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Playlist 2024

Classements d'albums

4 mars 2012 7 04 /03 /mars /2012 22:51

Même principe que pour la playlist classique précédente : 7 titres, de moins de 5 minutes chacun, qui permettent de saisir l'évolution du jazz à travers ses grandes périodes.

 

 

 

 

New Orleans (et style Chicago) (années 1910 et années 20) ex : Louis Armstrong - Sunset Café Stomp 

 

Swing (années 30) ex : Duke Ellington - Take the "A" Train

 

Be-bop (années 40) ex : Charlie Parker - Ko-Ko

 

Cool Jazz (années 50) ex : Miles Davis - Moon Dreams

 

Hard-bop (années 50-60) ex : Horace Silver - Blowin' the Blues Away

 

Free Jazz (années 60-70) ex : Sun Ra - Heliocentric

 

Postmodernisme (à partir des années 70) ex : Jan Garbarek, Charlie Haden, Egberto Gismonti - Bodas de Prata

 

 

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14 décembre 2011 3 14 /12 /décembre /2011 00:54

Pi Recordings 26/07/2011

 

steve-coleman-mancy-copie-1.jpg

 

Depuis plusieurs décennies, le jazz s’est embourgeoisé, il a perdu le souffle de rébellion et l’audace qui l’ont animé jusqu’aux années 60-70, lesquels ont été récupérés par les musiques populaires modernes que sont le rock, le rap puis l’électro. C’est une vision des choses un peu rapide, mais assez proche de la perception que l’on a en général de ces musiques.

 

Pourtant, selon le contexte, le regard qu’on leur porte peut être fondamentalement différent. Une petite expérience toute simple pour s’en convaincre : écoutez le dernier album de Steve Coleman en consultant les classements des meilleurs albums de l’année selon le NME, Rolling Stone et Mojo… soit 3 magazines de « référence » pour tout ce qui concerne les musiques populaires modernes. Et là, les rôles s’inversent… d’un côté, une musique aventureuse, intense, passionnante, de l’autre, des albums parmi les plus insipides des sorties rock, électro et pop de l’année. Même pas « bourgeois » (pas assez sophistiqués pour cela), mais petit-bourgeois.

 

Leurs 7 albums de l’année (cf. inrocks) :

 

NME

 

07 St. Vincent - Strange Mercy

06 Arctic Monkeys – Suck It And See

05 Kurt Vile – Smoke Ring For My Halo

04 Wild Beasts – Smother

03 The Horrors – Skying

02 Metronomy – The English Riviera

01 PJ Harvey – Let England Shake

 

Rolling Stone

 

07 The Decemberists – The King Is Dead

06 Lady Gaga – Born This Way

05 Radiohead – The King Of Limbs

04 Fleet Foxes – Helplessness Blues

03 Paul Simon – So Beautiful Or So What

02 Jay-Z & Kanye West – Watch The Throne

01 Adele – 21

 

Mojo

 

07 Josh T Pearson – Last Of The Country Gentlemen

06 White Denim – D

05 Kate Bush – 50 Words For Snow

04 Jonathan Wilson – Gentle Spirit

03 Fleet Foxes – Helplessness Blues

02 The Horrors – Skying

01 PJ Harvey – Let England Shake

 

 

Let England Shake de PJ Harvey n°1 du NME et de Mojo ! J’ai la plus grande admiration pour PJ, elle a su apporter un nouveau souffle au rock indépendant… mais c’était il y a près de 20 ans ! Son dernier album, s’il comporte quelques morceaux assez plaisants, manque cruellement de corps, de personnalité, d’intensité. Rien de bien excitant, ni même d’intéressant. L’album de l’année ? Si l’on considère que le pop-rock sans aspérités à la Coldplay est le nec plus ultra de la musique actuellement, pourquoi pas, sinon, je ne vois pas…

 

The Horrors, très décevants après un Primary Colours plutôt sympathique… voilà qu’avec avec 30 ans de retard, ils se mettent à faire du Simple Minds ou The Mission en plus soporifique que les originaux. Est-ce ce tour de force qui méritait d’être salué par la critique rock ? Ou est-ce que les critiques rock, vieillissants, ont laissé toute exigence au placard pour ne plus vivre que dans la nostalgie de leurs premières soirées adolescentes des 80’s ?

 

Ajoutons à cela le plus mauvais album des Arctic Monkeys, l’électro-pop gentillette de Metronomy, la collaboration Jay-Z & Kanye West qui se laisse écouter autour d’une bonne tasse de thé, les « vieux » et plutôt consensuels Paul Simon et Kate Bush, la pop racoleuse de Lady Gaga, celle d’Adele qui ne vaut guère mieux, un Kurt Vile décevant après son très bel album d’il y a 2 ans (autrement plus fascinant que ce dernier), la pop-rock très vaguement arty des mal-nommés Wild Beasts et le folk-rock assez plat de Fleet Foxes (je n’aimais pas leur précédent, mais il avait le mérite d’avoir un minimum d’originalité).     

          

Rien qui dépasse, pas de grain de folie (je parle de musique et seulement de musique, pas des tenues grotesques de Lady Gaga…), pas d’urgence, d’innovation, d’audace, de parti-pris esthétiques forts,  de larmes, de sang et de sueur… bref, si les classements sont censés refléter quelque chose, ils ne font que refléter ici le rapport petit-bourgeois qu’entretiennent avec la musique ces magazines dits « de référence ». On n'attend pas de trouver chez eux un Steve Coleman album de l'année, bien évidemment, juste un peu plus d'exigence et d'audace... Les Inrocks n’ont pas encore sorti leur classement, mais, bizarrement, je crains qu’il ne relève pas vraiment le niveau…  

 

Et pendant que ce petit monde plébiscite la musique pop la plus inoffensive, le grand Steve Coleman, lui, continue de tracer sa voie. Prouvant ainsi que l’esprit du jazz n’est pas encore mort malgré le succès du jazz lisse à chanteuses (genre Gretchen Parlato cette année).

