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Classements d'albums

25 novembre 2010 4 25 /11 /novembre /2010 16:26

Les mythes de l’artiste-démiurge - génial créateur d’univers qu’il va chercher au plus profond de lui - ou de l’artiste incompris - planant tel l’albatros de Baudelaire au dessus des hommes qui le comprennent pas - sont caractéristiques du romantisme. Mais si les études sur l’art ont depuis battu en brèche ces conceptions de l’artiste, elles restent encore très tenaces aujourd’hui chez une grande partie du public. Voilà pourquoi il est important d’expliquer, le plus simplement possible, pourquoi et comment une œuvre échappe à son auteur… 

 

 Si Mozart était né il y a une vingtaine d’années, il n’aurait jamais fait… du Mozart. Peut-être de la musique atonale, du rock, de la pop, de l’électro, du jazz… impossible de le savoir. La seule chose sûre et certaine, c’est qu’il n’aurait pas composé dans le « style classique » du XVIII°. C’est l’évidence même, mais il est fondamental de bien le saisir pour comprendre que, finalement, la part de l’artiste dans une œuvre est beaucoup moins grande qu’on peut l’imaginer. L’art n’est pas l’émanation pure et simple d’une personne, il est la rencontre entre un individu et un milieu (social et artistique). Transposez un même artiste dans un autre milieu, une autre culture, une autre époque (oui, je sais, l’expérience n’est pas évidente à réaliser), et ses œuvres seront totalement différentes. L’artiste est en fait beaucoup moins un démiurge qu’un réceptacle, il ne crée pas à partir de rien, mais dans un environnement donné.

 

Le sens de l’œuvre

Souvenez-vous, au lycée, lorsqu’on vous faisait travailler sur des poèmes ou romans… le cas typique, c’est celui du prof qui, sur quelques vers, va chercher des tas de références et sens divers devant des élèves qui se disent « c’est n’importe quoi, en écrivant ces deux vers, l’auteur n’a sans doute pas pensé à tout ça… » le problème, c’est que les profs expliquent rarement qu’en fait, ce qu’a vraiment voulu dire l’auteur… on s’en fout. J’exagère un peu, bien sûr que le sens qu’un auteur a voulu mettre dans son œuvre est important, mais il n’est pas tout. Si étudier une œuvre se bornait à tenter de retranscrire ce que l’auteur a exprimé artistiquement, ce serait d’un intérêt très limité. Que les auteurs expliquent en détail ce qu’ils ont voulu dire, et basta. Mais, heureusement, l’œuvre dépasse son créateur comme elle lui échappe. Elle comporte des éléments et significations dont il n’a pas conscience. Mieux, encore, il se peut même que le sens qu’un auteur a voulu donner à son œuvre ne soit pas le plus pertinent, et que des « étrangers » la cernent avec plus de justesse que le créateur.

 

Prenons un exemple tout bête : un réalisateur a pour ambition de faire un grand film d’amour. De l’écriture du scénario au dernier plan tourné, c’est l’idée directrice, ce qu’il a constamment en tête. Mais il ne s’est pas rendu compte que le « fond social » de son histoire est beaucoup plus marquant que l’histoire d’amour en elle-même. Il pourra toujours dire aux critiques « vous n’avez rien compris, ce n’est pas un film social mais une histoire d’amour… » c’est au final lui qui aura le moins bien compris son œuvre. Elle lui a « échappé »… Et s’il est possible (mais pas si courant non plus) que le sens de son œuvre puisse à ce point échapper à un créateur, il est presque inévitable que de nombreux détails le dépassent.

  

Le meilleur interprète (dans tous les sens du terme) d’une œuvre n’est pas toujours son créateur. Stravinsky est un musicien de génie, on pourrait penser que ses interprétations de ses propres compositions sont les « références absolues » en la matière. Eh bien… non. Elles ont beaucoup de qualités (et elles sont disponibles, pour un prix très intéressant, dans un coffret de 25 CD, soit dit en passant), mais Stravinsky n’est en général pas considéré comme le meilleur chef pour diriger ses œuvres. Non pas parce qu’il est un mauvais chef d’orchestre, mais parce que d’autres ont su en livrer des versions plus riches, fascinantes ou convaincantes que lui.   

L’art de l’interprétation, ce n’est pas plus chercher à être au plus près des intentions du compositeur que l’originalité à tout prix. Ce qui compte, c’est d’apporter un nouvel éclairage sur l’œuvre (un nouveau sens), voire de « l’améliorer » (par exemple, telle phrase mélodique qui va sonner mieux avec un léger crescendo que n’avait pas prévu l’auteur).

Autre cas, assez simple, qui parlera à tout le monde : les quelques reprises qui s’avèrent meilleures que les chansons originales (Johnny Cash en est le meilleur exemple).

 

 

Une œuvre n’appartient pas à son auteur

Techniquement et juridiquement, oui (enfin, les producteurs ont aussi des parts et des droits sur l’œuvre et, dans le cas de la peinture, celui qui achète un tableau en devient le propriétaire). Mais une fois que l’œuvre a été créée et qu’elle est soumise au public, elle appartient à ceux qui la reçoivent. Par « appartenir », je veux bien sûr dire que c’est le public qui se l’approprie, et ce comme il l’entend.

