L'excellent et caustique article de Guic'the old sur Guns N'Roses m'a donné envie d'écrire quelques lignes (ça, c'est raté... je n'ai pour l'instant jamais écrit d'articles aussi long que celui-ci) sur Appetite for Destruction, voire même... de le défendre. J'en entends déjà me dire "défendre ces poseurs de Guns N'Roses et leur musique pour kids américains décérébrés, quelle idée !" Ils n'auraient pas totalement tort. Bien sûr, Guns N'Roses, ce n'est pas le Velvet, les Doors, Sonic Youth ou Radiohead. Plutôt un bête groupe de hard calibré pour les gros stades. Là, je me rends compte que je pars plutôt mal pour les défendre...
Reprenons, donc... pour défendre Appetite for Destruction, il faut comprendre le contexte dans lequel l'album est né. Contexte extrêmement défavorable, celui de la pire décennie pour le rock, les années 80. Le règne du synthé, des boîtes à rythmes, de la pop commerciale triomphante (Madonna, Michael Jackson, Wham), du hard FM, du rock mainstream inoffensif (Phil Collins, Dire Straits, U2 etc...), de MTV et d'artistes soignant plus leurs vidéos-clips que leurs chansons, des charts, du top 50 et des singles qui priment sur les albums.
Certes, quelques bons groupes ont réussi à conquérir la planète (Cure, Depeche Mode), mais la plupart des meilleurs groupes des années 80 n'ont pas trôné en haut des charts, ils s'adressaient surtout à un public de connaisseurs (Sonic Youth, Cocteau Twins, Smiths, My bloody Valentine, Pixies). C'est la fin de l'âge d'or du rock. Le grand groupe des années 80, celui qui arrive à fédérer, déranger et innover n'est pas un groupe de rock, mais de rap : Public Enemy. Mais eux exceptés, on n'est pas loin du no man's land....
Pas étonnant que les génies "caméléons", les Bowie, Miles Davis et Gainsbourg qui ont toujours su s'imprégner de l'air du temps et des nouvelles tendances musicales n'aient jamais été aussi mauvais que dans les années 80.
Je vous propose donc un voyage... non pas vers une destination de rêve, mais plutôt cauchemardesque, le hard-rock des années 80. Le cauchemar ne vient pas de l'effroi, mais plutôt du ridicule et du mauvais goût. Car si beaucoup de groupes hard et metal tentent de susciter la peur, force est de constater qu'ils ratent leur coup et suscitent plutôt le rire.
Comment vous convaincre d'effectuer un voyage vers une destination aussi peu séduisante ? Va falloir être persuasif...
1. Si vous n'y connaissez rien, c'est un bon moyen de parfaire votre culture musicale, vous aurez l'essentiel du hard 80's en quelques lignes et vidéos. En même temps... je doute que le hard 80's soit indispensable à une bonne culture musicale. Mais c'est les vacances, vous pouvez vous permettre de perdre un peu de temps sur des sujets mineurs.
2. Si vous aimez... pas besoin de vous convaincre, mais j'imagine que vous n'avez déjà qu'une envie, finir rapidement la lecture de cet article pour m'insulter copieusement dans les commentaires.
3. Si, comme moi, vous avez adoré Spinal Tap et n'aimez pas le hard 80's, vous trouverez matière à vous plier de rire devant votre écran. Je n'ai pourtant pas choisi exprès les groupes et chansons les plus grotesques de ces années-là, ce sont même généralement les morceaux emblématiques et les plus grands tubes du hard, mais la "réalité" dépasse la fiction, Spinal Tap semble bien sage à côté de certains des groupes ci-dessous.
4. Si vous avez vécu les années 80, vous ne pouvez pas saisir vraiment ce qu'a été la musique de ces années-là dans le monde. Ces groupes ont conquis la planète, sauf un petit pays d'irréductibles... la France. J'aimerais pouvoir dire que c'est parce que la France est le pays du bon goût, de l'esprit et de la subtilité, mais faut se rendre à l'évidence, c'est tout sauf ça. Il suffit de jeter un oeil sur ce qui "cartonnait" en France à cette époque : de la pop très très bas de gamme (Début de Soirée, Images et leurs "démons de minuit", etc...), de la chanson insipide (c'est les années Goldman) des chanteuses qui avaient tout dans la poitrine et rien ailleurs (Samantha Fox, Sabrina), des niaiseries incommensurables (Vanessa Paradis et Elsa, David et Jonathan, la "bruelmania"). Comme le nuage de Tchernobyl, la "déflagration hard-rock" s'est arrêtée pile aux frontières françaises... La raison principale est simple, nous sommes le pays le moins rock'n'roll du monde. Un peu trop de disto sur une guitare, et le titre ne passait pas en radio. Téléphone était considéré comme le must du rock en France... on était vraiment mal barré. Du hard des 80's, seul l'immonde Final Countdown d'Europe a eu un vrai succès en France, sans doute parce qu'il était bourré de claviers. Sinon, pour entendre du hard, fallait tomber sur quelques rares émissions de radios, diffusées tard dans la nuit. Même les "grands classiques" du rock 70's électrique n'étaient pas diffusés. C'est bien simple, si vous étiez jeune dans les années 80 et que vous vous contentiez d'écouter ce qui passait sur les télés et radios commerciales, vous auriez très bien pu passer la décennie sans avoir entendu une seule note de Led Zeppelin (même Stairway to heaven n'était pas programmé), Stooges ou autres Who.