Si la musique encensée par les NME et autres Rolling Stone est « petite-bourgeoise », celle de Steve Coleman est une musique… noble. Pas la noblesse de privilégiés oisifs nés avec une cuillère en argent dans la bouche, mais la noblesse de l’âme. Libre, aventureuse, inventive, exigeante, sophistiquée, profonde et riche de cultures (des musiques africaines à l’atonalité). De l’art, du grand, du vrai.

 

Le premier titre de l’album, Jan 18, est, musicalement parlant, ce que j’ai entendu de plus fascinant cette année. Un tel art du groove, du contrepoint (superposition de lignes mélodiques différentes) et du jeu en groupe dans un même morceau, c’est assez exceptionnel. Digne d’un Mingus. Cela fait maintenant plus de 15 ans que je vénère Steve Coleman, et il continue de m’étonner (j’aurais aimé en dire autant, même à leur plus « petit » niveau, de Radiohead et PJ Harvey.)

 

Le 2° morceau, Formation I, est un peu plus difficile d’accès pour la simple et bonne raison qu’il n’a pas de section rythmique… mais celle-ci revient sur la longue et envoûtante Odù Ifà Suite. Un voyage musical qui mêle à merveille la transe hypnotique et le groove des musiques africaines au jazz le plus élaboré. Quant au dernier morceau, Noctiluca, c’est un irrésistible feu d’artifice musical à l’image d’un dernier mouvement de symphonie…

 

Féru d’ésotérisme, Steve Coleman est un maître de l’alchimie musicale, et le prouve encore avec cet album. Le chant, magnifique, de Jen Shyu, traité comme un instrument à part entière, dialoguant sans cesse avec les cuivres… l’élégante beauté du chant et les dissonances des cuivres s'entrelacent, soutenus par une section rythmique (deux batteurs, un percussionniste) au groove inégalable.

 

Une musique qui, certes, demande attention et abandon, mais il en va de la musique comme de l’ésotérisme : les plus grandes découvertes et révélations ne se font pas sans effort…

 

 

The Mancy of Sound en écoute sur deezer

 

Précédente chronique sur Steve Coleman : The Way of the Cipher      

 

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1 juin 2011 3 01 /06 /juin /2011 16:04

Innova  2011

 

 

Golden-Arm-Trio-Duke---Three-portraits-of-Duke.jpgEnfin ! Voilà enfin un album qui sort un peu le jazz de sa torpeur. Après avoir été ce qu’il y a de plus excitant des années 1920 aux années 50-60, le jazz s’est embourgeoisé et – à part quelques exceptions – a oublié ses fondamentaux comme dirait les sportifs. Exit le côté physique, terrien, urgent, spontané, sensuel et la primauté du rythme ; le jazz est passé de « musiques de jeunes noirs épris de liberté » à « musique pour vieux blancs raffinés ». Une musique qui lorgne sur le classique, qui privilégie la pureté du son et les harmonies délicates à l’expressivité débridée, à l’urgence et au swing.

 

 

 

Heureusement, Graham Reynolds vient rappeler à notre bon souvenir que le jazz, c’est aussi du rythme, de la puissance et de l’intensité. On ne compte plus les versions du célébrissime Caravan, mais celle qui ouvre l’album est remarquable. Pas du jazz pour cocktails mondains ou soirée cosy entre amoureux, non, on l’imaginerait bien plus facilement comme bande-son survoltée d’un film de Tarantino. Une vraie bombe, comme le It don’t mean a thing qui suit. Je ne vois aucun morceau rock depuis ce début d’année qui soit aussi jubilatoire, accrocheur, explosif et tendu.

 

Mais qui est ce Graham Reynolds ? Un jeune saxophoniste noir en colère qui souffle comme un damné ? Pas du tout. L’ironie de l’histoire est que Graham est un pianiste et compositeur texan blanc doté d’une bonne formation classique, et en partie reconnu grâce à son excellente BO, assez trip-hop, de A Scanner Darkly. Les pianistes blancs de jazz, depuis quelques décennies, semblent avoir plus écouté Debussy ou Satie que Mingus, Monk ou Parker, mais en voilà un pour lequel piano et jazz ont plus à voir avec la percussion qu’avec une manière d’effleurer délicatement les touches.

 

Un album très particulier et surprenant, en trois parties comme son nom l’indique… et trois parties qui n’ont pas grand-chose à voir les unes avec les autres (si ce n’est, bien sûr, que les morceaux sont des reprises du génial Duke Ellington). Après une première partie (en réponse au « style jungle » d’Ellington) menée tambour battant par des cuivres, une batterie et un piano qui jouent sans retenue, Reynolds nous emmène sans crier gare dans la direction totalement opposée : un quatuor à cordes tout en finesse. Puis nouvelle volte-face : il passe de ce quatuor à une série de remix (notamment un de DJ Spooky), et de très bons.

 

Un album réjouissant et sans complexes, à tous points de vue. Reynolds ne craint pas de s’attaquer au plus grand compositeur de l’histoire du jazz, il commence l’album sans préliminaires en sortant direct l’artillerie lourde et enchaîne de manière inattendue des parties très hétérogènes. Les puristes trouveront sûrement à y redire, mais peu importe, après tout, pour nombre de puristes de la musique dans les années 1930, Ellington, c’était du bruit et de la musique de sauvages…

   

L’album en écoute sur spotify

 

L'album dans le classement 2011  

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