Pour qu’une œuvre existe, il faut 3 acteurs : le créateur, le média, le public. Le média est ici pris au sens large, et son importance est souvent négligée alors qu’il joue pour beaucoup dans la perception que l’on aura d’une œuvre. Selon que l’on découvre une chanson jouée en concert par l’artiste, reprise par un groupe, seul chez soi entre deux pubs sur deezer ou à la radio, sur une chaîne avec des enceintes de grande qualité, au casque, en soirée avec des potes, par un clip, sur un ipod etc… on n’en aura pas la même perception.

 

Parmi les arguments des « anti-téléchargement », on trouve le fameux « un artiste n’a pas forcément envie que l’on écoute ses musiques avec la qualité sonore médiocre du mp3 ». Mais l’artiste n’a pas son mot à dire sur la question. Il ne peut contrôler chaque utilisation qui est faite de son œuvre, à partir du moment où il la propose, le public en dispose comme il le souhaite. S’il voulait être cohérent et refuser que l’on écoute ses œuvres au format mp3, il faudrait qu’il interdise qu’elle passe en radio, puisque certains l’entendront sur un petit radio-réveil au son pourri…

 

Imaginons que Bono décide d’écrire la chanson la plus engagée qui soit. Une chanson virulente dans laquelle il crie haut et fort que la faim dans le monde, c’est nul. Cette chanson, il a passé 2 ans à l’écrire, il y a mis tout son cœur, toute sa révolte, et il voudrait que chacun l’écoute avec le même sérieux, et la plus grande attention. Sauf qu’une fois cette chanson livrée au public, il appartient à chacun de se l’approprier comme il l’entend. De l’écouter en s’empiffrant de sucreries. De la passer dans une soirée pendant que tout le monde discute de tout et de rien. De la mettre en boîte où une bande de traders s’éclateront à danser dessus après une rude journée à spéculer sur les matières premières des pays du tiers-monde…

 

Imaginons que Calogero en ait marre de chanter des conneries. Il se lance dans une « grande œuvre », une symphonie moderne, qu’il va mettre 10 ans à écrire en ne faisant plus que ça (et nos oreilles l’en remercient). Dix ans à peaufiner chaque petit détail, chaque note, à passer des nuits à se demander si, pour tel passage en contrepoint ou tel contrechant, il ne serait pas plus intéressant d’utiliser un hautbois plutôt qu’une clarinette, un xylophone plutôt qu’un clavecin, un sax alto plutôt qu’un sax soprano … 10 ans à tenter tous les alliages d’instruments possibles pour élaborer la plus belle texture sonore qui soit. Puis ce sera 5 ans de studio pour enregistrer son oeuvre avec la plus grande précision. Il pourrait estimer que le public se doit d’écouter cette œuvre dans les meilleures conditions possibles… mais le public fera comme bon lui semble. Si untel a envie de l’écouter sur sa chaîne de mauvaise qualité en passant l’aspirateur, c’est son droit. Si un Nicolas S. la convertit en mp3 pour l’écouter sur son ipod pendant qu’il fait son jogging, idem. Calogero aura peut-être effectué un incroyable travail formel, pensant véritablement son œuvre comme un « tout organique », chaque partie répondant aux autres de la manière la plus subtile imaginable… il ne pourra pas empêcher non plus un individu qui aime surtout le 2° thème, de passer en accéléré l’intro et le premier thème, puis de couper après le 2° thème pour se le mettre en boucle. Le compositeur propose, l’auditeur dispose.

Car l’auditeur, à son humble niveau est aussi un « créateur » de l’œuvre. Il la « recrée », lui donne un sens qui n’est pas forcément celui voulu par l’auteur ou, du moins, pas « exactement » le même. Une œuvre n’existe pas uniquement parce qu’elle a été créée, mais aussi parce qu’elle est diffusée et perçue. Les 3 sont indispensables, sans cela, il n’y a pas d’œuvre. Vous avez peut-être écrit la plus belle chanson qui soit sur votre guitare, si vous ne la diffusez pas, si vous ne l’avez fait écouter à personne… elle n’existe pas. Enfin, en dehors de votre esprit.

 

On n’a pas attendu le XIX° pour admirer et célébrer les grands artistes. Mais c’est le romantisme qui en a fait des demi-dieux. Des êtres prométhéens qui éclairaient l'humanité... La chanson populaire, elle, était beaucoup plus… « démocratique ». On savait rarement qui était l’auteur de telle ou telle chanson, elle appartenait à tout le monde…

Mais au XX°, la musique « populaire » est devenu aussi – voire plus – aristocratique que la musique des génies du classique. Non pas aristocratique parce qu’elle se destinerait à une élite d’initiés, mais dans le rapport du créateur-interprète au public. Des stars idolâtrées qui débarquent sur de grandes scènes devant un parterre de fans hystériques soumis et conquis.   

