1. Brooklyn's Finest - Antoine Fuqua
2. Shutter Island - Martin Scorsese
3. Dans ses Yeux - Juan José Campanella
4. A Serious Man - Joel & Ethan Coen
5. Green Zone - Paul Greengrass
6. Armadillo - Janus Metz
7. The Social Network - David Fincher
8. Ajami - Scandar Copti / Yaron Shani
9. Bad Lieutenant - Werner Herzog
10. Inception - Christopher Nolan
11. The Ghost Writer - Roman Polanski
12. Oceans - Jacques Perrin
13. Le Braqueur - La Dernière Course - Benjamin Heisenberg
14. Dog Pound - Kim Chapiron
15. Four Lions - Chris Morris
Ensuite :
The Town - Ben Affleck
Buried - RodriguoVortés
Fair Game - Doug Liman
Monsters - Gareth Edwards (II)
The Killer Inside Me - Michael Winterbottom
When You're Strange -Tom DiCillo
Iron Man 2 - John Favreau
Predators - Nimrod Antal
Alice au Pays des Merveilles - Tim Burton
Sherlock Holmes - Guy Ritchie
Invictus - Clint Eastwood
Robin des Bois - Ridley Scott
Crazy Heart - Scott Cooper
Le Livre d'Eli - Albert Hughes, Allen Hughes
The Crazies - Breck Eisner
2010 ne restera pas comme une grande année cinéma. Il y a bien eu quelques bons films, et même quelques très bons films (cf. les 4 affiches ci-dessus), mais s'il fallait résumer l'année cinéma en un mot, ce serait... déception. Des idées intéressantes pas toujours bien exploitées, et des films qui commencent plutôt bien mais s'étiolent par la suite.
Dans la catégorie "films qui ne tiennent pas toutes leurs promesses" :
- Invictus. Après les remarquables Mémoires de Nos Pères, Lettres d'Iwo Jima, L'Echange et Gran Torino, on était en droit d'attendre un nouveau grand film d'Eastwood... une belle idée que de revenir sur ce moment fort de l'Afrique du Sud, avec un Morgan Freeman idéal pour jouer le rôle de Mandela... le film n'est ni mauvais, ni raté, mais il ne décolle jamais vraiment, et pêche par excès de bons sentiments. Un petit Eastwood...
- Inception. The Dark Knight a réussi le difficile pari de séduire le grand public comme les critiques, le nouveau Christopher Nolan ne pouvait alors que susciter de grandes espérances. Espérances d'autant plus fortes que la campagne médiatique qui a précédé sa sortie le présentait comme un film fascinant, d'une intelligence rare pour un blockbuster. L'idée de départ est excellente, sa mise en oeuvre... un peu moins. Le film a largement été débattu chez Benjamin F, et si je peux comprendre les critiques émises par Ska ou Thom, je suis tout de même plutôt de l'avis de Benjamin... Inception n'est pas le chef-d'oeuvre annoncé, mais il reste nettement au dessus de la moyenne des films à gros bugets. Mention spéciale à la musique d'Hans Zimmer, que l'on retrouve pourtant à cachetonner sur de grosses productions hollywoodiennes, mais qui semble avoir trouvé en Nolan un cinéaste qui l'inspire vraiment. The Dark Knight, Batman Begins et Inception doivent beaucoup à la musique de Zimmer, qui leur donnent une gravité, une mélancolie, et de la profondeur qui plongent le spectateur dans une ambiance envoûtante...
- When You're Strange. Je n'apprendrais rien à ceux qui me lisent régulièrement en disant que je suis un grand fan des Doors. Un documentaire sur le groupe, réalisé par Tom DiCillo, je ne pouvais que m'y précipiter et le suivre avec le plus grand intérêt. Mais il manque tout de même d'âme et se contente d'une chronologie factuelle trop froide pour emporter l'adhésion.
- Alice Au Pays des Merveilles. Sur le papier, un Alice au Pays des Merveilles par Tim Burton, on signe tout de suite. Pourtant, malgré quelques bonnes scènes et une Helena Bonham Carter parfaite en reine cruelle, le résultat est loin d'être à la hauteur de ce qu'aurait fait un Tim Burton inspiré. Le pire étant sans doute cette "grande bataille finale" inutile et puérile...
