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Classements d'albums

19 novembre 2009 4 19 /11 /novembre /2009 17:14
Rough Trade / Beggars

nullComme tout bon amateur de rock, lorsque j'entends le mot hype, je sors mon bazooka. Et s'il y a bien un groupe "hype", actuellement, c'est The Xx.

Puisqu'il faudra l'intégrer dans le classement des blogueurs, je profite qu'il soit sur musicme pour l'écouter rapidement, histoire de voir s'il mérite un 2 ou un 4. Première approche... putain qu'est-ce que c'est mou !  Du rock neurasthénique pour pauvres petites choses dépressives, vraiment pas mon genre. Comme me le disait encore hier
Christophe, mieux vaut réécouter en boucle ce bon vieux Ramblin' Jack Elliott que de perdre son temps avec ce type de musiques flasques pour ados amorphes. Pourtant, au fur et à mesure de l'album, je lui trouvais bien plus de qualités que je ne le prévoyais. 

En tout premier lieu, ce qui est plutôt rare pour un groupe hype, pas de racolage ni de maniérisme irritant. Une musique plutôt digne, sobre, élégante, apaisée, toute en finesse : on est loin des conneries hype habituelles. Le revival 80's a été cette décennie au coeur des groupes hype, et The Xx n'y échappe pas avec sa musique évoquant parfois du Cure intimiste, voire les Cocteau Twins... mais au moins eux ne ressemblent pas à de mauvaises versions modernes des déjà mauvais Duran Duran ou Tears for Fears, et c'est toujours ça de pris. S'il fallait les rapprocher d'un groupe plus récent, ce serait sans doute de The Notwist, en beaucoup plus calme.
Mais la vraie grande qualité de l'album... c'est cette sensation d'espace. Plus qu'une musique aérienne, c'est une musique aérée, qui laisse de l'espace à l'auditeur. Contrairement aux grosses productions actuelles, elle ne cherche pas à en foutre plein les oreilles à chaque seconde en saturant tout l'espace sonore. Comment font-ils ? Des voix qui sussurent, des tempos modérés, une orchestration très légère... et, surtout, l'idée la plus intéressante du groupe, un accompagnement de guitare sans accords grattés mais par de petites lignes mélodiques, sur une ou deux cordes. Certes, ce n'est pas du contrepoint à la Bach, mais c'est tout de même assez original dans un cadre pop/rock.

Pas étonnant que cet album a priori discret et pas spectaculaire pour un sou parvienne à se faire entendre.... il colle parfaitement au contexte de l'époque et à cette période de crise. Tout est à l'économie (sans même parler du nom de l'album et de la pochette, qui n'ont pas dû demander des heures de brain-storming ni l'aide d'une armée de graphistes), on oublie le superflu et le seul moyen de ne pas se morfondre et sombrer face à un avenir morose, c'est cette légèreté, cette élégance - voire même cette grâce - qui permet de rester debout, même si le pas est mal assuré...

L'album en écoute intégrale, sur
musicme.  

Les albums de 2009

     
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10 novembre 2009 2 10 /11 /novembre /2009 19:36

 

 

 

 


Things we said today n'est sûrement pas la chanson la plus étonnante, novatrice, saisissante des Beatles... elle semble presque anecdotique à côté des géniales A day in the Life, I'm the Walrus, I want You, Happiness Is a warm Gun et autres Tomorrow never knows. Pourtant, même les chansons de "second plan" des Beatles sont de meilleure qualité que les plus réussies de 99% des artistes pop qui les ont suivis.

Pour l'auditeur distrait, Things we said today n'est qu'une agréable chanson pop. Mais lorsque l'on s'y plonge, elle est bien plus que ça : un véritable modèle de cohérence, de finesse, de sensibilité et de musicalité. La preuve que l'on peut faire des chansons touchantes, émouvantes, agréables, sans tomber dans le racolage et le vulgaire déballage de tripes. C'est ça, en fait, la vraie bonne musique pop; une musique plaisante, accessible, légère, mais sans maniérisme. Si cette chanson a quelque chose à nous apprendre, c'est qu'il n'est pas nécessaire de tomber dans la guimauve et le pathos pour susciter l'émotion.

D'un premier abord, c'est une ballade plutôt mélancolique, en mineur... cependant, dès le départ, c'est une autre piste qui est proposée à l'auditeur : un accord gratté à la guitare de façon sèche et rapide introduit le morceau, et revient à plusieurs reprises par la suite. Une manière tout à fait inhabituelle de débuter une ballade mélancolique ; on attend de doux arpèges, et l'on se retrouve face à cet accord nerveux. De plus, pour une ballade, le tempo est particulièrement rapide. La musique "avance", constamment...  
 