On connaît tous les fameuses phrases démagos des artistes, du genre « merci, public, je ne serais rien sans vous ». Phrase débile s’il en est, car que veut dire ce « rien » ? Sans son public, il serait un « anonyme » comme nous ? C’est donc de cette manière qu’il perçoit les anonymes qui constituent son public, des « riens » ? Une star qui me sort un truc pareil en concert, je lui balance à la gueule ce qui me tombe sous la main… bordel, on ne paie pas 40 euros sa place de concert pour se faire traiter de « rien » par un putain de millionnaire.  Non, il serait beaucoup plus juste de dire « mes œuvres ne seraient rien sans vous ». Car les œuvres ont autant besoin d’un créateur que d’un public, de gens capables de se les approprier, les « recréer », les comprendre avec leur propre sensibilité.

Une bonne œuvre musicale ne nécessite pas qu’un « bon » compositeur, mais aussi de « bons » auditeurs. Si, dans 50 ans, tout le monde n’avait plus que de la merde dans les oreilles, avec Claude François considéré comme la « référence absolue », la plus haute expression du génie musical humain, sans plus personne pour s’intéresser à Beethoven ou Coltrane… les œuvres de ces deux géants de la musique « n’existeraient plus »…  Mais fort heureusement, il existe toujours une partie du public à qui ces œuvres continuent de « parler », ce qui est dû autant à leur génie qu’à la capacité de mélomanes actuels à continuer de s’approprier ces œuvres, quitte à les réinvestir de nouveaux sens…

 

Pour toutes ces raisons, il ne faut jamais perdre de vue que le créateur n'est qu'un maillon dans la chaîne de l'oeuvre. Maillon essentiel s'il en est, puisqu'il est à la base, mais il reste malgré tout un maillon... Et si le public, comme les artistes, en avaient pleinement conscience, les rapports entre eux seraient sans doute plus sains...  

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22 novembre 2010 1 22 /11 /novembre /2010 18:33

Les meilleurs albums de 2010, classés d'après la moyenne des votes des blogs musicaux :

  

(la plupart sont en écoute, il suffit de cliquer sur leur nom)

(les derniers arrivés sont en gras)

 

Ca se resserre en tête, l'écart entre le premier et le troisième n'est que de 0,04 points...   

 

 

 

Swans_MyFatherWillGuideMe-300x300.jpg

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

1.  Swans - My Father Will Guide Me Up A Rope To The Sky  7,8  (14 votes)  (R)

     The Budos Band - III  7,8  (2 votes)  (S)

3.  La Fine Equipe & Mattic - Fantastic Planet  7,7  (7 votes)  (H)

4.  Land of Kush's Egyptian Light Orchestra - Monogamy  7,5  (10 votes)  (E)

     Luke Abbott - Holkham Drones  7,5  (1 vote)  (E)

6.  Mugstar - ...Sun, Broken...  7,5  (11 votes)  (R)

7.  Polar Bear - Peepers  7,4  (12 votes)  (JB)

8.  Stanley Brinks - Hoots  7,4  (19 votes)  (F)

9.  The Crooked Spoke - The One You left behind  7,3  (3 votes)  (E)

10.  Liars - Sisteworld  7,3  (15 votes)  (R)

11.  The Whitefield Brothers - Earthology  7,3  (12 votes)  (S)

12.  Daughters - Daughters  7,2  (9 votes)  (HM)

13.  Gonjasufi - A Sufi and a Killer  7,2  (15 votes)  (E)

14.  The Kiara Elles - Slide Over  7,2  (3 votes)  (R)

15.  Songdog - A Life Eroding  7,1  (4 votes)  (R)

       Lunt - Switch the Letters  7,1  (8 votes)  (F)

17.  Dillinger Escape Plan - Option Paralysis  7,1  (13 votes)  (HM)

18.  Voice of the Seven Thunders - Voice of the Seven Thunders  7,1  (13 votes)  (R)

19.  The Fall - Your Future Our Clutter  7,1  (8 votes)  (R)

20.  The Bamboos - 4  7  (3 votes)  (S)

       The Domino State - Uneasy lies the crown  7  (2 votes)  (R)

       16pac - Down under the Evelator  7  (3 votes)  (R)

(6)