S'il est facile et plaisant de se moquer du hard 80's, il ne faut donc pas oublier qu'on avait droit à pire en France. Et à tout prendre, je crois que je préfère encore écouter un groupe de hard-rock couillon ou de metal boursouflé que de me taper un album de Cabrel, considéré à l'époque comme le top de la chanson française populaire...
Pourtant, les choses ne s'annonçaient pas si mal dans le milieu hard. Certes, les indépassables Led Zeppelin ont été l'alpha et l'oméga du hard, ils ont presque tout inventé et leurs suiveurs souffrent tous la comparaison. Mais des groupes intéressants - ou du moins pas trop mauvais - ont pris leur suite : Deep Purple, Black Sabbath, Aerosmith. Fin des années 70, deux groupes assurent la relève du genre, deux groupes qui vont durcir le ton : ACDC et Motörhead. Mais au début des années 80, ils déclinent quelque peu. ACDC perd Bon Scott, quant à Motörhead... faut avouer que Lemmy, s'il est parfois capable de pondre des titres imparables, n'est pas le songwriter du siècle. A propos de titres imparables, deux des meilleurs titres hard qui soient :
ACDC - Let There be rock (1977)
Motörhead - Ace of Spades (1980)
Une rage, une énergie et une intensité électrique exceptionnelles. De vrais "tubes" hard violents, sans concessions et non dénués de groove, ce qui manquera cruellement chez la plupart des groupes qui suivront.
Dans les années 80, le hard se scindera principalement en deux mouvements (qui comportent chacun des sous-genres), le heavy-metal et le hard-rock, ce dernier étant dominé par le hard FM.
Heavy-Metal
En Angleterre, fin 70's début 80's, nait la "New Wave of British Heavy Metal" (NWOBHM). A ses tous débuts, elle reste proche des ACDC et Motörhead, privilégiant l'efficacité et la hargne :
Def Leppard - Let it go (1981) (Je ne mets que le lien vers les vidéos youtube, sinon, cela alourdirait trop la page)
Mais les éléments bluesy seront moins présents dans la NWOBHM qu'ils ne le sont chez les australiens d'ACDC. Un bon exemple de titre du début de cette "nouvelle vague", qui allie quelques influences plus pop et punk que blues tout en restant efficace est Prowler, tiré du premier album d'Iron Maiden. Sans doute le titre que je préfère d'eux, loin de leurs dérives pompeuses qui viendront avec le remplacement de leur premier chanteur par Bruce Dickinson.
Iron Maiden - Prowler (1980)
L'autre groupe phare du heavy-metal est Judas Priest, dont les tenues en cuir très SM - surtout celles du chanteur Rob Halford - sont une véritable "marque de fabrique". Un de leurs plus célèbres titres :
Judas Priest - The Hellion-Electric Eye (1982)
Les racines blues se feront de plus en plus rares dans le heavy-metal. Rythmes martiaux préférés au groove, mélodies "lyriques", emphase, albums surproduits et son polissé, structures de plus en plus complexes avec succession de riffs et de plans, alternances de passages calmes en arpèges et d'autres plus speed, morceaux souvent longs où la narrativité compte plus que l'urgence, solos de guitares à rallonge et virtuosité mise en avant, emprunts au classique, albums-concepts, références ésotériques, moyenageuses, fantastiques... ça ne vous rappelle rien ? Le rock progressif 70's ! Mêmes éléments, et mêmes défauts. Non pas que tout cela soit mauvais en soi, mais c'est très casse-gueule. Seuls quelques groupes d'exceptions arrivent à faire quelque chose de bien d'une telle alchimie. Les 3/4 de ces éléments, on les retrouvaient déjà chez Led Zeppelin. Mais eux savaient groover et ne reniaient pas le blues-rock, bien au contraire. Et ils ne se perdaient pas dans le pompier kitsch et les mélodies naïves.