Une fois n'est pas coutume, je vais m'attacher aux paroles pour l'expliquer. Non pas que le texte soit exceptionnel - ça reste une chanson pop - mais la cohérence texte-musique est assez remarquable. De quoi est-il question ? D'un homme qui imagine comment il se rappellera avec nostalgie des paroles que lui et sa bien-aimée se sont dites aujourd'hui. Ce n'est pas une mélancolie "traditionnelle", où le regard est tourné vers le passé... mais une sensation plus originale et subtile, où l'on se projette dans l'avenir pour y regarder le présent avec nostalgie... de la "nostalgie anticipée" en quelque sorte. Le narrateur n'est pas un nostalgique "mou", plombé par son passé, mais un nostalgique "vif", qui n'a pas de temps à perdre et anticipe déjà l'avenir. Et tout cela est traduit à la perfection par la musique : tonalité mineure et balancement assez doux de la mélodie du couplet (qui n'est pas sans évoquer celui d'une berceuse) pour la nostalgie ; accord d'introduction nerveux, rythme rapide, et musique qui avance d'un pas décidé parce que le regard est déjà tourné vers le futur.

Passé, présent et futur se rejoignent, dans un cycle ou le présent devient passé et le futur présent. La chanson a d'ailleurs un côté très cyclique, elle tourne sur elle-même comme le regard se tourne du futur au présent. La transition entre le refrain et le couplet est très habile, naturelle, participe d'un même mouvement, c'est la même phrase qui termine le refrain et commence le couplet, et il sont liés par le même mot.  

Refrain                                      Couplet
Love is here to stay and that's e-nough to make you mine, girl

La chanson a a beau parler de "nostalgie anticipée", ça n'en reste pas moins de la nostalgie, il y a donc cette répétition cyclique avec passages du présent au passé (ou du futur au présent, dans ce cas, si vous avez suivi).
Pourtant, le début du refrain tranche avec le couplet, il est plus "rock", et passe à l'homonyme majeur (la mineur, la majeur), sur Me i'm just the lucky kind. Celui qui ne connaît pas l'harmonie pourrait trouver normal de passer de la mineur à la majeur, mais le passage à l'homonyme majeur n'est en fait pas si "naturel" (ce ne sont pas des tonalités voisines contrairement à ce que laissent penser leurs noms)... et les Beatles savaient le faire admirablement (Schubert aussi, d'ailleurs, mais ce n'est pas la question). 

Autre subtilité, le petit chromatisme descendant, au chant, sur When I'm lonely. Un chromatisme, c'est une suite de notes séparées chacune par un demi-ton (et il y en a donc forcément au moins une étrangère à la gamme). Bien entendu, ce ne sont pas les Beatles qui ont inventé le chromatisme. On retrouve souvent des chromatismes descendants chez Bach, par exemple, pour figurer "la souffrance humaine", la "détresse de l'homme sans Dieu"... pas d'ambitions métaphysiques dans cette chanson pop, mais au moment où il est question de solitude, ce léger chromatisme descendant "jazzy" est bien trouvé, d'autant plus que lui fait écho When I'm dreaming, plus tard, sur la même mélodie. La solitude et le rêve... deux moments où l'on est en-dehors du monde, comme la note étrangère du chromatisme est en-dehors de la tonalité d'une musique...

Au-delà de ces quelques explications, si j'ai tenu à parler de ce morceau, c'est vraiment parce qu'il a fait partie des quelques premières chansons des Beatles qui m'ont fait comprendre les bienfaits de la simplicité en musique. Car être simple, ce n'est pas être simpliste, ce n'est pas gratter 3 accords au hasard en chantant n'importe quelle connerie dessus... car faire une vraie bonne chanson pop, évidente (du moins en apparence), et simple, ce n'est au fond pas si simple. Sauf pour les Beatles.

Songs of the Beatles   



         

 

 

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1 octobre 2009 4 01 /10 /octobre /2009 18:25
David Bowie Blog Tour 2009

nullUn des phénomènes les plus irritants dans le monde de la chanson, c'est la réhabilitation de chanteurs has-been. On pensait en être débarrassé... non seulement ils reviennent, mais en plus on leur déroule le tapis rouge. Un phénomène qui a pris beaucoup d'ampleur cette dernière décennie, et qui a bien sûr pour cause ce mélange très moderne de mollesse consensuelle et de réduction de l'art à un simple divertissement où tout se vaut, tant qu'on y prend du plaisir.
Des chanteurs qui ont connu un certain succès avec quelques gros tubes dans l'air du temps, ont logiquement été démodés et ont connu une traversée du désert... mais au retour de cette traversée, tout se passe comme s'ils avaient expiés leur faute et comme si la société, à son tour, culpabilisait d'avoir laissé tomber les vedettes de sa jeunesse. Ils étaient sujets de raillerie, incarnation de la médiocrité du music-business, et les voilà considérés comme de grands anciens, voire des "légendes". Non pas qu'ils reviennent avec de grands disques, mais juste des albums un peu plus "matures", apaisés. Vous verrez, un de ces jours, Obispo aussi y aura droit (encore faudrait-il qu'il connaisse rapidement cette traversée du désert, que nos oreilles lui souhaitent longue, très longue).