23.  The Magic Theatre - London Town  6,9  (9 votes)  (R)
24.  Chloé - One in Other  6,9  (7 votes)  (E)
25.  The Souljazz Orchestra - Rising Sun  6,9  (11 votes)  (S)
       Lawrence Arabia - Chant Darling  6,9  (11 votes)  (R)
27.  A Silver Mt Zion - Kollaps Tradixionales  6,9  (15 votes)  (R)
28.  Arandel - In D  6,9  (12 votes)  (E)
       US Girls - Gio Grey  6,9  (4 votes)  (R)
30.  The Last Electro-Acoustic Space Jazz Ensemble - Miles Away  6,9  (7 votes)  (JB)
       Micah P. Hinson - And the Pionner Saboteurs  6,9  (7 votes)  (R)
       The Divine Comedy - Bang goes the Knightood  6,9  (7 votes)  (R)
33.  Burzum - Bellus  6,8  (6 votes)  ()
34.  Neil Young - Le Noise  6,8  (11 votes)  (R)
35.  High Tone - Outback  6,8  (8 votes)  (E)
36.  Viol - Welfare Heart  6,8  (15 votes)  (F)
37.  Autechre - Oversteps  6,8  (11 votes)  (E)
38.  Zeus - Say Us  6,8  (6 votes)  (R)
       Black Prairie - Feast of the Hunters' Moon  6,8  (14 votes)  (F)
       The Tallest Man on Earth - The Wild Hunt  6,8  (12 votes)  (F)
41.  Kula Shaker - Pilgrims Process  6,7  (17 votes)  (R)
42.  Johnny Cash - American VI : Ain't no Grave  6,7  (13 votes)  (F)
43.  Heligoland - All your Ships are White  6,7  (6 votes)  (R)
44.  Grinderman - Grinderman 2  6,6  (11 votes)  (R)
45.  Fool's Gold - Fool's Gold  6,6  (13 votes)  (R)
46.  Midlake - The Courage of Others  6,6  (19 votes)  (R)
47.  Clara Clara - Comfortable Problems  6,6  (5 votes)  (R)
48.  Sick of it all - Based on a true Story  6,5  (5 votes)  (HM)
       Holy Fuck - Latin  6,5  (8 votes)  (E)
       The Very Most - A Year with the Very Most  6,5  (9 votes)  (R)
       B.R.M.C. - Beat the Devil's Tattoo  6,5  (18 votes)  (R)
       Marina Gallardo - Some Monsters Die and others returns  6,5  (4 votes)  (F)
       Pagan Wanderer Lu - European Monsoon  6,5  (2 votes)  (R)
       The Black Keys - Brothers  6,5  (15 votes)  (R)
55.  MGMT - Congratulations  6,5  (12 votes)  (R)
56.  Gil Scott-Heron - I'm New Here   6,4  (17 votes)  (S)
57.  Flying Lotus - Cosmogramma  6,4  (10 votes)  (E)
       Killing Joke - Absolute Dissent  6,4  (5 votes)  (HM)
59.  Tindersticks - Falling Down a Mountain  6,4  (13 votes)  (R)
60.  The Roots - How I got Over  6,4  (8 votes)  (H)
       Laurie Anderson - Homeland  6,4  (4 votes)  (R)
62.  Four Tet - There is Love in You  6,3  (12 votes)  (E)
63.  Skeletons - Smile  6,3  (8 votes)  (S)
       French Cowboys - (Isn't my bedroom) A Masterpiece  6,3  (8 votes)  (R)
65.  Blockhead - The Music Scene  6,3  (5 votes)  (E)
66.  Shearwater - The Golden Archipelago  6,3  (13 votes)  (R)
67.  Adam Green - Minor Love  6,2  (12 votes)  (F)
68.  Hammock - Chasing after Shadows  6,2  (5 votes)  (R)
69.  Jose James - Black Magic  6,2  (9 votes)  (S)
       Ellen Allien - Dust  6,2  (6 votes)  (E)
71.  The National - High Violet  6,2  (16 votes)  (R)
72.  Janelle Monae - TheArchAndroid  6,1  (11 votes)  (S)
73.  High on Fires - Snakes for the Divine  6  (4 votes)  (HM)
       The Morning Benders - Big Echo  6  (5 votes)  (R)

(5)

75.  Cypress Hill - Rise Up  5,9  (8 votes)  (H)
76.  Massive Attack - Heligoland  5,9  (22 votes)  (E)
77.  Laura Veirs - July Flame  5,9  (9 votes)  (F)
78.  The Besnard Lakes - Are the roaring Nights  5,9  (15 votes)  (R)
79.  Broken Social Scene - Forgiveness Rock Record  5,8  (6 votes)  (R)
80.  Pantha du Prince - Black Noise  5,8  (8 votes)  (E)
81.  Spoon - Transference  5,8  (7 votes)  (R)
82.  Method Man, Ghostface Killah, Raekwon - Wu Massacre  5,8  (4 votes)  (H)
       Paul Weller - Wake Up the Nation  5,8  (4 votes)  (R)
84.  The Dead Weather - Sea of Cowards  5,6  (14 votes)  (R)
85.  Sharon Jone & the Dap-Kings - I Learned the Hard Way  5,6  (9 votes)  (S)
86.  Acid Washed - Acid Washed  5,6  (7 votes)  (E)
87.  These New Puritans - Hidden  5,5  (10 votes)  (R)
       Pamela Hute - Turtles Tales from Overseas  5,5  (6 votes)  (R)
89.  Röyksopp - Senior  5,4  (4 votes)  (E)
90.  Caribou - Swim  5,4  (10 votes)  (E)
91.  Inspectah Deck - Manifesto  5,3  (3 votes)  (H)
92.  Sophie Hunger - 1983  5,3  (5 votes)  (R)
93.  Lali Puna - Our Inventions  5,3  (7 votes)  ()
94.  O. Children - O. Children  5,3  (6 votes)  (R)
       Efterklang - Magic Chairs  5,3  (8 votes)  (R)
       RJD2 - The Colossus  5,3  (4 votes)  (E)
97.  Arnaud Fleurent-Didier - La Reproduction  5,2  (7 votes)  (R)
98.  Erykah Badu - New Amerykah Part II : Return of the Ankh   5,2  (12 votes)  (S)
99.  General Bye Bye - Girouette  5,2  (6 votes)  (R)
100.  LCD Soundsystem - This is Happening  5  (11 votes)  (E)
101.  Hey Hey My My - A Sudden Change of Mood  5  (6 votes)  (R)
         Deftones - Diamond Eyes  5  (11 votes)  (HM)

