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11 juillet 2012 3 11 /07 /juillet /2012 22:46

L’été, les blogs sont désertés... l’occasion de faire passer en douce quelques vieux tubes honteux.

En écoutant le dernier De La Soul, First Serve, un morceau a particulièrement attiré mon attention, Move’em In, Move’em Out. Non pas qu’il soit particulièrement réussi, mais il me disait quelque chose…

De la Soul - Move’em In, Move’em Out

 

 

J’aurais vraiment aimé vous dire que j’ai cherché de longues heures avant de tomber sur « l’original »… mais non, il n’était pas si loin dans ma mémoire, j’ai assez rapidement retrouvé ce morceau que j’aimais beaucoup à l’époque (j’étais très jeune, hein), Feel The Heat de Jean Beauvoir. Pas un des plus gros tubes des années 80, mais il a eu une certaine notoriété, d’autant plus qu’il accompagnait la sortie du Cobra de Stallone (on est là encore dans des références prestigieuses).

Ecoutez le riff d’accompagnement de Move’em In, Move’em Out, puis celui du couplet de Feel The Heat, c’est quasiment la même chose.

 

Je trouvais à l’époque le refrain un peu décevant, mais j’adorais le couplet (cet accompagnement, plus les notes de synthé un peu « fausses » et assez originales, à partir de 0’45). Et sur quels intervalles se font cet accompagnement ? Toujours cette satanée sixte qui m’obsède, et qui me fait vraiment aimer n'importe quoi. La quinte de l’accord qui monte sur la sixte, ce qui donne chez Jean Beauvoir un enchaînement Am-F (chez De La Soul, on n’est pas en la mineur mais en fa mineur).   

Peut-on affirmer que De La Soul a pompé cet accompagnement et ainsi parler de plagiat ? Oui et non. Si Jean Beauvoir attaquait en justice, ça m’étonnerait qu’il puisse faire valoir ses droits. Il y a pourtant bien 4 mesures (on parle de plagiat lorsqu’on a au moins 4 mesures identiques), mais ce n’est pas la mélodie qui est « plagiée », c’est l’accompagnement. Une suite d’accord identique à une autre n’est en général pas considérée comme du plagiat, encore heureux, vu les nombreuses suites d’accords qui ont été utilisées dans des milliers de morceaux (telle la grille de blues en 12 mesures).

Mais ici, en plus des notes du riff, et même si le tempo n’est pas tout à fait le même (il est un peu plus rapide chez De La Soul), le rythme est vraiment identique (et il y a aussi une similitude dans le son, et la basse), ce qui me laisse à penser qu’il y a forcément une influence directe. Enfin, l’essentiel, c’est que De la Soul n’a pas copié le look de Jean Beauvoir… ça, ce serait vraiment criminel.    

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9 juin 2012 6 09 /06 /juin /2012 15:28

rev-frost-every-goddam-thing-to-hell.jpgEcrire sur l’album d’un ami n’est jamais facile. Si l’album est bon, on a tendance à le survendre, et, s’il est mauvais, on se retrouve face à un cruel dilemme : se ridiculiser en le parant de qualités qu’il n’a pas, ou dire la vérité à ses lecteurs et se fâcher avec son pote. Fort heureusement, le Reverend ne m’a pas encore placé face à un tel dilemme, il a la bonne idée de ne sortir que de bons albums. S’il y a une chose que je pouvais reprocher à son premier et précédent album, c’est qu’il n’était composé que de reprises (mis à part un instrumental). C’est un grand interprète (il faut le voir en live), multi-instrumentiste et doté d’une voix exceptionnelle, mais à une époque où il est si dur de se faire une place dans le rock, n’être qu’un excellent interprète n’est pas suffisant. Il est d’ailleurs amusant de constater que la fascination pour les interprètes se retrouve avant tout dans les deux publics « extrêmes » : amateurs de classique et jazz d’un côté, et de variétés bas de gamme (pléonasme) de l’autre (d’où les émissions débiles de télé-réalité musicale où tout le monde se fout des créations de l’un ou de l’autre, et ne se soucie que de prestations, prouesses vocales, interprétations de tubes archi-connus).

