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16 mars 2008 7 16 /03 /mars /2008 12:57

cohn---triksta.gifNik Cohn - Triksta 
Un écrivain blanc chez les rappeurs de la Nouvelle-Orléans
2006, Editions de l'Olivier







Nik Cohn est le type le plus rock'n'roll du monde. Affirmation qui peut sembler quelque peu déplacée au sujet d'un écrivain de 60 ans qui ne s'intéresse plus au rock depuis longtemps. Et ce n'est sûrement pas le fait qu'il soit considéré comme "le père de la critique-rock" et qu'il ait écrit le premier bouquin de l'histoire sur le rock qui va jouer en sa faveur. Si écrire des livres n'est déjà pas très rock'n'roll, écrire des livres sur le rock l'est encore moins (vous auriez imaginé une "histoire du rock" ou un "dictionnaire du rock" écrit par Elvis ? Sid Vicious ? Jim Morrison ?) A priori, Nik Cohn serait plutôt en lice pour le titre de "type le moins rock'n'roll du monde".
Car quand on est rock'n'roll :

1. On aime le rock
2. On n'écrit pas de livres
3.  A 60 ans... on est déjà mort depuis longtemps...
 
Alors pourquoi le présenter comme "le type le plus rock'n'roll du monde" ? Parce qu'à un âge où la plupart comptent leurs points retraite, passent leurs week-end en pantoufles devant la télé, Nik Cohn part s'installer dans les ghettos de la Nouvelle-Orléans, là où - comme il l'explique - on tue pour une poignée de dollars. Il ne part pas en touriste, ni en "aventurier inconscient qui veut jouer à se faire peur"... d'ailleurs, il fait preuve de beaucoup de dérision et de sincérité, bien conscient de n'être pas vraiment à sa place, d'avoir l'air d'un pathétique "petit blanc" qui cherche à s'encanailler et se retrouve dans de nombreuses occasions tétanisé par la peur. Mais voilà, sa passion pour le rap est telle qu'il dépasse ses doutes et appréhensions, et bossera avec plusieurs rappeurs du coin qu'il essayera de produire, pour le meilleur et pour le pire (surtout le pire).

Nik Cohn n'a rien du critique-rock qui veut lui aussi sa part de luxe, stupre et bling-bling en s'acoquinant avec des stars du rap, ni, à l'inverse, d'un "petit blanc" qui s'imagine investi d'une mission humanitaire pour aider les populations défavorisées. Il est bien loin d'un sociologue de gauche qui tiendrait à "faire remonter la parole des exclus", ou d'un idéaliste qui prend à son compte leur combat contre l'injustice sociale. Ce qui d'ailleurs ne serait pas très rock'n'roll... non, il est là pour une seule raison, la bounce, ce rap très "physique et sexuel" de la Nouvelle-Orleans. 
Si Nik Cohn s'est désintéressé du rock et s'est tourné vers le rap, c'est parce qu'il ne retrouvait plus dans le rock ce qui était son essence même : une musique brute, sauvage, une musique de l'urgence, faite de rythme, sang, sexe et sueur, une musique qui parle uniquement aux tripes et au bas-ventre. Dans son "historique" premier livre sur le rock (Awopbopaloobop Alopbamboom), il regrette déjà l'âge d'or du rock, celui des années 50, et voit d'un très mauvais oeil ces Dylan, Beatles et Doors qui "intellectualisent" le rock. Pour lui, le rock perd sa force lorsqu'il se pare d'ambitions métaphysico-philosophiques, d'intelligence ou de sophistication. Il l'explique d'ailleurs de façon très sarcastique dans Triksta (p.126-127) :

Pendant les années soixante-dix, à l'époque de mon installation en Amérique, j'avais complètement cessé de m'intéresser aux vieillards cacochymes qui torturaient une guitare. L'hypothèse centrale du rock d'alors, pré-punk, était que la musique pouvait changer le monde. Je n'y croyais pas, pas plus qu'en un nirvana acide de karma instantané. Je ne croyais pas que l'amour est tout ce dont nous avons besoin, ni que les réponses nous sont apportées par le vent, et je pensais qu'"Imagine" est plus ou moins le morceau le plus cruche jamais écrit.  
La musique qui me touche ne se préoccupe pas de métaphysique de pacotille; elle est dure et coriace, et elle est l'écho des lieux d'où elle vient, du bruit des rues. Le moment où quelque chose de nouveau surgit d'en bas en bouillonant, plein de sexe et de fureur, juste avant que l'industrie de la musique l'enchaîne et en fasse une marchandise - de ça, je ne me suis jamais lassé.

