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3 février 2006 5 03 /02 /février /2006 18:46

2005 - Ici d'ailleurs/discograph  

Le meilleur album de 2005. C’est mon avis et je le partage. Un album qui, comble de l’élégance, est foncièrement original sans ne jamais donner l’impression d’expérimenter pour expérimenter. Un OVNI (ou OMNI) qui s’aventure dans des chemins inexplorés mais parvient à nous les présenter comme s’ils avaient toujours été là, comme s’il n’y avait rien de plus naturel que de les emprunter. On n’est pas ici dans le genre de disque " expérimental " où l'on jurerait entendre toutes les 10 secondes le musicien nous dire " regardez comme je suis original, vous n’auriez pas pu imaginer une telle coupure à ce moment précis, et cet accord, vous ne vous attendiez pas à ce qu’il arrive maintenant, non ? "

Pas de ça chez Matt Elliott. C’est l’expérimentation au service de la musique, pas l’inverse. Ses compositions sont suffisamment sensibles, émouvantes, évidentes pour qu’on se laisse emporter et toucher sans focaliser sur leur originalité rare. On peut certes retrouver un petit côté cabaret, tzigane ou chanson traditionnelle dans certaines harmonies et mélodies, pourtant, impossible de les classifier et réduire de la sorte. Si les mélodies sont magnifiques et intemporelles, elles se déploient dans un cadre particulièrement singulier :

        - Les structures sont à mille lieux des formats habituels. Le schéma intro / couplet / refrain / couplet / refrain / pont / refrain, Matt Elliott n’a pas du en entendre parler. Et c’est tant mieux.

        - Un traitement de la voix hors du commun. Des chœurs, souvent à l’unisson… mais qui sont aux chœurs de l’armée rouge ce qu’un Nocturne de Chopin est aux trompettes d’Aïda de Verdi.

         - Des instruments qui prennent leur temps, se répondent et se s’entremêlent admirablement, sans démonstrations mais avec grâce. Des boucles envoûtantes avec guitares, piano, claviers divers, basse, bandonéon, cordes etc... Mais le multi-instrumentiste Matt Elliott ne sait pas tout faire, puisqu’il est accompagné d’un violoncelliste et d’un trompettiste. Avant de sortir des albums sous son nom (Drinking songs est le 2°), il officiait brillamment dans le monde de l’electronica, sous le pseudo de Third eye Foundation. Il n’a pas rejeté tout son passé, puisque l’album se termine sur un hallucinant déluge électro, dans un long crescendo de 20 minutes, qui vient se greffer sur une mélodie de piano touchante, submergée de partout, mais qui tient bon... 

 

Pour se faire une idée plus précise de ses "Drinking songs", il faut imaginer, un soir d’hiver, dans un petit bar enfumé, au fond de la salle, après avoir vidés la réserve :

- Nick Cave , l’œil perdu dans son dernier verre de whisky et les doigts se baladant nonchalamment sur un piano.

- Le fantôme de Nick Drake égrenant quelques arpèges sur sa guitare

- Tom Waits, livide, avachi sur une banquette en compagnie de Robert Wyatt et Neil Hannon.

Et tous les 5, dans un état plus que second, accompagnés de quelques musiciens de passage, entonnent des hymnes beaux à pleurer de marins dépressifs.

Deux dernières petites choses :

1. Seule contre-indication : si vous êtes définitivement allergique à la mélancolie, si le moindre chromatisme ou accord mineur vous hérisse le poil, vous pouvez vous en dispenser.

2. La mélodie de The guilty party (qui a quelques accents de celle du " parrain ") est à mon sens une des plus belles de ses dernières années.

Allez sur son site :

http://www.thirdeyefoundation.com/

Dans la catégorie Media, cliquez sur Sounds, allez en bas de page et vous pourrez écouter The Guilty party en entier. 4 autres morceaux de Drinking songs sont disponibles, ainsi que beaucoup de titres de ses précédents albums (notamment ceux de Third Eye Foundation)

 

Drinking songs 

01 C.F. Bundy

02 Trying to explain

03 The guilty party

04 whats wrong

05 The kursk

06 What the fuck I am doing on the battlefield

07 A waste of Blood

08 The maid we messed

Chroniques suivantes sur Matt Elliott :

Matt Elliott - Failing Songs

Matt Elliott - Howling Songs
 

 

