Dans la famille "rock rêche et bluesy", les Black Keys et Jack White se sont imposés la décennie précédente comme deux incontournables références. Et ce n'est pas tout ce qu'ils ont en commun : leur groupe d'origine est un duo (Black Keys, White Stripes), puis ils se sont lancés dans plusieurs "side-projects" (Raconteurs, Dead Weather pour Jack White ou, l'année dernière, l'album solo de Dan Auerbach et Blakroc pour les Black Keys). Ils poussent même le mimétisme jusqu'à sortir en même temps un nouvel album, et un nouvel album... quelque peu décevant. Dans les deux cas, rien de honteux (ils n'ont pas viré "pop pour gros stades" comme les Kings of Leon), rien de vraiment mauvais (les deux albums sont tout à fait écoutables), mais voilà, de leur part, on attend beaucoup mieux qu'un album "sympathique mais quelconque". Ce ne sont pas non plus deux albums paresseux, le Black Keys est assez long et varié, le Dead Weather plutôt bien foutu... mais il manque ce petit (ou grand) quelque chose qui permettrait à ces albums de décoller et retourner l'auditeur.
Trop de dispersion dans des projets parallèles ? Trop de sorties ? Le précédent et premier album des Dead Weather n'est sorti qu'il y a quelques mois (et plusieurs titres du dernier sonnent trop comme des imitations plus ou moins réussies de son prédécesseur), deux en 2009 pour les Black Keys (le Dan Auerbach et le Blakroc)... il faudrait un jour que quelqu'un se dévoue pour expliquer à tous ces artistes qui nous submergent d'albums qu'il vaut mieux un très bon album tous les 2-3 ou 4 ans qu'un album moyen chaque année.
Et l'on en revient toujours à ce même problème, fondamental actuellement dans l'industrie du disque... non, pas le téléchargement, mais la pléthore de sorties. Les amateurs de musique croulent sous les nouveautés, et, surtout, rares sont les albums qui sortent du lot. Même de la part d'artistes importants comme Jack White ou les Black Keys. En fin de compte, cette "croissance et diversification de l'offre" - pour utiliser le langage des mecs du marketing qui ont depuis longtemps pris le pouvoir dans les majors - ne suscite pas plus de consommation, au contraire, il y a tant de nouveautés anecdotiques que le consommateur est vite refroidi : pas la peine de claquer son pognon pour des albums qu'on n'écoutera plus dans un an, dans 1 mois, dans 1 semaine, voire dans 2 jours... Même de "bons albums" passent inaperçus, noyés dans le flot de sorties. Pour arriver à surnager, il n'y a que deux solutions : bénéficier d'une promo en béton armée, ou sortir des albums marquants et de très grande qualité... ce qui n'est ni le cas du dernier Black Keys, ni celui du Dead Weather....
Les albums en écoute sur deezer :
The Black Keys - Brothers
The Dead Weather - Sea of Cowards
Chronique du Black Keys chez Systool