C'est en partie Iron Maiden qui orientera le metal vers cette voie-là, dès 1982. Avec leur titre emblématique :
Iron Maiden - Hallowed be thy name (1982)
Dans le même style, un autre de leurs morceaux-phares, et un modèle du genre (la qualité de l'image et du son est bien meilleure que sur Hallowed be..., donc si vous ne voulez en regarder qu'un seul...)
Iron Maiden - Seventh son of a Seventh son (1987)
Ces deux titres ne sont pas les plus ridicules du heavy-metal, ils sont même au-dessus de la mêlée, et Maiden a sorti de bien plus mauvais morceaux que ceux-là. Cependant... difficile de crier au génie pour autant (et encore, je ne parle même pas de leurs costumes...). Avec de la bonne volonté, si l'on accepte de se laisser prendre, Seventh son of a 7th son fonctionne très bien par endroits, mais un des défauts de Maiden, c'est qu'il ne peuvent s'empêcher de gâcher leurs titres les moins bêtas par quelques riffs ou mélodies vraiment trop naïfs ou lourdingues. La deuxième partie de ce titre, parlée puis instrumentale, est bien plus intéressante que la première. Un passage planant et une montée en intensité vraiment bien pensées, qui débouchent sur un final rageur et speedé... sauf que le "bouquet final" est gâché par un petit riff pourri (qui revient deux fois) dont Maiden a le secret...
Si l'on ne peut s'empêcher de penser à Spinal Tap en voyant Maiden, c'est encore plus criant dans ce clip assez grotesque de Def Leppard, sorti un an avant Spinal Tap :
Def Leppard - Rock of Ages (1983)
Def Leppard + Iron Maiden, c'est tout Spinal Tap. D'ailleurs, le chanteur de Spinal Tap ressemble furieusement à l'un des guitaristes de Def Leppard, alors que le guitariste ressemble à Bruce Dickinson, chanteur d'Iron Maiden.
Les deux premiers titres que j'ai mis de Maiden et Def Leppard (Prowler et Let it Go) ne sont pas "honteux", mais les choses se gâteront dès 1982, et ces deux groupes incarneront la dérive du hard-rock 80's : pompiérisme et travers du rock-prog pour Maiden, et - surtout à partir de 1987 - hard FM commercial (pléonasme) pour Def Leppard.
On dit que les anglais sont excentriques... mais si le heavy-metal est anglais à la base, il donnera naissance aux EU à des groupes encore plus outranciers et grotesques dans leurs tenues. Rien d'étonnant en fin de compte dans un pays où le grand-guignol et le hard étaient déjà très liés dans les années 70, avec Alice Cooper et Kiss, et qui donnera naissance au "phénomène" Marilyn Manson. Dans les années 80, ce sera les pathétiques Manowar (j'en parlerai un peu plus loin), mais aussi les plus amusants W.A.S.P. et Mötley Crüe.
W.A.S.P. sera un des groupes les plus critiqués par les... WASP. Terme par lequel on désigne les "White Anglo Saxon Protestant", ces puritains qui voyaient déjà dans Elvis le diable et en seront pour leurs frais avec W.A.S.P., qui n'aura de cesse de les défier, traduisant W.A.S.P. par "We are sexual perverts". Ils ont sorti quelques "hymnes metal" très provocateurs, tel celui-ci :
W.A.S.P. - Animal (Fuck like a beast) (1982)
Ce n'est pas d'une subtilité exceptionnelle, mais c'est tout de même plus efficace et marrant que les dérives rock-prog soporifiques du metal ou la varièt' française.
Mötley Crüe (glam-metal) est dans une lignée similaire :
Mötley Crüe - Looks that kill (1983)
Ils feront encore pire ensuite dans l'extravagance, à faire passer les travestis de chez Michou pour des modèles de classe, de distinction et de sobriété, comme dans ce clip d'une de leurs "fameuses" reprises :
Mötley Crue - Smoking in the boys room (1985)
Du "glam metal"... mais au fur et à mesure, les chansons de Mötley Crüe se rapprocheront plus du hard FM que du metal.
Vous n'avez encore rien vu... il y a bien pire que tout ça. En premier lieu, Helloween (dont la musique a été baptisée speed metal). Là, on touche vraiment le fond. Je retire ce que je disais au début sur ces groupes de metal boursouflés que je préfèrerais toujours à du Cabrel... et je ne comprendrais jamais comment on peut apprécier un truc pareil :
Helloween - Eagle fly free (1988) (All.)