On ne s'étonnera donc pas que les Who soient un des derniers groupes de rock qui ait passionné Nik Cohn. Il a pas mal traîné avec eux (il raconte son premier voyage à la Nouvelle-Orléans lorsqu'il accompagnait les Who en tournée), et, fan de flipper, il a inspiré Townshend qui a écrit Pinball Wizard et intégré le thème du flipper dans Tommy en son honneur. Certes, les Who se sont lancés dans des albums concepts, et Townshend était loin d'un "crétin rock'n'roll". Mais la musique des Who avait cette puissance rythmique, cette spontanéité qui ne pouvait que plaire à Nik Cohn.

Si la lecture des écrits de Nik Cohn est indispensable à tout fan de rock, c'est parce qu'il nous ramène à nos fondamentaux, et va à contre-courant des 9/10° des critiques-rock et goûts de la majorité des passionnés de rock. Nous tous qui encensons des Beatles, Dylan, Doors, Velvet, Radiohead, Pink Floyd, Cure ou autres Smiths, ne devons pas oublier que le rock est à l'origine un truc qui prend aux tripes, accroche et frappe fort. Une musique de défoulement faite pour générer de la sueur, pas de grandes réflexions. Jailhouse Rock, Sweet Little Sixteen, Rock around the Clock, Tutti Frutti, c'est pas de la poésie, et encore moins de la philosophie...

Au premier abord, Triksta peut en rebuter beaucoup... ceux qui imaginent qu'il faut être fan de rap pour apprécier le bouquin, sachant, de plus, qu'il n'est même pas question de grands noms du rap, mais de rappeurs quasi-inconnus dès qu'on sort de la Nouvelle-Orléans. Tant pis pour ceux qui s'arrêteront à ce préjugé, ils louperont un excellent bouquin, vif, drôle, très ironique, intelligent, et parfois même émouvant. L'épilogue, par exemple, où il est question des ravages de Katrina. Nik Cohn était parti de la Nouvelle-Orléans à ce moment, mais il reprend contact avec quelques amis rappeurs du coin, qui lui livreront des témoignages rageurs et poignants de ce désastre et du scandale du laisser-aller des autorités.

Un rappeur qu'a fréquenté Nik Cohn, 5th ward Weebie, dans un titre libérateur de circonstance : "Fuck Katrina" :



Un des "tubes" de la bounce, par Choppa, autre rappeur avec lequel collaborera Nik Cohn : Choppa Style.

Pour terminer... à tout seigneur tout honneur, un petit passage assez réjouissant du bouquin qui, j'en suis sûr, saura donner envie à certains d'en lire plus : 
    
La critique principale, chez les Noirs comme chez les Blancs, était que le rap n'était pas de la musique. On aurait pu penser qu'une industrie qui s'engraissait avec Olivia Newton-John et les Bay City Rollers se serait gardée de porter des jugements esthétiques. Toutefois, l'ironie n'a jamais été la qualité principale de l'industrie du disque. Tout au long de son histoire, chaque fois que quelque chose de nouveau et de stimulant surgit, elle hurle au meurtre et proclame la mort de la vraie musique. Quand la menace venait du rock'n'roll, la vraie musique était représentée par Frank Sinatra et Perry Como. Sous l'effet des assauts du rap, elle l'était maintenant par Paul Simon et Billy Joel.  (...) Ces paniques ne sont pas tant provoquées par l'amour de l'art pour l'art que par une paresse crasse. Il n'existe pas de secteur professionnel plus parasitique que l'industrie du disque. (...)
Tout ce qui faisait du rap une chose neuve et stimulante était considéré comme une menace. A l'écoute, le fait que le rap ait mis à la poubelle la forme pop classique - la chanson de trente-deux mesures définie par l'industrie du disque - était un immense progrès. Qu'y a-t-il de si merveilleux à régurgiter les mêmes suites d'accords et les mêmes progressions harmoniques jusqu'à plus soif ? Il se trouve que nous vivons dans une époque électronique. Mieux vaut une machine, utilisée avec inventivité, que des milliers de ballades sentimentales décervelées. Sacrilège, hurlaient les vétérans de l'industrie du disque; les machines n'ont pas d'âme. Davantage d'âme que Michael Bolton, selon moi.   
(p.138)

PS : Cet article a beau concerner un livre qui parle de musique... il ne fait en rien partie du crossover de Thom. J'avais commencé cette chronique il y a... 5 mois, l'ai laissé tomber, vient juste d'y revenir... Mon article pour le crossover sera publié dans une ou deux semaines... 