(4)

103.  Lorn - Nothing Else  4,9  (8 votes)  (E)
104.  Campbell / Lanegan - Hawk  4,8  (9 votes)  (F)
105.  Faustine Seilman - Whispers & Shouts  4,8  (6 votes)  (F)
106.  The Electric Pop Group - Seconds  4,7  (5 votes)  (R)
107.  Groove Armada - Black Light  4,6  (4 votes)  (R)
108.  Gorillaz - Plastic Beach  4,5  (17 votes)  (E)
109.  Ringo Starr - Y Not  4,4  (5 votes)  (R)
110.  Plan B - The Defamation of Strickland Banks  4,4  (7 votes)  (S)
111.  Fear Factory - Mechanize  4,3  (6 votes)  (HM)
112.  Tribeqa - Qolors  4,3  (8 votes)  (R)
         Andreya Triana - Lost where I belong  4,3  (4 votes)  (S)
114.  Hot Chip - One Life Stand  4,2  (7 votes)  (R)
115.  Vampire Weekend - Contra  4,1  (14 votes)  (R)
116.  The Courteeners - Falcon  4  (3 votes)  (R)
         Tokyo Police Club - Champ  4  (2 votes)  (R)

(3)

118.  Gotan Project - Tango 3.0  3,8  (7 votes)  (E)
119.  Dark Tranquility - We are the Void  3,8  (4 votes)  (HM)
120.  Laura Marling - I speak because I can  3,6  (4 votes)  (F)
121.  Blonde Redhead - Penny Sparkle  3,5  (10 votes)  (R)
122.  Jamie Lidell - Compass  3,3  (6 votes)  (S)
         Wu Music Group presents Pollen - The Swarm pt. 3  3,3  (3 votes)  (H)
124.  Iron Maiden - The Final Frontier  3,3  (6 votes)  (H)
125.  Flobots - Survival Story  3,2  (3 votes)  (R)
126.  Lil'Wayne - Rebirth  3  (4 votes)  (H)

(2)

127.  Goldfrapp - Head First  2,3  (8 votes)  (E)

(1)

128.  Slash - Slash  1,6  (6 votes)  (HM)




 

 

(F) : Folk, folk-rock

(R) : Rock, pop

(E) : Electro

(H) : Hip-hop

(S) : Soul-funk

(M) : Musiques du monde

(JB) : Jazz, blues

(HM) : Hard, metal

 

Les blogs qui participent au classement

Systool    
Alternative Sound                      
Le Golb   
7and7is     
Classe ou Crasse 
Guic'the old 
Lyle        
Le Chant de la Sirène   
Le Bal des Vauriens   
Arbobo    
Jazz, Blues & co  
Libellus
Rxqueen    
Chroniknroll
Kill Me Sarah

Les Insectes sont nos Amis 
Strategikon
Labosonic
Pop-Hits   
Pyrox         
Circus Circus
Chtif
Aymeric 
Christian
115th dream    
Dr Franknfurter  
The man of Rennes steals our Hearts  
Mange Disque
Yosemitefolksinger   
PlanetGong  
Sfameyr
Blinkinglights     
Music-is-the-best
Derrière la fenêtre
Chez Vaness... 
Iloverocknroll    
Inactuelles
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La buZe   
Little Reviews   
Playlist Society   
Between the Lines of Age
Bruxelles-Bangkok-Brasilia 
De la lune on entend tout
The paths of art
Forsaken
I'll give her melodies
Hop Blog

Pop Revue Express

Popup Monsters

Popsongs

I left without my Hat 

 

Vous désirez participer ? Les règles sont ici.

 

Si vous souhaitez proposer un album, c'est sur cette page (vous pouvez aussi y accéder par le module "collections publiques" dans la colonne).

 


Cette semaine, une spéciale "poids lourds qui ont accouché d'une souris" :

 

 

The Black Angels - Phosphene Dreams (6,5)

 

Robert Plant - Band of Joy (6,5)

 

Interpol - Interpol (6,5)

 

Arcade Fire - The Suburbs (6)

 

Chemical Brothers - Further (5)

 

 

  

 

Pour prendre de l'avance sur les prochains disques, vous pouvez consulter mon classement des albums 2010, avec les albums en écoute intégrale pour la plupart.