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commentaires

T
<br /> <br /> Tout à l'heure, j'étais à deux doigts d'embarquer le coffret avec les 3 albums en "Songs" à la FNAC. Malheureusement, j'étais pressé et y avait trop de monde aux caisses. Va falloir que je<br /> l'achète très vite, les pubs pour le nouveau My Chemical Romance sur Spotify cassant un peu l'atmosphère brumeuse et hivernale de l'album.<br /> <br /> <br /> <br />
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G
<br /> <br /> THESHAMAN : De rien, plus je peux faire découvrir et aimer Matt Elliott, plus je suis heureux :-)<br /> <br /> <br /> Et c'est vrai aussi que l'atmosphère de sa musique colle assez bien à l'hiver...<br /> <br /> <br /> <br />
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T
<br /> <br /> J'écoute ce Drinking Songs en ce moment. Je commence vraiment à rentrer dans cette musique. C'est un peu étrange, à l'atmosphère tristoune et vaporeuse, plutôt beau et envoûtant. Merci pour la<br /> découverte en tous les cas.<br /> <br /> <br /> <br />
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G
<br /> <br /> PIETRO : Il est bien, comme tout ce que fait Matt Elliott... mais c'est sûr que cet EP en grande partie instrumental est plus<br /> "modeste", pas à la hauteur non plus de ses albums, et pas forcément "indispensable"... Je ne sais trop quoi te dire, ça dépend de la différence de prix...<br /> <br /> <br /> <br />
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P
<br /> <br /> Bonjour G.T, <br /> <br /> <br /> Que vaut le cd "Failed songs" inclut dans le coffret "Songs" car soit j'achète ce coffret soit j'achète la trilogie séparément.<br /> <br /> <br /> Merci d'avance.<br /> <br /> <br /> <br />
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G
FRANZ : De rien, ça fait toujours plaisir d'avoir permis à certains de découvrir des artistes aussi talentueux...Quant au déluge électro... c'est vrai qu'il est surprenant ici, mais je trouve qu'il colle parfaitement au "voyage hypnotique" qu'est Drinking Songs... 
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F
Je me suis récemment intéressé à certains artistes que je ne connaissais pas qui figurent dans ton "panthéon" (Scott Walker...).Et je suis très content d'avoir découvert Matt Elliott. Pour l'instant, je n'ai exploré que les Drinking et Failing Songs.Je me garderai bien de les hiérarchiser, les deux étant d'excellente facture. Peut-être aurais-je une toute minusculette préférence pour le second, où l'aspect "chanson" se renforce, mais il y a des mélodies merveilleuses sur ce premier opus. Je n'arrive pas à me décider si la conclusion électro d'un quart d'heure après un album de folk mélancolique est esthétiquement pertinente ou non, mais on n'est pas obligé d'avoir la réponse pour aimer le résultat.Merci pour la découverte. :-)
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G
DANIEL : Et en plus t'as payé que 5 euros... en tout cas, j'attends la chronique sur ton blog de pied ferme... 
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D
Je rentre juste du concert  ( 5 euros l'entrée ! ). On en reparle bientôt ...
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G
DANIEL : J'attends ton compte-rendu avec impatience...Sinon, ça ne me dérange pas du tout les accents "slavisants" d'Elliott, au contraire, j'adore les musiques tziganes et slaves...
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D
Je vous ferai savoir , sous la forme d'une "review " si Yann Tambour  et Matt Elliott ont fait aussi fort que l'an dernier à Mâcon . En fait j'attends presque  avec plus d'impatience le set de Matt Elliott . En effet , je pense que si ce dernier voulait bien débarraser ses titres de ces accents "slavisants"  ( un peu plombants  et vite monotones ) pour mettre davantage en avant sa voix , on tiendrait à coup sûr un nuveau songwriter d'exception ( ce qui , vous en conviendrez , ne court pas franchement les rues ...).
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G
DANIEL : OK, va pour "bon concert !" :-)
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D
Euh ... J'aime bien " bon concert" .
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G
DANIEL : Je ne sais pas trop si je dois dire "Veinard !", "bon concert" ou... "salaud!"^^(THIERRY : désolé d'avoir loupé ton commentaire... je te remercie donc avec 6 mois de retard...)
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D
Je le vois demain soir ... Avec Thee Stranded Horse ! !
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T
Salut G.T., je me suis permis de mettre en lien tes deux articles sur Matt Elliott dans un post que je viens de publier à propos de Matt et The Third Eye Foundation. Merci !@++
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G
THIERRY : En fait un an, c'est en fin de compte assez peu... car je crains que Matt Elliott soit le genre d'artistes qui restera discret et méconnu... jusqu'à ce qu'on se rende compte, dans une vingtaine d'années, qu'il était un des plus intéressants des années 2000 !Il y a plein de groupes actuels qui m'intéressent, mais dont je me demande s'ils ne me paraîtront pas un peu "superficiels" dans quelques années... mais sûrement pas Matt Elliott ! 
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T
Et bien, il m'aura fallu près d'un an pour trouver tout ça ...Je me répète, mais quelle découverte !Il est vrai que l'on entend au loin la mélodie du Parrain dans The guilty party ;-)
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G
Salut Thierry,Matt Elliott est assez discret, et la presse, malgré quelques très bons articles de temps en temps, le néglige pas mal. Ce qui est vraiment dommage, c'est à mon sens un des artistes les plus passionnants de la décennie !
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T
Salut G.T., j'ai visité le site de Sieur Elliott (et écouté un grand nombre des extraits proposés) tout à l'heure grâce à ton article. Ne me reste plus qu'à trouver les albums complets, maintenant. Merci !Je ne connaissais pas du tout.@++
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