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6 octobre 2007 6 06 /10 /octobre /2007 14:09

2006    Au diable Vauvert *****

James Flint - Electrons Libres (The Book of Ash) 

electrons-libres2-copie-1.jpgQuand Thom a demandé aux blogueurs musicaux d'écrire sur un livre (et aux blogueurs littéraires sur un album...) j'ai tout naturellement pensé choisir Bret Easton Ellis, mon auteur favori depuis une quinzaine d'années. Après le "choc" qu'a été le dernier Bret Easton Ellis en 2005, le génial Lunar Park, je pensais que toute lecture d'un nouveau roman serait forcément décevante. Mais la découverte du premier roman de James Flint, Habitus, m'a heureusement fait mentir. A tel point que je n'ai pu m'empêcher d'enchainer avec la lecture de son 2°, Electrons Libres. Et là, nouvelle claque. Quand, à la fin de la lecture d'un roman, vous n'avez qu'une seule envie, en lire un autre du même auteur, c'est bon signe. Si ce roman était son tout premier, c'est très bon signe. Et quand à la fin de la lecture de son 2°, vous êtes toujours autant emballé... pas de doutes, vous tenez là un écrivain qui mérite les meilleures places dans votre bibliothèque. Soit, pour ce qui me concerne, aux côtés des Bret Easton Ellis et Henry Miller. Mais bon, je m'égare, le but est de vous donner envie de lire un livre qui me tient à coeur, pas de vous ennuyer en vous exposant la manière dont je range ma bibiliothèque. 

Alors... venons-en au bouquin. Dans Electrons Libres, il est question de recherche du père, et de physique nucléaire. C'est donc assez mal parti pour vous donner envie de le lire. Je sais pas vous, mais moi, si je tombe sur les termes "recherche du père" et "physique nucléaire" dans la chronique d'un roman, je fuis illico. Les deux étant chacun synonymes d'ennui profond. Mais ce qui différencie un auteur moyen (ou médiocre) d'un bon auteur, c'est que là où l'auteur moyen ne tire rien d'extraordinaire des thèmes les plus originaux et passionnants,  le bon auteur est captivant même dans les thèmes les plus bateaux, ennuyeux ou casse-gueule. Et James Flint est un très bon auteur. 

Dans Electrons Libres, ce n'est pas tant le désir de renouer des liens qui motive le personnage principal à partir en quête de ce père qui l'a abandonné et qu'il croyait mort... Non, s'il est encore vivant, il a plus l'intention de lui envoyer son poing dans la gueule que de lui tomber dans les bras. D'ailleurs, il enverrait bien son poing dans la gueule des 3/4 des individus qu'il fréquente, s'il n'était pas si lâche et faible. Du coup, c'est un parfait anti-héros qui fait naître chez le lecteur deux puissantes envies contradictoires : celle qu'il lui arrive enfin quelque chose de bien, et celle de lui balancer de grands coups de pieds au cul, qu'il sorte un peu de son cynisme et cesse de se voir comme un éternel loser. Un personnage loin de son auteur, qui, lui, a tout de "l'homme idéal". Tout d'abord... James Flint est romancier, ce qui est déjà plutôt classe. Quoique Pascal Sevran l'est aussi, et si une floppée de qualificatifs peuvent lui convenir - qualificatifs que je n'énumèrerais pas sous peine de tomber dans trop de vulgarité - peu de personnes ont aussi peu de rapport avec le mot "classe". Mais je m'égare à nouveau... 
Donc, James Flint est écrivain, et un excellent écrivain dont les deux premiers romans sont deux coups de maître. Mais vous n'avez encore rien vu. Cet homme sait tout faire. C'est un artiste (romancier, saxophoniste et jazzman, photographe, cinéaste), féru de sciences et technologies (il a été rédacteur pour le magazine scientifique Wired, adore la S-F, bidouiller des ordinateurs et a passé une partie de ses années de fac à bosser sur un nouvel outil pas encore rentré dans les moeurs et les foyers en 1993... le web), et a étudié la philosophie, la psychologie et la littérature à Oxford et Warwick. Il confesse aussi dans sa bio un goût pour le haschisch et les filles qui ne lui a malheureusement pas permis d'aller au bout de tous ses projets, il a fait quelques petits boulots, a pas mal voyagé à travers le monde et, comme en témoignent ses livres, il a beaucoup d'humour. Qui dit mieux ? Et dire qu'il y a des filles qui fantasment sur des pop-stars débiles... non, vraiment, soyez un peu plus ambitieuses et passionnez-vous pour ce type hors du commun. Oui, je sais, j'use des stratagèmes les plus bas pour vous pousser à lire ses livres, et j'en remets même une couche en plaçant sa photo :

james-flint1.jpg

 