Classements des blogueurs 20092008  2007

 

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17 novembre 2010 3 17 /11 /novembre /2010 13:44

John Lydon, Keith et Kent Zimmerman – Rotten : no Irish, no Blacks, no Dogs, 1994 (Camion Blanc, 1996, 2005)

 

 

rotten_par_lydon.jpg“On a écrit beaucoup de choses sur les Sex Pistols. La plupart étaient soit du sensationnalisme, soit du blabla psychotique de journaliste. Le reste n’était que pure malveillance. Rotten par Lydon est la véritable histoire des Sex Pistols. Ce livre est aussi fidèle à la vérité que l’on puisse l’être et examine de l’intérieur des événements qui se sont déroulés il y a dix-huit ans. Je n’ai pas le temps pour les mensonges et les fabulations, et j’espère que vous non plus… Appréciez ou crevez… »

 

 

 

 

 

 

     

 

Cette mise au point sur la 4° de couverture annonce la couleur… et si Rotten dit n’avoir pas de temps pour les mensonges et fabulations, il en a encore moins pour les amabilités. Lydon a peut-être vieilli, il n’a pas beaucoup perdu de sa hargne et de sa rage. Et c’est tant mieux. Un bouquin nostalgique et bienveillant sur les Sex Pistols aurait été plutôt déplacé… mais on peut toujours compter sur ce bon vieux Johnny Rotten pour gueuler haut et fort, qu’il chante ou qu’il écrive (enfin, il semble plutôt que Keith et Kent Zimmermann aient retranscrits de longues conversations avec Lydon).

 

L’ennemi public n°1 en Angleterre à la fin des 70’s en a toujours autant contre l’establishment, la bourgeoisie, la famille royale, le business de la musique etc… mais ici, ce sont surtout ses compagnons de route qui en prennent pour leur grade. Rassurez-vous, il ne s’agit pas non plus de ce type de bouquins pathétiques où l’auteur « balance » pour satisfaire la curiosité malsaine des lecteurs, Lydon est fidèle à lui-même : il dit ce qu’il pense et ne cherche pas plus à réécrire l’histoire qu’à se réconcilier avec quiconque. Et forcément, il ne fait pas dans la dentelle. Son père et Steve Jones (le guitariste des Pistols) sont parmi les rares personnes qu’il a fini par réellement apprécier après avoir eu avec eux des relations très conflictuelles (ce qui vaut quelques pages assez touchantes – inhabituel de la part de Lydon - surtout sur son père qui a d’ailleurs la parole dans un chapitre du bouquin). Mais il n’en épargne pas beaucoup d’autres.

 

Au premier rang de la liste de ses « ennemis », on trouve bien sûr Malcolm McLaren. Le manager des Pistols que l’on a souvent décrit comme un « manipulateur », apparaît ici bien plus dépassé par les événements que les contrôlant. McLaren savait faire des « coups », mais il n’assurait pas ensuite. Incapable de leur trouver des concerts, de négocier de bons contrats (pour lui comme pour le groupe) avec les maisons de disques, de subvenir à leurs besoins (ils étaient sans un rond en poche alors qu’ils faisaient la première page des magazines), de gérer les problèmes et tensions. Lydon a beau détester tous les –ismes et les systèmes, il en revient souvent à des questions de « lutte des classes »… entre le prog d’étudiants en art bourgeois et le punk des prolos, et surtout dans la relation désastreuse qu’il a eu avec McLaren (qui finira par un procès, dont on retrouve les témoignages de tous les protagonistes dans le livre, même celui de McLaren). John Lydon vient d’une famille d’immigrants irlandais particulièrement pauvres : le plus « crade » chez Rotten, ce ne sont pas ses tenues, ses obscénités, sa musique, son surnom, son chant rageur, mais bien ses conditions de vie dans l’enfance (appartement délabré sans toilettes à l’intérieur, avec des rats tellement gros qu’ils tuaient les chats). Jones, Cook et Matlock venaient aussi de familles ouvrières pauvres, mais faisaient confiance à McLaren. Pas Lydon, qui, de toute façon, a toujours eu un gros problème avec l’autorité, et n’a jamais été impressionné par les références culturelles et le « situationnisme » de McLaren. Pour Lydon, ce n’était que de la branlette intellectuelle bourgeoise.

 

Lydon n’a pas plus de sympathie pour McLaren que pour sa « complice », la styliste Vivienne Westwood (la boutique « Sex » qu’elle tenait avec McLaren a été à l’origine du look punk) :

 

« Quand je voyais des gens aller dans le magasin et payer 40 livres pour une chemise teinte – la photo de Karl Marx et un symbole nazi inversé – je pensais, quels imbéciles ! Faites-la vous-mêmes. Bon Dieu, moi, je le faisais bien ! Une fois de plus, les gens préfèrent que leurs propres idées leur soient vendues plutôt que de les réaliser eux-mêmes. C’est pourquoi une boutique comme celle de Vivienne marchait si bien. […] Je n’ai jamais trouvé Vivienne attirante. Dès la première minute où je l’ai vue, je l’ai tout de suite pris pour une espèce de grande dinde. Je sais qu’elle ne m’a jamais aimé. » (p.217)

« Vivienne Westwood m’a toujours fait rire, et cela la contrariait perpétuellement. Elle est comme Malcolm : elle aime manipuler les gens et s’ils ne sont pas d’accord avec elle, elle ne veut plus les avoir dans son entourage. Stupide salope. Elle n’est plus allée bien loin après l’ère punk et elle s’est vite retrouvée en manque d’idées. […] Paraître bizarre juste pour faire comme tout le monde, c’est incroyablement inintéressant et c’est ce que fait Vivienne maintenant. » (p.218)     