- Four Lions. Une excellente idée de départ, mais le film tourne trop vite à la grosse farce, cf. ma chronique ici.
- Océans. Sur grand écran, rien de tel qu'un voyage au coeur des océans. Le film tient une partie de ses promesses, on y voit quelques très belles images, des créatures étonnantes... mais il n'est pas exempt de défauts... Des dialogues assez pauvres, un scénario bancal, des acteurs peu concernés (en particulier les sardines), ou en roue libre (les dauphins)... Plus sérieusement, je trouve qu'il manque un petit quelque chose au film. J'ai l'impression d'avoir vu pas mal de documentaires animaliers plus prenants et captivants, même si Océans est tout de même très recommandable.
- Monsters. Un film de SF intimiste, plus proche d'un film d'auteur que du cinéma spectaculaire habituel dans le genre, voilà une idée plutôt réjouissante. Le film fonctionne pas mal, surtout dans sa première partie, mais le mélange des genres a ses limites... Monsters n'a pas la profondeur, la radicalité ou l'originalité d'un bon film d'auteur, ni la tension ou l'efficacité des bons films SF / Epouvante.
- Robin des Bois. Qu'on l'aime ou pas, Gladiator avait marqué les esprits à l'époque, et donné un nouveau souffle aux péplums à grand spectacle. Le retour du tandem Ridley Scott - Russell Crowe pour un Robin des Bois plutôt sombre et dur, loin des galipettes d'Errol Flynn en collant, n'avait peut-être pas de quoi laisser espérer un chef-d'oeuvre, mais au moins de passer un bon moment. D'autant plus que Ridley Scott comptait non pas nous resservir l'histoire que tout le monde connaît, mais ses origines. Et pourtant, le film manque... de souffle. Rien de vraiment passionnant, l'histoire est plate, et le film au fond plus terne que réellement sombre, à l'image de Russell "Droopy des Bois" Crowe, qui a plus que jamais l'air profondément déprimé à chaque plan, quoi qu'il lui arrive. La Marianne "énergique et volontaire" incarnée par Cate Blanchett relève un peu le niveau, mais ne sauve pas le film.
- Fair Game. Plutôt un bon film et, pour une fois, je ne suis pas vraiment d'accord avec la conclusion de l'ami Systool (lire sa chronique, ici). Car s'il est vrai que pour nous, français, les mensonges de l'administration Bush sur les armes de destruction massive en Irak sont connus et critiqués depuis longtemps, c'est beaucoup moins le cas aux EU. Une bonne partie des américains ont continué à croire à ces mensonges, ou imaginé que le gouvernement s'était certes trompé, mais était au moins de bonne foi. Ce que démonte totalement ce film engagé assez fort, qui accable à tous points de vue l'administration Bush, mais souffre aussi de longueurs, et se délite un peu sur la fin. Plutôt que de penser, donc, que le cinéma américain tarde un peu à évoquer les zones d'ombre de la politique des EU, il me semble toujours très réactif. En France, il faut attendre au moins 30 - 40 ans (cf. guerre d'Algérie)... mais c'est vrai qu'en France, depuis 30 ans, on a la chance d'avoir des gouvernants irréprochables, les politiques qu'ils mènent n'ont fort heureusement pas la moindre zone d'ombre...
Dans la catégorie "ça commençait bien, pourtant..." :
- Buried. Un film qui se déroule entièrement dans un cercueil étroit, avec comme seul contact avec l'extérieur un téléphone portable, fallait oser. Et le film est plutôt réussi et captivant... malheureusement, avant même d'entrer dans la salle, en connaissant le sujet, on peut très facilement imaginer le dénouement... et sans surprise, c'est bien celui auquel on pouvait s'attendre.
- Crazy Heart. Jeff Bridges est parfait en vieux chanteur de country marginal et désabusé. On le suit avec intérêt galérer au début du film, puis une histoire d'amour un peu trop convenue et un trop plein de bons sentiments finissent par plomber le film. Remplacer le whysky par du lait fraise, c'est peut-être le meilleur moyen de sauver sa vie de famille et sa santé, pas de faire un bon film...
- Dog Pound. Un film brut, "coup de poing", sur la violence dans les prisons pour mineurs. Mais un peu vain, au final...