J’ai beau être un grand passionné de classique, je n’ai jamais eu cette fascination pour les interprètes. Bien sûr, avec le temps et l’habitude, on apprend à connaître et apprécier quelques grands interprètes plus que d’autres, on cherche différentes versions de ses œuvres favorites pour trouver celles qui nous conviennent le mieux, mais, contrairement à la majorité des passionnés de classique, ce qui m’intéresse est presque exclusivement les compositeurs et leurs œuvres. Le cas du jazz est un peu différent, puisque l’interprétation est au centre, elle est elle-même composition… mais même en jazz, j’aime plus particulièrement les « vrais » compositeurs (Ellington, Mingus).

Pourquoi diable est-ce que je vous parle de mon rapport au jazz et au classique dans cette chronique d’un album du Reverend Frost ?  Ah oui, la question de la composition et de l’interprétation… Ce qui manquait au Reverend, c’était des compositions originales. J’ai même plusieurs fois pensé à lui en proposer… après tout, on avait de quoi bien se compléter : c’est un excellent interprète qui se contente de jouer des reprises, je n’ai aucune ambition d’interprète mais j’aime la composition. J’ai dû lui dire une ou deux fois que je devrais un jour où l’autre lui proposer des compos pour un album… mais il commençait lui-même à écrire ses morceaux. Et, comme vous pourrez le constater sur cet album, ses compos sont vraiment très réussies. Très légère déception au début pour ma part, je ne serais pas le « compositeur attitré » du Reverend, il n’a besoin de personne pour cela, suivie tout de suite par une vraie satisfaction et même un certain soulagement, ç’aurait été dommage qu’il n’arrive pas à composer, c’est finalement beaucoup mieux ainsi, et je n’ai qu’à me préoccuper de mes propres compos. Pourquoi lui proposer des chansons médiocres (oui, je sais, ma modestie légendaire me perdra) alors qu’il peut en écrire seul de très bonnes ?

On connaissait son grand talent d’interprète, et voilà qu’on découvre son talent de compositeur… enfin, par « talent de compositeur », il ne faut pas comprendre « orfèvre subtil de la composition » genre Beatles ou Nick Drake, mais musicien capable de trousser de très bons morceaux dans le genre de rock qu’il affectionne, un cocktail revigorant de garage-blues-surf-rock 50’s-pub rock aux accents des Cramps, Nick Cave, 16 Horsepower, Calexico, Johnny Cash et autres Dr. John…

(t’as vu, j’ai pas cité Tom Waits…)

(non parce qu’à force, ça le lasse un peu qu’on cite toujours Tom Waits lorsqu’on parle de lui… même s’il en est un immense fan)

(mais bon, si tu veux qu’on freine un peu sur les comparaisons avec Tom Waits, commence déjà par retirer ce putain de chapeau !)

Un formidable interprète doublé d’un bon auteur de chansons… que demander de plus ? Qu’il perfectionne le mixage de ses albums ? Peut-être que certains trouveront à y redire, pas moi… ce type de rock n’a pas besoin d’une armée d’ingénieurs du son, le côté un peu brut/foutraque/do it yourself le sert plus qu’il ne le dessert…

S’il fallait vraiment que je mette un bémol… ce serait un tout petit bémol, et très subjectif… j’aurais aimé que ce Every Goddam Thing to Hell n’ait que des morceaux genre A Bloody Life (mon titre favori, que j’écoute en boucle, tout le monde doit maintenant le connaître par cœur dans mon quartier) ou Black Cabin… du rock rageur, sombre et intense, tout ce que j’aime. Il a plutôt joué la diversité, et s’en sort d’ailleurs très bien dans des registres variés, même celui de la ballade. Moi qui les zappe presque systématiquement sur les albums rock (excepté chez Nick Cave et Tom Waits… argh, je m’étais juré de ne pas le citer… tant pis, ce sera pour la chronique du prochain), j’ai vraiment été emballé par Wolf.  

Bref, si vous aimez le rock, le vrai, sous toutes ces facettes - qu’il soit sauvage, ludique, sombre, lumineux, chaotique, accrocheur etc. – précipitez-vous sur cet album, et si vous l’aimez vraiment, achetez-le (via son site) ! Je le disais dans ma chronique du précédent, je le redis ici (car c’est après tout un argument de vente de poids) : pas un de vos sous n’ira dans la poche de Pascal Nègre ou d’un quelconque producteur vénal, tout ira dans la sienne !

