtant, lorsque l'on est passionné par l'art, comment ne pas évoquer la création la plus folle et grandiose que nous connaissons : notre univers...