- Sherlock Holmes. L'excellent Robert Downey Jr. pour interpréter le génial détective opiomane, c'était bien entendu une très bonne idée. Sans hautes prétentions, le film est plutôt plaisant dans sa première partie, mais la dernière - qui se résume en grande partie à une banale course poursuite ente les bons et les mauvais - est clairement décevante.
- The Killer Inside Me. on a beaucoup glosé sur cette fameuse scène de violence "complaisante et insoutenable" où le héros bat une femme à mort... beaucoup de bruit pour rien, à mon sens, on a vraiment vu bien pire par ailleurs. Le film a des qualités (ses acteurs, son ambiance), mais peine à vraiment décoller.
- Le Livre d'Eli. Une atmosphère post-apocalyptique bien rendue, des acteurs (Denzel Washington et Gary Oldman en tête) très bons dans leurs rôles... mais le scénario est beaucoup trop faible...
- Predators : Le film dont on n'attend rien, si ce n'est un bon fix de violence... et il s'en tire plutôt bien : des personnages peu consensuels, beaucoup de nervosité, d'intensité... mais il se dégrade un peu, et au final, c'est aussi vite oublié que consommé. Mais ça, on pouvait s'y attendre.
- Ajami. Celui-là est un bien meilleur film que les précédents, un film marquant qui se déroule dans une des régions les plus instables et sensibles de la planète. Le seul problème, c'est que sa mécanique est un peu trop bien huilée et lui fait perdre en réalisme, réalisme qui était pourtant un de ses grands points forts pendant les deux premiers tiers.
Heureusement, il y a eu aussi quelques très bonnes surprises. Le superbe Brooklyn's Finest en premier lieu, dont j'ai parlé ici. Et Shutter Island, aussi, même s'il n'a pas été du goût de tout le monde...
Les autres bonnes surprises :
- Après l'inoubliable Bad Lieutenant d'Abel Ferrara, on avait de quoi être sceptique à l'idée d'un "remake qui n'en est pas vraiment un" par Werner Herzog. Moins glauque que l'original, il n'en reste pas moins assez audacieux, subversif et jubilatoire.
- J'ai toujours trouvé Facebook, le site, sans intérêt, alors Facebook, le film... Les bonnes critiques m'ont pourtant convaincu d'aller voir The Social Network, et je n'ai pas été déçu. Même si les sauts dans le temps qui nous font voyager chaque fois du procès au passé m'ont paru un peu superficiels. L'histoire telle que la raconte Fincher est au fond suffisamment passionnante - et dotée d'une vraie progression dramatique - pour ne pas la découper de cette manière.
- Dans ses Yeux. Ce film argentin est sans conteste un des plus beaux de l'année. Sensible, intelligent, émouvant, à conseiller sans réserves.
- A Serious Man. Un des films les plus personnel et original des frères Coen, et un de leurs tous meilleurs. Eux qui nous ont souvent fait regretter les Fargo et autres Barton's Fink de leurs débuts, nous ont souvent déçu ces 10 dernièrs années, voilà qu'ils sortent dans une année "décevante" un de leurs films les plus réussis.
- Green Zone. Deux films cette année traitant du mensonge sur les armes de destruction massive en Irak. Green Zone est bien plus tourné vers l'action que le politique Fair Game, mais aussi plus efficace et prenant. Le film de guerre de l'année : intense et haletant.
- Armadillo. La guerre. On en parle beaucoup, on en fait de nombreux films, mais ce documentaire danois permet de la vivre vraiment, de l'intérieur. Pas de ralentis esthétisants lors des affrontements, de "Allez-y les gars, vous occupez pas de moi", de fausses poches de sang et de héros qui élimine un régiment à lui tout seul. Un film "à balles réelles", avec des caméras au coeur du conflit, des périodes d'attente et des combats secs et violents, le danger qui vient de partout et des militaires danois qui peuvent se montrer aussi attachants que vengeurs et primaires. Il est encore à l'affiche, et je le recommande vivement.
Enfin, l'impression de déjà-vu de l'année : je me suis retrouvé deux fois dans la salle 1 du grand cinéma de la ville, destinée aux blockbusters, pour deux films pas si accessibles que cela, avec une salle bondée regardant Leonardo Di Caprio rongé par la culpabilité suite à la mort de sa femme, qui tente de s'oublier dans un monde en dehors de la réalité : Shutter Island et Inception.