(et il en a grand besoin pour soigner sa grand-mère malade, qu’il est obligé d’héberger dans sa roulotte, tout en espérant ne pas se faire expulser par les roms qui l’ont accueilli temporairement dans un de leurs camps)

(mouais, là, j’en fais peut-être un peu trop…)

Le site web du Reverend

Chronique de son précédent album : South of Hell, France 

L’album sur spotify

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19 novembre 2011 6 19 /11 /novembre /2011 18:32

(Black) Metal   Relapse Records   07/06/2011

 

tombs-path-of-totality.jpgIl est facile de se moquer du black metal. Très. Je suis bien placé pour en parler, moi qui ne loupe jamais une occasion d’ironiser sur le genre. Alors quand sort un bon album apparenté au black (et même un très bon), la moindre des choses est de le mettre en évidence.

J’ai une technique simple et rapide pour juger d’un album de metal, et de black metal en particulier. Si je me marre pendant l’écoute (ou si je soupire d’ennui, ce qui arrive aussi fréquemment), poubelle. Du coup, je dépasse assez rarement le premier titre. C’est tout de même le comble, pour un genre marginal sensé être violent et flippant, que d’être aussi facilement risible et grotesque. Il y a clairement tromperie sur la marchandise…

Mais on ne rit pas en écoutant Path of Totality. Bien au contraire. Voilà un album de metal qui tient vraiment ses promesses, qui, à aucun moment, ne tente d’aller chercher l’auditeur moyen par de la joliesse ou des prouesses techniques, mais l’entraîne toujours plus profond dans des abîmes de noirceur, de violence et de désespoir. D’une certaine manière, Path of Totality reprend les choses là où l’illustre Reign in Blood les avait laissées, il y a maintenant plus de 30 ans… au pur concentré de haine et de violence qu’était Reign in Blood, Path of Totality ajoute à cette palette d’émotions noires le désespoir. Pourquoi diable n’a-t-on pas eu un album de cet acabit pour prendre la suite de Reign in Blood, et montrer la voie aux blacks métalleux ? Cela nous aurait évité les pathétiques dérives du genre, le grand-guignol, les boursouflures héroïc-fantasy, les solos de guitar-heroes et plans pseudo-classiques éculés à la Malmsteen/Friedman, les vocaux qui alternent entre cris de hyènes en rut et beuglements divers… Pas de ça ici, le but est de faire mal avec un maximum d’efficacité, pas d’amuser la galerie ni racoler les kids.

Path of Totality est ce que devrait être tout bon album de metal : une déflagration sonore rageuse, sombre, violente et apocalyptique. Mais pour faire tout ce raffut (mention spéciale à l’impressionnant mur de guitares), ils ne sont que trois. Tombs est un trio de Brooklyn composé de Mike Ellis (chant et guitare) Carson Daniel James (basse) et Justin Ennis (batterie). Trois types capables de vous réconcilier avec le black metal, au moins l’espace d’un album. Et rien que pour ça, ils mériteraient de figurer au panthéon, pourtant déjà bien fourni, des grands groupes new-yorkais.

Mais Tombs, est-ce vraiment du black metal ? Les puristes ne manqueront pas de se poser la question, et de répondre par la négative, le groupe étant plutôt dans une lignée « sludge » même si ce dernier album est clairement tourné vers  le black. De toute façon, le black metal est un genre trop casse-gueule pour le laisser aux black metalleux…  

Black, doom, death, sludge, thrash, metalcore, stoner, grindcore et compagnie ; le metal raffole des sous-genres, il en crée pour chaque petite déclinaison… mais peu importe ce à quoi rattacher Tombs, l’essentiel pour un groupe metal, c’est que ça cogne. Et de ce point de vue, Tombs n’a aucun complexe à avoir. Mieux encore, le groupe parvient à apporter au genre une sobriété, une profondeur et une crédibilité qui lui font souvent défaut. Pas au point de conquérir un vaste public - leur musique reste trop extrême et radicale pour cela - mais au moins de convaincre des amateurs de musique qui n’ont rien contre une bonne dose de violence et d’extrême noirceur. Alors si c’est votre cas, ne passez pas à côté…    

Si vous ne deviez en écouter qu’un titre (ce que je peux comprendre…), je vous recommande le fascinant To Cross the Land. Un des tous meilleurs titres de metal extrême qu’il m’ait été donné d’écouter, un vrai chef-d’œuvre du genre :

 

 

Pour voir le groupe Bloodletters (le son est excellent) :

 

L’album est en écoute intégrale sur Bandcamp

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