Plus rien de bluesy, pas le moindre groove, une mélodie niaise comme c'est pas permis, une emphase risible... savoir que c'est un "classique" du metal, tiré d'un des albums référence du genre, ça en dit long sur le mauvais goût du milieu metal. Comme le succès rencontré précédemment par les deux horreurs suivantes :
- Manowar - les "Conan le Barbare" du metal - en lice pour le concours du groupe le plus ridicule de l'histoire du rock (rien que pour leurs pochettes, ils méritent le titre) :
Manowar - Gloves of Metal (1983) (EU)
- Malmsteen - le Clayderman du metal - qui pompe et revisite le classique avec un étalage de virtuosité et un mauvais goût assez stupéfiant :
Yngwie Malmsteen - Far beyond the Sun (1984) (Nor.)
Si W.A.S.P., Mötley Crüe - et Marilyn Manson dans les années 90 - assument leur "mauvais goût" et en jouent ; Manowar, Helloween et Malmsteen, eux, sont consternants par leur sérieux, ne réalisant pas qu'ils sont à se tordre de rire...
Le heavy-metal perdra beaucoup de l'urgence de ses débuts, il devient de plus en plus "mélodieux" et pompeux. Des titres de pur heavy-metal (je mets de côté le thrash), efficaces et violents, il faudra attendre 1990 pour en trouver un qui tienne ses promesses, avant que le genre ne se perde dans la boursouflure du metal progressif ou "symphonique". Et ce sont des vieux de la vieille qui raniment la flamme un court instant avec ce titre fracassant :
Judas Priest - Painkiller (1990)
L'influence du thrash-metal, un des dérivés majeurs du heavy dans les 80's est prégnante sur ce Painkiller tranchant comme une lame de rasoir.
Le thrash-metal, c'est du metal en beaucoup plus lourd et agressif. Quatre groupes américains sont à l'origine du genre et le porteront à son "sommet" dans la deuxième moité de la décennie, avec pour apogée l'année 1986.
Les plus célèbres sont bien bien évidemment Metallica. :
Metallica - Master of Puppets (1986)
Contrairement à ce que disent la plupart des fans du genre, je pense que leurs titres phares ont plus mal vieilli que ceux de leurs rivaux, Megadeth, dont le leader a fait partie de Metallica au tout début et a été viré pour son mauvais caractère. Jusqu'à Rust in In Peace compris (1990), Megadeth a sorti pas mal de titres efficaces, tel :
Megadeth - Peace Sells... but who's buyin (1986)
Anthrax est le plus "fun" des 4, préférant les gros riffs et refrains entraînants à la morbidité du style. Ils ont intégré quelques éléments rap dans certains de leurs morceaux, comme dans I'm the Man, très proche des Beastie Boys (ils comptaient l'enregistrer avec eux) :
Anthrax - I'm the Man (1987)
Anthrax sont les plus "fun"... et Slayer les plus sombres, violents, puissants, et radicaux. J'ai déjà dit tout le bien que je pensais de Reign in Blood, LE chef-d'oeuvre absolu du metal, l'album qui fait passer tous les autres groupes de metal pour des rigolos (ce qu'ils sont déjà pour les 9/10°) :
Slayer - Postmortem (1986)
De toutes les vidéos lives et les clips que j'ai mis précédemment, celui-ci est le seul qui ne date pas des années 80 (c'est un concert assez récent). Car les titres du chef-d'oeuvre du metal étaient bien trop violents pour être en "heavy-rotation" sur MTV ou être filmé dans de bonnes conditions par la chaîne. Le thrash a été plébiscité par une partie de la jeunesse "rebelle", mais n'a pas eu les honneurs des grands médias, comme une bonne partie du metal (et je ne parle même pas de la France...) Peu de chances de tomber sur du Slayer ou du Metallica en 1987 en allumant votre auto-radio, même aux USA. C'est surtout le hard-rock, dans son insupportable version 80's, le hard FM, qui touchera le jackpot.
Hard FM
Le metal a progressivement vidé le hard de ses racines blues (ce qui lui a valu, comme le punk, d'être "adopté" par quelques jeunes fachos heureux de trouver une musique agressive qui ne doit plus grand chose aux musiques noires), mais le hard FM continuera à employer quelques éléments bluesy, surtout dans ses riffs. Cependant, on sera très très loin de l'intensité électrique du titre d'ACDC que j'ai mis au début de l'article.