 

 

Autre personnage que Lydon n’a jamais supporté, le premier bassiste des Pistols, Glen Matlock :

 

« Dans son livre, Glen proclame que la seule chose que je lui ai dite était « Va crever ». C’est vrai, Glen. Va crever. Malheureusement, il ne semble pas croire que je le pensais. Et pourtant, putain, je le pensais ! En permanence. Mais, une fois au moins, je dois dire de Glen qu’il a été le seul à tenter un semblant de contact amical avec moi, ce qui est curieux car je le détestais tant. Tout ce pour quoi il se battait était faible, des trucs de pédale crédule. Il n’aimait pas choquer. Il voulait que tout le monde l’aime et avoir du bon temps. Tellement emmerdant. » (p.130)

 

Le pire, pour lui, c’est que Matlock refusait de jouer sur God save the Queen, il tenait à ce que Lydon change ses paroles… mais Lydon ne pouvait comprendre que Matlock refuse de jouer un titre sous prétexte qu’il pouvait choquer sa mère. Il y avait une incompatibilité totale entre les deux.

Lydon parvient à faire remplacer Matlock par son pote d’enfance, Sid « Vicious », ce qui lui permettait d’avoir au moins un allié dans le groupe, contre McLaren. Et si Lydon garde une certaine tendresse pour Sid, il ne lui tresse pas de couronne de lauriers non plus… Lydon ne respecte pas même les morts. Sid était complètement obsédé par son image, c’était un fan absolu de Bowie et du Velvet (mais on apprend aussi… qu’il aimait Abba ! Ce qui donne lieu à une anecdote marrante, avec Sid qui voulait demander un autographe aux deux filles d’Abba sortant de l’aéroport, et lorsqu’elles l’ont vu arriver vers elles, elles se sont enfuies en courant…). Un mec narcissique, très influençable, et parfois carrément débile. Quand Rotten et Vicious se retrouvaient juste tous les deux, les choses se passaient plutôt bien, Lydon voulait même qu’ils quittent les Pistols et lui a demandé de le suivre dans son nouveau projet, PiL… Sid était partant mais voilà, il avait un très gros défaut : Nancy. Et on arrive sans doute à la personne que Lydon a le plus détesté durant ces années-là.

 

Le bouquin contient de nombreuses interventions de personnages-clé de cette période (Steve Jones, Paul Cook, Caroline Coon, Chrissie Hynde, Don Letts, Julien Temple, Steve Severin, le père et la femme de Lydon… et même Billy Idol) et, Lydon en tête, ils s’accordent tous à dire que Nancy était une plaie, et ne croient toujours pas que Sid l’ait tuée. Pour Lydon, ce n’est pas Sid qui a tué Nancy, mais Nancy qui a détruit Sid. Il était sous son emprise, c’est elle qui l’a fait tomber dans l’héroïne et en a fait une loque.

 

« …quand Nancy a débarqué, c’est devenu insoutenable. Elle rendait la vie absolument et complètement pénible – et sans aucune bonne raison. […] Tout droit descendue de son arbre, méchante, blasée, et complètement ravagée. Sid s’est vite mis à devenir pareil. Il se détestait tant qu’il a fait la pire chose qu’il ait jamais faite – sortir avec cette bête. Il n’y a rien de rancunier quand je dis qu’elle était une bête. Elle était un être humain autodestructeur déterminé à entraîner autant de gens que possible dans sa chute. Nancy Spungen était le Titanic cherchant l’iceberg, et elle voulait afficher complet. Elle était réellement une pauvre connasse… » (p. 206)      

   

« Nous faisions tout pour réussir à nous débarrasser de Nancy. Malcolm, Steve, Paul et moi avons mis au point un petit plan, nous lui avons acheté un billet d’avion et une course en taxi pendant que Sid était quelque part ailleurs. Nous l’avons littéralement poussée dans le taxi et nous l’avons envoyée à l’aéroport avec son billet. Du vent. Voilà de l’argent. Maintenant dégage. Va donc te perdre où tu voudras, débarrasse-nous le plancher. Nous étions allés aussi loin car elle était si mauvaise pour Sid. Elle devait partir. Elle le tuait. J’étais absolument convaincu que cette fille était dans une mission lente de suicide, comme en effet le sont, à mon avis, la plupart des drogués à l’héroïne. Seulement elle ne voulait pas partir seule. Elle voulait entraîner Sid avec elle. C’était son unique but. […]

Nous lui interdisions d’être sur la tournée avec nous, mais elle s’arrangeait toujours pour trouver dans quel hôtel nous étions. Quand nous lui interdisions de venir, Sid devenait de nouveau génial. Quand il n’était pas sous l’emprise des drogues, il était bien et était d’accord avec nous. A la minute où elle se pointait avec tout son matos, cela recommençait à nouveau. Il avait besoin d’elle, mais il luttait contre. Il s’est rapidement mis à consommer plus de drogues qu’elle. Mon Dieu, je ne sais pas combien de nuits j’ai passées avec Sid à essayer de le tirer de ces drogues. C’était ridicule. Je l’avais littéralement enfermé à sa propre requête. J’ai passé des week-ends, une semaine, peu importe combien de temps, à l’empêcher de sortir de la maison. C’est ce que nous faisions, mes amis et moi – ces prétendues mauvaises influences sur moi. » (P.207-208)

 

Moins glorieux, Lydon avoue qu’un soir, avec Jah Wobble, ils sont allés jusqu’à trafiquer une aiguille de Nancy… tant pis si elle en crevait, au moins, ils pourraient sauver Sid.