A la lecture de sa bio, on ne s'étonnera donc pas que ses livres soient si riches et passionnants. Car si la "quête du père" et le nucléaire sont deux des thèmes majeurs d'Electrons Libres, le roman brasse bien d'autres sujets. La réflexion sur la science et le nucléaire (tout à fait accessible à des non-initiés comme je le suis) s'accompagne d'une réflexion tout aussi profonde et originale sur l'art. Et les liens père-fils ne sont pas exclusifs, il est question par de nombreux flash-back de son enfance dans une communauté hippie, dépeinte avec un humour assez féroce et jubilatoire, comme ses catastrophiques relations amoureuses. Et le tout se lit comme un polar captivant, puisque ce que cherche le héros, c'est avant tout la découverte qu'aurait fait son père, un artiste iconoclaste ayant travaillé sur des déchets radioactifs, découverte révolutionnaire qui fait trembler les autorités politiques, scientifiques et militaires. Et dire que tant de gens perdent leur temps à lire les bouquins de Dan Brown, alors que ceux de James Flint sont à la fois bien mieux écrits, bien moins "politiquement corrects" et recèlent des énigmes et des quêtes beaucoup plus vertigineuses...

Electrons Libres, c'est le genre de romans dont on ne se dit pas "quelles sont les bonnes raisons pour vous donner envie de vous y plonger", mais plutôt "existe-t-il au moins une seule bonne raison pour ne pas le lire ?" J'ai beau chercher, je n'en vois pas l'ombre d'une...


L'avis de Thom


Electrons Libres sur priceminister
 

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8 septembre 2007 6 08 /09 /septembre /2007 10:44
protest-song.jpgProtest Song
La chanson contestataire dans l'Amériques des sixties

Yves Delmas
,
Charles Gancel
(2004/Textuel)








Un bouquin sur les "Protest Songs" des 60's... le pire était à craindre. Des auteurs psycho-rigides pour lesquels seules les chansons engagées ont de la valeur, des rockeurs passéistes regrettant les chansons 60's et martelant : "le rock, c'était mieux avant, maintenant les groupes ne pensent plus qu'à leur carrière et n'ont plus rien de contestataire". Le tout dans un livre concocté pour de vieux hippies nostalgiques ou des cadres sup qui ont vécu ces années-là et, confortablement installés depuis dans leur petite vie bourgeoise, veulent s'imaginer qu'ils ont toujours une âme de révolutionnaires.  

Rien de cela dans cet excellent livre. Les deux auteurs ont trouvé la bonne distance : un regard intéressé et intéressant, mais pas de complaisance. 
Dylan - il ne pouvait en être autrement - est le personnage principal du livre. Mais il n'est pas sacralisé, loin de là, rien n'est passé sous silence de ses zones d'ombre, de son ambiguïté et de son cynisme.  Les destins croisés de Bob Dylan et Joan Baez sont très bien vus. D'un côté, Dylan devient le héros - et le héraut - de l'Amérique contestataire, alors qu'il souhaite passer à autre chose et trouve quelque peu ridicule d'adresser des messages soi-disant subversifs à un public... totalement acquis à sa cause. De l'autre, Joan Baez, de tous les combats, avec un engagement sans faille et sincère... mais qui souffrira toujours d'un léger manque de crédibilité : une frêle jeune femme à la si jolie voix cristalline ne pouvait aux yeux de beaucoup "porter la révolution". De la même manière, Dylan aurait voulu être les Beatles, faire des chansons qui touchent le très grand public, alors que les Beatles (enfin, surtout Lennon...) rêvaient d'être Dylan et d'être pris au sérieux. Plus anecdotique, mais jubilatoire, la description de la fameuse première rencontre entre les Beatles et Dylan, où ce-dernier fait découvrir aux Fab Four les joies de la fumette est à ne pas manquer...