Là est tout ce qui fait la différence entre les chanteurs de varièt' et les vrais artistes de la musique pop, dont Bowie est un des meilleurs exemples. Si Outside marque son grand retour après la traversée du désert - moins commerciale qu'esthétique - des 80's, ce n'est en rien lié à des questions de pseudo "album de la maturité" ou de capital sympathie d'un vieux chanteur qui nous ramène à notre jeunesse, mais à la seule qualité de sa musique. Il n'avait pas sorti d'album à la hauteur des illustres Hunky Dory, Ziggy Stardust, Low ou Heroes depuis presque deux décennies, mais il n'est pas pour autant devenu un artiste du passé. Bien au contraire, fidèle à lui-même, il intègre les nouveaux sons de l'époque, il avance... et il avance même tellement qu'il fait passer bon nombre des jeunes artistes novateurs du moment pour des bricoleurs amateurs. Là où tant d'autres chanteurs pop reconnus ont incorporé à la va-vite, juste pour donner l'impression d'être dans l'air du temps, quelques sons électro, Bowie semble les maîtriser depuis toujours. Plusieurs années avant Kid A, Bowie marie mieux que quiconque le mélange rock - électro, avec notamment les titres exceptionnels que sont I'm Deranged ou Hallo Spaceboy

Madonna a beau se réclamer de Bowie, ce qui les sépare est considérable. D'un côté, une artiste de variété qui s'entoure des créatifs en vogue et en tire des chansons pop efficaces, souvent, mais qui restent... des chansons pop. De l'autre, un artiste qui ne craint pas l'étrangeté, l'expérimentation, la dissonance, et dont les mélodies ont - toutes proportions gardées - souvent bien plus à voir avec les mélodies sinueuses d'un Wagner qu'avec celles, faciles, de Madonna. A Small plot of Land en est un des meilleurs exemples, une des mélodies les plus bizarres et fascinantes de Bowie (avec, ce qui ne gâche rien, un accompagnement particulièrement original).

Outside, donc, c'est le grand retour d'un Bowie... qui n'était pas vraiment parti. Tin Machine n'a été qu'une ébauche, un brouillon, où Bowie s'est essayé à un rock plus sauvage, brut, mais c'est avec Outside qu'il parvient enfin à trouver l'alchimie parfaite : il garde de ses années 70 la créativité, l'audace, l'intelligence et la subtilité qui le caractérisaient, et de Tin Machine le côté plus "terrien", rock. En résulte un album qui parvient à mélanger de manière convaincante l'intelligence, la puissance et la finesse, ce qui n'est, vous me l'accorderez, pas si fréquent. Mais l'album, d'une richesse peu commune, ne se réduit bien évidemment pas à cela. Il fait partie de ces quelques grands albums pop qui sont des "albums-monde", à la fois très cohérents et riches. Il y a de tout, sur Outside : de la pop, de l'électro, du rock, du piano classique, de la violence, des atmosphères planantes, du lyrisme, de l'étrangeté, de la noirceur, de la mélancolie, de la puissance, de l'expérimentation... il y a tellement de tout, qu'il y a même quelques morceaux moyens (I have not been to Oxford Town). 

Pour terminer sur une de mes "marottes"... il faudrait imposer à tout groupe de metal débutant d'écouter et décortiquer longuement Hallo Spaceboy. Bowie y prouve à merveille que l'on peut parfaitement faire du rock violent, sauvage, puissant, intense, apocalyptique... sans être bourrin, bovin ou niais. Car non, la lourdeur n'a rien d'inévitable lorsque l'on tente d'exprimer musicalement la puissance, encore faut-il avoir du talent, de la musicalité, un cerveau en bon état de marche et un sens artistique développé, mais, malheureusement, tout le monde n'est pas Bowie.

La preuve en images, Hallo Spaceboy en live... à écouter avec le son au maximum, ou à ne pas écouter du tout :





L'album en écoute sur deezer.

David Bowie Blog Tour 2009

Je dois donc refiler le bébé à un autre blogueur, si j'ai bien tout compris... l'heureux élu sera une heureuse élue, Mlle Eddie.
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