 

Autre tête de turc de Lydon, Alex Cox, le réalisateur du film Sid & Nancy. Là encore, mieux vaut laisser parler Lydon : « Je n’arrive pas à comprendre pourquoi quelqu’un peut avoir envie de sortir un film comme Sid & Nancy sans s’être donné la peine de venir m’en parler à moi. Alex Cox, le réalisateur, ne l’a pas fait. Il a choisi comme seul point de référence – parmi tous les gens sur cette terre – Joe Strummer ! Ce chanteur guttural des Clash ! Putain, qu’est-ce qu’il connaissait de Sid et Nancy ? […] Pour moi, ce film représente la plus basse forme de vie. Je crois honnêtement qu’il fait l’apologie de la toxicomanie à l’héroïne. Il la glorifie réellement à la fin, quand ce stupide taxi part vers les cieux. C’est tellement con. Les scènes sordides à l’hôtel de New York étaient assez bien, sauf qu’elles méritaient d’être encore plus sordides. Toutes les scènes à Londres avec les Pistols sont n’importe quoi. Je trouve que le type qui tient le rôle de Sid, Gary Oldman, était plutôt bien. Mais même lui ne joue que le personnage du film, pas celui de la réalité. Je ne considère pas que ce soit la faute de Gary Oldman, car il est un sacrément bon acteur. Si seulement il avait eu l’opportunité de parler avec quelqu’un qui avait connu Sid. […] L’ironie finale est que les gens n’arrêtent pas de me questionner sur ce sujet. Je dois expliquer que tout est faux. Tout n’est que la putain d’imagination de quelqu’un d’autre, d’une espèce de lauréat d’Oxford qui a raté l’ère punk. Le salaud. » (p.209-210) 

 

Longue est la liste de ceux qui se font descendre en flèche par Lydon. De Mick Jagger « cette vieille sorcière bourrée de coke nous montrant du doigt en nous traitant de dégoûtants » à Rick Wakeman (qui refuse de rester chez EMI s’ils ne virent pas les horribles Sex Pistols). Mais il ne s’arrête pas à ces dinosaures du rock et pompeux groupes progs contre lesquels s’est dressé le punk, il n’épargne pas non plus les autres groupes punks : « La tournée « Anarchy » de décembre 1976 avec Johnny Thunders a été une histoire hilarante. Malcolm avait organisé la plupart des détails. Une agence avait réservée toute la tournée et c’était très drôle d’avoir tous les groupes dans le même bus. Nous nous entendions comme chiens et chats – les Damned, les Heartbreakers et les Clash. Les Clash se sont désistés car ils voulaient être en tête d’affiche ou quelque chose du même genre. Alors ils ont voyagé séparément. Puis les Damned ont décidé qu’ils étaient la meilleure création au monde depuis le pain en tranches. Les divergences d’ego ont tout démoli. La seule raison qui a fait rester les Heartbreakers, c’est qu’ils n’avaient aucun ego. Thunders était complètement mis hors circuit par la drogue, rien ne lui importait. » (P. 195)

 

Car – Dieu soit loué (même si je doute qu’il ait quoi que ce soit à voir là-dedans) – Rotten n’est absolument pas un nostalgique du punk. Il l’a d’ailleurs prouvé artistiquement, rebondissant tout de suite après les Sex Pistols pour partir dans une direction tout à fait différente avec PiL. Imaginer en « gardien du punk » tonton Rotten nous raconter les belles histoires de l’époque et nous expliquer à quel point c’était mieux avant aurait été assez pathétique. Il vaut mieux que cela. Comme Jim Morrison (et comme la plupart des artistes), Rotten n’est pas un révolutionnaire, mais un révolté. Il ne cherche pas à faire valoir telle ou telle idéologie, reconstruire le système, mais à le bousculer. Et peu de rockeurs peuvent s’enorgueillir d’avoir autant bousculé le rock et la société qu’il ne l’a fait…

 

Les livres sur le rock ne sont pas toujours « rock’n’roll »… mais, comme les nombreuses citations que j’ai mises ici le prouvent, celui-ci l’est vraiment. Vif, tranchant, mal élevé, dur, jubilatoire, sarcastique, sans fioritures ni sentimentalisme, à déconseiller aux âmes sensibles, et à recommander à tous les autres…

 

En guise d’illustration, l’inévitable vidéo de God save the Queen, où comment 4 gamins ont su envoyer une des plus belles claques au monde du rock – et à l’Angleterre :

 

 

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