Ce qu'ont en commun les auteurs de Protest Song et Bob Dylan, c'est qu'ils ne tombent jamais dans la naïveté. Gancel et Delmas se montrent critiques, et parfois même féroces sur les illusions hippies ou certaines dérives psychédéliques pas très heureuses. Dylan, lui, sentait bien que de critiquer le gouvernement devant des bandes de folkeux chevelus et marginaux ne risquait pas de changer le monde. Il a vite compris les limites des "protest-songs", et avait du mal à supporter le manichéisme du genre, il était trop malin pour penser que des chansons allaient radicalement et définitivement transformer la société. Faut dire que, 40 ans plus tard, Bush au pouvoir aux EU et Sarkozy chez nous, ça lui donne plutôt raison... Les rêves libertaires des 60's semblent bien loin.
Pourtant, cette période restera comme la plus passionnante de l'histoire du rock et des musiques populaires modernes. Une période où tout semblait possible, où la jeunesse ne manifestait pas pour la "sécurité de l'emploi", mais pour renverser le système et les valeurs des générations précédentes. Les plus grands groupes ne se contentaient pas de concerts de charités pour des causes bien consensuelles et politiquement correctes, mais dérangeaient réellement. On est en quelque sorte passé de la contre-culture à la sous-culture mollassone.
 
La fin du bouquin, sur la contestation dans les chansons post-60's est aussi très intéressante. A travers l'exemple d'une chanson qui est une des plus virulentes contre l'Amérique et un des plus gros tubes des 80's : Born in the USA de Springsteen. Une étude a montré que la majorité des américains ont fait un total contresens sur son message, imaginant qu'elle exalte le patriotisme alors qu'elle est à charge contre les EU. Même Reagan n'a rien compris et l'a utilisé pour sa campagne...   
Quelques chapitres auparavant, les auteurs montraient comment Yellow Submarine, bluette que les Beatles n'aimaient pas tant que ça est devenu un hymne lysergique et contestataire. Comme quoi, ce sont moins les chansons qui agissent sur la société, que la société qui les récupère et leur fait dire ce qu'elle veut...   

Un livre intelligent, bien documenté, bien écrit, avec ce qu'il faut d'ironie et de nostalgie, sur une période passionnante... que demander de plus ! Seul petit reproche... quasiment pas un mot sur les Doors. Certes, les Doors n'ont pas vraiment fait de "protest-song" au sens strict du terme, mais peu de groupes ont autant incarné la révolte qu'eux. Car ils ne se contentaient pas de dénoncer tel ou tel travers du pouvoir en place, ils illustraient plutôt cette célèbre et très belle phrase de Lennon dans Revolution : "You say you want a revolution, well, you know, you better free your mind instead". Dénoncer les injustices n'intéressait pas Morrison, il souhaitait s'attaquer au fond du problème plutôt qu'aux symptômes, agir sur la conscience et remettre en cause les conditionnements les plus profondément ancrés chez ses contemporains. 
Bob Dylan, Joan Baez, Phil Ochs, les Beatles, Hendrix, Janis Joplin, Jefferson Airplane, Neil Young, MC5 etc... sont mis à l'honneur dans ce livre, les Doors méritaient eux aussi un peu plus d'attention. Cela excepté, c'est un très bon bouquin sur le rock, ce qui n'est pas si fréquent.

Bob Dylan dans sa première période, folk et contestataire :

Bob Dylan - The ballad of Hollis brown

Hollis Brown he lived, on the outside of town
Hollis Brown he lived, on the outside of town
With his wife and five children
In his cabin broken down

He looked for work and money, and he walked a ragged mile
He looked for work and money, and he walked a ragged mile
Your children are so hungry
That they don't know how to smile

Your baby's eyes look crazy and they're tuggin' at your sleeve
Your baby's eyes look crazy and they're tuggin' at your sleeve
You walk the floor and you wonder why
With every breath you breathe

The rats have got your flour, bad blood it got your mare
The rats have got your flour, bad blood it got your mare
Is there anyone that knows
Is there anyone that cares

You prayed to the Lord above to please send you a friend
You prayed to the Lord above to please send you a friend
Your empty pockets tell you
That you ain't got no friend

Your baby's a cryin' louder now it's poundin' on your brain
Your baby's a cryin' louder now it's poundin' on your brain
Your wife's screams are a stabbin' you
Like dirty, drivin' rain

Your grass is turnin' black and there's no water in your well
Your grass is turnin' black and there's no water in your well
You spent your last lone dollar
On them seven shotgun shells

Way out in the wilderness a cold coyote calls
Way out in the wilderness a cold coyote calls
Your eyes fix on the shotgun
That's hangin' on the wall

Your brain it is a bleedin' and your legs can't seem to stand
Your brain it is a bleedin' and your legs can't seem to stand
Your eyes fix on the shotgun
That you're holdin' in your hand

There's seven breezes blowin' around the cabin door
There's seven breezes blowin' all around the cabin door
Seven shots ring out
Like the oceans pounding roar

There's seven people dead on a South Dakota farm
There's seven people dead on a South Dakota farm
Somewhere in the distance
There's seven new people born.
  

Lire l'introduction du livre et le chapitre sur Janis Joplin : ici.
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