Il n'est pas toujours évident de distinguer le hard FM du rock FM (Toto, Journey). Pour faire simple, disons que dans le hard FM, les musiciens prennent des poses plus ridicules que dans le rock FM et ont généralement les cheveux plus longs. Musicalement... je ne saurais trop dire, pas certain qu'il y ait beaucoup de musique dans ces styles. Peut-être un petit quelque chose au niveau du son. Les guitares et la batterie sont un peu plus "puissantes", mais rien de très agressif. Le projet du hard FM repose entièrement sur le fait de séduire le grand frère avec des titres efficaces et pêchus, et la petite soeur avec des ballades mielleuses et un chanteur sexy.
Les ballades, parlons-en... sans doute le pire du hard 80's. Comment reconnaître quelqu'un qui ne connaît pas grand chose à la musique ? Si vous lui parlez de hard il vous dira "le hard, c'est trop agressif pour moi... mais faut reconnaître qu'ils savent écrire de très jolies ballades". Les ballades "hard" des années 80 (power-ballads) sont indéfendables. D'une mièvrerie qui n'a rien à envier aux pires horreurs des Céline Dion, Lara Fabian et autres Natacha St Pier.
Une des premières power-ballads des années 80 à remporter un énorme succès est Still Loving You de Scorpions, qui semble presque honorable (j'ai bien dit presque) face à celles qui suivront. Les power-ballads de groupes hard FM ou pseudos-metal vont truster les premières places des charts américains dans la 2° moitié des années 80.
Deux exemples affligeants de power-ballads à succès :
Warrant - Heaven (1988)
Si vous arrivez à écouter ce Heaven en entier sans vomir, je vous tire mon chapeau. Si vous êtes maso, une autre ballade écoeurante :
Def Leppard - Love Bites (1987)
Après Van Halen dans la première moitié de la décennie, deux groupes vont connaître un énorme succès et "symboliser" ce hard FM :
- Bon Jovi. Leur single Runaway les propulse en haut de l'affiche :
Bon Jovi - Runaway (1984)
De 1985 à 1987, ils deviendront le groupe le plus célèbre de la planète, sauf en France. Pour être honnête, je ne sais pas si l'on gagnait au change, en 1986, Goldman, Indochine et Balavoine sont en tête des ventes d'albums en France, et aucune trace de Slippery When Wet, l'immense succés planétaire de Bon Jovi.
Bon Jovi - Livin'on a Prayer (1986)
- Def Leppard (ils sont de tous les bons coups - ou mauvais, selon d'où l'on se place), qui avait déjà connu la gloire en 1983 avec Pyromania, album qui restait encore assez "metal". Ils délaissent le metal pour le hard FM avec l'album suivant, Hysteria (1987), qui connaîtra un succès monstre, devenant un des albums les plus vendus de l'histoire... sauf - vous ne devinerez jamais où - ... en France ! Où personne ne semble jamais en avoir entendu parler. Deux de leurs énormes tubes :
Def Leppard - Pour Some Sugar on me (1987) (Ils ont sans doute voulu faire leur propre "We Will Rock You")
Def Leppard - Animals (1987)
Mon propos initial était de parler d'Appetite for Destruction, et je pense pouvoir m'enorgueillir d'avoir réussi une des plus longues digressions de l'histoire des blogs, mais il fallait bien ça pour arriver à défendre Guns N'Roses.
Le contexte de la sortie d'Appetite... c'est donc toute la pop commerciale à synthés de l'époque, le heavy-metal pompier, le hard FM et les power-ballads.
Albums surproduits, sons de guitares polissés dans le metal et le hard FM ; le rock accessible au grand public s'est très nettement débarrassé du blues, du groove, de la sueur, des tripes, des impuretés et de ces sons "crades" qui sont pourtant l'essence du rock et du hard (Hendrix, Led Zep). S'il sera beaucoup pardonné à Guns N'Roses, c'est qu'eux ont su remettre au goût du jour pour le grand public ces éléments et ces racines bluesy.
Si vous ne l'avez pas fait (et je vous comprends...) écoutez au moins 30 secondes du risible Animals de Def Leppard ci-dessus avant le titre ci-dessous. Ou, mieux, le "méga-tube" Here I go Again de Whitesnake. Enfin, je dis mieux, c'est façon de parler. Car il est difficile de faire pire. Ce clip est l'un des plus ridicules que j'ai pu voir - tous genres confondus - même s'il y a une rude concurrence à ce niveau dans le hard FM. A ne pas louper, donc :
Here I go Again de Whitesnake (1987)
Cela vous permettra de mieux apprécier la hargne et l'électricité de Guns'n'Roses, un vrai vent de fraîcheur rock'n'roll dans ces foutues années 80 :
Guns N'Roses - You're crazy
Et pour les boulimiques qui n'auraient pas eu leur dose de vidéos, un dernier pour la route, le clip de It's so easy :
Guns N'Roses - It's so Easy (1987)